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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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%4<br />

GQUB& DE -LITTÉMT11E.<br />

plus souvent appliquées; <strong>de</strong>vancer par le jugement<br />

l'expérience <strong>de</strong>s siècles 9 c'est ce fui s'est donné<br />

qu'aux hommes supérieurs.<br />

Poursuivons. Aristote fait entrer encore dans sa<br />

définition les ornements do dis<strong>cours</strong> , qui doivent<br />

concourir à l'effet <strong>du</strong> poème. Ces ornements se ré<strong>du</strong>isent<br />

pour nous à ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> versification et <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> déc<strong>la</strong>mation : pour les anciens, c'était, <strong>de</strong> plus,<br />

<strong>la</strong> mélopée ou le récit noté, et <strong>la</strong> musique <strong>de</strong>s chœurs<br />

et les mouvements rhythmiques qu'ils eiécutaient.<br />

« Il y a donc, conclut-il» six choses dans eue tragédie :<br />

Il fente ou l'action, les mœurs ou les caractères (ici ces<br />

«pressions soit SJTIôQjoies) f les proies ou lo diction, les<br />

pensées ; le spectacle ,. et le chant ( vi). »<br />

Substituez au chant <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>mation 9 et tout ce<strong>la</strong><br />

confient également à <strong>la</strong> tragédie <strong>de</strong>s anciens et à <strong>la</strong><br />

nôtre. Mais écoutons ce qui suit, et nous jugerons<br />

si Aristote avait connu <strong>la</strong> tragédie.<br />

* De toutes set parties 9 <strong>la</strong> plus importante est <strong>la</strong> comfsosilîoo<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fable ; ai Faction. C'est <strong>la</strong> un <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie 9<br />

et <strong>la</strong> in est es tout ce qu'il y a <strong>de</strong> plus csseatlel Sans<br />

action 9 point <strong>de</strong> tragédie. On peut coudre eusemble <strong>de</strong> belles<br />

maximes, <strong>de</strong>s pensées on <strong>de</strong>s expressions bril<strong>la</strong>ntes9<br />

•ans pro<strong>du</strong>ire f effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie ; et on Je pro<strong>du</strong>ira, si ,<br />

sans ries <strong>de</strong> tout celé ; sans peindre <strong>de</strong>s mœurs, sans tracer<br />

<strong>de</strong>s caractères f on • une fable bien composée. Aussi<br />

ceux, qui commencent réossisseot-is bien mieux <strong>du</strong>s 11<br />

diction et dans tes mœurs que dans <strong>la</strong> composition <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

fibfe (IWA) »<br />

Tout ce<strong>la</strong> est aussi vrai aujourd'hui que <strong>du</strong> temps<br />

où fauteur écrivait. Que le mérite <strong>de</strong> Faction ou <strong>de</strong><br />

l'intérêt soit le premier et le plus essentiel au théâtre,<br />

c'est ce qui est prouvé parun assez grand nombre<br />

<strong>de</strong> pièces que l'on voit jouer avec p<strong>la</strong>isir, et qu'on<br />

ne s'avise guère <strong>de</strong> lire. Mais il faut observer ici une<br />

différence entre les Grecs et nous : c'est qu'il paraît<br />

que chez eui le mérite le plus rare <strong>de</strong> tous (à en<br />

juger par ce que vient <strong>de</strong> dire Aristote ), c'était ©e-<br />

M<strong>du</strong> sujet et <strong>du</strong> p<strong>la</strong>n : parmi sous, au contrat!®,<br />

c'est celui <strong>du</strong> style.<br />

Nous avons vingt auteurs dont il est resté <strong>de</strong>s<br />

ouvrages au théâtre, et même <strong>de</strong>s ouvrages d'un<br />

grand effet ; et nous n'es avons encore que <strong>de</strong>ux (je se<br />

parle que <strong>de</strong>s morts; <strong>la</strong> postérité jugera <strong>la</strong> généraration<br />

présente) f nous n'en avons que <strong>de</strong>ux qui aient<br />

été continuellement éloquents es vers, et qui aient<br />

atteint <strong>la</strong> perfection <strong>du</strong> style tragique f Racine et<br />

Voltaire, Le grand Corneille est hors <strong>de</strong> comparaison,<br />

parce qu'étant venu le premier, il n $ a pas pu<br />

tout faire : aussi, quoiqu'il ait donné <strong>de</strong>s modèles<br />

presque danstousles genres <strong>de</strong> beautés dramatiques,<br />

il ne peut pas être mis pour le style au rang <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssiques.<br />

