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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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174<br />

mour et <strong>de</strong> ffllusion ; mais il né faut pas croire que<br />

€e soit celui <strong>de</strong> mensonge. Cest <strong>de</strong> très-bonne foi<br />

qu'où le prononce quand os aime. Le propre <strong>de</strong><br />

l'amour, et c'est là aussi un <strong>de</strong> ses grands charmes,<br />

c'est d'avoir toujours raisonf même quand,il n'a<br />

pas le sens commun f et d'être toujours vrai en ne<br />

débitant que <strong>de</strong>s chimères. 11 est aussi impossible<br />

à celui qui aime bien <strong>de</strong> ne pas croire qu'il aimera<br />

toujours, qu'il l'est à un homme <strong>de</strong> sang-froid <strong>de</strong><br />

concevoir comment l'amour peut <strong>du</strong>rer toujours.<br />

L'essentiel s'est donc pas, après tout, même pour<br />

les femmes, d'être toujours aimées, mais <strong>de</strong> Pétrc<br />

bien parfaitement, <strong>de</strong> l'être <strong>de</strong> manière h se persua<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong> part et d'autre queçe<strong>la</strong> nesauraitinir ; comme<br />

l'essentiel s'est pas d'avoir <strong>la</strong> plus longue fie, mais<br />

d'avoir <strong>la</strong> plus heureuse. Or, en ce ses%, les poètes<br />

ut sont pas les plus mal partagés ; car nous sommes<br />

convenus tout à l'heure qu'ils aimaient parfaite*<br />

ment, c'est-à-dire, comme <strong>de</strong>s fous : <strong>la</strong> folie en ©e<br />

genre est <strong>la</strong> perfection. Je me <strong>la</strong>tte que ce petit<br />

commentaire sur Of i<strong>de</strong> se paraîtra pas hors<strong>du</strong> sujet,<br />

et que ni tes femmes, ni les amants, ni les poètes,<br />

ne pestent s'en p<strong>la</strong>indre.<br />

Ovi<strong>de</strong> ne borne pas là ses leçons, mais les <strong>de</strong>rnières<br />

sont d'un genre qui me force à borner cette<br />

analyse. Cependant je se luirai point cet article<br />

sans rendre encore hommage à <strong>la</strong> variété fertile et<br />

au caractère aimable <strong>de</strong> cet écrivais, qui a su se<br />

COU1S DE LÏTTÊRATU1E.<br />

plier avec succès à <strong>de</strong>s genres si différents. J*al parlé<br />

ailleurs <strong>de</strong> ses Métamorphoses, et l'os sait quelle<br />

p<strong>la</strong>ce éminente elles occupent parmi les plus belles<br />

pro<strong>du</strong>ctions <strong>de</strong> l'antiquité. Ses Fastes, dont sous<br />

n'avons que les sii premiers livres, sont bien inférieurs,<br />

mais ne sont pas son plus sans mérite : cet<br />

ouvrage est aui Métamorphoses ce qu'est us <strong>de</strong>ssin<br />

à un tableau. Les Fastes ont peu <strong>de</strong> coloris poétique;<br />

mais on y remarque toujours <strong>la</strong> facilité <strong>du</strong><br />

trait. Ses Hér&M<strong>de</strong>s, sortes ffépftrts amoureuses<br />

que Ton peut rapprocher <strong>de</strong> ses Élégies, ont le défaut<br />

<strong>de</strong> se ressembler toutes par le sujet. Ce sont<br />

toujours <strong>de</strong>s amantes malheureuses et-abandonnées.<br />

C'est Phyllis qui se p<strong>la</strong>int <strong>de</strong> Démophoon, Ifypsipyle<br />

<strong>de</strong> Jason, Déjanired'Hercule, Laodamie <strong>de</strong> Prêtéli<strong>la</strong>s,<br />

etc. On conçoit <strong>la</strong> monotonie qui résulte <strong>de</strong><br />

cette suite <strong>de</strong> p<strong>la</strong>intes, <strong>de</strong> reproches, <strong>de</strong> regrets qui<br />

