23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Uê<br />

C0U1S DE LITTÉEATU1E.<br />

afestsele à Cet exercice <strong>de</strong> l'âme est dans les objets terres-<br />

Ires et dans les sé<strong>du</strong>ctions <strong>de</strong>s sens? N'est-il pas dé<strong>mont</strong>ré<br />

que, si nous pouvons avoir ici quelque eosnaissaace <strong>du</strong><br />

vrai, c'est eu le considérant avec les yen* <strong>de</strong> l'esprit, et<br />

en fermant les yeux do corps et les portes <strong>de</strong>s sens ? Done ,<br />

si jamais nous pouvons parvenir à <strong>la</strong> pure compréhension<br />

<strong>du</strong> vrai 9 ce ne peut être qu'après là mort, et fous avez reconnu<br />

mm moi , dans le <strong>cours</strong> <strong>de</strong> cet entretien s qu'il n'y<br />

â <strong>de</strong> bonheur réel pour l'homme que dans <strong>la</strong> connaissance<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité ; que Dieu en est le principe et <strong>la</strong> source, et<br />

que cette connaissance ne peut être parfaite qu'en lui. MV<br />

vons-sous donc pas droit d'espérer que celui qui a <strong>la</strong>it <strong>de</strong><br />

cette recherche <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> affaire <strong>de</strong> sa lie 9 et dont le cœur<br />

a été pur, pourra s , approchery après sa mort, <strong>de</strong> cette fie<br />

éternelle et céleste ? car assurément ce qui est impur ne<br />

peut approcher <strong>de</strong> ce qui est pur. YoUè pourquoi le sage<br />

vit en effet pour méditer sur k mort, et pourquoi il n'en<br />

est pas effrayé quand elle approche : voilà le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong><br />

celte confiance heureuse que j'emporte mm moi au moment<br />

<strong>de</strong> ce passage qui m'est prescrit aujourd'hui, con­<br />

fiance que doit avoir, comme moi s quiconque aura préparé<br />

<strong>de</strong> même et purifié son âme*. »<br />

Quand on entend ce <strong>la</strong>ngage 9 qui est d'os bout à<br />

l'autre ce<strong>la</strong>i do Pkédm, l'on excuse cette singulière<br />

saillie <strong>de</strong> f IîQ <strong>de</strong>s plus spirituels écrivains <strong>de</strong><br />

seizième siècle, Érasme, qui s'écrie quelque part :<br />

Saint Socrate, priez pour notai Et, m effet, il<br />

n'y a rien là qui se soit parfaitement d'accord a?ec<br />

ce que les saints ont écrit et pratiqué.<br />

Une similitu<strong>de</strong> n'est pas une preuve ; mais je vous<br />

ai déjà prévenus que P<strong>la</strong>ton ne se fait pas scrupule'<br />

d'employer Fane pour l'autre; et ce même endroit<br />

m'en offre un exemple f où vous ne serez pas fâchés<br />

<strong>de</strong> retrouver encore l'imagination <strong>du</strong> disciple <strong>de</strong><br />

Socrate.<br />

« Quel donc ! (Mm dire à son maître) Fart <strong>de</strong>s Égyptiens<br />

conserve les corps pendant <strong>de</strong>s siècles avec <strong>de</strong>s préparations<br />

aromatiques» et vous croiries que Sa substance<br />

qui est par elle-même incorruptible, que l'âme, en un<br />

mot9 pourrait mourir au moment oà elle se dégage <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> contagion <strong>du</strong> corps pour s'élever jusqu'à M <strong>de</strong>meure<br />

<strong>de</strong> l'Être éternel, qui est le seul boa et le seul sage? »<br />

(P. 60.)<br />

Cette idée, si purement métaphysique, que Dieu<br />

teul est vraiment boa et vraiment sage, c'est-à-dire<br />

que <strong>la</strong> sagesse et <strong>la</strong> bonté , également inlnies en lui ,<br />

sont <strong>de</strong>s attributs essentiels <strong>de</strong> son être f est en effet<br />

<strong>de</strong> Socrate, et se représente sous les mêmes tefmes<br />

dans VApologie. Ce précieux monument <strong>de</strong> l'antiquité<br />

grecque est peut-être encore plus singulier que<br />

k Pkédm; car c'est le seul exemple, parmi les anciens,<br />

qu'un accusé ait parlé <strong>de</strong> ce ton à ses juges.<br />

Ce n'est rien moins qu'un p<strong>la</strong>idoyer : le célèbre ora-<br />

* Simple analyse Es texte. Toves Fkmém9 page le»<br />

teur Lysias en avait fait un pour Socrate', qui le<br />

refusa : II est foré beau, lui dit-il, inssls Une me<br />

convientpat* Le sien, s'il est permis <strong>de</strong> l'appeler<br />

ainsi 9 ressemble parfaitement à une leçon <strong>de</strong> philosophie,<br />

