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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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point en Colère. — Mais efet on propos, ém moment, qsi<br />

m TOUS engageait à rien : — Le sage ne peut, sans limite,<br />

changer d'avis. II ne peut, sans crime, se <strong>la</strong>isser fléchir ;<br />

futile compassion est une faiblesse, tonte in<strong>du</strong>lgence un<br />

forfait.<br />

« Et moi aiissi9 dans ma première jeunesse ; me défiant<br />

<strong>de</strong> mes propres lumières, fti recherché, comme Citée ,<br />

celles <strong>de</strong>s philosophes; mais tes maîtres que fai suivis,<br />

P<strong>la</strong>ton et Aristote , ont <strong>de</strong>s principes différents. Leurs disetpSea<br />

9 hommes mesurés dans leura opinions , pensent que<br />

Se sap même peut accor<strong>de</strong>r quelque chose au ciraons»<br />

tances, as*, considérations particulières; que l'homme <strong>de</strong><br />

bien peut cé<strong>de</strong>r à Sa pitié; qu'il y a <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés dans tes<br />

délits et dans les peines ; que <strong>la</strong> f erte et <strong>la</strong> fermeté peu*<br />

vent faire grâce; qne le sage loi-même peut être quelque*<br />

fais entraîné par l'opinion ; emporté par <strong>la</strong> colère , touché<br />

par <strong>la</strong> compassion ; qu'il peut sans honte revenir, sur ce<br />

qui! a dit, et changer d'avis, s'il en trouve un meilleur ;<br />

qu'enfin toutes les vertus ont besoin <strong>de</strong> mesure, et doivent<br />

craindre l'excès.<br />

* Si, avec le caractère que f eos ares 9 Caton, le hasard<br />

vous eût adressé aux mêmes maîtres que moi, vous se<br />

seriez pas plus homme <strong>de</strong> bien , plus eourageui, plus<br />

leetpérant, plus juste : ce<strong>la</strong> ne se peut pas ; mais vous<br />

sortez un peu plus enclin à <strong>la</strong> douceur ; TOUS ne TOUS seriez<br />

pas ren<strong>du</strong> gratuitement l'agresseur et l'ennemi d'un<br />

homme plein <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>stie dans ses moeurs, plein d'honneur<br />

et <strong>de</strong> noblesse dans ses sentiments. Yous auriez<br />

pensé que, <strong>la</strong> fortune vous ayant tous les <strong>de</strong>ux préposés<br />

dans le même temps à <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> république, lui,<br />

comme consul, et vous, comme tribun, il <strong>de</strong>vait y avoir<br />

entre vous une sorte <strong>de</strong> liaison patriotique. Yous auriez<br />

supprimé, vous auriez oublié ce que vous avez dit dans<br />

le sénat avec trop <strong>de</strong> violence, ou vous auriez vous-même<br />

tiré <strong>de</strong> vos paroles une conséquence moins rigoureuse.<br />

Croyez-moi, vous êtes maintenant dans le feu <strong>de</strong> l'âge,<br />

dans toute l'ar<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> votre caractère, dans tout Fenthousjasine<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> doctrine que vous avez adoptée; mais<br />

le temps, l'usage, r@ipérience, doivent sans doute quelque<br />

jour vous calmer, vous modérer, vous fléchir. En<br />

effet, ces légis<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong> vertu, ces précepteurs que vous<br />

avez suivis, ont porté, ce me semble, les <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong><br />

l'homme au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s bornes <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature. Mous ponvons<br />

en spécu<strong>la</strong>tion aller aussi loin qu'il nous p<strong>la</strong>ît, nous élever<br />

jusqu'à l'infini; mais dans <strong>la</strong> pratique, dans <strong>la</strong> réalité, Il<br />

est nu terme où il faut s'arrêter. Ne pardonnez ries, nous<br />

dit-on. — Et moi, je réponds : Pardonnes quand il y a<br />

heu à l'in<strong>du</strong>lgence. — N'écoutez aucune considération par*<br />

sonnelle : — Et je dis qu'il ne faut y avoir égard qu'autant<br />

que le <strong>de</strong>voir et l'équité le permettent — Ne vous <strong>la</strong>issez<br />

pas émouvoir à compassion : — Jamais sans doute au<br />

point d'affaiblir l'autorité <strong>de</strong>s lois, mais autant qne le<br />

prescrit <strong>la</strong> première <strong>de</strong> toutes, l'humanité. — Soyez fermes<br />

dans vos sentiments : — Oui f si l'on ne vous en propose<br />

pas <strong>de</strong> meilleurs. Ainsi par<strong>la</strong>it ce grand Seipion, qui<br />

eut,comme vous, Caton, <strong>la</strong> réputation d'un homme trèsinstruit,<br />

d'an homme presque divin dans Sa discipline ,<br />

domestique t mais que ta philosophie dont il faisait pesa<br />

•AUCUNS. — ÉLOQUENCE.<br />

2S1<br />

fessioa, puisée dans les mêmes mmmm qne <strong>la</strong> vôtre, n'avait<br />

point rendn plus sévère qu'il ne fint rétoe, et qui,<br />

an contraire, a toujours passé -pour te pins doux <strong>de</strong> tous<br />

les hommes. Lélius avait pris ces mêmes leçons : eh I qui<br />

jamais a en plus d'aménité dans ses mœurs, et a ren<strong>du</strong> <strong>la</strong><br />

sagesse plus aimable? J'en puis dire autant <strong>de</strong> GaUus, <strong>de</strong><br />

