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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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178<br />

vous verrez ce qu'il <strong>de</strong>viendra. On m souvient encore<br />

combien tous les gens <strong>de</strong> lettres <strong>de</strong> <strong>de</strong>rnier<br />

siècle se moquèrent <strong>de</strong> Perrault, qui, se sachant<br />

pas un mot <strong>de</strong> grec, vou<strong>la</strong>it absolument qu'on jugeât<br />

Piudare sur us p<strong>la</strong>t français tra<strong>du</strong>it d'un p<strong>la</strong>t<br />

<strong>la</strong>tin •. Quoi <strong>de</strong> plus loepïe t es effet, que déjuger une<br />

poésie grecque sur le <strong>la</strong>tin littéral d'un seoî<strong>la</strong>ste;<br />

et comment un tiomme tel que Voltaire 9 qui avait<br />

tant <strong>de</strong> fois bafoué ce genre d'ineptie dans les censeurs<br />

<strong>de</strong> l'antiquité, en fait-il lui-même le principe<br />

<strong>de</strong> sa critique <strong>de</strong>s livres saints, au risque <strong>de</strong> faire<br />

rire tous les lecteurs instruits? C'est que <strong>la</strong> haine<br />

ne voit rien que son but, qui est <strong>de</strong> se satisfaire et<br />

<strong>de</strong> tromper. On a beau lui crier : Mais tu ne tromperas<br />

que les sots et les ignorants. Elle répond :<br />

Que m'importe, n'est-ce pas le grand nombre?<br />

Enfin, <strong>de</strong>puis quand <strong>la</strong> parodie, dont l'objet n'est<br />

que <strong>de</strong> divertir, est-elle une métho<strong>de</strong> pour juger ?<br />

Voltaire jetait les hauts cris quand on parodiait ses<br />

tragédies : il n'a pas assez d'expressions pour faire<br />

sentir combien c'est un genre détestable, l'ennemi<br />

<strong>du</strong> génie et le scandale <strong>du</strong> goût; et il est très-vrai<br />

que ce qu'il y a <strong>de</strong> plus, sublime est précisément ce<br />

qui prête le plus au p<strong>la</strong>isant <strong>de</strong> <strong>la</strong> parodie, comme<br />

les taches marquent davantage sur l'étoffe <strong>la</strong> plus<br />

riche et sur <strong>la</strong> couleur <strong>la</strong> plus bril<strong>la</strong>nte. Voltaire le<br />

savait mieux que personne, et il fait le drame <strong>de</strong><br />

Sufii, où il parodie, entre autres choses, <strong>la</strong> manière<br />

dont le prophète Nathan arrache à David l'aveu et<br />

<strong>la</strong> condamnation <strong>de</strong> son crime, et le force <strong>de</strong> prononcer<br />

lui-même sa sentence; c'est-à-dire que Voltaire<br />

livre au ridicule ce qui, eo tout temps et en<br />

tout pays, indépendamment <strong>de</strong> toute croyance religieuse,<br />

frappera d'admiration sous tous les rapports.<br />

Faites prononcer <strong>de</strong>vant les hommes rassemblés,<br />

quelque part que ce soit, ces mots si simples et si<br />

foudroyants : Tu es Ule vir,<br />

« ?oas êtes cet homme, »<br />

et tout retentira d'acc<strong>la</strong>mations. Je voudrais bien<br />

qu'on me dit ce qu'il peut y avoir <strong>de</strong> mérite et d'es-<br />

1 11 fut asseï ma<strong>la</strong>droit pour choisir précisément un morce<strong>la</strong><br />

sublime, le début <strong>de</strong> <strong>la</strong> première pytbique,, qu'il trouvait<br />

extrêmement ridicule; et ffest à lui que le ridicule est<br />

lesté. II avait îm, dans un <strong>la</strong>tte fait pour <strong>de</strong>s écoliers, epièmwm<br />

qmâem aqua, et i! tra<strong>du</strong>it <strong>de</strong> même, feau e$î trèsè&mm<br />

à te vériié. li m <strong>la</strong>vait pas que te mot grec offre tel<br />

ridée <strong>de</strong> l'eau élément ; que celui qui répond au tante optimum<br />

n'eiprlme pote! ici U bonté, mais <strong>la</strong> prééminence ; que<br />

là parlleule grecque qui répond à qui<strong>de</strong>ms et qu'il tra<strong>du</strong>it<br />

é <strong>la</strong>wénté, s'est qu'une explétlve qui marque à l'esprit forcire<br />

<strong>de</strong>s idées, et qui souvent ne doit pas se tra<strong>du</strong>ire, surtout<br />

par ces mots, à fa vérité, qui feraient tomber parmi<br />

nous le ters d'ailleurs Se plus sublime. Que <strong>de</strong> choses tiennent<br />

au génie d'une <strong>la</strong>ngue , et qui défen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Juger, à<br />

moins <strong>de</strong> <strong>la</strong> satolrl<br />

Et voilà ce que fait ngaocaaee.<br />

(LA FcnfTàïsaJ<br />

C0U1S DE L1TTÉ1ÀTDEE.<br />

prit à trou?er ce<strong>la</strong> risible 9 et je suis sûr qu'aujourd'hui<br />

même personne ne me le dira. Et qu'aurait<br />

dit Voltaire, si Fou avait jugé Zaïre sur <strong>la</strong> parodie<br />

<strong>de</strong>s Enfants trouvés, et Awdrwmqm sur <strong>la</strong> folie<br />

