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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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faut bien que tes leçons ai<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> faiblesse, et suppléeiitreipérieiice;queFimftation?ieEiieau<br />

se<strong>cours</strong><br />

<strong>du</strong> talent , et facilite ses progrès.<br />

Je citerai encore un autre eiemple <strong>de</strong> <strong>la</strong> prétention,<br />

tiré <strong>du</strong> second chant <strong>de</strong> lm Mmrtaie, où<br />

Henri IV fait à <strong>la</strong> reine Elisabeth le récit <strong>de</strong> l'horrible<br />

Journée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Saint-Barthélémy.<br />

CODUS DB UrrtBATDBE.<br />

Je m v&m peinimi p&imt te tumulte et ks cris,<br />

Lt sangéaloaicôté» ratsw<strong>la</strong>stdans Parti,<br />

ht III assassiné sur le corps <strong>de</strong> ton père,<br />

, Le frère avec îa sœur, Sa fille avee îa mère,<br />

Les époux expirants sons tours toits embrasés ,<br />

Les enfants m hemmu sur <strong>la</strong> pierre écrasés :<br />

•Des fureurs <strong>de</strong>s humains c'est ©e qu'on doit attendre.<br />

Que sera donc ee qui va suivre, puisque ce<strong>la</strong>i qui<br />

trace cet épouvantable tableau semble lui-même<br />

n'en être pas étonné ! Tel est Fartiiee <strong>de</strong> <strong>la</strong> prétention<br />

; sans affaiblir l'horreur <strong>de</strong> cette peinture f elle<br />

?a rendre plus frappante celle qui suit :<br />

Mais ce que l'avenir asm peine à mmpmmâm,<br />

Ce que vous-même encore à peine vous croirez f<br />

Ces monstres furieux, <strong>de</strong> carnage altérés f<br />

Excités par <strong>la</strong> voix <strong>de</strong>s prêtres sanguinaires,<br />

Invoquaient le Seigneur en égorgeant leurs îtètm ,<br />

Et, le bras tout souillé <strong>du</strong> sang <strong>de</strong>s innocents ,<br />

Osaient offrir à Bleu cet exécrable encens 1<br />

La réticence mérite aussi qu'on en fesse mention*<br />

C'est une Ëgure très-adroite, en ce qu'elle fait entendre!<br />

non-seulement ce qu'on ne veut pasdire9 mais<br />

souvent beaucoup plus qu'on ne dirait. Telle est celleci<br />

dans le rêle d'Agrippine :<br />

rappe<strong>la</strong>i île l'exil, Je tirai <strong>de</strong> l'armée,<br />

Et ee mène Sénèqse t et ce même Bnrrhât t<br />

Qui députe... Borne tlore eiUmatt ieun ?ertu.<br />

' Voltaire Fa imitée dans lm Hmrkbàe :<br />

Et Blron , jeune encore, ar<strong>de</strong>nt , impétueut ,<br />

Qui <strong>de</strong>puis... mais tlore il «tait vertueux.<br />

Limitation même est si frappante qu'elle pourrait<br />

passer pour une espèce <strong>de</strong> <strong>la</strong>rcin. Mais Yoltaire était<br />

si ricbe <strong>de</strong> son fonds qu'il ne se faisait pas scrupule<br />

<strong>de</strong> prendre sur celui d'autrai.<br />

Une autre réticence encore plus belle* pareequ'elie<br />

tient à une situation théâtrale, c T est celle #Arfcle<br />

dans <strong>la</strong> tragédie <strong>de</strong> Phèdre :<br />

Prenez gtrfe t Seigneur : vos invincible! maint<br />

Ont ie monstres tans nombre affranchi Set bttmatiis ;<br />

Mali tout n'est pas détroit, et vous en <strong>la</strong>issez vivre<br />

Un... foire lii, Seigneur, me défend <strong>de</strong> poursuivre.<br />

Cette interruption subite doit épouvanter Tbésée.<br />

Aussi eommence-t-il dès ce moment à sentir <strong>de</strong> tires<br />

inquiétu<strong>de</strong>s, et à se reprocher son emportement.<br />

La malignité et <strong>la</strong> haine ont bien connu tout ce<br />

que pouvait <strong>la</strong> réticence par le chemin qu'elle fait faire<br />

à l'imagination; aussi n'ont-elles point d'armes<br />

mieux effilées, ni <strong>de</strong> traits plus empoisonnés. C'est<br />

<strong>la</strong> fombinaison <strong>la</strong> plus profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> méchanceté<br />

