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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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tar c'est ce qui arrive te plus souvent, tous le savez, et<br />

celui que vous mm choisi poor générai s'en choisit un astre<br />

pour lui-même. J'en connais, Romains, qui , parvenus au<br />

consu<strong>la</strong>t, ont commencé à se faire lire les actions <strong>de</strong> leurs<br />

ancêtres et les livres <strong>de</strong>s Grecs sur Fart militaire, fort mal à<br />

propos , ce nie semble ; car si , dans l'ordre <strong>de</strong>s choses , on<br />

est élu avant <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r, dans Tordre <strong>de</strong> k raison , il<br />

fiut apprendre à comman<strong>de</strong>r avant d'ôtre élu. Compares à<br />

ces anciens nobles si ailiers tin homme nouveau tel que<br />

mol Ce qu'ils lisent ou ce qu'ils enten<strong>de</strong>nt dire, je l'ai vu<br />

ou je l'ai fait. Ce que f élu<strong>de</strong> leur apprend 9 je le sais par<br />

même que <strong>de</strong> flétrir celle dont on a hérité. Je sais que, s'ils<br />

veulent me répondre, ils ne manqueront pas <strong>de</strong> paroles<br />

éloquentes et bien .arrangées ; mais, comblé <strong>de</strong>.vos bienfaits,<br />

et tous les jours, ainsi que vous, outragé par leur haine»<br />

je n f ai pas cru <strong>de</strong>voir me taire, <strong>de</strong> peur qu'on ne prit te<br />

silence <strong>de</strong> k mo<strong>de</strong>stie pour un aveu <strong>de</strong> <strong>la</strong> conscience; car<br />

d'ailleurs je ne crois pas pouvoir être blessé par leurs dis<strong>cours</strong>.<br />

S'ils sont vrais, ils doivent me rendre justice; s'ils<br />

Sôtttfatii, nia con<strong>du</strong>ite les réfute. Mais, puisqu'ils accusent<br />

votre choix, qui m*a chargé d'une commission également<br />

importante et honorable, voyez encore une fois si vous <strong>de</strong>vez<br />

vous en repentir. Je ne saurais vous donner pour mes<br />

garants les triomphes et les consukts <strong>de</strong> mes pères ; mais9<br />

s'il le faut, je puis <strong>mont</strong>rer les décorations militaires que<br />

fa! reçues, tes enseignés que j'ai prises à l'emiimi , les ci*<br />

îA usai*!. — TOUS i<br />

ANCIENS. — HISTOIRE. S37<br />

catrices dont je suis couvert. Romains, voilà mes titres <strong>de</strong><br />

noblesse : ils ne me sont pas venus par succession ; ils sont<br />

le prix <strong>de</strong>s fatigues, <strong>de</strong>s services et <strong>de</strong>s dangers.<br />

« Je ne parle pas bien ; je ne suis pas éloquent 9 je le sais :<br />

c'est MI art dont je fais peu <strong>de</strong> cas. Je le <strong>la</strong>isse a ceux qui<br />

en ont besoin pour couvrir par <strong>de</strong> belles paroles <strong>de</strong>s actions<br />

qui ne le sont pas ; mais-k vertu, quand elle se <strong>mont</strong>re,<br />

n*a besoin que d'elle-même. Je n'ai pas étudié les lettres<br />

grecques : j'ai cru cette étu<strong>de</strong> bien inutile, puisqu'elle n'a<br />

pas servi à rendre meilleurs ceux qui nous les ont ensei­<br />

Fexpérience. Lequel vaut mieux <strong>de</strong>s paroles ou <strong>de</strong>s actions ?<br />

Je vous es fais juges, Romains. Ils méprisent ma naissance,<br />

et moi leur lâcheté. Ils me reprochent <strong>la</strong> faute <strong>de</strong> k fortune :<br />

je leur reproche leurs vices , ou plutôt je pense que tous<br />

les hommes sont égaux par k nature, mais que celui-là<br />

est te plus noble qui est le meilleur et le plus brave. Deman<strong>de</strong>z<br />

aux parents d'un Alhinus» d'un Restia, s'ils aiment<br />

fiiieiii être les pères <strong>de</strong> pareils ils que d'un Marins : Us vous<br />

répondront qu'Os voudraient avoir pour ils celui qui a le<br />

plus <strong>de</strong> mérite. Si les nobles ont raison <strong>de</strong> me mépriser, qu'ils<br />

méprisent donc leurs ancêtres f qui ont tmmmmé , m&wm<br />

moi, par s'avoir «l'autre noblesse que k vertu. Ils m'en*<br />

vient mes honneurs; qu'ils m'envient donc aussi mes fatigues,<br />

met périls, ma probité; car c'est l'un qui m'a valu<br />

Patttre. Mais ces hommes, corrompus par l'orgueil, vivent<br />

cornue s'ils méprisaient les honneurs, et les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt<br />

mmmm s'ils, les avaient mérités. Certes ils s'abusent beau-<br />

CMJOB <strong>de</strong> prétendre à k fois à <strong>de</strong>ux choses si opposées, anx<br />

p<strong>la</strong>isirs <strong>de</strong> f oisif été et aui récompenses <strong>du</strong> courage. Ces<br />

mêmes hommes y quand ils parlent dans, le sénat ou <strong>de</strong>vant<br />

vous, élèvent jusqu'au! <strong>de</strong>ux le mérite <strong>de</strong> leurs ancêtres ,<br />

et creies! par là s'agrandir dans l'opinion : c'est tout le<br />

contraire; leur lâcheté parait d'autant plus coupable, que<br />

les actions <strong>de</strong> leurs aïeux ont été plus éc<strong>la</strong>tantes. La gloire<br />

