23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

1*0<br />

COUS DE UTTÉRATDBB.<br />

recette» peur tels f il comprit fn*i MMf encore re<strong>mont</strong>er<br />

à <strong>la</strong> source <strong>du</strong> mal $ et dissiper le prestige <strong>de</strong>s fiasses fer<strong>la</strong>s<br />

| car il faut , dit Montaigne ; êter le masque aussi Men<br />

<strong>de</strong>s ehmes que <strong>de</strong>s personnes. De là ces satires os plutôt<br />

ces belles harangues contre nos Tains préjugés, plus forts<br />

et bien autrement accrédités'que <strong>la</strong> saine rassoit,<br />

« Il est aisé maintenant <strong>de</strong> sentir peurqnoi Horace a<br />

' plus <strong>de</strong> partisans que Jovénal. On sait que <strong>de</strong>puis longtemps<br />

<strong>la</strong> verta sans ilkge n'a plus <strong>de</strong> <strong>cours</strong> ; qne ceai qui<br />

b professent dais tonte sa pureté ont toujours pins d'adversaires<br />

que <strong>de</strong> disciples, et qu'ils révoltent pins souvent<br />

qu'ils ne persua<strong>de</strong>nt, Supposé que les riches , presque toujours<br />

insatiabiesi fessent sans pn<strong>de</strong>nr et sans humanité<br />

quand il s s éeetof pas 9 préUrera sans hésiter b rigueur d'une morale<br />

invariable à tous tes palliatifs d'un auteur comp<strong>la</strong>isant.<br />

Ainsi Juvénal serait le premier <strong>de</strong>s satiriques ; si <strong>la</strong> Ter te<br />

était le premier besoin <strong>de</strong>s hommes ; wmis, comme il le<br />

dit lui-même, m mule <strong>la</strong> proMté, tandis gu'dteM motfond.<br />

* Je conclus <strong>de</strong> ces considérations qu'Horace écrivit en<br />

courtisan adroit 9 Juvénal en citoyen zélé ; que l'un ne hisse<br />

fies à désirer à un esprit délicat et voluptueux y et que<br />

Fautre satisfait pMseœent une âme forte et rigi<strong>de</strong>. *<br />

Voilà sans doute un morceau d'une éloquence<br />

austère et digue d'uu tra<strong>du</strong>cteur <strong>de</strong> Juvénal. Mais<br />

agit <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir encore plus riches ; supposé que est-il bien réfléchi? Horace mérite-t-il tous les re­<br />

for, an lieu <strong>de</strong> circuler également dans tous les membres proches qu<br />

<strong>de</strong> FÉtat, et d'y porter <strong>la</strong> vie, se servit plus qu'à fomenter<br />

le lèse insolent <strong>de</strong>s parvenus : quel serait, je vous prie 9 le<br />

sort <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux orateurs , dont Fun p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>rait <strong>la</strong> eanse <strong>du</strong> superflu<br />

f et Fautre celle <strong>du</strong> nécessaire? Il est évi<strong>de</strong>nt que le<br />

$ ou lui fait, et Juvénal tous les éloges<br />

qu'on lui donne? <strong>la</strong>is, les motifs <strong>de</strong> k préférence<br />

assez généralement accordée au premier sont-ils m<br />

effet eeui que fou nous présente iei? C'est ce que<br />

je vais me permettre d'examiner, sans autre intérêt<br />

que celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité 9 qui doit, aux yeoi d'un littérateur<br />

philosophe, tel que celui qui a écrit ce morceau<br />

f l'emporter sur toute autre considération ; et,<br />

comme il ne s'est fait aucun scrupule <strong>de</strong> réfuter,<br />

dans un autre endroit <strong>de</strong> son dis<strong>cours</strong>, l'opinion<br />

d'un <strong>de</strong> ses confrères sur Juvénal 9 j'espère qu'il ne<br />

trouvera pas mauvais que je combatte <strong>la</strong> sienne.<br />

Bussé-je me tromper, une discussion <strong>de</strong> cette nature,<br />

avec un homme <strong>du</strong> mérite <strong>de</strong> M. Dusaoli,<br />

ne peut qu'être honorable pour moi, et intéressante<br />

pour tous les amateurs <strong>de</strong>s lettres.<br />

D'abord nos <strong>de</strong>ux auteurs sont-ils suffisamment<br />

caractérisés par cette première phrase, qui sert <strong>de</strong><br />

fon<strong>de</strong>ment à tout le reste <strong>du</strong> parallèle :<br />

premier triompherait auprès <strong>de</strong> nos Crésus ; mais 1@ second<br />

n'ayant pour amis que les infortunés, je tremblerais pour<br />

lui. Le grand talent d'un écriv ain étiez les peuples arrifés<br />

à ce déclin <strong>de</strong>s mœurs qu'on appelle Feiquise politesse ;<br />

est moins <strong>de</strong> dire <strong>la</strong> vérité que ce qui p<strong>la</strong>ît au* hommes<br />