Querellé! C'est pourtant m qu'il faisait et ce qu'il<br />

vou<strong>la</strong>it qu'on fît pour David ; et David lui aurait<br />

suffisamment répon<strong>du</strong>, par m mot si connu d'un<br />

<strong>de</strong> ses psaumes : MtmtUa estimiqwtm sM9<br />

* L'iniquité i menti contre êUemême. »<br />

11 savait bien nous dire, quand il voulut justifier<br />

son 1 Cantique <strong>de</strong>s CanHqves, contre l'autorité qui<br />

l'avait condamné f<br />

« Qu'il ne fal<strong>la</strong>it pas juger <strong>de</strong>s mœurs <strong>de</strong>s Orientaux par<br />

les nôtres 9 ni <strong>de</strong> <strong>la</strong> simplicité <strong>de</strong>s premiers séries par<br />

Sa eorrnptinn raffinée <strong>de</strong> nos temps mo<strong>de</strong>rnes; que SUS<br />

petites vanités9 neapetltes bienséances hypocrites, Re<strong>la</strong>ient<br />

pas connues à Jérusalem, et qu'on pensait et qu'on s'exprimait<br />

autrement à Jérosalem que dans <strong>la</strong> rue Saint-<br />

André <strong>de</strong>s Arci \ »<br />

Rien n'est plus vrai ni plus juste. Pourquoi <strong>du</strong>ne<br />

©ublle-t-il cette vérité et cette justice quand il juge<br />

l'original, lui qui les réc<strong>la</strong>me pour une imitation,<br />

et une imitation très-infidèle ?<br />

11 appelle un <strong>de</strong>s plus beaux psaumes (le soixanteseptième,<br />

Exsurgat Dem) urne ckamm <strong>de</strong> mrps<br />

<strong>de</strong> gar<strong>de</strong>. Quel ton et quel <strong>la</strong>ngage! Ce psaume fut<br />

composé par David, lorsqu'il it transporter rarche<br />

sur <strong>la</strong> <strong>mont</strong>agne <strong>de</strong> Siony où le temple <strong>de</strong>vait être<br />

bâti. La pompe lyrique <strong>de</strong> cette o<strong>de</strong> répond à celle<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> cérémonie, qui fut aussi auguste qu'elle <strong>de</strong>vait<br />

l'être. On lira ce psaume dans l'office <strong>du</strong> jeudi ; mais<br />

je mettrai ici en avant quelques traits <strong>de</strong> cette cksmson<br />

<strong>de</strong> corps <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>; et tous cetii qui se eonnaissent<br />

en esprit poétique, et qui ont l'idée <strong>de</strong>s formes<br />

<strong>de</strong> l'o<strong>de</strong>, jugeront si tfa ne les trouve pas mêtm<br />

dans une prose fidèle, malgré <strong>la</strong> prodigieuse distance<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> prose au <strong>la</strong>ngage mesuré.<br />

« Chantez Dieu, chantox son nom sur vos instruments;<br />

préparez k route à celui qui <strong>mont</strong>e au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux.<br />

Son nom est le Seigneur : réjouisses-vous en sa présence;<br />

mais que les méchants tremblent à k vue <strong>du</strong> père <strong>de</strong>s<br />

orphelins et <strong>du</strong> défenseur <strong>de</strong>s ventes.... Dieu mettra sa<br />

parole dans k bouche <strong>de</strong>s hérauts chargés <strong>de</strong> l'annoncer,<br />

et cette parole est puissante.... La <strong>mont</strong>agne <strong>de</strong> Dieu 3 est<br />

fertile. Pourquoi regaî<strong>de</strong>a*voiis à k fertilité <strong>de</strong>s astres<br />

1 On peut bien dire mm e&ntiqœ; car « n'est pas «lui et<br />

Salomon.<br />

* Ce sont là à peu près, autant fnlt m'es soutient, tes<br />

termes <strong>de</strong> sa Lettre à M. ei&epiim, et c'en est tres-eertaJnement<br />

<strong>la</strong> suhstae.ee, ftiolfoe je ne puisse citer fd que <strong>de</strong><br />

mémoire, n'ayant point <strong>de</strong> litres soos mes yeuz, et oëftgé<br />

souvent <strong>de</strong> travailler sus litres. C'est mon excuse, cramai<br />

mes citations ne seront pas tout à fait esactes dans les amis,;<br />

mais je garantis les choses. ~<br />

* Cest le nom qu'on donnait à <strong>la</strong> <strong>mont</strong>asse <strong>de</strong> Mon.

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