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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCIENS. — POÉSIE.<br />

mce iMac, tans nul mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> polythéisme. En<br />

voici us que Suidas nous a conservé :<br />

« Dieu seul existe par lui-même, et tout existe par lui<br />

seul. 1 est <strong>du</strong>s tout : mil mortel ne peut Se vnirf et il les<br />

•oit tous. Seul il distribue dam m justice le» maux qui<br />

afmgeiit les nommes y <strong>la</strong> guerre et les douleurs. U gouverne<br />

les fente qui agitent Fuir et les lots, et elosse les feux<br />

do tonnerre. Il est assis an hast <strong>de</strong>s oeux sur un trtee<br />

d'or, et <strong>la</strong> terre est sens ses pieds. U étend sa main jus»<br />

tp'sux bornes <strong>de</strong> l'Océan, et les <strong>mont</strong>agnes tremblent<br />

jusque dans leurs foo<strong>de</strong>ments. C'est lui qui fait tout é&m<br />

f eel¥ers9 et qui est à <strong>la</strong> fois le commencement, le milieu ,<br />

et <strong>la</strong> fin.-»<br />

Suidas, en citant ce fragment*, assure qu'Orphée<br />

avait lu les livres <strong>de</strong> Moïse, et en avait tiré<br />

toute© qu'il enseignait sur <strong>la</strong> Nature divine. On a<br />

contesté cette assertion : il est c<strong>la</strong>ir pourtant que l'on<br />

retrouve dans ce moroeau non-seulement les Idée» *<br />

mais les expressions <strong>de</strong>s Mères saints, très-antérieur s<br />

aux. écrits d'Orphée ; et il est difficile <strong>de</strong> ne pas croire<br />

que le second a copié le premier. Observons encore<br />

que le grand secret <strong>de</strong>s anciens mystères était par*<br />

tout F unité d'un Dieu : c'était <strong>la</strong> croyance <strong>de</strong>s sages ;<br />

mais eux-mêmes <strong>la</strong> regardaient atee raison oomme<br />

insuffisante pour les peuples, et voyaient dans <strong>la</strong><br />

religion et le culte public <strong>la</strong> sanction <strong>la</strong> pins sire<br />

et <strong>la</strong> plus nécessaire <strong>de</strong> Fordre social.<br />

Horace nous dit qu $ Orphéef référé comme finterfrèle<strong>de</strong>sdieux,<br />

adoucit les moeurs <strong>de</strong>s hommes,<br />

leur apprit à .détester <strong>la</strong> meurtre et à ne point se nourrir<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> chair <strong>de</strong>s animaui ; dogme renouvelé <strong>de</strong>puis<br />

par Pythagore. Nous voyons , par plusieurs passages<br />

authentiques, que ceux qui menaient une vie chaste<br />

et frugale étaient appelés <strong>de</strong>s disciples d v Orphée.<br />

Thésée, dans <strong>la</strong> Pkêém d 9 Euripi<strong>de</strong>f donne ce nom<br />

à son fflr Hippolyte, es lui reprochant d'affecter<br />

<strong>de</strong>s moeurs sévères. Orphée est donc le plus ancien<br />

<strong>de</strong>s sages dont le nom soit venu jusqu f 161<br />

Aleée, Stésidiore, Simonidt, etquwttité d'autres,<br />

M sous ont <strong>la</strong>issé que leurs noms, et quelques fragments<br />

qui ne sont connus que <strong>de</strong>s critiques <strong>de</strong> profession.<br />

Nous n'avons qu'une domaine <strong>de</strong> vers <strong>de</strong><br />

cette fameuse Sapho *, dont Horace a dit : -<br />

La feu <strong>de</strong> son amour brûle eocor dans ses Ters.<br />

Ils sont assez passionnés pour faire croire tout ee<br />

qu'on raconte d'elle<br />

à nous; et<br />

pendant longtemps ce nom <strong>de</strong> sage fut joint à celui<br />

<strong>de</strong> poète, parce que <strong>la</strong> poésie était alors essentielleratât<br />

morale et religieuse.<br />

Orphée n'eut point <strong>de</strong> disciple plus célèbre que-<br />

Musée, qui marcha sur les traces <strong>de</strong> son maître, et<br />

pétil<strong>la</strong> aux mystères d'Éleusîse chez les Athéniens.<br />

Virgile, dans le sixième livre <strong>de</strong> l'Enéi<strong>de</strong>, le met<br />

dans l'Elysée à <strong>la</strong> tête <strong>de</strong>s poètes pieux,"dont les<br />

