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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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AUCUNS. — POÉSIE.<br />

suivit songoit, SâtisÉtc<strong>du</strong>i <strong>de</strong>s autres,et n'effraya<br />

pas l'envie. Que lui a-l-il manqué ? Rien que <strong>de</strong> jouir<br />

plus longtemps d'une fie qu'il sa?ait si bien employer<br />

pour lui-même. 11 mourut à cinquante ans.<br />

OTIDB. — Les outrages et les malheurs d'Ovi<strong>de</strong><br />

l'ont ren<strong>du</strong> également célèbre, La postérité jouit<br />

<strong>de</strong>s «as, et n'a pu encore expliquer les autres. Son<br />

ejxil est un mystère sur lequel <strong>la</strong> curiosité s'est épuisée<br />

en conjectures inutiles. 11 est bien sûr que son<br />

poëme <strong>de</strong> tJri d'aimer m fut le prétexte ; mais sa<br />

discrétion, apparemment nécessaire, nous en a caché<br />

<strong>la</strong> véritable cause* 11 répète en vingt endroits :<br />

« in cris» est étmmïmém ye«x. Pourquoi ai«ja tu<br />

ce que je ne <strong>de</strong>vais pas icar? »<br />

Qu'aiait-il vu ? C'est ce que nous ignorons. On a<br />

eratoaa même écrit <strong>de</strong> son temps qu'il avait sur*<br />

pris Auguste commettant un inceste. Rien s'est<br />

moins viaiaemb<strong>la</strong>ble. Il cet été trop ma<strong>la</strong>droit <strong>de</strong><br />

rappeler sans cesse à ce prinee ce qui <strong>de</strong>vait le faire<br />

rougir. Il est plus probable qu'ayant un accès facile<br />

dans <strong>la</strong> maison d f Auguste 9 qui estimait ses talents 9<br />

il lut témoin <strong>de</strong> quelque action honteuse à <strong>la</strong> famille<br />

impériale ; et ce qui vient à l'appui <strong>de</strong> cette opinion ,<br />

c'est que, après <strong>la</strong> mort d'Auguste, Tibère ne rappe<strong>la</strong><br />

point Ovi<strong>de</strong> <strong>de</strong> son exil ; d'où Pou peutjcon<strong>du</strong>re<br />

que, dans ce qu'il avait ta, Auguste n'était pas le<br />

seul qui Ht compromis. Quoi qu'il en soit, ce fat un<br />

atas <strong>de</strong> pouvoir, un acte <strong>de</strong> tyrannie très-odieux,<br />

que d'exiler un chevalier romain pour <strong>la</strong> faute d'auirai<br />

Le prétexte<strong>de</strong>eetteeruauté était absur<strong>de</strong>. Gommait<br />

©tait-on punir les vers d'Ovi<strong>de</strong>, beaucoup<br />

eaaias libres que ceux d'Heraee? Ces féiexions ont<br />

étéisitfat»et il font les répéter, pree qu'on ne peut<br />

pat trop souvent condamner l'injustice, surtout dans<br />

ceux api peuvent être injustes impunément.<br />

Ovi<strong>de</strong>, accoutumé aux délices <strong>de</strong> Rome , et transporté<br />

Y à Fige <strong>de</strong> cinquante ans, aux extrémités <strong>de</strong><br />

Fempwe romain, sur les bords <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer Moire,<br />

iaat a» pays sauvage et sous un climat très-rigoureux<br />

f aurait été assez puni, quand mime ti eéf<br />

commis <strong>la</strong> faute <strong>la</strong> plus grave. Qae sera-ce si Ton<br />

s*mg@ qu'il était iaaaceat? Il mérite sans doute <strong>la</strong><br />

pitié, et l'on peut même lui pardonner d'avoir été<br />

accablé <strong>de</strong> son exil f comme Cicéron 1e fut <strong>du</strong> sien.<br />

Je sais que Gresset a dit :<br />

Je cesse d'estimer Ovi<strong>de</strong> *<br />

Quand il vtont, ma <strong>de</strong> fUbles tous,<br />

Me ebaster, pleureur insipi<strong>de</strong> s<br />

De longues <strong>la</strong>mentations.<br />

Grasset en parle bien à son aise. 11 faut se souvenir<br />

qu'il y a tel exil qui peut paraître pire que<br />

<strong>la</strong> mort; et celui d'Ovi<strong>de</strong> était <strong>de</strong> cette espèce.<br />

