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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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eprend, que l'on corrige? Est-ce là Je graviié <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> satire, dont le bot doit être si moral ? et doit-elle<br />

n'être qu'un jeu d'esprit et nue déc<strong>la</strong>mation <strong>de</strong> rhéteur?<br />

Je me rappelle à ce propos un mot très-sensé<br />

d $ tine femme <strong>de</strong>vant qui tin jeune homme priait<br />

<strong>de</strong> tout le sexe avec un ton <strong>de</strong> dénigrement qu'il<br />

croyait très-philosophique : « Ce jeune homme,<br />

dît-elle, ne se souvient-il ps qu v au moins il a eu<br />

une mère? »<br />

« Horace semble avoir es plus d'envie <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ire que <strong>de</strong><br />

corriger. »<br />

D'abord tout poète, tout écrivain doit, jusqu'à un<br />

certain point y désirer <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ire, car ce c'est qu'en<br />

p<strong>la</strong>isant qu'il peut être utile. Ce fut certainement<br />

le but principal d'Horace dans ses o<strong>de</strong>s, dans ses<br />

éfitfcs; et fou peut y joindre l'envie <strong>de</strong> s'amuser,<br />

quand on connaît son goût pour <strong>la</strong> poésie, et <strong>la</strong> tournure<br />

<strong>de</strong> sou caractère. Mais, dans ses satires, sa<br />

composition me parait plus sévère, plus morale , et<br />

suffisamment adaptée au genre. Cette distinction,<br />

qui est réelle, est ici d'autant plus importante t que<br />

M. Dusaulx, pour juger Horace comme poète satirique,<br />

ne cite jamais que ses épîtres, quoique,<br />

pour être conséquent, il ne fallût citer que ses<br />

satires.<br />

« Éc<strong>la</strong>iré par eus propre intérêt, et se jugeant incapable<br />

<strong>de</strong> remplir avec distinction les <strong>de</strong>voirs pénibles d'oïl vrai<br />

féfeeMkaâi, U sentit jusqu'oè pouvaient s'élever sans<br />

efforts <strong>la</strong> finesse, les grâces et k culture <strong>de</strong> son esprit,<br />

qualités peu considérées jusqu'alors ehei un peuple turbulent,<br />

qui n'avait médité que <strong>de</strong>s conquêtes. »<br />

COURS VE LITTÉRATURE.<br />

Ces suppositions sont peut-être plus raffinées que<br />

soli<strong>de</strong>s. Il est probable que, même sous le gouvernement<br />

républicain, le caractère doux et modéré<br />

d'Horace, son goût pour les lettres, pour le loisir<br />

et l'indépendance, l'auraient écarté <strong>de</strong>s emplois<br />

publics, puisque sa faveur même auprès d'Auguste<br />

ne rengagea pas à les rechercher. Mais rien ne nous<br />

prouve que, dans le cas où il en eût été chargé, il<br />

• f ca fût mal acquitté. U avait <strong>de</strong> <strong>la</strong> probité et <strong>de</strong><br />

l'esprit : pourquoi n'aurait-il ps été capable <strong>de</strong> faire<br />

ce que fit Othon, qui, plongé dans toutes les débauches<br />

imaginables ( ce qui est fort au <strong>de</strong>là d'Horace),<br />

fut, dans son gouvernement <strong>de</strong> Portugal » <strong>de</strong> l'aveu<br />

4e tous les historiens, un modèle <strong>de</strong> sagesse et<br />

«l'intégrité ? Mais v dans tout état <strong>de</strong> cause, ce<strong>la</strong> n'était<br />

point nécessaire au bonheur d'Horace ni à sa.<br />

ceeailérafle»; car il c'est pas vrai que les talents<br />

<strong>de</strong> l'esprit en eussent si pu cftei les Romains avant<br />

Auguste* Térence avait vécu dans <strong>la</strong> société <strong>la</strong> plus<br />

intime avec Seipion et Lelius, les <strong>de</strong>ux hommes les<br />

plus considérables <strong>de</strong> leur temps ; et l'on put croire<br />

qu'Horace n'aurait ps été moins bien traité par les<br />

principaux citoyens <strong>de</strong> <strong>la</strong> république.<br />

• ia politesse, l'éc<strong>la</strong>t et <strong>la</strong> fatale sécurité <strong>de</strong> ce règne<br />

