23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

ANCIENS. — POÉSIE.<br />

«in premier ambitieux qui voudrait régner» Maries<br />

et Syllà l'avaient déjà fait : Pompée, au retour <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> guerre <strong>de</strong> Mithridate, pouvait être le maître <strong>de</strong><br />

Rome ; et c'est pour ne l'avoir pas voulu qu'il déviât<br />

l'idole <strong>du</strong> sénat. César et Antoine avaient régné.<br />

M. Dnsatiix nous dit lui-même que tous les<br />

défenseurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté avaient péri, que tous les<br />

Romains étaient enchantés <strong>de</strong> respirer enfin sous<br />

une autorité tranquille. Que <strong>de</strong>viennent donc les reproches<br />

qu'il adresse au poète ? Pourquoi Tappêllet-il<br />

esdmm m f<strong>la</strong>tteur f Quand tout le mon<strong>de</strong> est<br />

content <strong>du</strong> gouvernement ; quand il est bien avéré<br />

que Rome, se pouvant plus se passer d'un maître,<br />

n'a rien à désirer que d'en avoir un bon ; quand<br />

elle Ta trouvé, celui qui prend sa part <strong>du</strong> bonheur<br />

général, comme tous les autres, est-il tut mdave<br />

ou seulement un homme raisonnable? et celui qui<br />

loue son bienfaiteur n'est-il qaUvn f<strong>la</strong>tteur ou bien<br />

' on homme reconnaissant?<br />

Ces louanges, d'ailleurs, étaient-elles dénuées <strong>de</strong><br />

fon<strong>de</strong>ment ? M. Dssaulx, dans ses notes, traite Auguste<br />

avec beaucoup <strong>de</strong> mépris : ce n'est pas ainsi<br />

qu'en parlent les historiens. Il avait <strong>de</strong> f esprit, <strong>de</strong>s<br />

talents, et <strong>du</strong> caractère : c'en est assez pour rendre<br />

sa haute.fortunc concevable. Il manqua <strong>de</strong> courage<br />

dans plusieurs occasions, mais il en <strong>mont</strong>ra<br />

dans beaucoup d'autres ; ce qui prouve seulement<br />

que <strong>la</strong> bravoure n'était pas chez lui une qualité<br />

naturelle, mais une affaire <strong>de</strong> raisonnement et <strong>de</strong><br />

calcul, et qu'il ne s'exposait que quand il le croyait<br />

nécessaire. A f égare! <strong>de</strong> son règne, il semble consacré<br />

par le suffrage <strong>de</strong> tous les siècles. Il faut<br />

sans doute détester Octave, mais il faut estimer.Auguste.<br />

11 y a eu véritablement <strong>de</strong>ux hommes en lui,<br />

que 9 parmi les mo<strong>de</strong>rnes, Ton n'a pas toujours assez<br />

distingués ; et il ne faut pas que f un <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux hommes<br />

nous ren<strong>de</strong> injustes envers l'autre. M. Dusauli<br />

dit que son caractère a été dévoilé <strong>de</strong>puis que les<br />

philosophes ont écrit l'histoire. 11 suffisait <strong>de</strong> <strong>la</strong> lire<br />

dans les anciens pour avoir une idée très-juste <strong>de</strong><br />

ce caractère, qui n'a jamais été une énigme. Aucun<br />

d'eux n'a reproché aux écrivains <strong>de</strong> son temps les<br />

éloges qu'Auguste en a reçus, et c'est une injustice<br />

<strong>du</strong> nôtre <strong>de</strong> faire un crime à Horace et à Virgile d'avoir<br />

célébré un règne qui fit pendant quarante ans le<br />

bonheur <strong>de</strong> Eome, et qui valut à Auguste, après sa<br />

mort, rhommage le moins équivoque <strong>de</strong> tous, les<br />

regrets et les <strong>la</strong>rmes <strong>de</strong> tout l'Empire. On veut toujours<br />

confondre ce règne avec les proscriptions<br />

d'Octave. On peut contester les louanges ; mais jusqu'ici<br />

l'on n'a pas, ce me semble, démenti les regrets<br />

; et quand les peuples pleurent un souverain,<br />

i faut les en croire. Songeons que c'est un principe<br />

16S<br />

très dangereux <strong>de</strong> refuser justice à celui qui fait le<br />

bien après avoir fait le mal. Soit remords, soit politique<br />

, en un mot, quel qu'en soit le motif9 il est<br />

<strong>de</strong> l'intérêt général <strong>de</strong> n'ôter jamais aux hommes<br />

l'espérance d'effacer leurs fautes en <strong>de</strong>venant meilleurs.<br />

Je croîs avoir assez prouvé qu'Horace ne <strong>de</strong>vait<br />

ni regretter le passé ni se p<strong>la</strong>indre <strong>du</strong> présent.<br />

