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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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Î42<br />

OOVBS DE UTTÉMTU1E.<br />

i est infoillible : d'oà il suit que <strong>la</strong> loi , qui ne<br />

•aurait prévoir tous les cas, offre souvent <strong>de</strong>s dispositions<br />

qui ne sont pas celles que dicterait l'eiacte<br />

honnêteté. C'est en ce sens qu'un <strong>de</strong> nos auteurs* a<br />

dit dans une tragédie,<br />

La loi permet souvent ce que âéfead rhoMMur,<br />

et l'honneur ici ne signifie que ce qu'il <strong>de</strong>vrait toujours<br />

signifier, Fhonnéteté.<br />

Ainsi, pour éviter <strong>la</strong> confusion <strong>de</strong>s idées dans<br />

notre <strong>la</strong>ngue, nous dirons, en adoptant <strong>la</strong> division<br />

<strong>de</strong> Cicéron f que le judiciaire roule sur ce qui est <strong>de</strong><br />

Tordre légal 9 et le déiibératif, sur ce qui est <strong>de</strong><br />

Tordre politique; et comme, dans Tun et dans Taut»,<br />

<strong>la</strong> justice. Tordre moral et social sont également<br />

istéressés, nous en conclurons <strong>de</strong> nouveau<br />

que ces genres se rapprochent et se confon<strong>de</strong>nt<br />

dans les principes généraux, soit <strong>de</strong> <strong>la</strong> naturef soit<br />

<strong>de</strong> l'art, quoiqu'ils s'éloignent par <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong>s<br />

cas qui doit déterminer celles <strong>de</strong>s moyens oratoires.<br />

Ces moyens sontf r les prestes dé<strong>du</strong>ites par<br />

le raisonnement, qui applique les principes aux<br />

questions; T les priâtes tirées <strong>de</strong>s faits qu'il s'agit<br />

d v établlr ou <strong>de</strong> nier, ou d'expliquer suivant les<br />

règles <strong>de</strong> <strong>la</strong> probabilité, et tout ce<strong>la</strong> suppose <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

logique ; 3 S les autorités et les exemples, ce qui est<br />

d'un si grand usage et d'un si grand pouvoir dans<br />

l'éloquence, et os qui suppose <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong><br />

Thistoire; 4 e orateur, et ce f si dépend surtout <strong>de</strong>s mouvements<br />

<strong>du</strong> style. Cest en cette partie que Démosthènes a<br />

excellé : il n'a point fait usage <strong>du</strong> pathétique touchant,<br />

comme Cicéron; ses sujets ne l'y portaient<br />

pas; mais il a supérieurement manié le pathétique<br />

véhément, qui est plus propre au genre déiibératif,<br />

comme l'autre au genre judiciaire. Yous<br />

mjez si j'ai eu tort <strong>de</strong> faire entrer Thistoire et <strong>la</strong><br />

philosophie dans le p<strong>la</strong>n d'un Cours <strong>de</strong> <strong>littérature</strong>,<br />

tel f se doit le faire celui qui voudra être véritablement<br />

un homme <strong>de</strong> lettres; car un homme <strong>de</strong> lettres<br />

ne doit être nullement étranger au talent <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

proie; et ce talent, pour s'élever à un certain <strong>de</strong>gré<br />

, doit s'appuyer <strong>de</strong> toutes les connaissances que<br />

je viens d'indiquer.<br />

• Que sera-ce en effet qu'un orateur, s'il s'est pas<br />

logicien, s'il ne s'est pas accoutumé à saisir avec<br />

justesse <strong>la</strong> liaison ou l'opposition <strong>de</strong>s idées, à marquer<br />

avec précision le point d'une question débattue<br />

, à démêler avec sagacité les erreurs plus ou<br />

moins spécieuses qui l'obscurcissent, à bien définir<br />

les termes, â bien appliquer te principe à <strong>la</strong> question,<br />

et les conséquences au principe ; à rompre les<br />

liste d'un sophisme, dans lesquels se retranche l'ignorance<br />

ou s'enveloppe <strong>la</strong> mauvaise foi? Sans<br />

doute il doit <strong>la</strong>isser à <strong>la</strong> philosophie l'argumentation<br />

