23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

miné à s'instruire. Il tombe aussi <strong>de</strong> temps en temps<br />

dam l'obscurité; <strong>de</strong> sorte qu'après. a?oir para,<br />

i<strong>la</strong>ns ses longueurs et ses répétitions , se déier trop<br />

<strong>de</strong> l'intelligence <strong>de</strong> ses lecteurs $ il semble ensuite<br />

y compter beaucoup trop. On a su <strong>de</strong> nos jours<br />

ré<strong>du</strong>ire à en petit espace toute <strong>la</strong> substance <strong>de</strong> sa Logiqm,<br />

qui est très-éten<strong>du</strong>e. Sa Poétique, dont nous<br />

n'avons qu'une partie, qui fait beaucoup regretter le<br />

reste, a embarrassé en plus d'un endroit et difisé<br />

les plus habiles interprètes. Sa Mkétorique, dont<br />

Quintilien a emprunté toutes ses idées principales ,<br />

ses divisions, ses déinitions, est abstraite et prolixe<br />

dans les premières parties; mais pour le fond<br />

<strong>de</strong>s choses, c'est un modèle d'analyse. Os <strong>de</strong>ux<br />

écrits sont, mm ses traités <strong>de</strong> Politique, ce qu'il<br />

a pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong> plus parfait. On se soutient avec p<strong>la</strong>isir<br />

qu'Aristote les a composés pour Aleiandre, et<br />

ces <strong>de</strong>ux noms forment, après tant <strong>de</strong> siècles, une<br />

belle association <strong>de</strong> gloire. C'est une ezception <strong>de</strong><br />

plus (car il y en a encore quelques autres) à ce principe<br />

si énergiquement établi par Thomas, sur le peu<br />

d'accord qui se trente ordinairement entre les rois<br />

et les philosophes. Leur'gran<strong>de</strong>ur, dit-il, se choque<br />

et se repousse. Ce n'était pas là ce que pensait Philippe<br />

y roi <strong>de</strong> Macédoine, lorsqu'il écrivit à Âristote<br />

cette lettre fameuse, si souvent citée» et qui ne<br />

saurait trop l'être : Je vous apprends qu'il m'esê<br />

né tmfils. Je remercie les dieux, mm pas êant <strong>de</strong><br />

me <strong>la</strong>voir doimé, que <strong>de</strong> tamir/aU naître <strong>du</strong> temps<br />

dfJristote. 1M précepteur d'Aleiandre ne se sépara<br />

<strong>de</strong> lui qu'au moment où ce prince partit pour <strong>la</strong> conquête<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Perse. Il obtint <strong>du</strong> père <strong>de</strong> son élève les<br />

plus grands privilèges pour <strong>la</strong> fille <strong>de</strong> Stagyre, sa<br />

patrie, et pour Athènes, qui était déjà celle <strong>de</strong>s arts.<br />

C'est aussi à Athènes qu'il se retira 9 pour philosopher<br />

dans une république après avoir élevé un roi._<br />

Les Athéniens lui donnèrent le Lycée pour y ouvrir<br />

son école 9 et ce nom seul vous avertit que ce<br />

peu <strong>de</strong> mots que je viens <strong>de</strong> dire à sa louange n'était<br />

pas dép<strong>la</strong>cé dans cette assemblée : ce sera peut-être<br />

un fait assez remarquable dans l'histoire <strong>de</strong> l'esprit<br />

humais, que, plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mille ans après qu'Aristote<br />

eut ouvert le Lycée d'Athènes f son éloge et<br />

ses ouvrages aient été lus à l'ouverture <strong>du</strong> Lycée<br />

français.<br />

Passons à l'analyse <strong>de</strong> sa Poétique.<br />

Quand nous lisons un poème ou que nous assistons<br />

à <strong>la</strong> représentation d'un drame, nous sommes<br />

tous portés à nous rendre compte <strong>de</strong> ce qui nous a<br />

plus ou moins affectés soit dans l'ensemble, soit<br />

dans les détails <strong>de</strong> l'ouvrage : c'est là l'espèce <strong>de</strong> critique<br />

qui semble appartenir à tout le mon<strong>de</strong> 9 et qui<br />

est aussi <strong>la</strong> plus amusante. Mais quand il s'agît <strong>de</strong><br />

