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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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338<br />

que avec mol. Que te malheur passé et h <strong>du</strong>reté <strong>de</strong>s commandants<br />

ne vous effrayent plus ; ? ©us i?ez un général qui,<br />

dans les marches et les combats , sera votre gui<strong>de</strong> et votre<br />

compagnon , et qui ne s'épargnera pas plus que vous. Avec<br />

le se<strong>cours</strong> <strong>de</strong>s dieux, TOUS pouves tout vous promettre :<br />

<strong>la</strong> victoire, le butin, l'honneur. £ts quand tous ces avantages<br />

seraient douteux ou éloignés, il conviendrait encore<br />

que les boas citoyens Tinssent au se<strong>cours</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> république ;<br />

car Sa lâcheté ne sauve personne <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort , et jamais père<br />

n'a désiré que ses enfante vécussent* toujours, mais qu'Ile<br />

fiiseeat estimés et honorés. J'en dirais davantage, Eomains9<br />

si Ses paroles donnaient <strong>du</strong> courage à ceux qui n'en ont pas;<br />

mais pour les braves, j'en M dit assez. »<br />

À cette elgueuf mâle et guerrière, à cette austérité<br />

brusque, à cette âpreté<strong>de</strong> style t à cette jactance<br />

soldatesque $ tous cem qui ont lu l'histoire ne<br />

recounaissêût-ils pas Marins? Ne croient-ils ps<br />

l'entendre lui-même? Qu'on lise les lettres et les<br />

mémoires <strong>du</strong> grand Yil<strong>la</strong>rs; qu'on ?oie <strong>de</strong> quelle<br />

manière il prie <strong>de</strong> lui et <strong>de</strong> ceux qu'il appelle <strong>de</strong>s<br />

généraux ée c&wt; et Ton s'apercevra qu'aux formes<br />

près, nécessairement différentes dans en consul<br />

romain et dans un général français, les hommes9<br />

p<strong>la</strong>cés dans les mêmes situations, ont, dans tous<br />

les temps, à peu près le même <strong>la</strong>ngage. C'est dire<br />

assez combien Saltoste connaissait les hommes; et<br />

quand on les connaît bien Y on a le droit <strong>de</strong> les faire<br />

parler.<br />

Les harangues dans Tacite sont ordinairement<br />

courtes; mais toujours substantielles; et, dans sa<br />

précision, il ne manque point <strong>de</strong> mouvement, quoi*<br />

qu'il en ait moins que Tîle-Lif e dans son abondance.<br />

Je prends chez Tacite le dis<strong>cours</strong> <strong>de</strong> Crémutlus<br />

Cordas, accusé dans le sénat, sous le règne <strong>de</strong> Tibère<br />

, d'avoir appelé dans ses écrits Brutus et Cassius<br />

ks <strong>de</strong>rniers <strong>de</strong>s Romains.<br />

« On m'inculpe dans mes paroles, pères conscrits9 tant<br />

je guis innocent dans mes actions. Cependant 9 mes paroles<br />

mêmes n'ont attaqué ni César JM ses parents, Ses seuls qui<br />

soient compris dans les accusations <strong>de</strong> lèse-majesté. On me<br />

reproche d'avoir loué Brutus et Cassius; beaucoup d'auteurs<br />

en ont écrit l'Siistoire , aucun ne les a nommés sans<br />

éloge. Tite-Ovê, distingué entre tous les écrivains par son<br />

éloquence et sa ?éraelté 9 a donné tant <strong>de</strong> louanges à Pom­<br />

pée, qu'il en eut d'Auguste le nom <strong>de</strong> P&mpéiem , sans en<br />

être moins aimé. Huile part chef lui, Seipion Afranius, si<br />

ee même Cassius 9 ni ce même Brutus t ne sont traités <strong>de</strong><br />

brigands et <strong>de</strong> parrici<strong>de</strong>s, comme on les appelle aujourd'hui<br />

9 et sou?eut il les appelé <strong>de</strong> grands hommes. Ae<strong>la</strong><strong>la</strong>s<br />

POQîOD, dans ses écrits, rend hommage à leur mémoire :<br />

Meaea<strong>la</strong> Oarv<strong>la</strong>ae, dans les siens, célébrait Cassius comme<br />

son général,et tous les <strong>de</strong>ux forent en crédit et en honneur<br />

auprès d'Auguste. Quand Ckéroo publia l'ouvrage s oè i<br />

élève Caton jusqu'au <strong>de</strong>ux, le dictateur César lui répondift-<br />

1 CemI qui avait pour titre €stof auquel César refondit<br />

par flmM~€mêô ; tous les <strong>de</strong>ux sont per<strong>du</strong>s.<br />

COU1S DE LITTÉHATUllt<br />

il autrement qu'en le réfutant comme il aurait bit <strong>de</strong>vant<br />

<strong>de</strong>s juges ? Les lettres d'Antoine, les harangues <strong>de</strong> Brutus ,<br />

sont remplies <strong>de</strong> reproches contre Auguste, injustes, il est<br />

