la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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348 COURS DE UTTÉKATUBE.<br />
doat plusieurs même, dans les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers siècles,<br />
pérfreat <strong>du</strong> <strong>de</strong>rnier supplice. Malgré ces exemples!<br />
et l'autorité <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton, qui eu toute autre chose<br />
est fort lois d'usé rigueur outrée, raoo. âfis, si j'étais<br />
obligé d'en a?oir un, ne serait jamais pour use<br />
peine capitale; maïs il ma semble que Ton pourrait<br />
dire à celui qui professe ouvertement l'athéisme :<br />
Votre doctrine est contraire à tout ordre social, et<br />
¥Ous êtes par conséquent très-coupable <strong>de</strong> n'a?oïr<br />
pas <strong>du</strong> moins gardé pour vous seul une opinion qui<br />
ne peut faire que <strong>du</strong> mal. Dès que ?ous l'avez fait<br />
connaître, TOUS ne pouvez plus vivre sous nos Jois,<br />
dont vous méconnaisses le premier principe. Retirez:vous<br />
donc <strong>de</strong> notre territoire, et allez vivre là<br />
où l'on voudra vous souffrir.<br />
« Toute impiété, dit P<strong>la</strong>toa, a l'erreur pour principe. »<br />
( P. 945. )<br />
C'est directement l'opposé <strong>de</strong> <strong>la</strong> doctrine <strong>de</strong> nos<br />
jours, qui tient pour premier axiome, que toute retigion<br />
est une erreur. Il paraît que P<strong>la</strong>ton, d'ailleurs<br />
si doux et si in<strong>du</strong>lgent, ne pouvait tolérer l'irréligion.<br />
On s'en aperçoit au commencement <strong>de</strong> son<br />
dixième livre <strong>de</strong>s LQM3 Où il se propose <strong>de</strong> convaincre<br />
l'impiété comme absur<strong>de</strong>, avant <strong>de</strong> <strong>la</strong> condamner<br />
comme criminelle.<br />
« Quoiqu'il ne soit pas possible» dit-il, <strong>de</strong> m pas baïr<br />
les impies, et <strong>de</strong> ne pas s'élever contre en avec félié»<br />
mmsœ, tâchons cependant <strong>de</strong> contenir notre indignation f<br />
et <strong>de</strong> raisonner avec eni le plus pusthtemeiit qu'il nous sera<br />
possible. »(p. 947.)<br />
Et c'est ce qu'il fait : mais plus ces raisonnements<br />
sont p<strong>la</strong>usibles, plus os ea peut conclure qu'on n'eût<br />
pas ainsi <strong>la</strong>issé raisonner <strong>de</strong> nos jours ira si grand<br />
ennemi <strong>de</strong> l'irréligion ; et que y s'il fut assez heureux<br />
pour échapper aux <strong>de</strong>w tyrans <strong>de</strong> Syracuse f il n'aurait<br />
pas échappé aux tyrans <strong>de</strong> notre révolution.<br />
L'article <strong>de</strong>s femmes est toujours celui où P<strong>la</strong>ton<br />
est le plus malheureux. 11 veut les faire élever dans<br />
les mêmes exercices que les hommes 9 et qu'elles<br />
portent les armes comme eux. Sa raison est f ail<br />
n f y a <strong>de</strong> différence d'un sexe à l'antre que celle <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> force; en quoi d $ abord iJ se trompe beaucoup :<br />
mais en admettant même cette assertion, dont on<br />
prouverait aisément <strong>la</strong> fausseté, comment un philosophe<br />
tel que lui oVt-il pas fait attention aux<br />
conséquences aussi nombreuses qu'importantes qui<br />
résultent <strong>de</strong> cette seule disparité <strong>de</strong> constitution<br />
physique? Comment n'a-t-il pas vu qu'il serait inconséquent<br />
et absur<strong>de</strong>, dans Tordre naturel, que<br />
cette disparité si marquée fût un acci<strong>de</strong>nt isolé, et<br />
qui ne tint pas à une disparité bien plus enten<strong>du</strong>e <strong>de</strong><br />
moyens, <strong>de</strong> fonctions et <strong>de</strong> <strong>de</strong>voirs, qui enrichissent<br />
à <strong>la</strong> fois les <strong>de</strong>oi sexes /précisément par l'oppo<br />
