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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCIENS. — POÉSIE,<br />

mépris injuste. D'antres, qui l'estimaient eu proportion<br />

<strong>de</strong> ce qu'il leur avait coûté à entendre, Tout<br />

exalté outre mesure, comme on étagère le pris d'us<br />

trésor qu'os a découvert et qu'on croit possé<strong>de</strong>r seul.<br />

Un père <strong>de</strong> l'Église le jeta par terre, en disant : Puisque<br />

tune peux pas éêre compris, reste Jà.Un autre<br />

jeta ses satires au feu , peut-être pour foire cette<br />

mauvaise pointe : Brûtom-ks peur k$ rendre c<strong>la</strong>ires.<br />

Plusieurs savants, entre autres, Scaliger, Meursius,<br />

Heinskn, et Bayle, n'ont été frappés que <strong>de</strong><br />

son obscurité. D'autres Font mis au-<strong>de</strong>ssus d'Horace<br />

et <strong>de</strong> Jovénal. Cherchons <strong>la</strong> vérité entre ces extrêmes,<br />

et, quand nous aurons assez travaillé sur cet<br />

auteur pour le bien comprendre, nous serons <strong>de</strong> IV<br />

vis <strong>de</strong> Qaintilien, qui dit <strong>de</strong> Perse :<br />

«Mm mérité beaucoup <strong>de</strong> gtoe et <strong>de</strong> vraie gloire. »<br />

C'est qu'en effet sa morale est excellente, et son<br />

esprit très-juste; qu'il a <strong>de</strong>s beautés réelles t et propres<br />

au genre satirique ; que son expression est quelquefois<br />

très-heureuse; que ses préceptes sont vraiment<br />

ceux d v 1*7<br />

et conséquent, et l'on se p<strong>la</strong>int seulement que l'auteur<br />

ait eu une tournure d*esprit si extraordinaire,<br />

qu'on dirait qu'il ait trouvé trop commun d'être enten<strong>du</strong>,<br />

et qu'il n'ait voulu être que <strong>de</strong>viné.<br />

* Mais, je le répète, il vaut <strong>la</strong> peine <strong>de</strong> l'être, et<br />

ceux qui ne savent pas sa <strong>la</strong>ngue pourront, en lisant<br />

festimable tra<strong>du</strong>ction qu'en a faite M. Sélis, et les<br />

notes et les dissertations également instructives<br />

qu'il y a jointes f s'assurer que Perse est un écrivais<br />

d'un vrai mérite, et digne <strong>de</strong> l'honneur que lui a fut<br />

Boileau <strong>de</strong> lui emprunter plusieurs traits, plusieurs<br />

morceaux qui ne sont pas les moins heureux <strong>de</strong> ses<br />

satires. Tel est ce vers si connu,<br />

Le moment où Je parle est déjà lofa <strong>de</strong> moi s<br />

qui dans l'origtpal, ne tient'que <strong>la</strong> moitié d'un vers.<br />

Telle est cette belle prosopopée <strong>de</strong> F Avarice et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Volupté* dont Boileau n'a imité que <strong>la</strong> moitié. '<br />

U mmmm mu ses yetu emmmmm à l'épancher,<br />

Debout, dit ratifiée; H est tempe <strong>de</strong> marcher. —<br />

Eh! <strong>la</strong>inei-moi.^-DdxMit—Un moment—Ta répllquei! —<br />

ApdnefoBoleUfaitoiivrirletlioiiUiiaM.- '<br />

unsage; et que plusieurs <strong>de</strong> ses vers ont M%sfffjffe, lète-tol. — Pour ipol filtre, après tant? —<br />

été retenus comme <strong>de</strong>s proverbes <strong>de</strong> morale. C'en Pont courir l'Océan <strong>de</strong> Pun à loutre bout, • ."<br />

est assez peut-être pour dédommager <strong>de</strong> <strong>la</strong> peine Chereher jusqu'au <strong>la</strong>pon k noredalneet Pamère,<br />

lepporter <strong>de</strong> Goa le poivra et le gingembre. —<br />

qu'il donne au lecteur qui veut le connaître; car c'en Mata f ai <strong>de</strong>s Mess en foule, et Je puis m<br />

est une, et il faut d'abord avouer que c'est là un<br />

défaut véritable. L'obscurité est toujours blâmable,<br />

puisqu'elle est directement opposée au but <strong>de</strong> tout<br />

auteur, qui est <strong>de</strong> répandre <strong>la</strong> lumière. On a dit pour<br />

le justifier, que vou<strong>la</strong>nt attaquer Héron indirectement<br />

et sans trop s'exposer, il s'enveloppait à<br />

<strong>de</strong>ssein. Mais cette apologie est insuffisante ; elle<br />

ne pourrait regar<strong>de</strong>r qu'un petit nombre <strong>de</strong> vers,<br />

