23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

a<strong>du</strong><strong>la</strong>teur ? Jusqu'à ce qu'on me cite quelqu'un qui<br />

ait prié ainsi à César, on me permettra d'admirer<br />

Cieéron. Je sais qu'il donne à <strong>la</strong> vérité <strong>de</strong>s formes<br />

douées et attirantes ; mais quand on veut rappeler à<br />

<strong>la</strong> véritable gloire un homme que Ton en croit digne,<br />

doit-on se servir <strong>de</strong> paroles <strong>du</strong>res F Voltaire, dont<br />

oe a cité <strong>de</strong>s fers sur lesquels je tais ra'expliquer<br />

tout à l'heure, en a fait d'autres où il semble avoir<br />

<strong>de</strong>viné l'âme et les intentions <strong>de</strong> Cieéron. C'est dans<br />

<strong>la</strong> tragédie <strong>de</strong> Morne sauvée où Cieéron dit à Caton ,<br />

qui voudrait que Ton traitât César comme Catilina ;<br />

Appreadi à distinguer l'ambitieux <strong>du</strong> traître :<br />

S'il s'est pas ¥ertaeux, ma vote te Corée à l'être.<br />

Un courage Indompté dans te cœur <strong>de</strong>s mortels<br />

Fait ou les grands héros ou les grands criminels»<br />

Qui do crime à <strong>la</strong> terre a donné <strong>de</strong>s eiemptes ,<br />

SI! eût aimé <strong>la</strong> gloire, eût mérité <strong>de</strong>s temples;<br />

Catilioa lui-même, à tant d'horreurs lustrait,<br />

Mi été Sdplon , si Je t'avais coudait. •<br />

Cieéron se trompa dans son espoir : tous les au*<br />

très se trompèrent. Pourquoi l'accuser seul ? CTest<br />

après cette séance, où le sénat avait para si satisfait<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> déférence <strong>de</strong> César et <strong>de</strong> ses dispositions pour<br />

<strong>la</strong> république, que Cieéron écrivit à Attieus qu'il<br />

commençait à espérer pour elle, puisqu'elle a?ait<br />

paru reprendre quelque chose <strong>de</strong> son ancienne dignité.<br />

Ce fut alors qu'il par<strong>la</strong> pour LIgarins et Dé*<br />

jotaras, et il était impossible qu'il s 9 C0ÏÏ1S DE UTT&RATUHB.<br />

lui un tyran, les sentiments do Cieéron furent trèsconnus<br />

: <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> ses dis<strong>cours</strong> a<strong>la</strong>rma ses amis;<br />

et Ton sut que César en était offensé. Cieéron avait<br />

tout récemment publié un éloge <strong>de</strong> Caton ; l'homme<br />

que le tyran haïssait le plus : cet éloge fit <strong>la</strong> sensation<br />

<strong>la</strong> plos vive, et César crut <strong>de</strong>voir y répondre<br />

par un écrit intitulé l'AnO-OUon. Les vers d'une tragédie<br />

{<strong>la</strong> Mort <strong>de</strong> César) où Ton fait parier Brutue<br />

ne-sont nullement une autorité contre Cieéron. Brutes,<br />

en effet, lui sut très-mauvais gré, dans <strong>la</strong> suite»<br />

<strong>de</strong> ses Maisons avec le jeune Octave ; mais au temps<br />

dont nous parlons, il était fort attaché à Cieéron.<br />

On croit avec raison que, si les conjurés ne le mirent<br />

pas dans leur secret, c'est qu'il ne leur parut<br />

pas qu'un homme <strong>de</strong> son âge (et il avait soixantequatre<br />

ans) fût propre pur un coup <strong>de</strong> main, et<br />

qu'ils craignirent, ou que <strong>la</strong> timidité d'un vieil<strong>la</strong>rd,<br />

ne nuisit à <strong>la</strong> vigueur <strong>de</strong> leurs mesures y ou que son<br />

expérience ne le mft naturellement à <strong>la</strong> tâte d'une<br />

entreprise dont ils ne vou<strong>la</strong>ient pas lui <strong>la</strong>isser l'honneur.<br />

