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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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l'humilité f il It f oir une fois qu'il n'tn soutenait<br />

pas <strong>la</strong> pratique f si mime ©elle <strong>de</strong> <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>stie 9 telle<br />

que l'enseignent les bienséances fondées sur <strong>la</strong> naliire<br />

<strong>de</strong> l'homme. Jamais <strong>la</strong> raison n'approufera que,<br />

dans cette mémo- Jpoiogie où il a si bien prouié<br />

que rbomme doit faire peu <strong>de</strong> as <strong>de</strong> sa propre sagesse<br />

, il répond « juges que 9 puisqu'ils lui ordonnent<br />

<strong>de</strong> statuer lui-même sur <strong>la</strong> plue qu'il mérite f<br />

il ne croit pas en mériter d'autre que celle d'être<br />

nourri dans le Prytanée y ce qui était le plus bonorable<br />

tribut <strong>de</strong> l'estime publique. Ici l'orgueil humain<br />

est pris sur le fait, et dans <strong>la</strong> personne d'un sage.<br />

Assurément, il lui suffisait <strong>de</strong> répondre que, ne se<br />

croyant pas coupable, il était dispensé <strong>de</strong> prononcer<br />

contre lui-même aucune peine : ce<strong>la</strong> était eonséquent<br />

et irréprochable, et même suffisamment courageux<br />

; car il était d'usage <strong>de</strong> ne déférer ainsi à<br />

l'accusé <strong>la</strong> faculté d'arbitrer lui-même <strong>la</strong> peine que<br />

quand elle défait se borner à une amen<strong>de</strong>; et lorsque<br />

cette faculté lui fut accordée, le parti qui fou<strong>la</strong>it<br />

le saiifc? avait prévalu dans l'Aréopage, et sa<br />

fie était en sûreté. L'orgueil <strong>de</strong> sa réponse refaite<br />

<strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s juges ; ce qui n'empêchait<br />

pas qu'ils ne fussent très-injustes en le condamnant<br />

; car l'orgueil n'est pas un délit dans les tribunaux<br />

; mais c'est une tache dans l'homme , et c'était<br />

<strong>de</strong> plus dans Socrate une contradiction.<br />

Mais ce qui n'en était pas une, et ce qui fusait<br />

•oir, au contraire, un accord très-réel entre sa doctriiie<br />

et sa con<strong>du</strong>ite, c'est que dans toute cette affaire<br />

on ? oit c<strong>la</strong>irement le mépris <strong>de</strong> <strong>la</strong> fie et <strong>la</strong> détermination<br />

à saisir dans cet odieux procès une belle<br />

occasion <strong>de</strong> bien mourir. Il est éfi<strong>de</strong>nt qu'il ne ? Délit<br />

pal le perdre, et qu'il refusa <strong>de</strong>ux fois <strong>la</strong> fie ;<br />

d'aboii I ses juges, qui <strong>la</strong> lui offraient lisiblement ;<br />

ensuite I tes amis mêmes 9 qui lui offraient toutes<br />

les facilités -possibles pour sortir sans obstacle et<br />

sans danger, et <strong>de</strong> <strong>la</strong> prison, et <strong>de</strong> sa patrie. Ici le<br />

'saged'Athènesautorisasesrésolutionssur<strong>de</strong>s principes<br />

très-beaux et très-frais, mus qui ne sont pas<br />

encore sans mé<strong>la</strong>nge d'erreur, <strong>de</strong> façon pourtant<br />

que les férités sont d'un grand usage, et l'erreur<br />

<strong>de</strong> peu <strong>de</strong> conséquence. Quand fi ne f oulut point<br />

consentir à se donner <strong>la</strong> mort lui-même pour échapper<br />

à ce qu'on appe<strong>la</strong>it <strong>la</strong> honte <strong>du</strong> supplice, il eut<br />

toute raison, et ses arguments contre le suici<strong>de</strong> lui<br />

font d'autant plus d'honneur, qu'il est le premier et<br />

je crois même le seul parmi <strong>la</strong>s païens, qui ait osé<br />

condamner, non pas seulement comme une faiblesse,<br />

mais comme un délit y ce qui était reçu dans toute<br />

Fantiquité, et dans l'opinion, et dans l'usage. On<br />

peut dire que <strong>la</strong> philosophie a?ait <strong>de</strong>?ïné <strong>la</strong> religion<br />

