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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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même transportés sur <strong>la</strong> scène f quoique ce ne fttt<br />

pas là leur p<strong>la</strong>ce, Comme on s'en est Men vite aperçu,<br />

le dois donc dire peu <strong>de</strong> chose <strong>de</strong> ce qui est partout ;<br />

et j'observerai d'abord que dans ces outrages, les<br />

plus purs qui nous restent <strong>de</strong> l'auteur, il se rencontre<br />

pourtant quelques erreurs, dont les unes tiennent<br />

à son pythagorisme, c'est-à-dire à ses chimères sur<br />

<strong>la</strong> transmigration <strong>de</strong>s Ames, et les autres à ces illusions<br />

bril<strong>la</strong>ntes qui <strong>de</strong>?aient p<strong>la</strong>ire à son imagination.<br />

Je voudrais retrancher <strong>du</strong> PMdom cette argumentation<br />

subtilement erronée qui a pur objet <strong>de</strong><br />

prouver que k vivant nmU en m&ri, m qui est également<br />

faux dans l'ordre physique et dans Tordre<br />

intellectuel; ear9 puer ce qui est <strong>de</strong>s corps, rien ne<br />

peut naître sans germe; et pour ce qui regar<strong>de</strong> les<br />

âmes, il est prouvé es métaphysique qu'elles ne<br />

peuvent <strong>de</strong>voir leur origine qu'à Dieu même. P<strong>la</strong>ton<br />

en convenait, puisqu'il les regardait ? ainsi que nous,<br />

comme <strong>de</strong>s émanations <strong>de</strong> <strong>la</strong> substance divine ; mais<br />

il abusait <strong>de</strong>s termes pour prouver que9 l'âme immortelle<br />

passant d'un corps à un autre, chaque naissance<br />

était ainsi le pro<strong>du</strong>it d'une mort. On eicusera<br />

plus aisément ce qu'il dit <strong>du</strong> cygne f et <strong>la</strong> comparaison<br />

qu'il fait <strong>de</strong> lui-même avec cet oiseau. Comme<br />

ses amis s'étonnent <strong>de</strong> son inaltérable tranquillité<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> hauteur et <strong>de</strong> <strong>la</strong> force <strong>de</strong> ses pensées à l'approche<br />

<strong>du</strong> moment fatal f il tire <strong>de</strong> ce qui les étonne<br />

ns nouvel appui pour 1a thèse qu'il soutient, que<br />

l'âme, en quittant le corps dont elle n'a pas été l'esc<strong>la</strong>ve<br />

, ne fait autre chose quatre ren<strong>du</strong>e à sa pureté<br />

originelle; qu'en conséquence II est tout simple qu'à<br />

f Instant <strong>de</strong> rompre ses chaînes corporelles elle paraisse<br />

s'épurer et se fortifier d'autant plus qu'elle<br />

est plus près <strong>de</strong> sa délivrance. C'est là-<strong>de</strong>ssus qu'il<br />

ajoute qu'on se trompe beaucoup en prenant pour<br />

une p<strong>la</strong>inte funèbre le chant <strong>du</strong> cygne, qui <strong>de</strong>vient<br />

plus mélodieux quand l'oiseau va mourir ; qu'au contraire,<br />

cet oiseau étant consacré à Apollon et aui<br />

M uses,- <strong>la</strong> beauté <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>rniers accents est une espèce<br />

d'oracle divin qui fait l'éloge <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort $ et nous<br />

apprend à n'y voir que l'entrée dans une meilleure<br />

vie. Tout ce passage serait charmant dans un poète,<br />

mais l'est un peu trop pour un philosophe* qui vouant<br />

à <strong>la</strong> vérité le <strong>de</strong>rnier reste d'une belle vie et l'autorité<br />

d'une belle mort $ n'y doit rien mêler <strong>de</strong> fictif et<br />

<strong>de</strong> fabuleux ; et l'on sait que tout ce qu'on a dit <strong>du</strong><br />

cygne est une fiable. Mais 11 fal<strong>la</strong>it bien que l'imagination<br />

<strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton « qu'on pouvait appeler lui-mime<br />

le cygne <strong>de</strong> <strong>la</strong> philosophie! en adoptant ses fictions<br />

et son <strong>la</strong>ngage Y se <strong>mont</strong>rât partout et se servît <strong>de</strong><br />

tout; quelque sujet qu'il traitât. Il ne s'en est abstenu<br />

que dans l'Jpolôgw, que l'on croit avec raison<br />

être à peu près le même dis<strong>cours</strong> <strong>de</strong> Socrate : dis­<br />

