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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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COURS DE UTTÉRAXUBE.<br />

Pampblie , et croyant que le mariage ©ouvrirait cette<br />

fatale aventure , m avait gardé le secret.<br />

11 est à remarquer que eette pièce y dont le fond<br />

offrait peut-être plus d'intérêt que toutes les autres<br />

<strong>du</strong> même auteur, est très-froi<strong>de</strong>ment traitée. Phituméfie<br />

ne parait point sur <strong>la</strong> scène ; son état ne serait<br />

pas une raison pour Térence, car rien n'était plus<br />

facile que <strong>de</strong> <strong>la</strong> supposer accouchée en secret chez<br />

sa mère, peu <strong>de</strong> temps avant le retour <strong>de</strong> Parapluie.<br />

Bacebis ne paraît qui pour Fêe<strong>la</strong>ireisseraent<strong>de</strong>FiB*<br />

trigue. Ces <strong>de</strong>ui personnages étaient cent qui au*<br />

raient pu y répandre le plus d'intérêt. Tout se passe 9<br />

au contraire, en scènes <strong>de</strong> contestation entre<br />

les imm beaux-pères et <strong>la</strong> belle-mère; scènes inutiles<br />

et ennuyeuses. Cette pièce est celle qui justiie le<br />

plus le reproche que Von a fait à Térence <strong>de</strong> manquer<br />

<strong>de</strong> foret dramatique.<br />

Irnejs et Pa<strong>la</strong>prat ont emprunté <strong>de</strong> F Eunuque<br />

leur Muet, dont <strong>la</strong> représentation est agréable et<br />

gaie. On se doute Mm que <strong>la</strong> pièce française est<br />

plus virement intriguée que celle <strong>de</strong> Térence. -Les<br />

comédies <strong>de</strong> l'ancien théâtre n'ont pas assez <strong>de</strong><br />

mouvement et d'action , et- c'est un <strong>de</strong>s avantages<br />

que le nétre s'est appropriés. La situation d'un<br />

jeune homme amoureux, intro<strong>du</strong>it chai celle qu'il<br />

aime, à titre, <strong>de</strong> muetY fournit nécessairement <strong>de</strong>s<br />

jiui <strong>de</strong> théâtre d'un effet comique. Le Ckérm <strong>de</strong><br />

Térence, intro<strong>du</strong>it en qualité d'eunuque dans <strong>la</strong><br />

maison d'une courtisane, où loge une jeune 111e<br />

dont il ?ient <strong>de</strong> <strong>de</strong>?eulr amoureux en <strong>la</strong> voyant<br />

passer dans <strong>la</strong> rue, et qu'il viole un moment après *<br />

ne prouve que Feïtréme liberté <strong>de</strong>s mœurs théâtrales<br />

chez les anciens. Le viol est chez eu un<br />

moyen dramatique assez fréquent. Ce qui peut les<br />

excuser, c'est que les lois n'accordaient aucune<br />

vengeance <strong>de</strong> cet outrage aux filles qui n'étaient pas<br />

<strong>de</strong> condition libre. Dans F Eunuque <strong>de</strong> Térence,<br />

celle qui a éprouvé les violences <strong>de</strong> Chérea est reconnue<br />

à <strong>la</strong> in pour être citoyenne, et il réponse*<br />

Ci qui nous paraîtrait bien plus étrange, et ee qui<br />

^ tient aussi à cette disparité <strong>de</strong>s mœurs, qu'il faut<br />

soigneusement observer dans les comparaisons <strong>du</strong><br />

théâtre ancien et <strong>du</strong> nôtre, c'est le singulier marché<br />

conclu dans cette même pièce entre Pbaedria,<br />

l'amant <strong>de</strong> <strong>la</strong> courtisane Thaïs, et le capitaine Thm«<br />

son son rival. Thaïs <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ingénument à Plias*<br />

dria, qu'elle aime, qu'il veuille bien cé<strong>de</strong>r <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce,<br />

pendant <strong>de</strong>ux jours, au capitaine, qui lui a promis<br />

une jeune esc<strong>la</strong>ve qu'il a achetée pour elle et qu'elle<br />

voudrait rendre à ses parents. L'Intention est bonne;<br />

niais <strong>la</strong> proposition nous semblerait un peu extraordinaire.<br />