léthargique n'avaient rien d'odieux pur un homme dont<br />

presque tonte <strong>la</strong> morale c'était qu'on calcul <strong>de</strong> voluptés,<br />

et dont les différants écrits ne formatent qn f un long traité<br />

<strong>de</strong> Fart <strong>de</strong> jouir <strong>du</strong> présent, sans égard sec msJtietin qui<br />

meiiaçajeiit <strong>la</strong> postérité.... Il n'affecta point <strong>de</strong> regretter<br />

i'mutéritéjb Taneien gonvêrnemenL.. il vil qn*M pouvait<br />

être impunément le f<strong>la</strong>tteur et k complice dW homme<br />

qui régnait sans obstacles. »<br />

J'ai pîne à concevoir quels reproches on prétend<br />

faire ici à Horace. Veut-on dire que, s'il avait été<br />

un vrai républicain , Impolitesse el iécktt <strong>du</strong> règne<br />

d'Auguste l'auraient indigné? Mais pourquoi tentée<br />

qu'il ait pnsé autrement que tout le reste <strong>de</strong>s<br />

Romains? C'est M. Dusaulx lui-même qui vient<br />

<strong>de</strong> nous dire, vingt lignes plus haut, ces propres<br />

paroles :<br />

« Le souvenir <strong>de</strong>s discor<strong>de</strong>s civiles faisait amwer Fauteur<br />

<strong>de</strong> m calme nouveau.... VïMmion était générale. •<br />

En quoi donc Horace est-il répréhensiMe d'avoir<br />

partagé les sentiments <strong>de</strong> tousses concitoyens ? Pourquoi<br />

voudrait-on qu'il eût été seul républicain quand<br />

il n'y avait plus <strong>de</strong> république? Il ne reste qu'une<br />

seule réponse possible, c'est <strong>de</strong> soutenir que tout<br />

le mon<strong>de</strong> avait tort, et qu'il fal<strong>la</strong>it abhorrer le pou*<br />

voir d'Aupste. Mais cette <strong>de</strong>rnière réponse nous<br />

obligera seulement à répéter ce qui <strong>de</strong>puis longtemps<br />

est dé<strong>mont</strong>ré f que les Romains ne pouvaient<br />

ni ne <strong>de</strong>vaient avoir une autre façon <strong>de</strong> penser. Que<br />

put signifier <strong>la</strong> fatale sécurité me ce rêgme iêêkargique,<br />

et cette austérité <strong>de</strong> <strong>la</strong>wcîem gouvernement<br />

que l'on voudrait qu'Horace eût regrettées? Certes,<br />

il y avait longtemp qu'il n'était plus question<br />

é'amtérité m <strong>du</strong> §&mermmmt ancien. C'est cinquante<br />

ans aupravant, c'est dans le Icrap <strong>de</strong>s<br />

guerres <strong>de</strong> Marins et <strong>de</strong> Syl<strong>la</strong>que Ton pouvait encore<br />

regretter quelque chose. Mais après cinq ou six<br />

guerres civiles, toutes plus sang<strong>la</strong>ntes les unes que<br />

les autres! <strong>la</strong> sécwrMê <strong>du</strong> règne d'Auguste était-clie<br />

fatale ou mkttaimî 11 n'y a pas <strong>de</strong> milieu : ou il<br />

fout convenir que les Romains eurent raison <strong>de</strong> se<br />

trouver très heureux sous le gouvernement d'Auguste,<br />

ou il faut prouver que Rome pouvait encore<br />

être libre. Mais M. Dusaulx sait aussi bien que moi<br />

que ce n'est plus une question. S'il existe dans l'histoire<br />

un résultat bien avoué, bien reconnu, c'estqu'il<br />

était moralement et politiquement impossiblequ'tiiie<br />

république riche et corrompue, qui envoyait désarmées<br />

puissantes dans les trois parties<strong>du</strong> mon<strong>de</strong>, sans<br />

aucun pouvoir ccactlf capable d'en imposer aux généraux<br />

qui les commandaient, ne fût ps à <strong>la</strong> merci

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