méthodique et <strong>la</strong> sèche dialectique, qui n'opè»<br />

m que les anciens ont nommé faux rent que <strong>la</strong> conviction. L'orateur prétend davan­<br />

c&mmmm3 e'cst4-dire les vérités <strong>de</strong> morale et tage, il veut persua<strong>de</strong>r; car, si <strong>la</strong> résistance à <strong>la</strong><br />

d'expérience t généralement applicables à toutes les vérité n'est souvent qu'une erreur, plus souvent<br />

actions humaines; les considérations tirées <strong>de</strong> Tins-' encore peut-être cette résistance est une passion »<br />

tabilité <strong>de</strong>s choses <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong> f <strong>de</strong>s dangers <strong>de</strong> <strong>la</strong> et c'est là l'ennemi le plus opiniâtre et le plus difficile<br />

prospérité, <strong>de</strong> l'ivresse <strong>de</strong> <strong>la</strong> fortune, <strong>de</strong> <strong>la</strong> pitié à vaincre. Il faut donc que l'orateur, non-seulement<br />

qu'os doit au malheur, <strong>de</strong> l'orgueil <strong>de</strong> <strong>la</strong> richesse nous <strong>mont</strong>re le vrai, mtaîf nous détermine à le<br />

y<br />

<strong>de</strong>s inconvénients <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté, et mille autres suivre ; non-seulement nous <strong>mont</strong>re m qui est hon­<br />

semb<strong>la</strong>bles*dont le détail est infini, et que l'oranête, mais nous détermine à le faire; c'est pour<br />

teur doit p<strong>la</strong>cer suivant l'occasion», ce qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce<strong>la</strong> que <strong>la</strong> logique oratoire doit joindre les mouve­<br />

<strong>de</strong>s vues philosophiques sur <strong>la</strong> condition humaine; ments aux raisonnements. Mais les mouvements<br />

6° esis les sentiments et les passions, ce que ne seront puissants qu'autant que les raisonne­<br />

' les Latins appe<strong>la</strong>ient qffeeêmf les Grecs *«§r, et ce ments seront justes; et alors rien ne pourra résis­<br />

que nous avons extrêmement restreint par un mot ter à cette double force, faite pour tout entraîner.<br />

qui n'en est point l'équivalent, le mot <strong>de</strong>paêhéêi- C'était celle <strong>de</strong> Démosthènes, le plus terrible athlète<br />

fus, qui ne comprend que l'indignation et <strong>la</strong> pitié, qui jamais ait manié l'arme <strong>de</strong> <strong>la</strong> parole. Il se<br />

au lieu que les termes génériques <strong>du</strong> grec et <strong>du</strong> <strong>la</strong>tin sert <strong>du</strong> raisonnement comme d'une massue dont<br />

icomprennest toutes les affections <strong>de</strong> l'âme que To- il frappe sans cesse, et dont ehaque coup fait une<br />

rateur peut mettre en œuvre, comme favorables à p<strong>la</strong>ie. Je me suis souvent rappelé f en le lisant,<br />

sa cause ou à son opinion ; <strong>la</strong> compassion et <strong>la</strong> ven­ cet endroit <strong>de</strong> l'Ètuêkk (v. 466 et 460), où Entelle t<br />

geance, Tamour et <strong>la</strong> haine, l'ému<strong>la</strong>tion et <strong>la</strong> honte, plein <strong>de</strong> <strong>la</strong> force <strong>de</strong>s dieux, fait pleuvoir sur le mal­<br />

<strong>la</strong> crainte et l'espérance, <strong>la</strong> confiance et le soupçon, heureux Barès sneplle <strong>de</strong> coups 9 et le pousse d'un<br />

<strong>la</strong> tristesse et <strong>la</strong> joie, <strong>la</strong> présomption et l'abatte­ bout <strong>de</strong> l'arène à l'autre, jetant le sang pr te nez »<br />

ment : et c'est là ce qui est spécialement <strong>du</strong> grand par <strong>la</strong> bouche, et par les oreilles :<br />

Ptweipliemqm Marem mrâem a§U mqwm f®&»....<br />

* SinrtB, #ln«i

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