CependantPhaedriay consent. Il fait plus :<br />

a <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce, un parasite, ami <strong>du</strong> capitaine y<br />

représente au Jeune amant <strong>de</strong> Thaïs que ce capitaine<br />

est riche, qu'il aime <strong>la</strong> dépense et <strong>la</strong> bonne chère»<br />

que Thaïs aime aussi Tune et l'autre; et il conseille<br />

à Pbaedria, qui n'a'pas les moyens <strong>de</strong> subvenir à<br />

tout, <strong>de</strong> consentir au partage avec le capitaine, et<br />

Pbaedria y consent. II s'est <strong>mont</strong>ré cependant fort<br />

amoureux et fort jaloux pendant toute <strong>la</strong> pièce ;<br />

mais c'est que les mœurs <strong>de</strong> ces peuples ne permettant<br />

guère aux jeunes gens d'autres amours que celles<br />

<strong>de</strong>s courtisanes, il y entrait nécessairement plus<br />

<strong>de</strong> débauche qoe <strong>de</strong> passion; et ce<strong>la</strong> seul explique<br />

combien nos mœurs sont plus favorables à l'intérêt<br />

dramatique que celles <strong>de</strong>s Grecs et <strong>de</strong>s Romains.<br />

Les auteurs <strong>du</strong> Muet ont emprunté à Térence ses<br />

plus heureux détails : mais c'est ici que l'original<br />

prend m revanche; les imitateurs sont Men loin<br />

d'égaler sa diction et son dialogue.<br />

Ce n'est qu'à Molière qu'il a été donné <strong>de</strong> surpagser<br />

Térence, même dans eette partie, quand il lui<br />

fait l'honneur <strong>de</strong> limiter* On sait d'ailleurs combien,<br />

sous tous les rapports, notre Molière est supérieur<br />

à tous les comiques anaiesa et mo<strong>de</strong>rnes. 11 a pris<br />

dans le Pkormim <strong>de</strong> Térence le fond <strong>de</strong> l'intrigue<br />

<strong>de</strong> ses Fourberies <strong>de</strong> Seapin ; ici .c'est un valet<br />

fourbe qui <strong>du</strong>pe <strong>de</strong>ux vieil<strong>la</strong>rds cré<strong>du</strong>les, et leur '<br />

escroque <strong>de</strong> l'argent pour servir les amours <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

jeunes gens; là, c'est un parasite qui fait le même<br />

rôle, <strong>de</strong> concert avec un valet. Mais fauteur français-<br />

est bien au-<strong>de</strong>ssus <strong>du</strong> <strong>la</strong>tin par <strong>la</strong> gaieté et <strong>la</strong><br />

verve comique. C'est pourtant dans cette pièce que<br />

Êoileau lui reproche, et avec raison , d'avoir à<br />

Térence mlUé Tabarin. Molière, en effet, y est<br />

<strong>de</strong>scen<strong>du</strong> jusqu'à <strong>la</strong> farce, ce que Térence n v a pas<br />

fait. Mais nous savons aussi que Molière avait besoin<br />

<strong>de</strong> farces pour p<strong>la</strong>ire à <strong>la</strong> multitu<strong>de</strong>, qu'il n'avait<br />

pas encore assez formée ; et f dans cette même<br />

pièce <strong>de</strong> Say&in, m qui n 9 est pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> farce est<br />

bien au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce <strong>de</strong> Térence, et les scènes<br />

imitées <strong>du</strong> <strong>la</strong>tin sont bien autrement comiques en<br />

français.<br />

11 en est <strong>de</strong> même <strong>de</strong>s J<strong>de</strong>lpkes, quoique ce<br />

soit, après FJndrierme, le meilleur ouvrage <strong>de</strong><br />

Fauteur. Molière, dans l'École <strong>de</strong>s Maris, a imité<br />

le contraste <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux frères, dont Fun a pour principe<br />

<strong>la</strong> sévérité dans l'é<strong>du</strong>cation <strong>de</strong>s enfants, et<br />

l'autre l'in<strong>du</strong>lgence. Le mérite êmJéépMs consiste<br />

en ee que Fintrigue est nouée <strong>de</strong> manière que celui<br />

<strong>de</strong>s<strong>de</strong>ux jeunes gens qui a le plus <strong>de</strong> liberté n'en abuse<br />

qu'en faveur <strong>de</strong> celui qui est élevé dans <strong>la</strong> contrainte.<br />

S'il enlève une file à force ouverte dans <strong>la</strong> maison<br />

d'un marchand d'esc<strong>la</strong>ves, c'est pour <strong>la</strong> remettre<br />

à son jeune frère f dont elle est aimée. 11 arrive <strong>de</strong><br />

là que l'instituteur rigoureux, qui oppose sans cesse

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