reviennent sans cesse» Mais os ne saurait employer<br />

plus d'art et d'esprit à varier un fond si uniforme.<br />

Il y a même <strong>de</strong>s morceaux touchants et d'usé sensibilité<br />

qui doit sous faire comprendre aisément le<br />

grand succès qu'obtint sa tragédie <strong>de</strong> Médée. Nous<br />

ne l'avons plus; mais Quiotilien a dit qu'elfe faisait<br />

voir ee que l'auteur aurait pu faire, s'il avait su<br />

régler son génie au lieu <strong>de</strong> s'y abandonner. U faut<br />

avouer, en effet f avec les critiques les plus éc<strong>la</strong>irés,<br />

qu'Ovi<strong>de</strong>, dans tous ses ouvrages, a plus ou moins<br />

abusé d'une facilité toujours dangereuse quand on<br />

ne s'en défie pas. 11 ne se refuse en aucune manière<br />

<strong>de</strong> répéter <strong>la</strong> même pensée; et, quoique souvent<br />

elles soient toutes agréables, Fuse nuit souvent à<br />

l'autre. On peut lui reprocher aussi les faux bril<strong>la</strong>nts,<br />

les jeux <strong>de</strong> mots, les pensées fausses, <strong>la</strong> profusion<br />

<strong>de</strong>s ornements. Ainsi, venant après Virgile,<br />

Horace et Tibulle, les modèles <strong>de</strong> <strong>la</strong> perfection, i!<br />

a marqué le premier <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> déca<strong>de</strong>nce chez les<br />

Latins, pour n'avoir pas eu un goût asseï sévère et<br />

une composition assez travaillée.<br />

A le considérer <strong>du</strong> côté moral, quoique ses écrits,<br />

comme a dit un <strong>de</strong> nos poètes,<br />

A<strong>la</strong>rmait no peu Ilnooeenee,<br />

il m n'a <strong>du</strong> moins <strong>mont</strong>ré dans ses poésies que cette<br />

espèce d'amour que l'on peut avouer sans trente;<br />

et c'est us mérite presque unique dans <strong>la</strong> ecamipties<br />

<strong>de</strong>s mœurs grecques et romaines. H <strong>du</strong>t i sa passion<br />

extrême pour les femmes d'être préservé <strong>de</strong> <strong>la</strong> contagion<br />

générale. Il était d'un caractère trèt-doox, et<br />

lui-même se rend ce témoignage dans un endroit<br />

<strong>de</strong> ses Tristes, que <strong>la</strong> censure n'a jamais attaqué<br />

sa personne ni ses écrits : aussi était-il Tarai et le<br />

panégyriste <strong>de</strong> tous les talents. Tous les écrivains<br />

célèbres qui furent ses contemporains sont loués<br />

dans ses vers atoe autant <strong>de</strong> can<strong>de</strong>ur que d'affec­<br />

tion ; et il en est plusieurs parmi eus dont les ouvraga<br />

ont été per<strong>du</strong>s, et qui ne nous sont connus que par<br />

ses éloges.<br />

PJROPBBCB. — Les poésies <strong>de</strong> Prônera respirent<br />

toutes <strong>la</strong> chaleur <strong>de</strong> l'amour, et quelquefois <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

volupté ; et Ovi<strong>de</strong> l'a bien caractérisé lorsqu'il a dit,<br />

en par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> ses élégies, les feux <strong>de</strong> Pmperœ ><br />

Et Proper» mutait »*• mmM MI §MX.<br />

Smpè miki mUim reciêam Pmperlim i§nm.<br />

Mais U fait un usage trop fréquent <strong>de</strong> <strong>la</strong> mythe*<br />

logie, et ses citations, trop facilement empruntées<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Fable, ressemblent pies aui lieux «Mamans<br />

d'un poète qu'aur dis<strong>cours</strong> d'us amant. Une chose<br />

qui lui est particulière parmi les poètes erotiques,<br />

c'est qu'il est le seul qui n'ait célébré qu'une maltresse.<br />

U répète souvent à Cynthia qu'elle seule sera<br />

à jamais l'objet <strong>de</strong> ses chants : et il lui a tenu proie.<br />

Cependant il ne faut pas croire qu'il ait- été aussi<br />

iéèle dans ses amours que dans ses vers, car il fait<br />

à un <strong>de</strong> ses amis à peu près le même aveu qu'Ovi<strong>de</strong>.<br />

* Qiaeoa, dit>il, a ton début : le mtea est d'aimer tou­<br />

jours quelque cbese, *<br />

Il cosvient que c'est surtout au théâtre qu v il ne peut<br />

s'empêcher <strong>de</strong> désirer tout eo qu'il voit. U avoue

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