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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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•COU1S BE LITTÉRATURE.<br />

mêlées avec les siennes. II faut i présent dire un<br />

mot <strong>de</strong>s principales, et voir <strong>la</strong> faiblesse <strong>de</strong> l'esprit<br />

humain, après en a?oir vu <strong>la</strong> force.<br />

P<strong>la</strong>ton a beaucoup écrit, beaucoup pensé , puisque<br />

ses ouvrages embrassent toutes les connaissances<br />

naturelles, et non-seulement toutes les parties <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> philosophie spécu<strong>la</strong>tif©; mais encore <strong>la</strong> physïologieet<br />

Fanfltomie; mais il faut avouer aussi qu'il<br />

a beaucoup rêvé. On lui doit pourtant cette justice,<br />

que, idèle imitateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> réserve <strong>de</strong> son maître $ il<br />

se préserva toujours <strong>de</strong> cette affirmation tranchante<br />

qui caractérisait l'orgueil dogmatique <strong>de</strong> tant <strong>de</strong><br />

lectes <strong>de</strong> philosophes, dont chacun® se prétendait<br />

exclusivement en possession <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité. Sociale et<br />

P<strong>la</strong>ton donnaient toujours leurs opinions seulement<br />

comme probables : nous verrons à l'article <strong>de</strong> Clcéron<br />

que ce probabi'lisme, qui <strong>de</strong>vint le point <strong>de</strong> ralliement<br />

<strong>de</strong>s différentes écoles <strong>de</strong> l'académie fondée<br />

par P<strong>la</strong>ton, avait aussi ses inconvénients et ses abus.<br />

Mais ce fut <strong>du</strong> moins dans l'origine une sorte d'excuse<br />

pour cette foule d'hypothèses plus ou moins<br />

enrouées qu'il débitait avec d'autant moins <strong>de</strong> scrupule<br />

9 qu'il ne <strong>de</strong>mandait pour elles que cette espèce<br />

d'assentiment qu'on peut accor<strong>de</strong>r à ce qui n'est<br />

que probable, et non pas cette conviction qui ne<br />

peut naître que <strong>de</strong> Févi<strong>de</strong>nee.<br />

Mais cette probabilité même se trouve-t-elle à<br />

l'examen dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s théories <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton?<br />

nullement. II a trop peu <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> et <strong>de</strong> logique;<br />

il abon<strong>de</strong> en suppositions gratuites : rien<br />

n'arrête Fessor <strong>de</strong> son imagination. Il semble toujours<br />

avoir <strong>de</strong>vant les yeux ce mon<strong>de</strong> intelligible,<br />

ces idées archétypes , où tout est disposé dans un<br />

ordre parfait <strong>de</strong> rapports infaillibles et éternels. Ce<strong>la</strong><br />

est es effet et doit être ainsi dans <strong>la</strong> sagesse divine;<br />

et <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> gloire <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton est <strong>de</strong> Fy avoir<br />

vu : c'est sûrement le plus grand pas <strong>de</strong> l'ancienne<br />

métaphysique, et qui suffirait seul pour mettre<br />

P<strong>la</strong>ton au rang <strong>de</strong>s plus beaux génies. Mais il n'a<br />

-pas compris que, si ce modèle idéal et parfait était<br />

nécessairement dans l'intelligence infinie quand elle<br />

a pro<strong>du</strong>it le mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong> là même il s'ensuit qu'il ne<br />

saurait se retrouver dans l'intelligence humaine,<br />

qui elle-même n'a l'idée <strong>de</strong> Finie! que parce qu'elle<br />

trouve partout <strong>de</strong>s bornes qui se sont pas celles<br />

<strong>de</strong>s choses, mais <strong>de</strong> ses conceptions ; car si l'infini<br />

est dans les idées <strong>de</strong> Dieu, parce qu'elles embrassent<br />

tout , il n'est dans les nôtres que parce qu'elles<br />

n'embrassent rien, et que nous voyons toujours au<br />

<strong>de</strong>là <strong>de</strong> nous, et bien loin ah <strong>de</strong>là, le réel et le possible,<br />

sans aucun moyen d'y .atteindre. Il n'y a pas une<br />

science qui n'atteste que tout est partiel dans nos<br />

conceptions, et que nous ne pouvons rien c<strong>la</strong>sser<br />

parfaitement, parce que non-seulement nous m<br />

connaissons en rien les premiers principes, mais<br />

que nous* ne connaissons pas même à beaucoup<br />

près tous les effets et fous les acci<strong>de</strong>nts. La mo<strong>de</strong>stie<br />

<strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton, au lieu <strong>de</strong> lui Interdire toute affirmation<br />

, ce qui est un excès et une erreur, aurait<br />

été mieux enten<strong>du</strong>e, si elle l'eût empêché <strong>de</strong> donner,<br />

même comme probable, ce qui n'était appuyé<br />

sur rien.<br />

Que signifie cette âme <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> qui n'est pas<br />

Bleu, et qui pourtant est une substance divine,<br />

comme s'il pouvait y avoir <strong>de</strong>ux substances dans<br />

<strong>la</strong> Divinité , dont P<strong>la</strong>ton lui-même a compris l'unité<br />

nécessaire ? Quelle contradiction ! et que <strong>de</strong> contradictions<br />

semb<strong>la</strong>bles dans tout le système <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton!<br />

Qu'est-ce que ce mon<strong>de</strong> animal, <strong>la</strong> troisième partie<br />

<strong>de</strong> son ternaire, et qui a fourni à Spinosâ <strong>la</strong> première<br />

base <strong>de</strong> son incompréhensible athéisme?<br />

Mais que dire surtout <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière dont P<strong>la</strong>ton<br />

explique <strong>la</strong> nature et <strong>la</strong> formation <strong>de</strong> Fâme humaine?<br />

Selon lui, elle est double, et même triple; et voici<br />

comment, autant <strong>du</strong> moins qu'il est possible <strong>de</strong> le<br />

comprendre à travers les obscurités <strong>de</strong> ses termes<br />

arbitraires et vagues, et <strong>de</strong> ses définitions subtiles.<br />

Le suprême Ouvrier, après avoir formé les astres et<br />

tous les corps célestes, et leur avoir promis l'immortalité,<br />

non pas qu'elfe appartienne à leur nature<br />

y mais comme un pur don <strong>de</strong> ses bontés ; après<br />

avoir donné au mon<strong>de</strong> une âme composée <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

substance immuable, invisible et incorruptible,<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> substance matérielle, divisible et muable;<br />

et encore d'une troisième substance mixte qui résulte<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux autres (inexplicable composé, qui<br />

pourtant, comme je l'ai dit, s'appelle chez lui un<br />

Dieu, ainsi que le mon<strong>de</strong> lui-même), s'adresse à<br />

ces dieux secondaires, à ces démons, qui ne sont ni<br />

plus c<strong>la</strong>irement définis ni mieux expliqués que tout<br />

le reste, et les charge <strong>de</strong> former tous les animaux<br />

dont Fexistence est comprise dans Fidée <strong>du</strong> grand<br />

animal qui est le mon<strong>de</strong>; et s'il s'en remet à eux<br />

pour cette création, c'est, dit-Il, que, s'il faisait<br />

lui-uiéme ces animaux, ils seraient immortels. Mais<br />

c'est <strong>de</strong> lui que ces agents inférieurs doivent recevoir<br />

les semences <strong>du</strong> seul animal qui sera participant<br />

<strong>de</strong> l'immortalité et doué <strong>de</strong> raison, an'tin mot*<br />

<strong>de</strong> Fhomme. Alors il fait lui-même un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong>s<br />

éléments ou principes qui lut ont servi à pro<strong>du</strong>ire<br />

les astres ou Fâme <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong> façon pourtant<br />

qu'ils n'aient pas dans Fhomme <strong>la</strong> même perfection<br />

et <strong>la</strong> même pureté. Les agents <strong>du</strong> grand Ouvrier joignent<br />

ensuite à cette partie immortelle <strong>de</strong> Fâme une<br />

autre espèce d'âme mortelle, susceptible <strong>de</strong> toutes<br />

les affections sensuelles d'où naissent le p<strong>la</strong>isir et

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