la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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<strong>de</strong> jorimaiato et d'avocat. L'éloquence s'élève m<br />
t*abâln@ m proportion dés objets qu'elle traite, et<br />
<strong>du</strong> théâtre où elle s'exerce. Ainsi, pour se faire remarquer<br />
dans cette lice obscure, ou eut re<strong>cours</strong> à<br />
<strong>de</strong> petits moyens. Les minces ressources <strong>du</strong> belesprit<br />
, <strong>la</strong> puérile affectation <strong>de</strong>s antithèses, <strong>la</strong> froi<strong>de</strong><br />
profusion <strong>de</strong>s lieux communs, le ridicule abus <strong>de</strong>s<br />
figures ; en un mot , toute Fafféterie d $ un art dépravé<br />
qui fcut relever <strong>de</strong> petites choses :,.w«là ce qu'os<br />
admirait dans cette Rome, autrefois <strong>la</strong> rivale d'Athènes.<br />
l£§dêdamatkm$ * <strong>de</strong>s écoles avaient achevé<br />
<strong>de</strong> fout gâter. On appe<strong>la</strong>it <strong>de</strong> ce nom <strong>de</strong>s dis<strong>cours</strong><br />
mr <strong>de</strong>s sujets feints, qui étaient les exercices journaliers<br />
<strong>de</strong>s jeunes étudiants. Ces sortes <strong>de</strong> dis<strong>cours</strong><br />
prononcés publiquement par tm maîtres <strong>de</strong> rhétorique,<br />
ou par leurs écoliers, «talent une vogue incroyable.<br />
On se portait en foule à cette espèce <strong>de</strong><br />
spectacle, le seul qui offrit <strong>du</strong> moins le <strong>la</strong>nterne <strong>de</strong><br />
F éloquence à en mêmes Romains qu'elle ne pouvait<br />
plus appeler au barreau ni aux assemblées<strong>du</strong> peuple.<br />
Comme les sujets communs <strong>de</strong>s discussions judiciaires<br />
se praissaient pas aux rhéteurs assez intéressants<br />
pour y faire briller leur esprit et piquer<br />
<strong>la</strong> curiosité, ils imaginaient à p<strong>la</strong>isir les questions<br />
les plus bizarres, les causes les plus extraordinaires,<br />
et telles qu'elles ne pouvaient que très-rarement se<br />
présenter dans les tribunaux. Nous avons encore<br />
<strong>de</strong>s essais <strong>de</strong> ces controverses imaginaires; les uns<br />
<strong>de</strong> Sénèque, le père <strong>du</strong> philosophe : d'autres trèsfaussement<br />
et très-ridiculement attribués à Quintilien.<br />
En void quelques-uns <strong>du</strong> premier qui peuvent<br />
foire juger <strong>de</strong>s autres. — Premier sujet : La loi ordonne<br />
que celui qui aura violé une Elle libre soit<br />
condamné à <strong>la</strong> mort ou à l'épouser sans dot. Un<br />
jesne homme en viole <strong>de</strong>ux dans une nuit. L'une<br />
veut l'épouser, l'autre <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sa mort. P<strong>la</strong>idoyer<br />
pour l'une et pour l'autre. — Second sujet : La loi<br />
ordonne qu'une vestale coupable d'une faiblesse<br />
sera précipitée <strong>du</strong> haut d'un rocher. Une vestale<br />
accusée <strong>de</strong> ce crime invoque Testa, se précipite et<br />
s'en meurt pas. On veut lui faire subir le même<br />
supplice une secon<strong>de</strong> fois. P<strong>la</strong>idoyer pour et contre.<br />
— Troisième sujet : La loi permet à quiconque surprendra<br />
sa femme en commerce a<strong>du</strong>ltère avec un<br />
homme <strong>de</strong> les tuer tous les <strong>de</strong>ux. Un soldat qui avait<br />
per<strong>du</strong> ses <strong>de</strong>ux bras à <strong>la</strong> guerre surprend ainsi sa<br />
femme, et f ne pouvant lui-même se faire justice, il<br />
donne ordre à son ils <strong>de</strong> percer <strong>de</strong> son épée les <strong>de</strong>ux<br />
coupables. Le ils le refuse, et le père le déshérite. La<br />
1 On tes nommait ilogl $ pur» ipe t*§ êkmmw «aient<br />
déeteaiét êâm 1*§ èmlm mm «spiiâie; et s'aeieer ehet<br />
«si M défait et à radftoa œMtÊm •'appe<strong>la</strong>it<br />