en ce point, quand eue décida par ta bouche <strong>de</strong> So­<br />

ANCIENS. — PHILOSOPHIE. S57<br />

crate que l'homme, qui a reçu <strong>de</strong> Bien <strong>la</strong> fie, ne<br />

doit pas <strong>la</strong> quitter sans son ordre, et qu'il n'a pai<br />

le droit <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> ce qui n'est pas à lui. Socratê<br />

semble afoir aussi aperçu le premier ce principe<br />

social et politique qui fait <strong>de</strong> l'obéissance aux lois<br />

un <strong>de</strong>f oir fondé sur un pacte tacite, par lequel tout<br />

homme, en naissant, est censé appartenir à sa patrie<br />

, et tenu d'obéir à l'autorité qui le protège, tant<br />

que cette autorité est en effet protectrice; car on<br />

sent bien qu'un paya où il n'y aurait plus ni lolf<br />

ni garantie <strong>de</strong> <strong>la</strong> sûreté commune, ne serait plus une<br />

patrie pour personne, et remettrait chacun dans<br />

l'état <strong>de</strong> nature; ce qui n'était nullement le cas d'Athènes<br />

et <strong>de</strong> Socrate. Dans tous ces points, il a <strong>de</strong>*<br />

faacé <strong>de</strong> fort loin tous les philosophes <strong>de</strong>s Âges Buif<br />

ants. Mais il fa trop loin quand il prétend qu'il n'est<br />

pas permis <strong>de</strong> se soustraire par <strong>la</strong> fuite à une condamnation<br />

injuste, en vertu <strong>de</strong> cette règle, qu'il ne<br />

faut pas rendre le mal pour le mal ni à sa patrie, ni<br />

aux particuliers. La règle est juste et certaine, mais<br />

ici mal appliquée. Elle serait f Idée sans doute si<br />

f ous opposiez <strong>la</strong> force à l'injustice publique, ce qui<br />

ne pourrait se faire sans refaite; et dès lors TOUS<br />

rendriez en effet le mal pour le mal, ce qui est défen<strong>du</strong><br />

; et f ous feriez même à faire patrie un mal<br />

plus grand que celui qu'elle pourrait se faire par une<br />

sentence inique. Mais en fous y dérobant fous ne<br />

lui en faites aucun; vous suif es une loi naturelle<br />

sans renf erser les lois positif es, dont aucune ne f ous<br />

ordonne d'abandonner sans nécessité le soin <strong>de</strong><br />

f otre eooserf ation; et <strong>de</strong> plus TOUS serf ez <strong>la</strong> patrie!<br />

loin <strong>de</strong> lui nuire, puisque f ous lui épargnez un crime.<br />

Au reste, il n'y a là, dans Socrate et dans P<strong>la</strong>ton,<br />

qu'un excès <strong>de</strong> scrupule^ sorte d'excès aussi peu dangereux<br />

que peu commun.<br />

Cicéron disait * que si les dieux fou<strong>la</strong>ient parler<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>de</strong>s hommes, ils prieraient celle <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton<br />

; ce qui sans doute ne se rapportait pas seulement<br />

à félégasce-<strong>de</strong> son élocution, mais aussi à <strong>la</strong> nature<br />

<strong>de</strong> ses conceptions philosophiques, qui sont d'un<br />

ordre très-élefé. C'est, sans contredit t <strong>de</strong> tous les<br />

philosophes anciens, celui qui a le plus brillé par le<br />

talent d'écrire : sans prier <strong>de</strong> cette pureté <strong>de</strong> diction<br />

qu'on app<strong>la</strong>it mUidsme, et que tous les critiquée<br />

anciens lui accor<strong>de</strong>nt dans le plus haut <strong>de</strong>gré ? il a<br />

su concilier <strong>la</strong> séf érlté <strong>de</strong>s matières les plus abstraites<br />

arec les ornements <strong>du</strong> <strong>la</strong>ngage; et l'on foit que<br />

celui qui conseil<strong>la</strong>it à Xénocrate <strong>de</strong> saeriler aux<br />

Grâces, nfavait pas négligé leur culte, et avait petite<br />

<strong>de</strong> leur commerce. Il n'est pourtant pas eiempt<br />

<strong>de</strong> défauts dans son style, non plus que dans sa<br />

composition et dans sa métho<strong>de</strong>. S'il a commune-<br />

• Brutw, êim De elmriê Omfariè, et#* xxs.

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