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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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GOUES DE LITTÉIATOIE.<br />

244<br />

citation se fut plus malheureuse. Je rétines à Dé-1<br />

mosthènes, et c'est retenir <strong>de</strong> loin ; il continue ainsi :<br />

« Mais je soutiens en même tenps qu'il n'y & aucune<br />

magistrature qui puisse me rendre comptable <strong>de</strong> ce que j'ai<br />

doimé | entends-tu , Esetiine f <strong>de</strong> ce que f al donné ? Et, Je<br />

•<strong>du</strong>s le <strong>de</strong>man<strong>de</strong> , Athéniens, lorsqu'un citoyen a employé<br />

sa fortuit pour le bien <strong>de</strong> l'état, quelle serait donc là loi<br />

esseï inique , assci eraclte, pour le priver <strong>du</strong> mérite qu'il<br />

a pu se faire auprès <strong>de</strong> TOUS 9 pour soumettre ses libéralités<br />

à <strong>la</strong> forme rigoureuse <strong>de</strong>s eiamens , et ramener <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s<br />

réviseurs chargés <strong>de</strong> calculer ses bienfaits? Une pareille<br />

loi n'eiiste pas ; s'il en est une 9 qu'on me <strong>la</strong> <strong>mont</strong>re. Mais<br />

non, il n'y en a point; i ne saurait y en a?oir. Esetiine a<br />

cm fous abuser par un sopliisme bien étrange : parce que<br />

je suis comptable <strong>de</strong>s <strong>de</strong>niers que j'ai reçus pour l'entretien<br />

<strong>de</strong>s spectacles 9 il veut que je te sois aussi <strong>de</strong> mes propres<br />

<strong>de</strong>niers que j'ai donnés pour <strong>la</strong>'réparation <strong>de</strong> nos<br />

mers. — Le sénat le couronne , s f éeri@4-il, et M est encore<br />

comptable! — ffon9 le sénat ne me couronne pas pour ce<br />

qui exige <strong>de</strong>s comptes f mais pour ce qui n'en comporte<br />

même pas 9 c'est-à-dire pour mon bien , dont j'ai <strong>la</strong>it pré- •<br />

sent à <strong>la</strong> république. — Mais, poursuit-il, tous aves été<br />

chargé <strong>de</strong> Sa reconstruction <strong>de</strong> nos murailles; donc TOUS<br />

émm compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépense. — Oul9 si j'en âfais fait;<br />

mais c'est précisément parce que je n'en ai fait aucune,<br />

panse que j'ai tout ûût à mes dépens, que le sénat a cm me<br />

<strong>de</strong>voir <strong>de</strong>s honneurs. Un état <strong>de</strong> dépense <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en effet<br />

nnefâmcn ; mais, pour <strong>de</strong>s dons, pour <strong>de</strong>s <strong>la</strong>rgesses, il ne<br />

faut point <strong>de</strong> registres ; il ne <strong>du</strong>t que <strong>de</strong>s louanges et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

iseconnaissance. »<br />

Prenons, dans ce mime dis<strong>cours</strong>, un autre endroit<br />

où <strong>la</strong> logique <strong>de</strong> Démosthèses avait beaucoup<br />

' plus à faire : c'était réellement le point délicat <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> cause 9 celui où elle se présentait sous un aspect<br />

vraiment doutourem. Démosthènes, qui'f sans magistrature<br />

légale, était eu effet le premier magistrat<br />

d* A thèses, et mime <strong>de</strong>s républiques alliées, puisqu'il<br />

gouferuait tout par ses conseils et animait<br />

tout par son éloquence, avait seul fait décréter <strong>la</strong><br />

guerre contre Philippe, et <strong>la</strong> guerre avait été malheureuse.<br />

On niait bien qu'il n'y avait pas <strong>de</strong> sa<br />

faute; mais enfin, le malheur qui aigrit les hommes<br />

ne les rend-il pas injustes? Le ressentiment n'est-il<br />

pas quelquefois aveugle ? n f est-on pas naturellement<br />

trop porté à s'en prendre à celui qui est <strong>la</strong> cause,<br />

innocente ou nos, <strong>de</strong> nos infortunes? £t9 supposé<br />

qu'on lui pardonne, n'est-ce pas <strong>du</strong> moins tout ce<br />

qu'on peut faire? Est-on bien disposé d'ailleurs à<br />

le récompenser et à l'honorer? C'était là f espérance<br />

d'Eschine et le fort <strong>de</strong> son accusation, le mobile <strong>de</strong><br />

toutes ses attaques. 11 parait même f «Il n'a? ait osé<br />

hasar<strong>de</strong>r tant <strong>de</strong> mensonges et <strong>de</strong> calomnies que<br />

dans <strong>la</strong> persuasion où il était qu'il accablerait Démosthènes<br />