<strong>de</strong> savoir retenir ses coups, et <strong>de</strong> les porter par <strong>la</strong><br />

main d'autrui ; et malheureusement c'est aussi <strong>la</strong> plus<br />

facile. Rien n'est si aisé et si commun que <strong>de</strong> calomnier<br />

à <strong>de</strong>mi-mot, et rien n 9 est si difficile que <strong>de</strong><br />

repousser cette espèce <strong>de</strong> calomnie; car comment<br />

répondre à ce qui n'a pas été énoncé? Deviner l'accusation<br />

t c'est avouer en quelque sorte qu'elle n'est<br />

pas sans fon<strong>de</strong>ment. Aussi, le seul parti qu'il y ait<br />

à prendre est <strong>de</strong> porter un déi à l'accusateur timi<strong>de</strong><br />

et lâche ; et l'innocence alors peut lever <strong>la</strong> tête quand<br />

il cache <strong>la</strong> sienne dans les ténèbres.<br />

C'en est asaei sur les figures,.dont j'ai marqué<br />

les principales et les plus connues. Je n'ai point suivi<br />

pas à pas Quintilien : dans cette partie-là f comme<br />

dans beaucoup d'autres, c'est un instituteur qui prie<br />

à <strong>de</strong>s disciples, et dont le but n'est pas le mien. Si<br />

f ai choisi beaucoup <strong>de</strong> mes exemples dans les poètes,<br />

c'est qu'il fal<strong>la</strong>it faire voir que les mêmes igures appartiennent<br />

d'ordinaire à <strong>la</strong> poésie comme à l'élô»<br />

quence; que d'ailleurs les passages <strong>de</strong>s poètes sont<br />

plus présents à <strong>la</strong> mémoire , plus généralement connus<br />

, plus faciles à retetûr, et qu'enta les beaux vers<br />

sont comme <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> repos et <strong>de</strong> dé<strong>la</strong>ssement,<br />

où l'esprit aime à s'arrêter dans <strong>la</strong> route ari<strong>de</strong> et épi­<br />

neuse <strong>de</strong>s préceptes.<br />

Quintilien emploie un chapitre à traiter <strong>de</strong> ce qu'on<br />

nomme <strong>de</strong>s pensées, car c 9 est ainsi qu'on appelle,<br />

comme par excellence, celles qui sont énoncées<br />

dans une forme précise et sentencieuse. Elles don»<br />

neet <strong>de</strong> l'éc<strong>la</strong>t au dis<strong>cours</strong>; mail c'est un <strong>de</strong>s genres<br />

d'ornement qui ont le plus d'inconvénients et <strong>de</strong><br />

dangers, si l'on n f a pas soin d'en être sobre. Les<br />

pensées, les maximes, les sentences, ont un air<br />

d'autorité qui peut donner <strong>du</strong> poids au dis<strong>cours</strong>, si<br />

Ton n'y met <strong>de</strong> <strong>la</strong> réserve; mais qui, autrement,<br />

<strong>mont</strong>rent l'art à découvert. Elles sont voisines <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> froi<strong>de</strong>ur, parce qu'elles supposent communément<br />

un esprit tranquille. Aussi convient-il que l'orateur,<br />

et plus encore le poète, les tourne en sentiments le<br />

plus qu'il est possible. Il est plus facile <strong>de</strong> communiquer<br />

ce qu'on sent que <strong>de</strong> persua<strong>de</strong>r ce qu'on pense.<br />

De plus, ces sortes <strong>de</strong> pensées ont un bril<strong>la</strong>nt qui<br />

leur est propre, et si elles reviennent fréquemment,<br />

elles détournent trop l'attention <strong>du</strong> but principal,<br />

et paraissent en quelque sorte détachées <strong>du</strong> resta<br />

<strong>de</strong> l'ouvrage. Or, l'orateur et le poète doivent toujours<br />

songer à l'effet total. C'est à quoi ne pensant<br />

pas ceux qui ont <strong>la</strong> dangereuse prétention <strong>de</strong> tourner<br />

toutes leurs phrasesen maximes* Pluscettefenn»<br />

est imposante, plus il fait <strong>la</strong> réserver pour oe qui<br />

mérite d'en être revêtu. Celui qui cherche trop If»<br />

pensées risque <strong>de</strong> s'en permettre beaucoup <strong>de</strong> communes,<br />

<strong>de</strong> forcées, <strong>de</strong> fausses même; car rien n 9 ett

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