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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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COURS DE LlTfÉEATOlE.<br />

159<br />

sentir le prit <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, tout celles qui pot» rappellent<br />

le plus facilement quelle doit inir. J'ajouterai<br />

que c'est encore une preuve <strong>du</strong> goût naturel <strong>de</strong>s<br />

anciens <strong>de</strong> n'avoir jamais parlé qu'en passant <strong>de</strong> ces<br />

éternels sujet <strong>de</strong> lieui communs ehei les mo<strong>de</strong>rnes,<br />

le temps et <strong>la</strong> mort, sur lesquels notre imagination<br />

permet qu'on l'avertisse, mais qui peuvent <strong>la</strong> rebuter<br />

bientôt : on s'y appesantit trop9 à moins que ce ne<br />

soit proprement le fond <strong>du</strong> sujet 9 comme dans félofuence<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> chaire.<br />

On ne sera pas fâché d'apprendre qu* Anacréon joignait<br />

à une médiocre fortune beaucoup <strong>de</strong> désintéressement<br />

, <strong>de</strong>ui gran<strong>de</strong>s raisons pour être heureux.<br />

11 vécut assez longtemps à Samos? à <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> ce<br />

Polyerate qui n'eut d'un tyran que le nom. Ce prince<br />

lui ût présent <strong>de</strong> cinq talents, trente mille francs <strong>de</strong><br />

notre monnaie. Mais Anacréon 9 qui n'avait pas coutume<strong>de</strong>possé<strong>de</strong>r<br />

tant d'argent , en perdit presque le<br />

sommeil pendant <strong>de</strong>ui jours ; il rapporta bien file<br />

au généreux Polyerate ses cinq talents; et ce trait<br />

historique, raconté par les écrivains grecs, et cité<br />

par GïraJdi dans son IHUoire dm Poètes, est l'original<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fable <strong>du</strong> Sa?etier dans La Fontaine.<br />

11 est impossible <strong>de</strong> donner <strong>la</strong> moindre esquisse<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> manière d'Anacréoo. 11 y a dans sa composition<br />

originale une mollesse <strong>de</strong> ton s une douceur <strong>de</strong><br />

nuance, une simplicité facile et gracieuse, qui ne<br />

peu?ent se retrouver dans le travail d'une version.<br />

Ce sont <strong>de</strong>s caractères dont l'empreinte n'est pas<br />

esseï forte pour ne pas s'effacer beaucoup dans une<br />

copie. Il composait d'inspiration, et l'on tra<strong>du</strong>it<br />

d v effort. le tra<strong>du</strong>isons point Anacréon ».<br />

sienoH n. — D'Horace.<br />

11 est le seul <strong>de</strong>s lyriques <strong>la</strong>tins qui soit parvenu<br />

Jusqu'à nous ; mais ee qui peut nous consoler <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

perte <strong>de</strong>s autres 9 c'est le jugement <strong>de</strong> Quintilien f qui<br />

assure qifih m méritaient pas d'être lus. Il fait au<br />

contraire le plus grand éloge d'Horace 9 et cet éloge<br />

a été confirmé dans tous les temps et chez tons les<br />

peuples. Horace semble réunir en lui Anacréon et<br />

Pindare 9 mais il ajoute à tous les <strong>de</strong>ux. Il a l'enthousiasme<br />

et l'élévation <strong>du</strong> poêle thébaïn; il n'est<br />

pas moins riche que lui en figures et en images :<br />

<strong>la</strong>cis ses écarts sont un peu moins brusques; sa<br />

marche est un peu moins vague; sa diction a Mes<br />

plus <strong>de</strong> nuances et <strong>de</strong> douceur. Pindare 9 qui chante<br />

toujours les mêmes sujets, n'a qu'un ton toujours le<br />

même. Horace les a tous; tous lui semblent nata-<br />

1 items aveu tfefs tradodtoos ee vers <strong>de</strong>s poésies d'Anaeréon<br />

: l'une <strong>de</strong> Gacon, d'usé édiiiœ très-jolie f avec te grec<br />

à côté; l'autre <strong>de</strong> là Fosse; <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Sivri, te<br />

tra<strong>du</strong>cteur <strong>de</strong> Pline le naturaliste. Cette troisième version<br />

. cfAnactéim est écrite avee assas tFdlépnos et <strong>de</strong> farcie : les<br />

iléus «1res ne.seef ps lissMes»<br />

rels, et il a <strong>la</strong> perfection <strong>de</strong> tous. Qui presse sa<br />

lyre; qnef saisi <strong>de</strong> l'esprit poétique, il soit transporté<br />

dans le conseil <strong>de</strong>s dieux ou sur les minas <strong>de</strong><br />