D'où vient cette différence entre les Grecs<br />

f | nous ? Elle tient, je crois 9 à <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

«et <strong>de</strong> leur tragédie. Lldiouiegrae, le plus harmonieux<br />

<strong>de</strong> tous ceux que Fos connaisse $ donnait beaueoup<br />

<strong>de</strong> facilité à <strong>la</strong> versification, et <strong>la</strong> musique y<br />

joignaltencore oo charma <strong>de</strong> plus. On nepeut douter<br />

que cette réunion ne f<strong>la</strong>ttât beaucoup les Grecs-,<br />

puisque Aristote dit es propres termes : La mélopée<br />

est ce qui fait le plus <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isir ému oo tragédie.<br />

Nous en pouvons juger par nos opéras, où les Impressions<br />

les plus fortes que nous éprouvons sont<br />

<strong>du</strong>es principalement à <strong>la</strong> musique. L'autre raison<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> différence que sous eiaminons, c'est <strong>la</strong> nature<br />

même <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie chez les Grecs, toujours renfermée<br />

dans leur propre histoire, et même, comme<br />

le dit expressément Aristote, dans un petit nombre<br />

<strong>de</strong> familles. Parmi nous-, le génie <strong>du</strong> théâtre peut<br />

chercher <strong>de</strong>s sujets dans toutes les parties <strong>du</strong> mon<strong>de</strong><br />

connu. U existe même pour lui un mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> plus t<br />

que les anciens ne connaissaient pas; et pour CôIîSprendre<br />

tout ce qu'os es a pu tirer, il suffit <strong>de</strong> se<br />

rappeler Mzîre,<br />

Il n $ est donc pas étosnant qu'il soit plus commun<br />

parmi nous <strong>de</strong> rencontrer <strong>de</strong>s sujets convenables au<br />

théâtre que décrire <strong>la</strong> tragédie es vrai poète. Ma»<br />

un trait remarquable et beureui dans sotre histoire<br />

littéraire, c'est que ceux <strong>de</strong> sosauteurs dramatiques<br />

qui ont lemieui écrit sont aussi ceux qui ont le plus<br />

intéressé ; c'est que nos pièces les mieux faites sont<br />

aussi les plus éloquentes; et c'est l'ensemble <strong>de</strong> tout<br />

les genres <strong>de</strong> perfection qui a mis notre théâtre au<strong>de</strong>ssus<br />

<strong>de</strong> tous les théâtres <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>.<br />

Aristote continue à tracer les règles <strong>de</strong> <strong>la</strong> trar<br />

gédie :<br />

« La fable sera nue, non par l'unité <strong>de</strong> héros, mais par<br />

fmmîîé <strong>de</strong> fait; car ce n'est pas limitation <strong>de</strong> Sa vie d'os<br />

homme ; mais d'une seule action <strong>de</strong> cet homme.... Que les<br />

parties soient tellement liées entre elles, qu'une seule transposée<br />

ou iatrancfaé>, ce oo sait plus oo tout ou le même<br />

tout ; car ce qui peut être dans, un tout, ou nft être pas<br />

sans qu'il y paraisse, o*est point partie <strong>de</strong> ce tout (vm). »<br />

- Voilà ridée <strong>la</strong> plus complète et <strong>la</strong> plus juste qu'on<br />

puisse se former <strong>de</strong> <strong>la</strong> contexte» d'un drame; voilà<br />

<strong>la</strong>, condamnation <strong>de</strong> tou&ce&épiso<strong>de</strong>s étrangers, <strong>de</strong><br />

ces morceaux <strong>de</strong> rapport dont il est si commun <strong>de</strong><br />

remplir les pièces quand on n'en sait pas assez pour<br />

tirer tout <strong>de</strong> son sujet. Aristote reprend :<br />

« L'objet <strong>du</strong> poète n'est pas <strong>de</strong> traiter 1® vrai comme il<br />

est arrf?é $ mais comme II a dû arriver, et <strong>de</strong> traiter le possible<br />

suivant <strong>la</strong> vraisemb<strong>la</strong>nce ( ix ). »<br />

De là le vers <strong>de</strong> Boïîeao :<br />

Le vrai peut quelquefois s'être pas vraisemb<strong>la</strong>ble<br />

« La différence essentielle <strong>du</strong> poète et <strong>de</strong> riilstorico s'est<br />

pas en ce que f oo parle en vers et Fautre en prose ; car les<br />

écrits d'Hérodote mis en vers ne seraient encore qu'une*

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