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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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qui est si faste, se tous fournira ries au-<strong>de</strong>ssus [<br />

<strong>de</strong> ce f ers si smwmî cité :<br />

Grand Bit» 9 renèa-iioes le Jour et combats mmtm nous K<br />

Observons, en passant, que c'est <strong>la</strong> Mothe qui<br />

a resserré ainsi en un seul vers les trois vers <strong>de</strong><br />

l'Ilim<strong>de</strong>, que Boileau a tra<strong>du</strong>its plus littéralement<br />

par ces <strong>de</strong>ux-ci :<br />

Grand Dieu ! thmm <strong>la</strong> nuit qui noos couvre les yeux,<br />

Et combats contre nous à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>rté <strong>de</strong>s êteux»<br />

J*ai parlé <strong>de</strong> ces mouvements pro<strong>du</strong>its par un<br />

instinct sublime. En ?©ici un exemple singulier, arrifé<br />

dans le <strong>de</strong>rnier siècle. Un lion s'était échappé<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> ménagerie do grand-<strong>du</strong>c <strong>de</strong> Florence et courait<br />

dans les rues <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, L'épouvante se répand <strong>de</strong><br />

tous côtés, tout fuit <strong>de</strong>vant lui. Une femme qui<br />

emportait son enfant dans ses bras le <strong>la</strong>isse tomber<br />

es courant. Le Mou le prend dans sa gueule. La<br />

mère, éper<strong>du</strong>e, se jette à genoux <strong>de</strong>vant l'animal<br />

terrible, et lui re<strong>de</strong>man<strong>de</strong> son enfant avec <strong>de</strong>s cris<br />

déchirants. 11 n'y a personne qui ne sente que cette<br />

action extraordinaire, qui est le <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

l'égarement et <strong>du</strong> désespoir; cet oubli <strong>de</strong> <strong>la</strong> raison,<br />

si supérieur à <strong>la</strong> raison même; cet instinct d'une<br />

gran<strong>de</strong> douleur qui ne se persua<strong>de</strong> pas que rien<br />

puisse être inflexible , est véritablement ce que nous<br />

appelons ici le sublime. Mais ce qui suit est susceptible<br />

<strong>de</strong> plus d'une explication. Le lbn s'arrête, <strong>la</strong><br />

regar<strong>de</strong> ixement, remet l'enfant à terre sans lui<br />

avoir fait aucun mal, et s'éloigne. Le malheur et<br />

le désespoir ont-ils donc une expression qui se fait<br />

entendre même aux t>!tes farouches ? On les connaît<br />

capables <strong>de</strong>s sentiments qui tiennent à l'habitu<strong>de</strong>,<br />

et Ton cite beaucoup <strong>de</strong> traits <strong>de</strong> leur attachement<br />

et <strong>de</strong> leur reconnaissance. Mais ici cette mère, pour<br />

arrêter <strong>la</strong> <strong>de</strong>nt <strong>de</strong> ranimai féroce, n'avait qu'un<br />

moment et qu'en cri. Il fal<strong>la</strong>it qu'il entendît ce qu'elle<br />

<strong>de</strong>mandait, et qu'il fût touché <strong>de</strong> sa prière; et il<br />

l'entendit, et il en fut touché. Comment? (Test ce<br />

qui peut fournir plusieurs réflexions sur <strong>la</strong> correspondance<br />

naturelle entre tous les êtres animés, mais<br />

qui se sont pas <strong>de</strong> mon sujet. Je reviens.<br />

Sur tout ce que j'ai dit <strong>du</strong> sublime, <strong>la</strong> première<br />

question qui se présente est celle-ci : Puisqu'il ne<br />

peut être si défini ni analysé, qu'est-ce donc qu'a<br />

fait Longin dans son Traité êuStêlimê? C'est qu'il<br />

n'a pas voulu traiter <strong>de</strong> celui-là, mais <strong>de</strong> ce que les<br />