"~ " ? le tes* autres maux TU était séparé<br />

171<br />

d'une femme qu'il adorait; et <strong>la</strong> plus intéressante<br />

<strong>de</strong> ses élégies , sans nulle comparaison, est celle<br />

où il détaille les circonstances <strong>de</strong> son départ, <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>rnière nuit qu'il passa dans Rome, et les adieux<br />

tendres et douloureux <strong>de</strong> son épouse. He jugeons<br />

pas le malheur <strong>de</strong> si loin 9 et ne croyons pas que<br />

<strong>la</strong> sensibilité soit toujours une faiblesse. Ce qae je<br />

reproche à Ovi<strong>de</strong>, 'ce n'est pas <strong>de</strong> sentir "son infortune,<br />

elle était affreuse; c'est d'en adorer l'auteur;<br />

c'est l'excès continuel et fatigant <strong>de</strong> ses<br />

f<strong>la</strong>tteries prodiguées à son oppresseur; c'est cette<br />

basse idolâtrie qu'il porta au point <strong>de</strong> lui élever,<br />

même après sa mort, un autel où il sacri<strong>la</strong>lt tous<br />

les jours. Yoilà ce que le malheur ne peut excuser,<br />

pree que rien n'oblige d'être vil. Au reste<br />

sa bassesse et son encens furent per<strong>du</strong>s f et ses<br />

<strong>de</strong>ux divinités, Auguste et Tibère, furent également<br />

sour<strong>de</strong>s pour lui. '<br />

Les élégies composées pendant son exil9 et qu'il<br />

intitu<strong>la</strong> ks Tristes, sont, à l'exception <strong>de</strong> celle<br />

dont je viens <strong>de</strong> parler, généralement fort médiocres.<br />

Il joint à <strong>la</strong> monotonie <strong>du</strong> sujet celle <strong>du</strong> style :il<br />

y a trop peu <strong>de</strong> sentiments et beaucoup trop<br />

d'esprit. On voit que <strong>la</strong> douleur ne saurait passer<br />

<strong>de</strong> son âme jusque dans son style, et Ton croirait<br />

qu'il s'amuse <strong>de</strong> ses p<strong>la</strong>intes et <strong>de</strong> ses vers.<br />

Ovi<strong>de</strong>, né avec un génie facile et abondant ,<br />

une imagination riante et voluptueuse 9 et comme<br />

a dit M. Mar<strong>mont</strong>el,<br />

Eeiiiit gftté te Katci et iks Gften»<br />

De leurs frète» bril<strong>la</strong>nt dJssipaiesr„<br />

Et <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>isirs savant légis<strong>la</strong>teur,<br />

Ovi<strong>de</strong> était bien plus fait pour être le peintre <strong>de</strong>s<br />

voluptés que le chantre <strong>du</strong> malheur» Ses trois livres<br />

<strong>de</strong>s Jwwm$9 ouvrage <strong>de</strong> sa jeunesse, ont tout<br />

l'éc<strong>la</strong>t, toute <strong>la</strong> fraîcheur <strong>de</strong> fige où il les composa<br />

: il est impossible d'avoir plus d'esprit et d'agrément.<br />

1 n'a, je l'avoue, ai <strong>la</strong> sensibilité, ni l'élégance,<br />

ni <strong>la</strong> précision <strong>de</strong> Tisalîa; il est moins<br />

pssîaaaé que Properee. On peut lui reprocher<br />

l'abus <strong>de</strong> <strong>la</strong> facilité, <strong>de</strong> fréquentes répétitions d'idées<br />

i et quelquefois <strong>du</strong> mauvais goût. Mais quelle<br />

foule d'idées ingénieuses et <strong>de</strong> détails charmants ?<br />

Quelle vérité d'images gracieuses et <strong>de</strong> meuve*<br />

ments toujours aimables 1 Comme il aime franchement<br />

le p<strong>la</strong>isir ! Cest là ce qui manque à tant d'auteurs<br />

qui ont voulu l'imiter* On voit trop que c'est<br />

un air qu'ils se donnent % et qu'ils sont beaucoupplus<br />

sages fafîl ne voudraient nous le faire croire.<br />

Ils n'ont pas ce ton <strong>de</strong> vérité sans lequel on ne persua<strong>de</strong><br />

jamais. Ils oublient qu'on n'a jamais bonne<br />

grâce à vouloir être ce qu'on n'est pas. Boieau a si<br />

bien di! ;<br />

9 m **>

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