la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
entre Mereure et <strong>la</strong> Nuit. Mais il est bon <strong>de</strong> faire<br />
eonsaître quelques endroits <strong>du</strong> prologue <strong>de</strong> P<strong>la</strong>nte.<br />
« Je m'appelle; Mêresrç. Je Tiens <strong>de</strong> h part <strong>de</strong> Jupiter<br />
vom prier Mes doucement et bien humblement <strong>de</strong> nom<br />
être HiTurable; car mon père, afin que TOUS te saehiet,<br />
est aussi poltroii qu'aucun <strong>de</strong> TOUS autres. Étant né <strong>de</strong><br />
AUCUNS, — POÉSIE. 141<br />
non moins choquant dans Fauteur <strong>la</strong>tin : Mereurv<br />
est sur <strong>la</strong> scène dès le commencement <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce ;<br />
il entend toute <strong>la</strong> narration 9 tous les raisonnements<br />
' race tsumûiie, 1 se fcui pas s'étonner si est timi<strong>de</strong>. Moi-<br />
WÈÊmmf quoique ils <strong>de</strong> Jupiter, je s'en suis pas plus hardi,<br />
et je crois que mm père m'a famœriËiieaié sa pnltronee»<br />
rie Ce Jupiter jouera dans h pièce; j'aurai l'hmmm <strong>de</strong><br />
jouer avec lui. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on a ? a Jupiter<br />
faire le bateleur.... Vous saves d'aHeurs qu'il ne se<br />
eotttfaist pas dans ses pats; il est <strong>de</strong> eompleilon fort<br />
amoureuse. Il est maintenant avec Alemène , sous h figure<br />
# Amphitryon.... »<br />
El le reste, qui explique tout le sujet <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce,<br />
Cest ainsi qu'où s'égayait aux dépens <strong>de</strong> Jupiter9<br />
iriS'imm et très-grand, sur 1® théâtre <strong>de</strong> Rome.<br />
Sosie outre <strong>la</strong> pièce au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> nuit, mais ii<br />
n'a point <strong>de</strong> <strong>la</strong>nterne 9 dont Molière fait un usage<br />
si heureux. 11 meurt <strong>de</strong> peur d'être rencontré et<br />
battu ; œ qui amène d'abord un défaut <strong>de</strong> vraisemb<strong>la</strong>nce;<br />
car plus il est peureux f plus il doit être<br />
pressé d'arriver, et ce n'est pas là le moment d'avoir<br />
avec lui-même une eonversation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cents vers,<br />
et <strong>de</strong> préparer le long récit qu'il doit faire à sa<br />
maîtresse. Le plus pressé pour luif c'est d'entrer à<br />
b maison. Molière a senti cette objection, et Fa<br />
prévenue. Après une vingtaine <strong>de</strong> vers sur sa frayeur<br />
et sur <strong>la</strong> condition <strong>de</strong>s esc<strong>la</strong>ves, Sosie dit :<br />
Mais enfin dans Foteeiff té<br />
M ¥©És sotie maison, et ma frayeur •'éva<strong>de</strong>.<br />
Le voilà rassuré ; il est <strong>de</strong>vant sa porte : c'est alors<br />
qu'il s'ueeup <strong>de</strong> son message :<br />
fi s» tendrait pour l'ajubassatto<br />
Qasiipa dtaoM» nrenédtté.<br />
• La naisemMaiiee est observée. Soit ce dialogue<br />
si comique <strong>de</strong> Sosie avec sa <strong>la</strong>nterne 9 qui n'est pas<br />
même indiqué dans le <strong>la</strong>tin. Picote , qui ailleurs a<br />
tant d f envie <strong>de</strong> faire rire ? même quand il ne le fout<br />
pas 9 est tombé ici dans un défaut tout opposé. Il a<br />
mis dans <strong>la</strong> bouche <strong>de</strong> Sosie un récit très-suivi, trèsdétaillé<br />
et très-sérieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> victoire <strong>de</strong>s Tbébains 9<br />
tel quil pourrait être dans une histoire ou dans un<br />