Au reste, ceui qui voudront approfondir toi» ces<br />

détails n'ont qu'à lire le précieux recueil <strong>de</strong> sa correspondance<br />

avec Attieus ; on y voit son âme à nu :<br />

on pourra juger si ses vertus ne l'emportaient pas<br />

en dispensât. sur ses faiblesses. 11 se les reproche plus sévèrement<br />

Qu'aurait-on dit <strong>de</strong> lui, s'il eût refusé <strong>de</strong> parier que personne, celles <strong>du</strong> moiiisfyui touchante <strong>la</strong> chose<br />

pour un ami et pour un client, quand César parais­ publique; car, pur ce qui est <strong>de</strong> «on abattement<br />

sait s'étudier à lui comp<strong>la</strong>ire, et, pour me servir dans l'exil, et <strong>de</strong> son excessive douleur <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort<br />

<strong>de</strong>s termes d'Attieus, semb<strong>la</strong>it courtiser Cieéron ? <strong>de</strong> sa fille, il ne veut pas se rendre sur ces <strong>de</strong>ux ar­<br />

Mais quel fut donc le moment où ses espérances ticles , et oppose sa sensibilité à tous les reproches :<br />

•*évanouirent, et où se forma <strong>la</strong> conspiration ? Tous ce qui n'empêche pas que je ne sois <strong>de</strong> l'avi» <strong>de</strong> ses<br />

, les historiens sont d'accord là-<strong>de</strong>ssus : c'est lorsque contemporains, qui pensèrent avec raison que les<br />

César, enivré <strong>de</strong> sa fortune, it rendre ou <strong>du</strong> moins sentiments les plus justes ont leur mesure, et que<br />

accepta <strong>de</strong>s décrets honorifiques, qui allèrent bientôt rien ne doit éter à l'homme le courage qui sied à<br />

jusqu'à <strong>la</strong> plus basse a<strong>du</strong><strong>la</strong>tion; quand il permit que l'homme. Je condamne aussi avec eux et avec lui-<br />

sa statue fût portée avec celle <strong>de</strong>s dieui; quand il même les comp<strong>la</strong>isances que lui arracha <strong>la</strong> funeste<br />

blessa <strong>la</strong> fierté <strong>du</strong> sénat en ne se levant pas <strong>de</strong>vant amitié <strong>de</strong> Pompée, qui le compromit plus d'une fois,<br />

une députation <strong>de</strong> cette compagnie; enfin, quand surtout lorsqu'elle l'engagea à défendre en justice<br />

il eut <strong>la</strong>issé apercevoir ses prétentions à <strong>la</strong> royauté 9<br />

le jour qu'Antoine eut <strong>la</strong> lâcheté <strong>de</strong> vouloir essayer<br />

<strong>de</strong>ux hommes aussi méchants que Gabinlus et Vatinius,<br />

que dans plusieurs <strong>de</strong> ses harangues il avait<br />

le diadème sur son front. Dès ce moment sa mort couverts d'opprobres.<br />

fut résolue. Des billets adressés à Brutes lui avaient M reste à le justifier sur le jeune Octave, et c'est<br />

déjà rappelé ce que Rome attendait d'un homme <strong>de</strong> ce qui sera le plus facile et le plus court. Je n'ai<br />

son nom, et ce fut Cassîus qui le détermina. Com­ besoin que <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité historique, que l'accusateur a<br />

ment l'accusateur <strong>de</strong> Cieéron peut-il dire que* s'il violée à toutes les lignes d'une manière vraiment<br />

ne fut pas <strong>du</strong> complot, c'est que ses comp<strong>la</strong>isances étrange. Il fait mourir firotus et Cassîus avant Ci­<br />

pour le dictateur le leur avaient ren<strong>du</strong> suspect? eéron, et <strong>la</strong> guerre n'était pas même commencée<br />

Comment, sur un pareil motif, Imites et Cassîus quand ce grand homme fut <strong>la</strong> première victime <strong>du</strong><br />

auraient-ils pu suspecter ou méconnaître le républi­ g<strong>la</strong>ive triumviraL II le fait immqmMê tpectaêmur <strong>de</strong>s<br />

canisme <strong>de</strong> Cieéron, sans s'accuser eux-mêmes, puis­ grands débais §nl suivirent <strong>la</strong> mmri <strong>de</strong> César, et<br />

que leur con<strong>du</strong>ite avait été beaucoup moins réservée il y fat le premier acteur, le plus ferme appui <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

que <strong>la</strong> sienne ? Depuis que César avait <strong>la</strong>issé voir en liberté, l'âme <strong>du</strong>- sénat, et le plus terrible ennemi

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!