où l'on croit, avec assez <strong>de</strong> vraisemb<strong>la</strong>nce, qu'il a<br />

voulu <strong>de</strong>sign» le tyran ; et l'obscurité <strong>de</strong> Perse est<br />

partout à peu prèségale. De plus, l'application plus<br />

m moins incertaine <strong>de</strong> tel ou tel endroit ne rend pas<br />

<strong>la</strong> diction en elle-même plus difficile à expliquer. 11<br />

faut dire encore à <strong>la</strong> louange <strong>de</strong> Perse, que ce n'est<br />

mi l'embarras <strong>de</strong> ses conceptions, ni <strong>la</strong> mauvaise logique,<br />

ni <strong>la</strong> recherche d'idées a<strong>la</strong>mbiquées qui jette<br />

<strong>de</strong>s nuages sur son style; c'est <strong>la</strong> multiplicité <strong>de</strong>s<br />

ellipses, <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong>s idées intermédiaires,<br />

l'usage fréquent <strong>de</strong>s tropes les plus hardis, qui entassent<br />

dans un seul vers un trop grand ;n&mbre<br />

<strong>de</strong> rapports plus ou moins éloignés les uns <strong>de</strong>s autres,<br />

et offrent à l'esprit trop d'objets'à embrasser<br />

à <strong>la</strong> fois; e'est enln <strong>la</strong> contexture même <strong>de</strong> ses satires,<br />

composées le plus souvent d'un dialogue si<br />

brusque et si entrecoupé qu'il faut une gran<strong>de</strong> attention<br />

pour suivre les interlocuteurs, s'assurer<br />

quel est celui qui parle, suppléer les liaisons, et renouer<br />

un II qui se rompt à tout moment. Mais quand,<br />

m travail est fait, os s'aperçoit que tout est juste<br />

f en paner. —<br />

On n'en peut trop a?olr, et pour en amasser<br />

I Mtetèpefgiiernlerlsienipeijiire;<br />

II faut souffrir <strong>la</strong> faim et eoueher sur <strong>la</strong> fia»;<br />

Eût-on plus <strong>de</strong> trésors que n'en perdit Galet f<br />

n'avoir eh m maison nt meuble ni valet ;<br />

Parmi les tas <strong>de</strong> blé ?l¥re <strong>de</strong> seigle et d'oife;<br />

De peur <strong>de</strong> perdre m l<strong>la</strong>id f souffrir qtftm vous égorge. —<br />

Et pour i|lii cette épargne enfin?—Llgnores-ta?<br />

Ain qu'an héritier, Men nourri, Men Téta/<br />

Profitant d'un trésor en tn mains Inutile $<br />

De son train quelque Jour embarrasse <strong>la</strong> Yflle. —<br />

Que faire ? — Il feint fnatlr s lea mateMs mut ftfits *<br />

Mais dans Perse v pendant qtie l'Avarice éveille<br />

.cet homme, <strong>de</strong> Pautre côté <strong>du</strong> lit, <strong>la</strong> Volupté l'exhorte<br />

à dormir sur Tune et l'autre oreille; en sorte<br />

que le malheureux ne sait à qui entendre. Le tableau<br />

est plus fort par ce contraste y et l'on ne sait pourquoi<br />

Detpréaux se Ta pas imité tout entier.<br />

Une <strong>de</strong>s singu<strong>la</strong>rités <strong>de</strong> Perse, c'est qu'il était admirateur<br />

passionné tfHoraee. 11 le caractérise fort<br />

bien dans un endroit <strong>de</strong> ses satires, et dans une<br />

foule d'antres il se sert <strong>de</strong> ses idées 9 <strong>de</strong> manière à<br />

faire voir qu'il n'y a?ail p<strong>la</strong>t <strong>de</strong> leeturt qui lui 1%<br />

plus familière. C'est un exemple peut-être unique<br />

dans l'histoire littéraire que cette espèce <strong>de</strong> CôIIîmerce<br />

entre <strong>de</strong>ux auteurs qui sont si loin <strong>de</strong> le rassembler.<br />

• *#<br />

Perse a <strong>de</strong> quoi intéresser ceux à qui les qualités<br />

personnelles cfua auteur ren<strong>de</strong>nt encore §%s ouvrages<br />

plus chars, H a?ail <strong>de</strong> <strong>la</strong> naissante el <strong>de</strong> J» fortune,<br />

<strong>de</strong>ux moyens <strong>de</strong> sé<strong>du</strong>ction* surtout dans un siècle<br />

très-çorrompu'^ et noiprwnt il f'aéfonna <strong>de</strong> bonne<br />

.• * •<br />

•t -

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