chants ont été dignes d'Apollon, et qui ont consacré<br />

leur vie à <strong>la</strong> culture <strong>de</strong>s beaux arts.<br />

1 , et pour regretter ce qu'on en<br />

a per<strong>du</strong>. Boileau en a donné une imitation trènélégante,<br />

quoique peut-être elle ne soit pas animée <strong>de</strong><br />

toute <strong>la</strong> chaleur <strong>de</strong> l'original.<br />

Arrêtons-nous <strong>du</strong> moins un moment sur Anacréon,<br />

qui s'est immortalisé par ses p<strong>la</strong>isirs, lorsque<br />

tant d'autres n'ont pu l'être par leurs travaux :<br />

ce chansonnier voluptueux, qui se connut d'autro<br />

ambition que celle d'aimer et <strong>de</strong> jouir, m d'autre<br />

gloire que celle <strong>de</strong> ehanter ses amours et ses jouissances<br />

, on pieté t qui, dans ces mêmes chansons qui<br />

ont fait sa gloire, ne vit jamais qu'un amusement<br />

<strong>de</strong> plus. Ses poésies, dont heureusement le temps a<br />

épargné une partie, respirant <strong>la</strong> mollesse et l'enjoué*<br />

ment, <strong>la</strong> délicatesse et <strong>la</strong> grâce. Il s'est point auteur;<br />

U if écrit point. 11 est à table avec <strong>de</strong> belles Mlles<br />

grecques, <strong>la</strong> tête eouronsée<strong>de</strong> roses, buvant d'eieellents<br />

vins <strong>de</strong> Scie ou <strong>de</strong> Lesbos ; et tandis que Mnaès<br />

et Ag<strong>la</strong>é entre<strong>la</strong>cent <strong>de</strong>s leurs dans ses cheveux,<br />

il prend sa petite lyre d'ivoire à sept cor<strong>de</strong>s, et<br />

chante un hymne à <strong>la</strong> rose sur le mo<strong>de</strong> lydien. S 9 ii<br />

parle <strong>de</strong> <strong>la</strong> vieillesse et <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort, ce s'est pas pour<br />

les braver avec-<strong>la</strong> morgue stolque; c'est pour s'exhorter<br />

lui-même à ne ries perdre <strong>de</strong> tout ee qu'il<br />

peut leur dérober. Remarquons en passant que les<br />

auteurs anciens les plus voluptueux, Anacréon,<br />

Horace, Tibulle, Catulle, mê<strong>la</strong>ient assez volontiers<br />

l'image <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort à celle <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>isirs. Ils l'appe<strong>la</strong>ient '<br />

à leurs fêtes, et <strong>la</strong> p<strong>la</strong>çaient, pour ainsi dire, à<br />

table comme un convive qui, lois <strong>de</strong> les attrister,<br />

les avertissait <strong>de</strong> jouir, Horace surtout, dans vingt<br />

endroits <strong>de</strong> ses o<strong>de</strong>s ? se p<strong>la</strong>t! à rappeler <strong>la</strong> nécessité<br />

<strong>de</strong> mourir; et ces passages, toujours rapi<strong>de</strong>s/qui<br />

fixent un moment l'imagination sur <strong>de</strong>s idées sombres,<br />

exprimées par <strong>de</strong>s ignres frappantes et <strong>de</strong>s<br />

métaphores justes et heureuses, font sur l'Ame nnc.<br />

impression qui renient doucement et ne l'effraye<br />

pas, y répan<strong>de</strong>nt pour un moment une sorte <strong>de</strong><br />

tristesse réfléchissante, qui s'accor<strong>de</strong>rait mal f il est<br />

vrai, avec <strong>la</strong> joie bruyante et tumultueuse, ma» qui<br />

se concilie très-bien avec le calme d'une âme satis- "<br />

faite, et rnlnie avec les épnehements d'un arecur •<br />

heureux. En général, les impressions qui font le pins<br />

• Ot fragment n*est.paa cité par Suidas, mata par saint<br />

Justin et par Einébe. Du reste, tout ce que <strong>la</strong> Harpe dit ici<br />

«TOrpiiée s'est, au Jugement <strong>de</strong> If. Botaeona<strong>de</strong>, qu'un tissu<br />

«Terreurs. (V©j« Je Mépertmw <strong>de</strong> fa Mtémiun, t xx,<br />

P. « 4<br />

* La Harpe se trompe ; il net» «te <strong>de</strong>^Saph© ipelcftiea<br />

fragmenta et <strong>de</strong>ux o<strong>de</strong>a. • % '

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