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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCIENS. — POÉSIE.<br />

ces rapprochements étranges, qui ne seraient en*<br />

eore qu'use bizarre ineptie f quand ils ne seraient<br />

pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière indécence I Mais lorsqu'on sait<br />

<strong>de</strong> plus le peu <strong>de</strong> cas que faisait Voltaire <strong>de</strong>s poésies<br />

<strong>du</strong> roi <strong>de</strong> Prusse, quoiqu'il les eût corrigées<br />

autant qu'elles pouvaient l'être; lorsqu'on sait qu'il<br />

l'appe<strong>la</strong>it ÂtUta-Coêàn, quelle valeur peut-on attacher<br />

à l'opinion d'un homme qui se joue ainsi<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité <strong>de</strong> son propre jugement, eomme <strong>de</strong><br />

toutes les bienséances? Quelle ma<strong>la</strong>droite a<strong>du</strong><strong>la</strong>tion<br />

pour un roi allemand, que rien n'oblige d'être<br />

un bon poète français$ et qui, eu admettant ce ridicule<br />

parallèle, serait encore aussi loin <strong>de</strong> David<br />

que <strong>de</strong> Voltaire! Laissons là ces écarts <strong>de</strong> l'esprit<br />

humain ; qui ne sont pas moins le scandale <strong>du</strong> bon<br />

1S7<br />

n'a diminué ni leur mérite ni leur réputation; et je<br />

renvoie là-<strong>de</strong>ssus à <strong>la</strong> judicieuse apologie qu'en ont<br />

faîte les meilleurs critiques. Celle <strong>de</strong> David, s'il en<br />

avait besoin, serait d'une tout autre importance;<br />

et proportionnée à celle <strong>de</strong> son ouvrage : ce n'est<br />

pas pour lui-même qu'il convient <strong>de</strong> l'indiquer, mais<br />

pour ceux à qui elle peut être utile.<br />

Les chrétiens savent que* les cantiques étant <strong>de</strong>s<br />

poèmes religieux, d'abord faits pour être chantés<br />

dans les cérémonies publiques d'Israël, et <strong>de</strong>stinés<br />

par <strong>la</strong> Provi<strong>de</strong>nce à <strong>de</strong>venir pour nous <strong>de</strong>s prières<br />

<strong>de</strong> tous les jours dans toute <strong>la</strong> suite <strong>de</strong>s siècles , sont<br />

<strong>de</strong> continuelles élévations à Dieu, <strong>de</strong>s invocations,<br />

<strong>de</strong>s supplications, <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> grâces, <strong>de</strong>s entre­<br />

tiens <strong>de</strong> l'homme avec Dieu 9 <strong>de</strong>s exhortations et <strong>de</strong>s<br />

sens que celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> religion, et voyoos dans les cho­ leçons pour ses serviteurs, <strong>de</strong>s menaces et <strong>de</strong>s arrêts<br />

ses ce qu'elles sont et ce qu'elles doivent être. contre ses ennemis, <strong>de</strong>s hommages à ses gran<strong>de</strong>urs,<br />

Tout ce fut mi éeriê Va éHpmsr noire imime- âsasjastlces, à ses bienfaits, à ses lois, è ses mer*<br />

Mm. (Saint Paul) Les livres saints contiennent <strong>la</strong> veilles; et si Ton considère que ce Éinds est partout<br />

science <strong>de</strong> Dieu, <strong>la</strong> science <strong>du</strong> salut. C'est poor le même, et que rien <strong>de</strong> profane et <strong>de</strong> terrestre ne<br />

ce<strong>la</strong> qu'ils nous ont été transmis; ils doifent être pouvait se mâer à ce qui est saint et céleste, on sera<br />

<strong>la</strong> nourriture <strong>de</strong> notre âme, et Jésus-Christ notre peut-être plus surpris <strong>de</strong> <strong>la</strong> multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s tours et<br />

maître nous a dit que i%&mmê vU <strong>de</strong> <strong>la</strong> pamk <strong>de</strong>s mouvements, <strong>de</strong> l'abondance <strong>de</strong>s sentiments et<br />