éeeimmmm.<br />
ANQEM8. — ÉLOQUENCE. SOI<br />
cause est portée en justice : p<strong>la</strong>idoyer pour le père<br />
et pour le ils.<br />
Voilà les frivoles jeux d'esprit où les rhéteurs et<br />
leurs disciples épuisaient toutes les subtilités <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
dialectique et toutes les inesses <strong>de</strong> leur art. Qu'arrivait-il?<br />
Ost que les jeunes gens, après avoir<br />
passé <strong>de</strong>s années entières à exalter leur imaginatién,<br />
et à se creuser <strong>la</strong> tête sur <strong>de</strong>s chimères, arrivaient<br />
au barreau presque entièrement étrangers aui affaires<br />
qui s'y traitaient, et au ton qu'elles érigeaient»<br />
C'étaient <strong>de</strong> froids et pointiileui sophistes, et non<br />
<strong>de</strong> bons avocats; encore moins <strong>de</strong> grands orateurs :<br />
car on imagine bien que le style <strong>de</strong> ces compositions<br />
bizarres se ressentait <strong>du</strong> vice <strong>de</strong>s sujets : rien <strong>de</strong><br />
vrai 9 rien <strong>de</strong> senti , rien <strong>de</strong> sain ; <strong>de</strong>s raisonnements<br />
captieux, <strong>de</strong>s pointes, <strong>de</strong> faux bril<strong>la</strong>nts, <strong>de</strong>s tours<br />
<strong>de</strong> force 9 c'est tout ce qu'on remarque dans ce qui<br />
nous reste <strong>de</strong> ces étranges p<strong>la</strong>idoiries. Tout l'esprit<br />
qu'os y a per<strong>du</strong> ne vaut pas une page <strong>de</strong> Cicéron<br />
ou <strong>de</strong> Bémosthènes.<br />
C'ert <strong>de</strong> A ejif e t venu parmi nous f usage d'appeler<br />
didamaUom, en vers ou en prose, ce défaut,<br />
aujourd'hui presque général, qui eonsiste à exagérer<br />
ambitieusement les objets f à s'échauffer hors <strong>de</strong><br />
propos, à se perdre dans <strong>de</strong>s lieux communs étrangers<br />
à <strong>la</strong> question. Bans tous ces cas, plus on veut<br />
élever et animer son style, plus on le rend déc<strong>la</strong>matoire;<br />
parce qu'au lieu <strong>de</strong> <strong>mont</strong>rer un orateur rempli<br />
<strong>de</strong> son sujet, ou un personnage pénétré <strong>de</strong> sa<br />
situation, on nous <strong>mont</strong>re à peu près ce même jeu<br />
d'esprit qui était propre aux anciens déciamateurs.<br />
Malheureusement-il parut à cette époque un écrivain<br />
célèbre, qui, ayant assez <strong>de</strong> mérité pour mêler<br />
<strong>de</strong>Tagrément à ses défauts, contribua beaucoup<br />
à <strong>la</strong> perte <strong>du</strong> bon goût. Ce fut Sénèque, qui,<br />
né avec beaucoup plus d'esprit que <strong>de</strong> véritable talent,<br />
était plus intéressé que personne à ce que l'esprit<br />
tint lieu <strong>de</strong> tout, et qui trouva plus commo<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> décrier l'ancienne éloquence que <strong>de</strong> chercher à<br />
l'égaler. II ne cessait, dit Quistilien, <strong>de</strong> se déchaîner<br />
contre ces grands modèles, parce qu'il sentait<br />
que sa manière d'écrire était bien différente <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
leur, et qu'il se dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence. Son style<br />
haché, sentencieux, sautil<strong>la</strong>nt, eut aux yeux <strong>de</strong>s<br />
Romains ie charme <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouveauté, et ses écrits<br />
eurent une vogue prodigieuse, que sa longue faveur<br />
et sa gran<strong>de</strong> fortune <strong>du</strong>rent augmenter encore*<br />
Pour être à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>, il fal<strong>la</strong>it écrire comme Sénèque.<br />
m Moi -n'est si daogmix9 dit jiidktatisaiMni l'abbé<br />
Géd®¥B f que l'esprit dans an écrivais qui s'a peint île geic<br />
Les trais <strong>de</strong> Iitcifère <strong>de</strong>nt il Etrille toppei kt yeux <strong>de</strong>