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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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î9 qui est <strong>la</strong> même dans tous ses écrits, fait<br />

qu'on ne peut pas le lire sans le savoir par cœur, et<br />

que, quand on le sait, on witt le relire encore pour<br />

le goûter davantage.<br />

Bios et Moschiis, fia <strong>de</strong> Smyrae 9 l'autre <strong>de</strong> Syra€i]se9<br />

furent contemporains <strong>de</strong> Tbéocrite, et habitèrent<br />

le même pays que lui. Leur composition est<br />

plus soignée, mais elle s'est pas exempte 'd'affectation<br />

; ils ont moins <strong>de</strong> sensibilité. Leurs élégies sont<br />

monotones; mais plusieurs <strong>de</strong> leurs idylles sont<br />

d'une imagination délicate et ingénieuse. J 9 en citerai<br />

<strong>de</strong>ux fort courtes : elles sont <strong>de</strong> Bion. Je me sers<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> tra<strong>du</strong>ction qu'en a faite Chabanon dans <strong>la</strong><br />

préface <strong>de</strong> son Théocrite.<br />

C0U1S DE UTIÉRATCBE.<br />

* Un enfant s'amusait dans ira bois à prendre <strong>de</strong>s oiseau* :<br />

il fit l'Amour qui s'échappait et s'al<strong>la</strong>it reposer sur les<br />

branches d'un arbuste; il im réjonit comme d'une meilleure<br />

proie. Il rassemble tous sesgloaiu, et guetté l'Amour<br />

qui, toujours sautil<strong>la</strong>nt, lui échappe sans Cesse. L'enfant!<br />

dans son dépit, jette à terre ses pièges; et court fers le<br />

lieux SaLoureur qui Fat ait instruit dans cet art amusant<br />

Il lui conte sa peine, et lui <strong>mont</strong>re l'Amour caché dans Se<br />

feuil<strong>la</strong>ge. Le vieil<strong>la</strong>rd sourit en secouant k tête f et lui dit :<br />

Enfant, renonce à celte proie; ne chasse plus un tel oiseau ;<br />

c'est un monstre que tu dois craindre <strong>de</strong> connaître. Dès que<br />

te sortiras <strong>de</strong> Fentuiee, l'oiseau qui éta<strong>la</strong>it et f échappe, <strong>de</strong><br />

lui-même fondra sur toi. »<br />

Ces idées allégoriques ont été <strong>de</strong>puis souvent employées;<br />

mais il faut songer qu'alors elles étaient<br />

originales. La pièce suivante est à mon gré fort supérieure.<br />

« Offris m'est apparue eu songe. Ele con<strong>du</strong>isait par <strong>la</strong><br />

main le petit Amour qui baissait les yeux et regardait <strong>la</strong><br />

terre. Chantre <strong>de</strong>s vergers, m'a4-eife dit, prends avec toi<br />

l'Amour, et enseigne-lui les chansons. Elle dit et s'éloigne.<br />

Insensé, je crus FAmour curieux <strong>de</strong> mes leçons. Je lui<br />

enseigne <strong>de</strong> quelle manière Pan Invente <strong>la</strong> flûte oblique,<br />

Mineure <strong>la</strong> flûte droite , Mercure Sa lyre 9 ApoUon <strong>la</strong> cithare.<br />

Le petit dieu écoutait peu mes dis<strong>cours</strong>. Il se mit à chanter<br />

<strong>de</strong>s fers tendres ; il m f apprit les amours <strong>de</strong>s dieux et <strong>de</strong>s<br />

tiommes! divin oufrage <strong>de</strong> sa mère. Soudain j'oubliai ee<br />

que Je Tenais d'enseigner à F Amour, et ne me sou? MIS que<br />

<strong>de</strong> et qu'il venait <strong>de</strong> m'apprendre. »<br />

If oublions pas que ces petits tableaux, dont le fond<br />

est peu <strong>de</strong> chose, ne peuvent guère se passer <strong>du</strong> coloris<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> verslfleation, mais il faut un pinceau bien<br />

délicat et bien sûr. 11 serait à souhaiter que <strong>la</strong> Fontaine,<br />

qui a mis en vers une <strong>de</strong>s plus jolies pièces<br />

d'Anaeréon, eût fait le même honneur à celle-ci,<br />

qui vaut pour le moins autant. Ces sortes <strong>de</strong> compositioss<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt une main très-légère et très-exercée,<br />

parce que l'essentiel est <strong>de</strong> n'y mettre qu f autant<br />

d'esprit qu'il en faut au sentiment ; et cette mesure»<br />

là ne se donne pas, il faut l'a?oir.<br />

SEonoif 11. — De Sa <strong>la</strong>ble.<br />

« L'homme a un penchant naturel à entendre raconter.<br />

La fable pique sa cursssllé'et amuse son imagûmUnii.<br />

Elle est <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus haute antiquité; on trouve <strong>de</strong>s paraboles<br />