<strong>de</strong>s pères éc<strong>la</strong>ire k honte <strong>de</strong>s enfants. Je ne veux pas,<br />

mmwm enx, citer ce qu'ont fait les autres; mais, ce qui<br />

vaut beaucoup mieux, je puis dire ce que f al fait. Et cependant,<br />

voyez comme ils sont injustes! Ils ne me permettent<br />

pas <strong>de</strong> m f gnées. J'ai appris ce qui importe davantage à <strong>la</strong> république,<br />

à frapper l'ennemi, à défendre mes compatriotes 9 à ne ries<br />

craindre que l'infamie, à souffrir le froid et le chaud, à reposer<br />

sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>re, à supporter k soif et k faim. Yoilà ce<br />

que j'enseignerai à mes soldats. Je ne me traiterai pas délicatement<br />

en les traitant avec rigueur ; je ne veux pas que<br />

ma gloire ne soit que le fruit <strong>de</strong> leurs peines : c'est ainsi<br />

que l'on comman<strong>de</strong> à <strong>de</strong>s citoyens; c'est ainsi qu'il est ni île<br />

<strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r. Yivre soi-même dans k mollesse, et faire<br />

vivre son armée dans les privations, est d'un maître, et<br />

non pas d'un général. C'est en pensant, en agissant cérame<br />

moif que nos pères ont été grands, et ont illustré k république.<br />

La noblesse d'aujourd'hui, qui ne leur ressemble<br />

guère, nous insulte, parce que nous voulons leur ressembler<br />

; elle brigue les honneurs y comme s'ils lui étaientalus.<br />

Us se trompent, ces hommes superbes : leurs ancêtres leur<br />

ont <strong>la</strong>issé tout ce qu'ils pouvaient leur transmettre, <strong>de</strong>s<br />

richesses, <strong>de</strong>s titres, un grand nom ; ils ne leur ont pas<br />

<strong>la</strong>issé k vertu ; ils ne le pouvaient pas. Ce n'est pas un présent<br />

qu<br />

app!audir <strong>de</strong> ce qui m'appartient, tandis qu'ils se<br />

vantent <strong>de</strong> ce qui ne leur appartient pas, apparemment<br />

parée que je n'ai pas, comme eux, <strong>de</strong>s portraits <strong>de</strong> famille<br />

à étaler <strong>de</strong>vant vous, et que ma noblesse ne date que <strong>de</strong><br />

moi; comme s'il ne vakit pas mieux s'en faire une à soi-<br />

9 on puisse faire ni qu'on puisse recevoir. Ils disent<br />

que je suis grossier et sans é<strong>du</strong>cation, parce. que je n'entends<br />

rien à préparer un festin, parce que je ne paye pas<br />

un cuisinier, un histrion, plus cher qu'un fermier. J'en<br />

conviensy Romains. J'ai appris <strong>de</strong> mon père 9 et j'ai entends<br />

dire aux honnêtes gens, que le lue est pour les femmes,<br />

et le travail pour les.hommes; qu'il faut à un bon citoyen<br />

plus <strong>de</strong> gloire que <strong>de</strong> richesse; que les ornements d'un guerrier,<br />

ce sont ses armes, et non pas ses meubles. Quant à<br />

eux,- qu'ils s'occupent <strong>de</strong>s seules choses dont ils fassent<br />

cas, <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>isirs et <strong>de</strong> k table; qu'ils passent leur vieillesse<br />

comme ils ont passé leurs premières années, dans les festins,<br />

dans Ses débauches .et <strong>la</strong> dissolution, et qu'ils nous<br />

<strong>la</strong>issent <strong>la</strong> sueur et <strong>la</strong> poussière <strong>de</strong>s camps, à jtous qui en<br />

| disons plus <strong>de</strong> cas que <strong>de</strong> leurs voluptés. Mais non : quand<br />

ils se sont déshonorés par toutes sortes d'infamies, ils<br />

viennent ravir les récompenses <strong>de</strong>s honnêtes gens. Ainsi,<br />

par k plus criante injustice, le luxe f k mollesse, les vices,<br />

ne nuisent pas à ceux qui en sont coupables, et nuisent à<br />

<strong>la</strong> république, qui en est innocente. Maintenant que je leur<br />

al répon<strong>du</strong>, non'pas en proportion <strong>de</strong> leur indignité, mais<br />

convenablement à mes mœurs, je dirai un mot <strong>de</strong> <strong>la</strong> chose<br />

publique. D'abord, pour ce qui regar<strong>de</strong> k Namidie, soyez<br />

tranquilles, Romains. Tous avez écarté tout ce qui, jusqu'à<br />

présent, avait défen<strong>du</strong> Jugurttia : l'avarice, lignerance,<br />

l'orgueil <strong>de</strong> vos généraux. Vous avei sur les lieux<br />

une armée qui connaît le pays, mais jusqu'ici plus brave<br />

qu'heureuse, et affaiblie en gran<strong>de</strong> partie par l'avidité et<br />

k témérité <strong>de</strong> ses chefs. Yous tous donc qui êtes en état<br />

<strong>de</strong> porter les armes, préparez-vous à défemdre k répubE-<br />

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