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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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148<br />

quoiqu'on n f ait encore jamais Imaginé <strong>de</strong> mettre<br />

YO<strong>de</strong> à <strong>la</strong> Fortune m ballet.<br />

Tout et que je me propose ici 9 c'est <strong>de</strong> readre<br />

compte ûék différences les, plus essentielles que<br />

j'ai eru* remarqaer entre les odêSi les chmmtê <strong>de</strong>s<br />

météos y et les ?ers qu'on nomme parmi nous mks,<br />

gui ne sont point chantés, et qui sou?ent même<br />

ne sont pas tus.<br />

Un était m'offre es général l'idée d'une inspiration<br />

.soudaine, d!ùn mon?ement qui ébranle notre<br />

âme, d'un sentiment qui a besoin <strong>de</strong> se pro<strong>du</strong>ire<br />

an <strong>de</strong>hors. 1 semble que rien <strong>de</strong> ce qui est étudié,<br />

réfléchi Yien <strong>de</strong> ce qui suppose l'opération tranquille<br />

<strong>de</strong> l'enten<strong>de</strong>ment, n'appartienne au chant conçu <strong>de</strong><br />

• cette manière. Le chanteur m'offrira beaucoup plus<br />

dé sentiments et d'images que <strong>de</strong> raisonnements ,<br />

jglf arltfa bien plus à mes organes qu'à ma raison.<br />

Sf le «on, <strong>de</strong> l'instrument qui résonne sous ses<br />

doigts* si l'impression irrésistible <strong>de</strong> l'harmonie ,<br />

si le p<strong>la</strong>isit qu'il éprou?e et qu'il donne, fient à relouer<br />

plus fortement son âme, et ajoute <strong>de</strong> moment<br />

en moment à <strong>la</strong> première impulsion qu'il ressentait 9<br />

tiers il %s'élève jusqu'à l'enthousiasme ; les objets<br />

pstent rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>?ant lui9 et se multiplient<br />

sous ses yeui 9 comme les accords se pressent sous<br />

•dn archet. Ses chants* portent dans les âmes le trou-<br />

M§qui paraît être dans <strong>la</strong> sienne : c'est un oraele,<br />

m prophète, un poète; U transporte et il est transpira;<br />

il semble maîtrisé par une puissance' étran-<br />

•gêre^ui le fatigue et l'accable, il halète sous le<br />

dieu qui le remplit ; et f semb<strong>la</strong>ble à un homme emporté<br />

par une <strong>cours</strong>e rapi<strong>de</strong>, il ne s'arrête qu'au momeat<br />

où il est déli?ré <strong>du</strong> finie qui l'obsédait.<br />

C'est précisément sous ces traits que les anciens<br />

fêtaient se représenter le poème lyrique, si Pon<br />

•eut se souTemr que leur poésie, qui par ellemême<br />

était une espèce <strong>de</strong> musique focale, se se<br />

séparait point <strong>de</strong> <strong>la</strong> musique d'accompagnement,<br />

et que l'harmonie pro<strong>du</strong>it un enthousiasme réel<br />

^danf tous les hommes qui ont <strong>de</strong>s organes sensibte%<br />

soit qu'ils composent, soit qu'ils écoutent.<br />

HI était Pindare, <strong>du</strong> moins s'il faut en croire Ho-<br />

Écoutons un poëte qui parle d'un poète.<br />

, Ah ! que Jamais mortel, émule <strong>de</strong> Wndarê,<br />

tfe t'expose à le stii m en son vol orgaellfeui :<br />

Sur <strong>de</strong>s ailes <strong>de</strong> cire élevé dm» les <strong>de</strong>ux ,<br />

Il retracerait à nos yeux<br />

L'sjtdaee et <strong>la</strong> chute d'Icare.<br />

.Xel qu'us t&rrent furieux<br />

Qui f grossi ptr les ©rageji,<br />

"il Mplève en grondant et couvre ses rivages ;<br />

Tel se chantre impérieui,<br />

Iw d'enthousiasme, ivre <strong>de</strong> l'harmonie,<br />

Des vâstts profon<strong>de</strong>urs- <strong>de</strong> son puissant génie,<br />

