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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCIENS. — ÉLOQUENCE.<br />

cUes-mêmes. Souvenons-nous <strong>de</strong> ce qu'a dit Ruas-'<br />

se§u «H commençant son Emile.<br />

m Tssl est bien, sortant <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong> l'auteur <strong>de</strong>s êtres t<br />

. tmt se dégradé «t se dénature entre les mains <strong>de</strong><br />

- Ru»»© *. »<br />

Es effet, si vous y prenes gar<strong>de</strong>, le mal n'est pas<br />

dans <strong>la</strong> cbose : <strong>la</strong>issez-lui sa <strong>de</strong>stination et sa mesura,<br />

tout sera bien. Le mal est dans l'homme fin<br />

abuse. Ainsi (pour appliquer le principe) <strong>la</strong> religion 9<br />

c'est-à-dire <strong>la</strong> communication entre le Créateur et<br />

k créature, qui lm doit hommage et rceonsMsanee,<br />

ait non-seulement bonne en elle-même, mais le<br />

besoin universel <strong>de</strong> tous les peuples; et il n'y en a<br />

pas une qui n'enseigne une bonne morale i l'abus est<br />

dans le prêtre 9 quand il est superstitieux 9 fanatique<br />

et ambitieux. La philosophie, qui n 9 est que <strong>la</strong> recherche<br />

<strong>du</strong> vrai 9 est une étu<strong>de</strong> digne <strong>de</strong> l'homme ;<br />

l'artifice ou l'orgueil <strong>du</strong> sophiste en fait un abus détestable;<br />

mais le mal est dans le sophiste. Qu'y a-t-<br />

II <strong>de</strong> plus précieux que <strong>la</strong> liberté, qui consiste à<br />

n'obéir qu'aui lois ? Et qu'y a-t-il <strong>de</strong> plus exécrable<br />

que fhypocrisie démagogique, qui <strong>la</strong>tte une partie<br />

<strong>du</strong> peupleaux dépens <strong>de</strong> l'autre, pour les asservir<br />

et les dévorer toutes <strong>de</strong>ux? mais le mal est dans<br />

les démagogues. Quoi <strong>de</strong> plus beau que le talent <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> parole, qui donne à <strong>la</strong> raison et à <strong>la</strong> vérité toute<br />

<strong>la</strong>forccdont ellessontsnseeptibles ? Tant pis pur qui<br />

le fait sertir à l'erreur et au mensonge. Mais en eonrisra-t-ai<br />

qu'il faut que, parmi les hommes. Il n'y ait<br />

plus ni religion, ni philosophie, ni autorité légale 9<br />

ni instruction? Si <strong>la</strong> Provi<strong>de</strong>nce eût permis qu'un<br />

si monstrueux délire eât existé une iris chai un peuple,<br />

ce ne pourrait être que pour faire voir, par les<br />

monstrueux effets qui en auraient résulté, ce qui doit<br />

arriver à l'homme quand il veut sortir <strong>de</strong> sa nature 9<br />

quand il prétend anéantir ou créer, oubliant que f ai<br />

et l'autre lui est également impossible, et qu'il doit<br />

tendre sans cesse à régler et à mesurer ce qui est<br />

a jamais <strong>de</strong> l'homme, au lieu <strong>de</strong> vouloir refoire<br />

l'homme ; et l'histoire et <strong>la</strong> philosophie profiteraient<br />

sans doute, pour l'instruction <strong>de</strong>s races futures, <strong>de</strong><br />

cette leçon terrible donnée une fois à l'orgueil humain.<br />

Que'faut-il donc faire pour obvier, autant <strong>du</strong><br />

moins qn 9 hnmaine ne va pas plus loin. Yons craignes l'abus -<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> religion : vous a?ai raison. Faites qne le prêtre<br />

n'ait <strong>de</strong> pouvoir que sur le spiritnel, et <strong>de</strong> richesses<br />

que pour les pauvres : ce qui a été pendant plusieurs<br />

siècles peut encore être aujourd'hui, fous<br />

craignez les abus <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté : elle en aura toujours;<br />