<strong>du</strong> poids <strong>de</strong>s désastres publics, <strong>de</strong> manière<br />

à ce qu'il ne pût s'en relever; et c'est dans ce<br />

sens que <strong>la</strong> haranguejMMir iaConrmm est d'autant<br />

plus admirée, qu'il y avait plus <strong>de</strong> difficultés à vainère.<br />

Tous les événements étaient contre l'orateur :<br />

l'essentiel était <strong>de</strong> se sauter par l'intention, ce qui<br />

n'offrait pas une matière aussi facile que celle d'Es*<br />

chine. Celui-ci avait à sa disposition tous ces lieux<br />

communs qui sont si plissants dans l'éloquence,<br />

quand l'application en est sous nos yeux : le sang<br />

<strong>de</strong>s citoyens répan<strong>du</strong>, <strong>la</strong> dévastation <strong>de</strong>s campagnes,<br />

<strong>la</strong> raine <strong>de</strong>s villes, le <strong>de</strong>uil <strong>de</strong>s familles, et<br />

tant d'autres objets déplorables qu'il étale et dé?eloppe<br />

avec tout ce que l'art a <strong>de</strong> plus insidieux, avec<br />

tout ce que l'indignation a <strong>de</strong> plus amer, tout ce que<br />

<strong>la</strong> haine a <strong>de</strong> plus priée» Je ne m'occupe point encore<br />

ici <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> toute espèce que lui oppose<br />

Démosthèues. Ils viendront à leur, p<strong>la</strong>ce. Je m'arrête<br />

à notre objet actuel, au raisonnement oratoire.<br />

Distinguer l'intention <strong>du</strong> fait était bien facile, mais<br />

ne suffisait pas à beaucoup près. Il fal<strong>la</strong>it tellement<br />

<strong>la</strong> séparer <strong>de</strong> l'événement, <strong>la</strong> caractériser -par <strong>de</strong>s<br />

traits si frappants et si nobles, que Démosthèues<br />

et les Athéniens parussent encore grands quand tout<br />

avait tourné contre eux. Nous verrons ailleurs l'article<br />

qui concerne particulièrement les Athéniens;<br />

mais, pour Démosthèues, il prend un parti dont <strong>la</strong><br />

seule conception prouve <strong>la</strong> force <strong>de</strong> sa tête et les ressources<br />

<strong>de</strong> son génie. Il nie formellement qu'il ait été<br />

vaincu; il affirme qu'il a été vainqueur, qu'il a réellement<br />

triomphé <strong>de</strong> Philippe; et ce qui est encore<br />

plus fort, il le prouve. Êcoutons-le s'adresser à EscHae<br />

:<br />

« Malheureux! si c'est le désastre public qui te donné<br />

<strong>de</strong> l'audace quand te <strong>de</strong>vrais en gémir avec nous , essaye<br />

donc <strong>de</strong> faire iroïr$ dans ce qui a dépen<strong>du</strong> <strong>de</strong> moi, quelque<br />

chose qui ait contribué à notre malheur, on qui n'ait pas<br />

dû te prévenir. Partout où j'ai été en ambassa<strong>de</strong>, tes<br />

eneô|és <strong>de</strong> Philippe ©ai-ils en quelque avantage sur moi?<br />

Bien, jamais ; non ; nette part ; ni dans te Thesaalte, ni dans<br />

<strong>la</strong> Thraee Pim dans Byiance , ni dans Thèbes, ni dans Fllly rie.<br />

Mate ce que j'avais fait par <strong>la</strong> parole , Philippe le détruisait<br />

par te force : et ta t'en prends à moi! et In ne rougis pas<br />

<strong>de</strong> m'en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r compte! Ce même Démosthènes, dont,<br />

ti fais ni homme si faillie 9 te veux qu'il remporte sur les<br />

armées <strong>de</strong> Philippe; et avec quoi, arec te parole ? Ces U<br />

n'y avait que <strong>la</strong> parole qui fill moi : je ne disposais ni<br />

<strong>de</strong>s bras, ei <strong>de</strong> te fortune <strong>de</strong> personne ; je n'avais aucun<br />

comman<strong>de</strong>mêQt militaire ; et il n'y a que toi citasse*iesersé<br />

pour m'en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r raison. Mais que pouvait, que défait<br />

faire l'orateur d'Athènes ? Voir le mal dans sa naissance, le<br />

faire •oir aux autres, et c'est ce que j'ai fait; prévenir,<br />

autant qu'il était possible, les retards, les faux prétextes s<br />

les oppositions d'intérêts, les méprises 9 tes fautes, les obstacles<br />

<strong>de</strong> toute espèce, trop ordinaires entre les républiques<br />

aillées et Jsleiises, et c'est ce que j'ai fait ; opposer à<br />

toutes ces difficultés te lèle, l'empressement # l'amour <strong>du</strong>

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