rhéteurs appellent le style sublime, par opposition<br />

au style simple, et au style tempéré, qui tient le<br />

milieu entre les <strong>de</strong>ux; le style qui convient aux<br />

grands sujets, aux sujets élevés, à <strong>la</strong> poésie épique,<br />

dramatique, lyrique; à l'éloquence judiciaire, déli-<br />

ANCIENS. — POESIE. 19<br />

bératife ou démonstrative, quand le sojet est susceptible<br />

<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur, d'élévation, <strong>de</strong> force, <strong>de</strong> pa­<br />

thétique. C'est ce que l'examen même <strong>du</strong> Traité <strong>de</strong><br />

Longin peut prouver avec évi<strong>de</strong>nce. Ce n'est pourtant<br />

pas l'opinion <strong>de</strong> Boileau ; mais il a été refuté<br />

sur cet article par <strong>de</strong> savants philologues, entre autres,<br />

par Gibert, dans le Journal <strong>de</strong>s Savants, Ce<br />

qui a pu l'in<strong>du</strong>ire en erreur, c'est qu'en effet il y a<br />

quelques endroits <strong>de</strong>Longinqui peuvent s'appliquer<br />

à l'espèce <strong>de</strong> sublime dont je viens <strong>de</strong> parler, et<br />

quelques exemples qui s'y rapportent; mais <strong>la</strong> suite<br />

et l'ensemble <strong>du</strong> Traité font voir que ces exemples ne<br />

sont cités que comme appartenants au style sublime,<br />

dans lequel'ils entrent naturellement. On pourra<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r encore comment l'objet <strong>de</strong> ce Traité peut<br />

donner matière au doute et à <strong>la</strong> discussion, puisqu'il<br />

semble que fauteur a iû commencer par déterminer<br />

d'une manière précise ce dont il al<strong>la</strong>it prier. Le<br />

commencement<strong>de</strong>Fouvragevarépondreàcetteque»tion.<br />

11 suffit d'avertir auparavant qu'il existait <strong>du</strong><br />

temps <strong>de</strong> Longin un Traité <strong>du</strong> Sublime, d'un autre<br />

rhéteur sommé Cecillus, Traité qui a été entièrement<br />

per<strong>du</strong>, et qui" ne nous est connu que par ce<br />

qu'en dit Longin. Yoici comme s'exprime celui-ci<br />

dans l'exor<strong>de</strong> <strong>de</strong> son ouvage, qu'il adresse au jeune<br />

Terentianus, son disciple et son ami :<br />

m Tous gaves, moi cher Tarealtaus, qu'en eiaailiMtat<br />

ensemble le livre <strong>de</strong> Cecillus sir te sublime, sons avons<br />

trouvé que son style était au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> son sujet f qu'il<br />

n'en touchait pas les points principaux , qu'enfin il s'atteignait<br />

pas le but que doit avoir tout ouvrage t celui d'être<br />

utile à ses lecteurs. Dans tout traité sur fart, il y a <strong>de</strong>mi<br />

objete à m proposer : <strong>de</strong> faire connaître d'abord <strong>la</strong> chose<br />

dont on parle ; c'est Se premier article : le second pour for*<br />

dr@9 mais4e premier pour l'importance, c'est <strong>de</strong> faire voir<br />

les moyens <strong>de</strong> réussir dans <strong>la</strong> chose dont on traite. CecUius<br />

s f êst éten<strong>du</strong> fort au long sur le premier, comme s'il eût été<br />

Inconnu avant lui, et n'a rien dit <strong>du</strong> second. Il a expliqué<br />

ea que c'était que le sublime ; et a négligé <strong>de</strong> nous apprendre<br />

comment aa peut y parvenir. »<br />

Longin part <strong>de</strong> là pour s'autoriser à passer trèslégèrement<br />

sur <strong>la</strong> nature <strong>du</strong> sublime; et par<strong>la</strong>nt à<br />

Terentianus comme à un jeune homme très-instruit<br />

:<br />

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