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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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est sujet à s'égarer, c'est que, dès le premier pas<br />

que nous faisons , venant à peine <strong>de</strong> poser une vérïté<br />

fondamentale, nous rencontrons aussitôt l'abus<br />

qu'on en a fait. Je ne parle pas seulement <strong>de</strong>s An­<br />

CÛUIIS DE L1TTÉ1ATUEE.<br />

lorsque... Je <strong>la</strong>isse à chacun <strong>de</strong> vous à Unir une<br />

phrase qui, en vérité, n'est embarrassante que pour<br />

moi.<br />

Las réflexions sur <strong>la</strong> première proposition d'Ag<strong>la</strong>is<br />

, à qui fauteur do Tempk <strong>du</strong> G&ûê a dit avec ristote nous ont menés un peu loin. Revenons à<br />

tant <strong>de</strong> raison :<br />

cette espèce <strong>de</strong> charme que l'imitation a pour tous<br />

les hommes, et dont ensuite Aristote veut assigner<br />

Sur Totre théâtre infecté<br />

D'horreurs, <strong>de</strong> gibets, <strong>de</strong> carnages,<br />

<strong>la</strong> cause.<br />

Mette! doue plus <strong>de</strong> vérité,<br />

Avec <strong>de</strong> plus nobles Images»<br />

« C'est, dit-il* que ncn^saaleiseit les sages f mais tous<br />

les hommes es général , ont <strong>du</strong> p<strong>la</strong>isir à appreadw, et que<br />

Mais nous-mêmes 9 à qui l'exemple <strong>de</strong> Corneille pour apprendre il n'est point <strong>de</strong> voie plus courte que li­<br />

€%ie Racine apprit dans le siècle <strong>de</strong>rnier à être plus mage (rr).»<br />

délicats, nous commençons à revenir, <strong>de</strong>puis quelques<br />

années, aux horreurs résultantes ou dégoûtantes<br />

qui appartiennent à fenfance <strong>de</strong> Part. Les<br />

Cette idée est aussi juste que profon<strong>de</strong>, mais il me<br />

semble qu'on pourrait lui donner plus d'éten<strong>du</strong>e,<br />

en faisant entrer notre imagination pour beaucoup<br />

exemples en sont si nombreux et si connus, qu'il dans ce que l'auteur attribue ici à <strong>la</strong> seule raison.<br />

serait inutile <strong>de</strong> les citer ici ; nous aurons assez sou­ Toute imitation, en effet, exerce agréablement notre<br />

vent l'occasion d'en parler ailleurs.<br />

imagination, qui n'est que <strong>la</strong> faculté <strong>de</strong> nous repré­<br />

Quand Voltaire donna Tanarê<strong>de</strong>, le bruit se résenter les objets comme s'ils étaient présents ; et c'est<br />

pandit que l'on Terrait sur <strong>la</strong> scène Péehafaud où <strong>de</strong>­ toujours un p<strong>la</strong>isir pour nous <strong>de</strong> comparer les imavait<br />

périr Aménaï<strong>de</strong>. Rien n'était plus faux ; et jages que fart nous présente, avec celles que nous<br />

mais l'auteur n'y avait pensé. Quelqu'un lui écrivit avons déjà dans l'esprit.<br />

à ce sujet : Gurdê^mm bien <strong>de</strong> donner œi exem­ La secon<strong>de</strong> cause originelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie est, suipte;<br />

car si k génie êHm m échafmwi swr <strong>la</strong> scène, vant Aristote, le goût que nous avons pour le<br />

ks imMaêewrs y attacheront le roué. rhythme et le chant, goût qui ne nous est pas moins<br />