Précipite à gpod bruit ses vers Impétueux ;<br />

«1 v«« F** d*n bouil<strong>la</strong>nt délire,<br />

COU1S BE UTTÉEATU1E.<br />

El <strong>de</strong> termes mmwmmK tofenteer admiré,<br />

n <strong>la</strong>isse errer sur sa lyre *<br />

Le broyant dithyrambe s à Bacchns consacré;<br />

Soit que, soumis eux lois d'un rhy thme plus sévère »<br />

Il chante les immortels,<br />

Et ces enfants 4es dieux t vainqueurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chimère<br />

Et <strong>de</strong>s centaures cruels;<br />

Soit qu'aux champs <strong>de</strong> TÊU<strong>de</strong>, épris d'une titre gloire,<br />

11 ramène triomphants<br />

L'athlète et le <strong>cours</strong>ier qu'a choisis <strong>la</strong> Yietolre t<br />

Qui mieux que sur l'airain revivront dans ses chants;<br />

Soit qu'enf<strong>la</strong> ? sur <strong>de</strong>s tons plus doux et plus touchant! •<br />

11 calme les regrets d'une épouse ép!oréef<br />

Et dérobe à <strong>la</strong> nuit <strong>de</strong>s temps<br />

D*UB Ils ou d'un époux lt mémoire adorée, etc.<br />

Si quelqu'un, d'après ce portrait, m lire Pindare<br />

ailleurs que dans l'original, il croira qu'Horace<br />

a?ait apparemment ses raisons pour exalter ce lyrique<br />

grec; mais quant à <strong>la</strong>i, il s'accommo<strong>de</strong>ra fort<br />

peu <strong>de</strong> tout ce magniiqiie appareil <strong>de</strong> mythologie<br />

qui remplit les o<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Pindare, <strong>de</strong> ces digressions<br />

éternelles qui semblent étouffer lé sujet principal,<br />

<strong>de</strong> ces écarts dont on ne ? oit ni le kit ni le point<br />

<strong>de</strong> réunion. Quelques gran<strong>de</strong>s images qu'il aperee?ra<br />

ça et là malgré <strong>la</strong> tra<strong>du</strong>ction qui en aura été<br />

le coloris, quelques traits <strong>de</strong> force qui n'auront<br />

pas été tout à fait détruits 9 ne lui paraîtront pas us<br />

mérite suffisant pour lui faire aimer <strong>de</strong>s ouvrages<br />

où d'ai Heurs rien ne rattache. Il s f ennuiera f il quittera<br />

le litre 9 et il aura raison. Mais s'il juge Piadare<br />

et contredit Horace, sur cette lecture, je crois<br />

qu'il aura tort.<br />

Bappelons-aous d'abérd ce principe très-connu,<br />

qu'on ne peut pas juger un poëte sur une ¥ersion<br />

en prose; et cette autre qui n'est pas moins incontestable,-qu'en<br />

le lisant, même dans sa <strong>la</strong>ngue, il<br />

faut, pour être juste à son égard, se reporter au<br />

temps où il écrivait. Cette théorie n'est pas contestée;<br />

mais <strong>la</strong> pratique est plus difficile qu'on ne<br />

pense. Nous sommes si remplis <strong>de</strong>s idées, <strong>de</strong>s-moeurs,<br />

<strong>de</strong>s préjugés qui nous entourent, que nous avons<br />

1 Le dithyrambe <strong>de</strong>s anciens était originairement 9 ainsi<br />

que <strong>la</strong> tragédie; consacré à Baeehus, comme son nom linéique;<br />

il s'étendit ensuite à <strong>la</strong> louange <strong>de</strong>s héros. L'antiquité<br />

se nous en t <strong>la</strong>issé aucun modèle, et nous ne pouvons en<br />

avoir d'autre idée que eelie qu'Horace nous donne Ici es par»<br />

<strong>la</strong>s! éee dithyrambes <strong>de</strong> Pindare. Sur ce qu'il « dit, on doit<br />

croire que c'était un genre <strong>de</strong> poésie hardi (

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