Philippe; mais j'aime mieux prendre <strong>de</strong>s exemples dans<br />

votre maison. Qui <strong>de</strong> nous n'a pas enten<strong>du</strong> parler <strong>de</strong> Caton<br />

Se censeur, l'on <strong>de</strong> vos plus illustres aïeux? et qui<br />

jamais a été plus mesuré dans sa con<strong>du</strong>ite et dans ses<br />

principes y pins trsjtable, plus facile dans le commerce <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> vie ? Quand vous l'ave* loué dans votre p<strong>la</strong>idoyer avec<br />

autant <strong>de</strong> justice que <strong>de</strong> dignité, vous Favei cité êomme<br />

un modèle domestique qne vous vous proposiez d'imiter.<br />

Les liens <strong>du</strong> sang, les rapports <strong>de</strong> caractère, vous y-inforisent,<br />

il est vrai, plus qu'aucun <strong>de</strong> nous; mais pourtant<br />

je Se regar<strong>de</strong> comme un exemple pour moi autant que<br />

pour vous-même; et si vous pouviez aussi à votre sévérité<br />

naturelle mêler un peu <strong>de</strong> sa facilité et <strong>de</strong> sa douceur,<br />

toutes les qualités qne vous possé<strong>de</strong>z n'en seraient pas<br />

meilleures, mais en <strong>de</strong>viendraient plus aimables.<br />

« Ainsi, pour en revenir à ce que j'ai dit d'abord, que<br />

Fon écarte <strong>de</strong> cette cause le nom <strong>de</strong> Caton ; que Fou mette<br />

I part son autorité, qui doit être nulle dans un jugeaient<br />

légal, on Savoir <strong>de</strong> crédit qne pour faire le bien ; que Fon<br />

nous attaque par <strong>de</strong>s faite, Que voulez^vons, Caton? que<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>z-vous? sur quoi porte votre accusation? Yous<br />

vous élevez contre <strong>la</strong> brigue : je ne <strong>la</strong> défends pas. Yous<br />

me reprochez <strong>de</strong> justifier dans les tribunaux ce que j'ai<br />

proscrit par mes lois : j'ai proscrit <strong>la</strong> brigue, et je défends<br />

l'innocence, ffaccuses-vous que le crime? Je me joins à<br />

vous. Prouvez que Muréna l'a commis, et j'avouerai que<br />

mes propres lois le condamnent, » {«•ni — xxxn.)<br />

Ce seul morceau, parmi tant d'autres, suffirait<br />

pour nous faire seatîr toute <strong>la</strong> flexibilité <strong>du</strong> talent<br />

<strong>de</strong> Cieéros. 11 était nécessaire d'écarter <strong>de</strong>là ba<strong>la</strong>nce<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> justice ce poids que pouvait y mettre un nom<br />

tel que celui <strong>de</strong> Catoii. Il ose employer contre lui<br />

le ridicule; mais, pour pu qu'il s'eût pas su eu<br />

émousser <strong>la</strong> pointe! os n'aurait pas souffert qu'il<br />

s'en servit contre un homme si révéré. La cause <strong>de</strong><br />

Caton serait <strong>de</strong>venue celle <strong>de</strong> tous les honnêtes gens,<br />

et même <strong>de</strong> ceux qui ne Tétaient pas ; car, lorsque<br />

<strong>la</strong> vertu est généralement reconnue, ceux mêmes<br />

qui ne l'aiment point veulent qu'on <strong>la</strong> respecte;*<br />

c'est tia hommage qui coûte peu et qui n'engage i<br />

rien. Avec quelle habileté, avec quelle adresse, il<br />

sépare <strong>la</strong> personne <strong>de</strong> .Caton <strong>de</strong> sa doctrine I Gomme<br />

il se joue doucement <strong>de</strong> Fune sans affaiblir en rien<br />

<strong>la</strong> vénération que l'on doit à l'autre! Ses traits, en<br />

tombant sur le stoïcisme <strong>de</strong> Caton, ne vont jamais<br />

jnsqu'àloi; c'est en le comb<strong>la</strong>nt d'éloges qu'il lui ôte,<br />

sans qu'on s'en aperçoive, toute l'autorité <strong>de</strong> son<br />

opinion; car, dès qu'une fois il est parvenu à faire<br />

rire sans le blesser, sa gra?ifé n'i plus <strong>de</strong> pouvoir s

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