dans Ses plus anciens monuments <strong>de</strong> tous les peuples : il<br />

semble que <strong>de</strong> tout temps Sa vérité ait ea peur <strong>de</strong>s hommes,<br />

et que les hommes aient eu peur <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité. Quel quo<br />

soit l'inventeur <strong>de</strong> l'apologue; soit que <strong>la</strong> raison, timi<strong>de</strong><br />

dans <strong>la</strong> bouche d'un esc<strong>la</strong>ve, ait emprunté ce <strong>la</strong>ngage dé»<br />

tourné pour se Mre entendre d'un aiellre, soit qu'en sage y<br />

vou<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> réconcilier avec S'amour-propre * le plus superbe<br />

<strong>de</strong> tous les maîtres, ait Imaginé <strong>de</strong> lui prêter cette forme<br />

agréable et riante, cette invention est <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> ceUes<br />

qui font Se plus d'honneur à l'esprit humain. Par cet heureux<br />

artifice , le vérité 9 avant <strong>de</strong> se présenter aux hommes*<br />

compose avec Scur orgueil 9 et s'empare <strong>de</strong> leur ii'napaetion.<br />

EUê Seur offre le p<strong>la</strong>isir d'une découverte, leur<br />

épargne l'afbont d'un reproche et l'ennui d'une leçon. Occupé<br />

à démêler le sens <strong>de</strong> le fable f l'esprit n'a pas te temps<br />

<strong>de</strong> se révolter contre le précepte ; et quand <strong>la</strong> raison se <strong>mont</strong>re<br />

à <strong>la</strong> in, elle nous trouve désarmés : nous avons déju prononcé<br />

oestre nous-mêmes l'arrêt que nous ne voudrions<br />

pas entendre d'un autre ; car nous voulons bior quelque­<br />

fois nous corrige^ mais nous ne voulons jamais qo'on<br />

nous condamne. » (Éloge ée tm PomMme.}<br />

11 serait superflu <strong>de</strong> répéter ici tout ce qu'on a dit<br />

d'Ésope, et ce qu'on apprend à ce sujet à tous les<br />

enfants. On s'accor<strong>de</strong> à croire qu*U vivait <strong>du</strong> temp<br />

<strong>de</strong> Pisistrate; et s'il est vrai 9 comme on le rapporte,<br />

que les habitants <strong>de</strong> Delphes l'aient fait périr parce<br />

qu'il les avait offensés en leur appliquant une <strong>de</strong> ses<br />

fables, celle <strong>de</strong>s BâêwmfloÈtmmts, U faut te compter<br />

parmi les victimes <strong>de</strong> <strong>la</strong> philosophie 9 car le grand<br />

sens <strong>de</strong> ses écrits mérite ce nom. Go mérite est le<br />

premier dans l'apologue, et c'est le seul d'Ésope.<br />

Sa narration d'ailleurs est dénuée <strong>de</strong> toute espèce<br />

d'ornement. La morale en fait tout te prix 9 et mémo<br />

il ne faut pas croire qu'elle soit toujours également<br />

juste. Plusieurs <strong>de</strong> ses fabu<strong>la</strong>tions sont défectueuses;<br />

et Phèdre et <strong>la</strong> Fontaine en ont corrigé<br />

plusieurs. Au reste, il est possible que ce reproche<br />

ne tombe pas sur lui : il est à peu près prouvé que<br />

P<strong>la</strong>nu<strong>de</strong>e moine grec <strong>du</strong> quatorzième siècle 9 qui te<br />

premier recueillit les fables d'Ésope f en mit sous le<br />

nom <strong>de</strong> ce fabuliste célèbre plusieurs qui n'étaient<br />

pas <strong>de</strong> lui. U nous en reste une quarantaine <strong>de</strong> <strong>la</strong>tines<br />

, composées par Aliénas 9 qui vivait sous Théodose<br />

IL Elles sont en général fort médiocres pour<br />

l'invention et pur te style : <strong>la</strong> Fontaine a pris les<br />

meilleures. U y en a aussi <strong>de</strong> beaucoup plus anciennes<br />

9 d'un Grec nommé Babrias *, qui se It Une loi<br />

* Et non Gaimm, comme le portant Ja plupart <strong>de</strong>s éditions.<br />

Bu reste, c'est le grammairien Ignatras Magltter qui<br />

a vé<strong>du</strong>lt à quatre vers tamblipei chacune <strong>de</strong>s fables <strong>de</strong> Sej<br />

br<strong>la</strong>a s tf se nous en reste que six entières. • "•

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