On l'accuse <strong>de</strong> n'avoir pas pensé à l'avenir. Assurément<br />

c'est l'attaquer <strong>de</strong> toutes les manières. Mais<br />

sous quel point <strong>de</strong> vue veut-on que cet avenir fait<br />

occupé ? 11 pouvait craindre (ce qui est arrivé) que<br />

<strong>de</strong>s tyrans ne succédassent à un bon maître. Mais<br />

cette crainte peut exister en tout temps dans un<br />

gouvernement absolu ; et en supposant que <strong>la</strong> liberté<br />

républicaine eût été rétablie un moment, comme<br />

elle pouvait l'être par l'abdication d'Auguste, on<br />

<strong>de</strong>vait avoir une autre crainte ; c'était que cette liberté<br />

ne fût bleuté! troublée par <strong>de</strong> nouvelles guerres<br />

civiles. L'use au l'autre <strong>de</strong> ces inquiétu<strong>de</strong>s doit<br />

être l'objet <strong>de</strong>s hommes d'État, <strong>de</strong> ceux qui peuvent<br />

influer sur <strong>la</strong> chose poblique; mais aucune <strong>de</strong> ces<br />

considérations ne peut déterminer le ton ni le genre<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> satire; et peut-être M. Dusaulx a-t-IÎ voulu<br />

re<strong>mont</strong>er un peu trop haut pour tracer les <strong>de</strong>voirs<br />

<strong>du</strong> satirique, et les différents caractères <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

poètes qu'il a comparés.<br />

Ce qu'il dit d'Horace, qu'il sentit jusqu'où ses<br />

talents pouvaient tékver sous un empereur, pourrait<br />

le faire regar<strong>de</strong>r comme un politique ambiieux.<br />

11 est pourtant vrai que jamais homme ne fut plus<br />

éloigné ni <strong>de</strong> l'ambition ni <strong>de</strong> <strong>la</strong> cupidité. Il refusa<br />

<strong>la</strong> p<strong>la</strong>œ <strong>de</strong> secrétaire d'Auguste, p<strong>la</strong>ce qui pouvait<br />

f<strong>la</strong>tter <strong>la</strong> vanité et éveiller l'espérance; et sa fortune<br />

et ses vœux furent toujours au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s offres <strong>de</strong><br />

Mécène. On sait que c'est à <strong>de</strong>ux hommes <strong>de</strong> lettres,<br />

Virgile et Varius, qu'il <strong>du</strong>t <strong>la</strong> protection et<br />

l'amitié <strong>de</strong>s favoris d'Auguste : ce ne sont pas là les<br />

recommandations d'un intrigant.<br />

Est-il juste <strong>de</strong> dire que toute sa mon<strong>de</strong> n'était<br />

qu'un eakul <strong>de</strong> mktptés, et $e$ écrits tut traité <strong>de</strong><br />

l'art <strong>de</strong> jouir? On peut aimer et chanter le p<strong>la</strong>isir,<br />

et avoir une autre morale que le calcul <strong>de</strong>s jouissances.<br />

La sienne aurait-elle été appelée celle <strong>de</strong><br />

tous les honnêtes gens, si elle n'avait pas eu un autre<br />

caractère? Il était épicurien, il est vrai, mais dais<br />

le vrai sens <strong>de</strong> ce mot. Les gens instruits savent combien<br />

l'on s'en est éloigné dans Faeception vulgaire.<br />

Horace, fidèle à <strong>la</strong> véritable doctrine d'Êpieurc, fut<br />

toujours loin <strong>de</strong>s excès : on voit pas ses écrits, où il<br />

se peint avec tant <strong>de</strong> naïveté, qu'il s'était sujet, ni<br />

à <strong>la</strong> débauche grossière, ni à rivresse, ni à <strong>la</strong> «pule,<br />

ni aux folles profusions; qu'il s'avait <strong>de</strong> luxe<br />

d'aucune espèce; que tous ses goâts étaient mo<strong>de</strong>*<br />

.11.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!