Troie, sur <strong>la</strong> cime <strong>de</strong>s Alpes ou près <strong>de</strong> Glyisère,<br />

sa voix se <strong>mont</strong>e toujours au sujet qui l'inspire. Il<br />

est majestueux dans l'Olympe, et charmant prés<br />

d'une maîtresse. 11 ne lui en ecite pas plus pour<br />

peindre avec <strong>de</strong>s traits sublimes liste <strong>de</strong> Catoa et<br />

<strong>de</strong> Régulus, que pour peindre avec <strong>de</strong>s traits enchanteurs<br />

les caresses <strong>de</strong> Lycimnie et les coquetteries<br />

<strong>de</strong>Pyrrha. Aus9Ï franchement voluptueux qu'Anacréon,<br />

aussi idèle apôtre <strong>du</strong> p<strong>la</strong>isir, il a les grâces<br />

<strong>de</strong> ee lyrique grec avec beaucoup plus d'esprit<br />

et <strong>de</strong> philosophie f comme il a (Imagination <strong>de</strong> Pindare<br />

avec plus <strong>de</strong> morale et <strong>de</strong> pensée. Si Ton fait<br />

attention à <strong>la</strong> sagesse <strong>de</strong> ses idées , à <strong>la</strong> précision <strong>de</strong><br />

son style, à l'harmonie <strong>de</strong> ses vers, à <strong>la</strong> variété <strong>de</strong><br />

ses sujets ; si l'os se souvient que ce même homme<br />

a fait <strong>de</strong>s satires pleines <strong>de</strong> inesse, <strong>de</strong> raison $<br />

<strong>de</strong> gaieté; <strong>de</strong>s épftres qui contiennent les meilleures<br />

leçons <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile en vers qui se gravent<br />

d'eux-mêmes dans <strong>la</strong> mémoire; un Jripoéêiqw,<br />

qui est le co<strong>de</strong> éternel <strong>du</strong> bon goût; on conviendra<br />

qu'Horace est un <strong>de</strong>s meilleurs esprits que <strong>la</strong> nature<br />

ait pria p<strong>la</strong>isir à former.<br />

ïm hasardé <strong>la</strong> tra<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> quelques o<strong>de</strong>s d'Horace,<br />

non pas assurément que je le croie facile à<br />

tra<strong>du</strong>ire; mais Horace a beaucoup d'esprit proprement<br />

dit, et l'esprit est <strong>de</strong> toutes les <strong>la</strong>ngues.<br />

Voyons-le d'abord dans le genre héroïque ; j'ai choisi<br />

Y O<strong>de</strong> à <strong>la</strong> Fortune* On pourra <strong>la</strong> comparer à cselie<br />

<strong>de</strong> Rousseau ; et l'on verra qu'une o<strong>de</strong> française<br />

ressemble très-peu à une o<strong>de</strong> <strong>la</strong>tine 1 . Le sujet <strong>de</strong><br />

celle-ci était fort simple. On par<strong>la</strong>it d'une <strong>de</strong>scente<br />

en Angleterre, qu'Auguste <strong>de</strong>vait con<strong>du</strong>ire lui-même,<br />

et qui n'eut pas lieu ; on par<strong>la</strong>it en même temps d'une<br />

guerre contre les Parthes. Le poète invoque <strong>la</strong> Fortune,<br />

et lui recomman<strong>de</strong> Auguste et les Romains.<br />

Mais il commence par se réconcilier avec les dieux 9<br />

qu'en sa qualité d'épicurien il avait fort négligés.<br />

Il s'étend ensuite sur les attributs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fortune, et<br />

finit, après l'avoir invoquée, par déplorer les guerres<br />

civiles et<strong>la</strong>corruption <strong>de</strong>s mœurs. Tel est le p<strong>la</strong>n<br />

<strong>de</strong> cette o<strong>de</strong>. J'ai risqué 9 es <strong>la</strong> tra<strong>du</strong>isant, <strong>de</strong> changer<br />

plusieurs fois le rhythme, pour rendre mieux<br />

<strong>la</strong> variété <strong>de</strong>s tons, et suppléer, quand les phrases<br />

<strong>de</strong>mandaient une certaine éten<strong>du</strong>e, à <strong>la</strong> facilité<br />

qu'avaient les Grecs et les Latins d'enjamber d'une<br />

strophe & l'autre.<br />

1 Favertls que fat rejoint ro<strong>de</strong>, O êim, §mlmm qmm re§it<br />

Aniîmm, avec <strong>la</strong> précé<strong>de</strong>nte, Psrem <strong>de</strong>orum cultor et itftgmern,<br />

qui me parait en être te ©ommenoeiBeat, et es avoir<br />

été détachée fort mal à propos : U y a même <strong>de</strong>i éditÉurn<br />

où elles seei féwitos.

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