•rai, mais très-amers ; et on lit encore les vers <strong>de</strong> Bibaculus<br />

et <strong>de</strong> Catulle, pleins <strong>de</strong> satires contre les Césars. Mais Jules<br />

César et le divin Auguste les souffrirent et les oublierait<br />

avec autant <strong>de</strong> modération que <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce ; car les satires<br />

s f ef&eent 9 si on les méprise ; mais si Ton s'en irrite 9 on paraît<br />

s'y reconnaître. Je ne parle pas <strong>de</strong>s Grecs, càei qui nonseulement<br />

<strong>la</strong> liberté f mais même <strong>la</strong> licence <strong>de</strong>s paroles, n'a<br />

jamais été punie, ou n'a été repoussée qu'a?ee les mêmes<br />

armes. Mais surtout il a toujours été libre et innocent <strong>de</strong><br />

dire sa pensée sur les morts : pour eux, Il s'y a pins ni <strong>la</strong>veur<br />

si haine. Mes écrits sont-ils <strong>de</strong>s harangues incendiaires, <strong>de</strong>s<br />

trempettes <strong>de</strong> guerre effile es faveur <strong>de</strong> Brutus et <strong>de</strong> Casstns,<br />

armés dans les champ <strong>de</strong> PhUippes? Il y a eeliaste»<br />

dix ans qu'ils ne sont plus ; et comme on les retrouve dans<br />

leurs images, que le vainqueur lui-même n'a pas détruites,<br />

leur mémoire gar<strong>de</strong> sa p<strong>la</strong>ce dans l'histoire. La postérité<br />

rend à chacun rhonnenr qui lui est dû ; et, s'il faut que je<br />

sois condamné, il ne manquen pas d'écrivains qui se sein<br />

viendront «sii-ièii<strong>la</strong>ie^<br />

<strong>de</strong> moi. »<br />

J'ai déjà cité <strong>la</strong> harangue <strong>de</strong>s Scythes à Alexandre<br />

f 'comme en <strong>de</strong>s morceaux qu'on a le plus remarqués<br />

dans Qni®te-€ufce. On a su gré à fauteur<br />

d f y avoir parfaitement saisi le ton tentefiâettx et<br />

ignré <strong>de</strong> l'éloquence propre à ces peuples, qui s'énoncent<br />

volontiers ee maximes et en paraboles,<br />

comme on a toujours fait dans f Orient et dans le<br />

Nord.<br />

« Si ks dieux avaient proportioiiiié ta stature à ton ambition,<br />

le mon<strong>de</strong> ne te contiendrait pas. Tu toucherais l'orient<br />

d'une main 9 Se couchant <strong>de</strong> l'autre, et tu fendrais<br />

encore saisir où vent s'ensevelir les feux <strong>de</strong> l'astre il fin<br />

qui nous éc<strong>la</strong>ire. C'est ainsi * que tu désires toujours plus<br />

que tu ne peux embrasser. Tu passes d'Europe en Asie, tu<br />

repasses d'Asie en Europe 9 et si tu avais soumis tout le<br />

genre humain tu ferais <strong>la</strong> guerre aux forêts, aux <strong>mont</strong>agnes<br />

, aux ienses, et aux bêtes sauvages. Quoi donc S ïgisn<br />

res-tu que les grands arbres sont longtemps à croître, et<br />

sont déracinés en un moment ? Insensé ce<strong>la</strong>i qui ne regar<strong>de</strong><br />

que leurs fruits sans mesurer leur hauteur ! Prends gar<strong>de</strong> f<br />

en vou<strong>la</strong>nt parvenir au sommet, <strong>de</strong> tomber a?ec les brandies<br />

que tu auras saisies. Quelquefois le lion a servi <strong>de</strong> pâ­<br />

ture aux plus petits oiseaux, et <strong>la</strong> rouille détruit le fer. Il<br />

n'y a rien <strong>de</strong> si fort qui ne puisse craindre même ce qui est<br />

faible. Qu'y a-t-H entre toi et nous? Nous n'avons jamais<br />

approché <strong>de</strong> ton territoire. Dans les fastes forêts où nous<br />

vivons, ne nous est-il pas permis d'ignorer qui tu es et<br />

d'où tu viens? Mous ne pouvons pas servir, et nous ne<br />

voulons pas comman<strong>de</strong>r. Yeux-tu connaître <strong>la</strong> nation <strong>de</strong>s<br />

Scythes ? Un st<strong>la</strong>iagcjate bœufs, une charrue y une flèche 9<br />

une coupe, voilà ce qui nnese été donné, ce qui esta notre<br />

usage pour nos amis et contre nos ennemis. A nos amis<br />

1 Centre-sens, Sic qooojm, même m'utt.... tel que tu es,<br />

tu désires encans plus mm tn s# peux embraster.

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