ANCIENS. — PHILOSOPHIE. •55<br />

<strong>cours</strong> qui avait eu un trop nombreux auditoire pour<br />

que P<strong>la</strong>ton se permit d'en altérer en rien le casée*<br />

tère et les expressions, en sorte qu'il fut cette fois<br />

comme enchaîné , et par le respect pour son maître ,<br />

et par le respect pour le publie.<br />

On ne peut attribuer qu'à cette même effervescence<br />

d'esprit un dialogue (celui qui a pour titre Ion)<br />

<strong>de</strong>stiné tout entier à prouver que <strong>la</strong> poésie n'est<br />

point un art, parce qu'elle ne peut être que l'effet <strong>de</strong><br />

ï'inspiration et <strong>de</strong> l'enthousiasme $ et que les poètes<br />

ne peuvent faire <strong>de</strong>s vers que quand ils sont tieri<br />

d'eux-mêmes. On voit que l'auteur a outré beaucoup<br />

trop une vérité commune, et que son opinion favo*<br />

riserait trop aussi ceux qui veulent à toute force<br />

que tous les poètes soient <strong>de</strong>s fous; ce qui n'est<br />

pas plus vrai qull ne l'est que tous les fous sont<br />

poètes. C'est, comme si l'os disait qu'un athlète ou<br />

un danseur <strong>de</strong> cor<strong>de</strong> n*est*pas fait comme un autre<br />

homme, parce que les mouvements <strong>de</strong> l'un et les<br />

efforts <strong>de</strong> l'autre vont au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s facultés communes.<br />

Mais l'un et l'autre » hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte ou <strong>du</strong> théft»<br />

tre, rentrent dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse générale, et <strong>la</strong> facilité<br />

même qu'ils ont à en sortir quand ils exercent leur<br />

art prouve que c'en est un réellement, et qui ne<br />

s'acquiert, comme tous les autres, que par une mé*<br />

tho<strong>de</strong> et en travail qui se joignent aux dispositions<br />

naturelles.<br />

Les dis<strong>cours</strong> <strong>de</strong> Socrate dans le Phédm seraient<br />

d'ailleurs admirables partout, mais le sont encore<br />

plus là où ils sont; car il n'est pas douteux que, si<br />

P<strong>la</strong>ton les a écrits, c'est Socrate qui les a tenus, et il<br />

ne paraît pas qu'il ait été donné à aucun homme <strong>de</strong><br />

voir plus loin par ses propres lumières, ni <strong>de</strong> <strong>mont</strong>er<br />

plus haut par l'essor <strong>de</strong> son Ame. Si Ton se rappelle<br />

que dans ce siècle un philosophe, d f ailleurs très*<br />

estimable % a condamné <strong>la</strong> salutaire pensée <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

mort, qui est le plus grand frein <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, on n'en<br />

sera que plus frappé <strong>de</strong> ces paroles <strong>du</strong> Phédm,<br />

les premières <strong>de</strong> ce genre qu'on trouve dans toute<br />

l'antiquité :<br />

* Tente-vous fus je vous explique pourquoi le vrai pie*<br />

lesophe voit <strong>la</strong> mort prochaine avec l'œil <strong>de</strong> l'espérance, et<br />

pourquoi M est fondé à croire qu'elle sera pour lin Se eom*<br />

mêneemeat d'oie gran<strong>de</strong> félicité? La maltilndê l'ignore f<br />

et je vais fans le dire : c'est que k vraie philosophie n'est<br />

autre chose que l'élu<strong>de</strong> <strong>de</strong> k mort 9 et que le sage apprend<br />

sans cesse dans cette vie» eaa»sealeaieet à mourir $ mais à<br />

être déjà mort» Car qu'est-ce que h mort? N'est-ce pas M<br />

séparation <strong>de</strong> l'âme d'avec le corps? Et ne sceaiaes-aatié<br />

pas contenus que <strong>la</strong> perfection <strong>de</strong> Famé consiste turtout<br />

à s'affranchir le plus qu'A est possible <strong>du</strong> commerce <strong>de</strong>s<br />

sens et <strong>de</strong>s soins <strong>de</strong> corps 9-pour contempler <strong>la</strong> vérité dans<br />

Bleu ? Me sommes-nous pas couveras cpie le plus grand<br />

« Van?«nargues.<br />

sa»

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