§m sert êe <strong>la</strong> immkê es Dieu» 11 n'est pas surpre<strong>de</strong>s<br />

pensées, qu'on ne peut être blessé <strong>de</strong> l'espèce<br />

nant que ceux qui ne <strong>la</strong> cherchent pas dans ces d'uniformité <strong>de</strong> ton général qui nuit <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> l'ob­<br />

livres n'y aperçoivent tout au plus que l'accessoire 9 jet et <strong>du</strong> <strong>de</strong>ssein. Le psalmiste se répète, mais c<br />

c'est-à-dire, le mérite <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition dans ce<br />

qu'il peut y aioir d'analogue aui idées reçues en ce<br />

genre, quand f Esprit divin, qui priait à <strong>de</strong>s<br />

hommes, a cm <strong>de</strong>voir <strong>de</strong>scendre à <strong>la</strong> perfection <strong>du</strong><br />

<strong>la</strong>ngage humain : je dis <strong>de</strong>scendre, car lors même<br />

que le style <strong>de</strong> l'Écriture est .au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> tout autre<br />

comme on vient <strong>de</strong> le ? air, il est encore nécessairement<br />

au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s idées divines.<br />

Maisavee cette disposition, malheureusement trop<br />

commune, à lire Moïse et David comme on lirait<br />

Horace et Homère, non-seulement on en perd <strong>la</strong><br />

substance qui était pour notre âme, mais l'esprit<br />

même se peut que s'égarer .dans ses jugements,<br />

toutes les fois qu'il prendra pour <strong>de</strong>s défauts dans<br />

les auteurs sacrés ce qui pourrait en être dans les<br />

écrirains profanes, puisque les moyens ne doivent<br />

sûrement pas être toujours fes mêmes quand le but<br />

est différent. L'Esprit saint n'a pas écrit pour p<strong>la</strong>ire<br />

au hommes, mais pour apprendre aux hommes à<br />

p<strong>la</strong>ire à Dieu.<br />

Un <strong>de</strong>s reproches que Ton fait le plus sou?eut aui<br />

Psaumes, c'est <strong>la</strong> fréquente répétition <strong>de</strong>s mêmes<br />

idées, <strong>de</strong>s mêmes sentiments, <strong>de</strong>s mêmes tours. Je<br />

pourrais m'en tenir, à l'analyse succincte que j'ai<br />

donnés ci-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s procédés <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie hébraïque<br />

; je pourrais même faire remarquer qu'on a <strong>la</strong>it<br />

te mène reproche aux poètes grecs, ce qui pourtant<br />

v est<br />

toujours Dieu qu'il chante ; c'est toujours à Dieu ou<br />

<strong>de</strong> Dieu qu'il parie, et le cœur ne peut parler à Dieu<br />

ou <strong>de</strong> Dieu qu'avec amour : et qui est-ce donc qui<br />

caractérise l'amour, si ce n'est le p<strong>la</strong>isir et le besoin<br />

<strong>de</strong> dire sans cesse <strong>la</strong> même chose ? Sans doute l'amour,<br />

en s'adressant au Créateur, s'épure, s'ennoblit<br />

et s'élève; mais il ne change pas son caractère<br />

essentiel ; et comme celui qui aime ne s'occupe uniquement<br />

que <strong>de</strong> satisfaire et <strong>de</strong> répandre son âme<br />

<strong>de</strong>vant ce qu'il aime, et d'exprimer ce qu'il sent,<br />

sans aangar à varier oe qu'il dit; comme c'est ce<strong>la</strong><br />

même qui imprime le cachet <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité à ses dis*<br />

<strong>cours</strong> et à ses écrits, et qui persua<strong>de</strong> le mieux <strong>la</strong> par*<br />

sonne aimée », croit-on que l'amour <strong>de</strong> Dieu soit ou<br />

doive être moins affectueux et moins surabondant?<br />

On raconte d'un saint que sa prière n'était autra<br />

chose qu'une méditation habituelle sur les miséricor<strong>de</strong>s<br />

divines, dont il ne sortait que pour prononcer<br />

toujours les mêmes paroles : O èùmêê! ê bmtél<br />

ê bmM înftnte I £t il pleurait. Je sais qu'il n s y au-<br />

1<br />

Je M crois pas fa* Jamais mamm femme se soit p<strong>la</strong>inte<br />

qu'os Soi répétât uns cesse <strong>la</strong> même chose. Ces sortes <strong>de</strong><br />

rapprochements m doivent pas scandaliser ; c'est avec te<br />

même cœur qu'on allie Se Créateur os <strong>la</strong> créature, faoêfar<br />

les effets soient aussi différents qm lis etgeis. Madama <strong>de</strong><br />

Sévfgné dit <strong>de</strong> Racine : « Il aime Bleu comme 11 aimait ses<br />

maîtresses, » et «<strong>la</strong> n* ren<strong>du</strong> ridicule ni madame <strong>de</strong> 5é¥fgnéti<strong>la</strong>eliie.

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