<strong>du</strong> même genre que celles qui! donnait habituellement<br />

à <strong>la</strong> jeunesse d'Athènes. 11 ne justifie point<br />

sa con<strong>du</strong>ite ; 11 rend compte <strong>de</strong> ses principes avec uo<br />

caisse imperturbable, et tel qu'il ne pouvait l'avoir<br />

qu'en par<strong>la</strong>nt pour lui-même; car il n'aurait pas pu<br />

l'avoir en par<strong>la</strong>nt pour un autre. Mais s'il est sans<br />

trouble, il est .aussi sans orgueil, quoiqu'il ne cache<br />

pas le mépris pour ses accusateurs : il le <strong>mont</strong>re<br />

même d'autant plus, qu'il n'y mêle aucune indignation,<br />

pas le plus léger mouvement <strong>de</strong> colère, eomme<br />

il convient quand le méchant ne fait <strong>de</strong> mal qu'à<br />

nous f et quand il cfest que notre ennemi particulier,<br />

sans être un ennemi public. Socrate, qui d'ailleurs<br />

sentait bien que son danger venait surtout <strong>de</strong> l'envie<br />

que lui attirail cette haute réputation <strong>de</strong> sagesse 9<br />

confirmée par un oracle, apprécie cet oracle suivant<br />

ses principes, qui sont encore ici entièrement conformes<br />

à ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> philosophie chrétienne, et qui<br />

font un <strong>de</strong>voir, non pas seulement <strong>de</strong> <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>stie que<br />

tous les sages ont recommandée, mais <strong>de</strong> l'humilité<br />

dont Socrate seul paraît avoir eu quelque idée avant<br />

les chrétiens, Voici ses paroles :<br />

« Ou m'appelle sage, parce qu'on s'imagine que je suis<br />

savant dans les choses sur lesquelles je prouve aux autres<br />

qu'Us sont ignorants. On se trompe» Athéniens : Dâss<br />

seul est sage; et tout ce que signifie l'oracle ren<strong>du</strong> m ma<br />

<strong>la</strong>veur, c'est que <strong>la</strong> sagesse humaine est peu <strong>de</strong> chose, en<br />

plutôt n'est rien. Si l'oracle m'a nommé sage, c'est qu'il<br />

s'est servi <strong>de</strong> mon nom comme d'un exemple ; c'est comme<br />

8*11 eût dit aux hommes : Apprenet que celui-là est Se plus<br />

sage <strong>de</strong> tousy qui sait qu'en effet sa sagesse n f est rien. »<br />

(P. 1S.)<br />

On ne peut mieux dire; et quant à ce courage<br />

tranquille qui ne va pas chercher le danger, mais<br />

qui se le regar<strong>de</strong> pas quand, il le rencontre dans <strong>la</strong><br />

route <strong>du</strong> <strong>de</strong>voir, il ne peut s'exprimer avec plus <strong>de</strong><br />

simplicité, c'est-à-dire avec plus <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur que<br />

dans cette déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> Socrate à ses juges :<br />

« Si vous me promettiei <strong>de</strong> m f absoudre, sous <strong>la</strong> condition<br />

que je se m'occuperais plus <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> renseignement<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> philosophie , je vous répondrais : Athéniens;<br />

je vous aime et vous chéris, mais j'aime mieux<br />

obéir à Dieu qu'à VOUS ; et tant qu'il me <strong>la</strong>issera <strong>la</strong> vie et<br />

k force, je ne cesserai pas <strong>de</strong> faire ce que f al fait jusqu'ici,<br />

c'est-à-dire d'eihorte? à <strong>la</strong> vertu tous ceux qui voudront<br />

bleu m'écoeter. »<br />

Tout ce<strong>la</strong> ne saurait être trop loué. Mais il fal<strong>la</strong>it<br />

bien que l'imperfection humaine se <strong>mont</strong>rât ici<br />

comme ailleurs; et sis comme je le disais tout à<br />

l'heure 9 Socrate a <strong>du</strong> moins aperçu <strong>la</strong> théorie <strong>de</strong>

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!