sition et <strong>la</strong> compensation <strong>de</strong> ci qui manque à chacun<br />
d'eux? Ce qui lui manque, à lui, c'est <strong>la</strong> liaison<br />
<strong>de</strong>s idées : s'il Favaît consultée a?ee plus d'atten*<br />
tion 5 et s'il eût rempli ce premier <strong>de</strong>?oir iu philosophe,<br />
d'analyser d'abord parfaitement le réel avant<br />
<strong>de</strong> chercher le possible, d'où il résulte le plus souvent<br />
que ce qui est n'est autre chose que ce qui doit<br />
être; s'il eét suit!-cette marche dans l'examen <strong>de</strong>s<br />
différences spécifiques <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sexes, et <strong>de</strong> faction<br />
réciproque <strong>du</strong> physique et <strong>du</strong> moral dans tous les<br />
<strong>de</strong>ux, il aurait bien autrement encore adoré cette<br />
Profi<strong>de</strong>nce bienfaitrice dont il parle d'ailleurs si<br />
bien, mais qu'il était loin d'avoir assez étudiée. Cette<br />
étu<strong>de</strong>, au reste, <strong>de</strong>vait être un <strong>de</strong>s grands avantages<br />
<strong>de</strong> ceux qui ont eu le se<strong>cours</strong> inappréciable-<strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> révé<strong>la</strong>tion": eux seuls peuvent savoir qu'il'n'y a ici<br />
<strong>de</strong> vraie philosophie (pour parler humainement), ou<br />
pour mieux dire, qu'il n'y a <strong>de</strong> vraie sagesse^quo dans<br />
ces simples paroles <strong>du</strong> Créateur, lorsqu'il voulut<br />
faire une compagne pour Adam, et que pour <strong>la</strong> lui<br />
donner, il <strong>la</strong> tira <strong>de</strong> sa propre chair : II n'est pas<br />
bon que l'homme soit seul. Et P<strong>la</strong>ton ne s'aperçoit<br />
pas que, dans son système, l'homme, a?ec une<br />
femme, serait encore seul» Heureusement ce système<br />
est totalement impraticable 1 . Aussi us philo*<br />
sophe révolutionnaire s'est-il empwssé<strong>de</strong> l'adopter,<br />
il y a quelques années. 11 n'a pas foit plus fortune<br />
chez lui qm chez P<strong>la</strong>ton ; mais je suis fâché que ce<br />
soit P<strong>la</strong>ton qui fe lui ait fourni.<br />
On a emprunté <strong>de</strong> ses traités <strong>de</strong>s Lois <strong>de</strong>ux autres<br />
articles fort différents, et qui font partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière<br />
constitutif» frapçais© : l'un fort sensé, <strong>la</strong><br />
justice arbitrale, dont je crois que P<strong>la</strong>ton est le premier<br />
auteur, mais qui a été rarement usitée ; l'autre<br />
encore très-problématique, <strong>la</strong> révision décennale<br />
<strong>de</strong>s lois ; celui-là pourrait être le sujet d'une discussion<br />
qui n'a rien <strong>de</strong> commun avec les matières qui<br />
nous occupent.<br />
Au reste, si l'on veut une preu?e <strong>du</strong> peu d'accord<br />
qui règne dans <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton, bien plus encore<br />
que dans sa métaphysique t il suffira <strong>de</strong> remarquer<br />
ce qu'il dit dans son dialogue intitulé l'Homme<br />
poUtiqw *, et ce qu'il prescrit ensuite dans sa République<br />
et dans les lois qu'il lui donne. Voici les propositions<br />
qu'il établit dans son dialogue :<br />
« La p@litiqiiê est Fart <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r aai hommes, <strong>de</strong><br />
con<strong>du</strong>ire k chose publique ; cet art est aae s<strong>de</strong>ace, et<br />
une science très-rare et très-difficile f qui se peut appartenir,<br />
dans chique état, qu'à nn homme ou <strong>de</strong>ux, ou <strong>du</strong><br />
moins à très peu d'hommes. C'est donc une science qu'on<br />
peut appeler royale. D'où a suit que le meilleur <strong>de</strong> tous tes<br />
1 Comlorcet<br />
* Édition grecque déjà citée, pap m.