vous <strong>de</strong>vez y compter; mais elle n'en aura<br />

que <strong>de</strong> très-supportables, si, sous quelque prétexte<br />

que m soit, vous ne" permette! jamais l'arbitraire;<br />

si vous vous sou?eues que le comble <strong>de</strong> l'extravigance<br />

est d'attenter à <strong>la</strong> liberté pour mieux rétablir;<br />

si l'autorité légale est rigoureusement conséquente<br />

dans ses actes, comme <strong>la</strong> logique dans set<br />

procédés; c'est-à-dire9 si le g<strong>la</strong>ive ne frappe qui<br />

quand <strong>la</strong> loi a prié, et ne frappe jamais autrement.<br />

C'est au crime à menacer, parce qu'il tremble : l'autorité<br />

légale, qui ne doit rien craindre, ne menace<br />

point; elle agit dès que <strong>la</strong> loi a prononcé.<br />

Quant aux abus <strong>de</strong> <strong>la</strong> philosophie et <strong>de</strong> l'éloquence,<br />

<strong>la</strong> source en est inépuisable : c'est à <strong>la</strong> raison<br />

<strong>de</strong> les combattre sans cessa : l'erreur et <strong>la</strong> raison<br />

se disputent le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis son origine, et cette.lutte<br />

<strong>du</strong>rera autant que le mon<strong>de</strong>. Le partage <strong>de</strong><br />

l'une et <strong>de</strong> l'autre a varié suivant les siècles. Le<br />

nétre,qui s'était extràmementvanté<strong>de</strong>seslumières,<br />

est parvenu en ce moment, il faut l'avouer9 au moxir<br />

mmm <strong>de</strong> <strong>la</strong> clémence. Les extrêmes se touchent :<br />

qui sait si nous n'atteindrons pas au wmximmm <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> raison? Ce<strong>la</strong> dépend <strong>du</strong> gouvernement et <strong>de</strong> Fédaeatioa,<br />

qui influent puissamment sur les mœurs<br />

publiques, comme les mœurs publiques influant sur<br />

l'art <strong>de</strong> penser et <strong>de</strong> parler. Mais d'ailleurs on ne<br />

peut ni ordonner ni défendre d'être éloquent, comme<br />

on ne peut ni ordonner ni défendre <strong>de</strong> raisonner<br />

bien ou mal. On nous cite l'Aréopage, qui avait interdit<br />

aux avocats les moyens oratoires. Je réponds<br />

que nous ne pouvons pas savoir à quel point une<br />

pareille défense était observée ; car où flxer précisément<br />

<strong>la</strong> limite qui sépare <strong>la</strong> simple discussion <strong>de</strong><br />

l'éloquenca? Un <strong>de</strong> ceux qui m*on t écrit me <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

si l'éloquence est autre chose que <strong>la</strong> raison ellemême.<br />

Oui, assurément, sans quoi tout homme<br />

raisonnable serait orateur : l'éloquence est <strong>la</strong> raison<br />

armée; et <strong>la</strong> raison a besoin d'armes, elle a tant<br />

on le peut, à ces cens <strong>de</strong> ce qui est bon? d'ennemis! Il prétend que <strong>la</strong> raison suffit pour con^<br />

D'abord renoncer à l'idée folle <strong>de</strong> détruire ou <strong>la</strong> <strong>du</strong>ire les hommes f et il oublie qne les hommes ont<br />

chose ou l'abus; Tun et l'autre est également hors <strong>de</strong>s passions, et que le but <strong>de</strong> l'éloquence est d'ex­<br />

<strong>de</strong> notre pouvoir : ensaite diriger l'usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> citer les 'passions nobles contre les passions basset.<br />

chose <strong>de</strong> manière à ce que l'abus nécessaire et iné­ Le méchant fait le contraire t je l'avoue; mais voua<br />

vitable soit le moindre qu'il se pourra. La sagesse ne pouvez pas plus empêcher Fun que l'autre. Au<br />

reste, j'ai peine à comprendre l'è-propos <strong>de</strong> cette<br />

* Rousseau dit mm plus <strong>de</strong> eosdslos i « Tout est Mes, question, soit en général, soit en particulier. En<br />

sortant <strong>de</strong>s mams <strong>de</strong> l'Auteur <strong>de</strong>s dmm; %mt dégénère<br />

entre les mains d® l'homme. »<br />

général, dans De que nous connaissons <strong>de</strong>s orateurs<br />

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