ANCIENS. *— POÉSIE. 19<br />

re<strong>mont</strong>er aui premiers principes <strong>de</strong>s arts, et <strong>de</strong> suivre<br />

dans cette recherché un philosophe légis<strong>la</strong>teur,<br />

il faut une attention plus particulière et plus soutenue.<br />

Cest pour ce<strong>la</strong>, qu'on ne fait lire à <strong>la</strong> première<br />

jeunesse aucun ouvrage <strong>de</strong> ce genre; on croit cette<br />

étu<strong>de</strong> trop forte pour cet âge : mais elle estattachante<br />

pour un âge plus mûr, et l'on voit alors avec p<strong>la</strong>isir<br />

toute <strong>la</strong> justesse et toute l'éten<strong>du</strong>e <strong>de</strong> ces vues générales<br />

et <strong>de</strong> ces idées primitives, dont l'application<br />

se trouve <strong>la</strong> même dans tous les temps. Ainsi donc,<br />

ayant à parler <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie, le plus ancien <strong>de</strong> tous<br />

les arts <strong>de</strong> l'esprit chez tous les peuples connus, et<br />

qui parait le plus naturel à l'homme, cherchons d'abord,<br />

avec le gui<strong>de</strong> que nous avons choisi / pourquoi<br />

cet art a été cultivé le premier, et sur quoi est<br />

fondé le p<strong>la</strong>isir qu'il nous procure. Aristote en<br />

donne <strong>de</strong>ui raisons.<br />

« La poésie semble <strong>de</strong>voir sa naissance à <strong>de</strong>ux choses<br />

que h sature a mises m mm. Nous avons tous pour l'imitation<br />

un penchant qui se manifeste dès noire enfance.<br />

L'homme est le plus imitatif <strong>de</strong>s animaux : c'est même une<br />

<strong>de</strong>s propriétés qui nous distinguent d'eux. C'est par l'imitation<br />

que nom prenons nos premières leçons ; enfin tout<br />

ce qui est imité nous p<strong>la</strong>ît Des objets que nous ne verrions<br />

qu'avec peine s'ils étaient réels s dès bâtes hi<strong>de</strong>uses, <strong>de</strong>s<br />

cadavres, nous les voyons avec pMslr dans un tableau<br />

(chap. iv). »<br />

Tontes ces idées vous paraissent sans doute justes<br />

et incontestables; et vous avez dû reconnaître dans<br />

<strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière phrase <strong>la</strong> source où Despréaux a puisé<br />

ce morceau <strong>de</strong> son Art poétique (ehap. ni) :<br />

Il n'est point <strong>de</strong> serpent ni âe <strong>mont</strong>e odtoux<br />

Qui, par fart Imité 9 ne pukse p<strong>la</strong>ire in jeux, ete.<br />

Mais , en reconnaissant <strong>la</strong> vérité <strong>du</strong> principe, remarquons<br />

qu'il est susceptible <strong>de</strong> quelque restriction,<br />

et qu'il en est <strong>de</strong> même <strong>de</strong> presque tous cent<br />

que nous avons à établir. Le même bon sens qui les<br />

a dictés enseigne à ne pas les prendre dans une gé* ^<br />

néralité rigoureuse, qui n f est faite que pour les axiomes<br />

mathématiques. Ainsi 9 quoique l'imitation soit<br />

une source <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isir, il ne faut pas croire que tout^<br />

soit également imitable. Dans <strong>la</strong> peinture même, *<br />

dont le principal objet est limitation matérielle,'<br />

il y a un choix à faire, et bien <strong>de</strong>s choses ne seraient<br />

pas bonnes à peindre; à plus forte raison dans 1%<br />

poésie, qui doit surtout imiter avec choixy et embellir<br />

en imitant. Ce précepte parait bien simple<br />

Horace et Despréaux ont tous <strong>de</strong>ui fait une loi <strong>de</strong><br />

cette restriction judicieuse qu'Aristote lui-même a *<br />

mise en principe général , comme nous le verrons<br />

tout à l'heure en suivant <strong>la</strong> marche qu'il a tenue. -<br />

Cependant rien n f est si commun que <strong>de</strong> l'oublier,<br />

même <strong>de</strong>puis que Fart est perfectionné; et si epelque<br />

chose peut faire voir combien fesnjpt humain<br />

2.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!