23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

flou mr les monstres qui f m vMmt les lombeailx<br />

<strong>de</strong>s morts qu'ils dépoull<strong>la</strong>iest 9 m refusaieiit aux<br />

victimes qu'Us égorgeaient I Je sais que ceci est use<br />

digression ; mais rien n'est dép<strong>la</strong>cé f rien s'est per<strong>du</strong><br />

tontes les fois qu'il s'agît d'élever un eri <strong>de</strong> ?asgetnee<br />

eoatre ceux qui, pendant si longtemps, ont<br />

élevé impunément un cri <strong>de</strong> guerre contre f espèce<br />

humaine tout entière.<br />

Crassus s'interrompt, et l'adressant à Brutus :<br />

« Hé Meut M M*û9 que veux-fa que cette femme ré*<br />

ANCIENS. — ÉLOQUENCE.<br />

ta qu'elle dise à tous ces grands humilies tes eiaea dont<br />

sons voyons les images, à ce Brutus à qui aeas <strong>de</strong>vons<br />

noire Ebertére'il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce que tu fais, quel est f état ,<br />

quel est le genre <strong>de</strong> gloire et <strong>de</strong> vertu dont tu f occupes ,<br />

que lui dira-t-oe? Est-ce d'augmenter ton patrimoine? Ce<br />

n'est pis ce qu'il y tirait <strong>de</strong> plus digne <strong>de</strong> ton nom ; mais<br />

eemmeiaeae t'est plus possible ; 1 aa f es reste ; rien tes déhanches<br />

eut tout dévoré. Est-ce <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> <strong>du</strong> droit civil ?<br />

Ton père s'y est distingué ; il nous en a <strong>la</strong>issé <strong>de</strong>s monuments;<br />

mais pour toi9 on lui dira qu'en vendant tout ce<br />

que tu en as reçu pour héritage 9 tu ne t'es pas même réservé<br />

le siège paternel où il écrivait. Est-ce <strong>de</strong> fart militaire?<br />

Mais tu n'as Jamais vu un camp. Est-ce <strong>de</strong> l'éloquence?<br />

Halsta ae facôanals même pas 9 et tout ce que tu as <strong>de</strong> voix<br />

et <strong>de</strong> facultés est employé à ce traie honteux <strong>de</strong> calomnies<br />

psMiqtfes, qui est ta <strong>de</strong>rnière ressource. Et lu oses voir<br />

le jour! tu oses regar<strong>de</strong>r tes jageal tu oses te <strong>mont</strong>rer<br />

dans le fbramt dans cette vile, im yesi <strong>de</strong> tes concitoyens<br />

§ Tu ne frémis pas <strong>de</strong> honte et d'effroi à l'aspect <strong>de</strong><br />

cet appareil funéraire, <strong>de</strong> ces images sacrées qui faccuseatf<br />

<strong>de</strong> ces ancêtres que tu es si loin d'imiter, qu'il ne te<br />

reste pas même un asile où. tu puisses encore les p<strong>la</strong>cer ! »<br />

(11,55.)<br />

On peut juger, par <strong>la</strong> véhémence et l'énergie <strong>de</strong><br />

cette accab<strong>la</strong>nte apostrophe, si Crassus avait l'âme<br />

et imagination d'un orateur. Gieéron, qui n'en<br />

pouvait conserver tout au plus qu'un bien faible<br />

souvenir, puisqu'il entrait à peine dansJ'adolesceoce<br />

lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Crassus, mais qui avait<br />

pour le talent cet amour si naturel aux belles âmes<br />

et aux esprits supérieurs, a consacré à sa mémoire<br />

les regrets les plus touchants ; et ce morceau, qui<br />

commence le troisième livre <strong>de</strong> son ouvrage, forme<br />

une espèce d'épiso<strong>de</strong> aussi intéressant que bien<br />

p<strong>la</strong>cé; qui peut aussi en être un dans cette analyse,<br />

et vous distraire un moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> sévérité <strong>du</strong> ton<br />

didactique.<br />

« Comme je me disposais f mon cher frère, à rapporter<br />

dans le troisième livre les leçons <strong>de</strong> Crassus, qui s f était<br />

engagé à parler après Antoine , sur Félocatloa oratoire, j'ai<br />

été frappé d'un souvenir douSourem. Ce beau génie 9 qui<br />

méritait Flmmeftalité, cette douceur <strong>de</strong> merars, cette vertu<br />

ai a«ref tout fut détruit par une mort soudaine, dii jours<br />

après tes entretiens que vous venez <strong>de</strong> lire. Cressusf revenu<br />

à Home le damier jour <strong>de</strong>s Jetii , fut vivement affecté d'une<br />

232<br />

harangue <strong>du</strong> consul Philippe, dans <strong>la</strong>quelle 11 avait dit an<br />

peuple qu'avec un sénat tel que celui qu'on avait alors s M<br />

ne pouvait pas répondre <strong>de</strong> f adm<strong>la</strong>istratlôa <strong>de</strong>s affaires publiques.<br />