Au reste, il est également dans l'ordre <strong>de</strong>s cho­ naturel que celui <strong>de</strong> l'imitation. Pour sentir comses<br />

que <strong>la</strong> médiocrité pro<strong>du</strong>ise ces sortes <strong>de</strong> monsbien cette observation est juste, il faut se souvenir<br />

tres à l'époque où l'on se tourmente pour trouver le que les premiers vers ont été chantés, et <strong>de</strong> plus y<br />

mieux t faute <strong>de</strong> connaître <strong>la</strong> imite <strong>du</strong> bien ; que l'a­ que, dans toutes les <strong>la</strong>ngues connues, on ne chante<br />

mour <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouveauté les fasse app<strong>la</strong>udir, et que <strong>la</strong> père que <strong>de</strong>s paroles mesurées ; ce qui prouve l'af­<br />

raison s'en moque. Mais ce qui n'est pas juste, c'est finité <strong>du</strong> chant et <strong>du</strong> rhythme. Comme ce <strong>de</strong>rnier<br />

<strong>de</strong> prétendre aux honneurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensibilité, quand mot, tiré <strong>du</strong> grec, est <strong>de</strong>venu en français d'un usage<br />

on a besoin <strong>de</strong> pareilles émotions; car <strong>la</strong> sensibilité très-commun ; il est à propos d'en donner une expli­<br />

est encore un <strong>de</strong> -ces mots parasites qui composent cation précise; car lorsque les mots techniques <strong>de</strong>­<br />

le dictionnaire <strong>du</strong> jour. On en abuse nvec une si riviennent usuels, il arrive souvent aux gens peu<br />

dicule profusion, qu'il faut aujourd'hui qu'une per­ instruits <strong>de</strong> les appliquer mal à propos quand ils<br />

sonne sensée prenne bien gar<strong>de</strong> où elle p<strong>la</strong>ce ce mot, s'en servent, ou <strong>de</strong> les entendre mal quand ils les<br />

si elle ne veut pas tomber dans le ridicule à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>. lisent. On définit lé rhythme un espace déterminé,<br />

Cest l'expression favorite <strong>de</strong>s gens b<strong>la</strong>sés, qui, ne fait pour symétriser avec un autre <strong>du</strong> même genre».<br />

pouvant plus être émus <strong>de</strong> rien, veulent pourtant Cette définition générale est nécessairement un peu,<br />

qu'on parvienne à les émouvoir, et se p<strong>la</strong>ignent tou­ abstraite : elle va <strong>de</strong>venir beaucoup plus c<strong>la</strong>ire en<br />

jours d'un manque <strong>de</strong> sensibilité, qui, dans le fait, l'appliquant aux trois choses qui sont principalement<br />

n'est que chez eux. Cest pour eux qu'il faut <strong>de</strong>s susceptibles <strong>du</strong> rhythme, au dis<strong>cours</strong>, au chant, et<br />

spectacles atroces, comme il faut <strong>de</strong>s exécutions à à <strong>la</strong> danse. Dans le dis<strong>cours</strong>, le rhythme est une suite<br />

<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>ce; c'est pour eux que les auteurs ont le déterminée <strong>de</strong> syl<strong>la</strong>bes ou <strong>de</strong> mots qui symétrîse<br />

transport au cerveau, et que les acteurs ont <strong>de</strong>s avec une autre suite pareille, comme, par exemple,<br />

convulsions; en un mot, c'est <strong>la</strong> manie <strong>de</strong>s extrê­ le rhythme <strong>de</strong> notre vers alexandrin est composé <strong>de</strong><br />

mes, si fatale à toute espèce <strong>de</strong> jouissance; c'est là douze syl<strong>la</strong>bes qui donnent à tous les vers <strong>du</strong> même<br />

ce qu'on appelle aujourd'hui <strong>la</strong> sensibilité. Quel est genre um égale <strong>du</strong>rée par leurs intervalles et par<br />

pourtant celui qui en a? C'est l'homme qui <strong>la</strong>isse leurs combinaisons. Bans <strong>la</strong> danse, le rhythme est<br />

échapper une <strong>la</strong>rme quand par hasard il entend au une suite <strong>de</strong> mouvements qui gymétrisent entre eux<br />

théâtre quelques vers <strong>de</strong> Racine prononcés avec<br />

raccent <strong>de</strong>là vérité, et non pas celui qui crie bravo « Batte», les qmtre PoiUqwti.

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