- puissants. Si ces réflexions sont justes f on m'accor<strong>de</strong>ra<br />

que les ambitieux, les hommes sensuels et ceux qui flottent<br />

au gré <strong>de</strong> l'opinion 9 n'ont que trop d'intérêt à préférer<br />

à Fâpre censure <strong>de</strong> Juvénal <strong>la</strong> douceur et l'urbanité<br />

d'un poète in<strong>du</strong>lgent, qui; non content d'embellir les objets<br />

<strong>de</strong> leurs goûts, et d'excuser leurs caprices$ sait encore<br />

autoriser leurs faiblesses par son eiemple. Souvent, dit<br />

Horace, je fais t au préjudice <strong>de</strong> mon bonheur, ce que ma<br />

propre Misée désatone. Il convient encore qu'il n'avait pas<br />

<strong>la</strong> force <strong>de</strong> résister à l'attrait <strong>du</strong> moment ? et que ses principes<br />

variaient selon Ses circonstances. Il faut l'entendre<br />

naSter tour à tour et <strong>la</strong> modération <strong>de</strong> l'âme, et son activité<br />

dans <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong>s honneurs; tantôt vanter <strong>la</strong> souplesse<br />

d'Artetippe, tantét FiniexibUité <strong>de</strong> Caton ; et, comme<br />

si le cœur pouvait suffire en même temps aux affections<br />

les plus contraires f approuver dans le même ouvrage et <strong>la</strong><br />

mo<strong>de</strong>stie qui se cache, et <strong>la</strong> vanité qui brûle <strong>de</strong> se pro<strong>du</strong>ire<br />

au grand jour. S'il est vrai que l'humanité s'affaiblit<br />

et s'altère à mesure qu'elle se polit, le plus grand nombre<br />

Unit aujourd'hui donner <strong>la</strong> préférence à celui qui sait le<br />

mieux amuser l'esprit, et f<strong>la</strong>tter l'indolence <strong>du</strong> coeur, sans<br />

paraître toutefois déroger aux qualités essentielles qui constituent<br />

l'homme <strong>de</strong> bien. C'est principalement à ces titres<br />

qu'Horace ne peut jamais cesser d'être d'âge en âge le coni<strong>de</strong>nt<br />

et l'ami d'une postérité que <strong>de</strong> nouveaux artst et<br />

par conséquent <strong>de</strong>s besoins non?eaux ; éloigneront <strong>de</strong> plus<br />

en plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> simplicité naturelle. Mais l'homme libre,<br />

s'il en est encore 9 celui qui s'est bien persuadé que le vrai<br />

bonheur ne consiste que dans nous-mêmes; qu®9 excepté<br />

les re<strong>la</strong>tions êe <strong>de</strong>voirs, <strong>de</strong> bienveil<strong>la</strong>nce et d'humanité,<br />

toutes les autres sont chimériques et femloleeses : celui<br />

qui s'esf fait <strong>de</strong>s principes constants s qui ne connaît qu'eue<br />

chose à désirer, k bien ; qu'une chose à fuir, le mal ; et qui<br />

se dévouerait plutêt à l'opprobre 9 à <strong>la</strong> mort f que <strong>de</strong> trahir<br />

* L'on n'a saisi qne l'enjouement <strong>de</strong> <strong>la</strong> satire» l'autre que<br />

k gravité. »<br />

J'avoue qu'Horace est très-enjoué :.c'est cta lui<br />

tout à <strong>la</strong> fois un don <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature et un principe <strong>de</strong><br />

goût. C'est d'après un <strong>de</strong> ses vers, cité partout, que<br />

s'est établie cette maxime qui n'est pas contestée,<br />

que souvent le ridicule, même dans les sujets les<br />

plus importants, a plus <strong>de</strong> force et d'efficacité que<br />

<strong>la</strong> véhémence. Des exemples sans nombre pourraient<br />

le prouver; mais il n'y en a point <strong>de</strong> plus frappant<br />

que celui qu'adonné Montesquieu. L'auteur <strong>de</strong> l'Esprit<br />

<strong>de</strong>s lois savait autre chose que p<strong>la</strong>isanter, et<br />

c'est pourtant avec <strong>la</strong> seule arme <strong>du</strong> ridicule qu'il a<br />

attaqué l'Inquisition. Croîra-t-on pour ce<strong>la</strong> qu'il en<br />

sentît moins toute l'horreur ? On en peut juger par<br />

celle qu'il inspire pour le monstre qu'il terrasse en<br />

riant. Mais quel rire! C'est bien le cas d'appliquer<br />

ici ce mot heureux que M. Dusaulx loue avec tant<br />

<strong>de</strong> raison dans Juvénal :<br />

§• ecmieletîoe 9 dont le témoignage lui suffit ; celui-là y n'en s « Quand Diesregar<strong>de</strong> te mé€faaits9 M en rit et tes dé*<br />

teste.»

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!