Les sénateurs l'étant assemblés en grand nombre<br />

le matin <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>s <strong>de</strong> septembre, le tribun Dru sas f qui. les<br />

avait convoqués , après s'être p<strong>la</strong>int <strong>du</strong>«eonsul y <strong>de</strong>manda<br />

qu'on délibérât sur l'outrage qu'avait fait au sénat le premier<br />

magistrat <strong>de</strong> <strong>la</strong> république en le calomniant auprès <strong>du</strong><br />

peuple. J'ai souvent enten<strong>du</strong> dire an hommes les plus<br />

éc<strong>la</strong>iras que 9 toutes les fols que Crassus par<strong>la</strong>it, il semb<strong>la</strong>it<br />

s'avoir Jamais mieax parlé 9 mais que l'on convint ce jourlà,<br />

que 9 sli avait coutume d'être au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s autres, il<br />

avait été cette fois au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> lui-même. Il déplora<br />

le matheur <strong>du</strong> sénat, quly semb<strong>la</strong>ble au pupille dépouillé<br />

par un tuteur Infidèle 9 ou à l'enfant abandonné par ses parente!<br />

voyait sa dignité héréditaire envahie par un brigand<br />

sous le nom <strong>de</strong> consul, qui 9 après avoir ruiné l'État autant<br />

qu'il était en lui 9 c'a?ait en effet rien <strong>de</strong> mieai à faire que<br />

<strong>de</strong> lui enlever le se<strong>cours</strong> et les lumières <strong>du</strong> sénat. Philippe<br />

était violent, accoutumé à manier îa parole 9 et à faire tête<br />

à ceux qui l'attaquaient. H sentit vivement les atteintes que<br />

lui portait Crassus, et, résolu <strong>de</strong> contenir un pareil act?er«<br />

saire, il s'emporta jusqu'à prononcer contre loi une amen<strong>de</strong>,<br />

et M ordonner, suivant l'usage, d'en donner caution sur<br />

ses biens. C'est alors que Crassus, poussé à bout, par<strong>la</strong>,<br />

dit*m, comme un dieu : Penses-tu, lui dit-il, que je te<br />

traiterai en consul, quand tu me me traites pas en «msa<strong>la</strong>ire*?<br />

Penses-tu , quand tu as déjà regardé l'auto*<br />

rite <strong>du</strong> sénat comme tut bien <strong>de</strong> confiscation, quand<br />

tu Vas foulée aux pieds en présence <strong>du</strong> peupte romain,<br />

m'effrayer par <strong>de</strong> semb<strong>la</strong>bles menaces? Si tu veux<br />

m'imposer silence, m n'est pas mes biens qu'il faut<br />

m'êterï il faut m'arracker cette <strong>la</strong>nque que tu crains,<br />

ét&Mffer cette voix qui n'a jamais parlé que pour <strong>la</strong><br />

libertés et quand il même restera plus qm le souffle,<br />

je m'en servirai encore, autant que je le pourrai, pour<br />

combattre et repousser <strong>la</strong> tyrannie. 11 pria longtemps<br />

avec chaleur, avec force9 avec violence. On rédigea, sur<br />

son avis f le décret dn sénat, conçu dans les termes les plus<br />

forte et les plus expressifs, dont le résultat était que, tontes<br />

les fois qu'il s'était agi <strong>de</strong> fiatérêt <strong>du</strong> peuple romain,<br />

jamais Sa sagesse ni k fidélité <strong>du</strong> sénat n'avaient manqué<br />

à <strong>la</strong> république. Crassus assista même à <strong>la</strong> rédaction <strong>du</strong><br />

décret. Mais ce fut pour cet homme divin le chant <strong>du</strong> cygne<br />

: ce forent les <strong>de</strong>rniers accents <strong>de</strong> sa vois t et nous,<br />

comme si nous eussions <strong>du</strong> l'entendre toujours, nous venions<br />

au sénat, après sa mort, pour regar<strong>de</strong>r encore <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce<br />

où il avait parlé pour <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière Tois. 11 fut saisi 9 dans l'assemblée<br />

même, d'une douleur <strong>de</strong> côté, suivie d'une sueur<br />

abondante et d'un frisson violent, U rentra eues lui avec<br />

<strong>la</strong> lièvre; et au bout <strong>de</strong> sept jours il n'était plus. O trompeuses<br />

espérances <strong>de</strong>s hommes! ô fragilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> condition<br />

humaine ! ê vanité <strong>de</strong> nos projets et <strong>de</strong> nos pensées, si souvent<br />

confon<strong>du</strong>s as milieu <strong>de</strong> notre carrière ** ! Tant que Si<br />

* Le texte dit en sénateur.<br />

** Bosraeta imité ce beau mcuvemeit dans l'oraison funèbre<br />

<strong>de</strong> Henriette d'Aegleterre, <strong>du</strong>chesse d'Orléans. Volet<br />

Fexor<strong>de</strong> : « O vanité! ô néant! ô mortels Ignorants As leurs<br />

1 «tonnées!etc. »

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!