poème. Molière a conservé le ton <strong>de</strong> <strong>la</strong> comédie et<br />
<strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> scène. Il a senti qu'on s f <strong>de</strong> Sosie; et <strong>de</strong>puis le moment où celui-ci l'aperçoit,<br />
il y a encore quatre pgesd'un double aparté ; c'està-dire<br />
que Mercure s'épuise en fanfaronna<strong>de</strong>s et en<br />
menaces pur épouvanter le pauvre Sosie, et que<br />
celui-ci, quoique <strong>de</strong>mi-mort <strong>de</strong> frayeur, répond par<br />
<strong>de</strong>s quolibets, qui font un contre-sens dans <strong>la</strong> situation.<br />
Molière en savait trop pur commettre toutes<br />
ces fautes. 11 ne fait entrer Mercure qu'à propos,<br />
se gar<strong>de</strong> bien <strong>de</strong> prolonger les m parte, ni <strong>de</strong> foire<br />
goguenar<strong>de</strong>r Sosie dès qu'il a aperçu Mercure. C'est<br />
<strong>la</strong> différence d'une peinture naïve à une caricature<br />
grotesque. Sosie fait rire par f escès <strong>de</strong> sa frayeur,<br />
et non pas par <strong>de</strong>s rébus et <strong>de</strong>s calembours. On<br />
s'étonnera peut-être que ce genre <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isanterie se<br />
trouve dans P<strong>la</strong>nte. Mais il tant rendre justice à<br />
qui elle est <strong>du</strong>e : les calembours sont <strong>de</strong> toute antiquité.<br />
Dans toutes les <strong>la</strong>ngues, on a joué sur les<br />
mots : Cicéron lui-même en .a donné l'exemple<br />
plus d'une fois; et Boiïean 9 en proscrivant les pointes,<br />
ne défend pas à <strong>la</strong> gaieté d'en faire quelquefois<br />
usage. Mais il observe, avec tous les gens <strong>de</strong> goii,<br />
que, ries n'étant plus aisé ni plus frivole que cette<br />
espèce <strong>de</strong>débauche d'esprit, il ne fout se <strong>la</strong> permettre<br />
que très-rarement et avec beaucoup <strong>de</strong> réserve.<br />
' Voici un <strong>de</strong>s calembours <strong>de</strong> P<strong>la</strong>nte. Mercure dit<br />
' que <strong>la</strong> veille il assommé quatre hommes. Je crains<br />
bknf dit Sosie, <strong>de</strong> changer aujourd'hui <strong>de</strong> nom,<br />
et <strong>de</strong> m'appekr Quintw. Cest que Quintm, -qui<br />
était un nom romain, vou<strong>la</strong>it dire aussi timquième ;<br />
et Sosie craint <strong>de</strong> faire le cinquième. Il continue à<br />
bouffonne? sur le même ton. JMEBCUBB : Je ferai<br />
manger mes poings au premier que je rencontrerat<br />
SOSIB. fai soupe : gar<strong>de</strong> ce ragoût pour ceux<br />
qui ont faim. Mime» Une voix a voté vers moi.<br />
Ses. Jemds Mm matkewreux <strong>de</strong> n'avoir pas mwpê<br />
tes aUm è ma vote, puisqu'elle est motatMe. M Bac.<br />
Il faut qw je le charge <strong>de</strong> coups. Sos. Jetais km,<br />
je ne puis porter aucune charge. Mine. Je ne sais<br />
qui parle là. Sos. Je suis sami : Une me mît pas.<br />
Je m'appelle Sosie, et mnpas Je ne sais qui. Mime.<br />
Une voix m'a frappé è droite. Sos. Si ma voix ta<br />
frappé'Jeerains bien qu'ilmemefrappe moPmême.<br />
embarras- Tous ces jeux <strong>de</strong> mots sont <strong>du</strong> ton d'Arlequin, et<br />
serait fort pu <strong>du</strong> combat t et que le comique ne te son pas <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Molière. Mais, je le répète, tonnait<br />
qu'à h manière dont Sosie s'en tirerait. Il lui tes les p<strong>la</strong>isanteries <strong>de</strong> <strong>la</strong> scène qui suit, et qui<br />
fait tracer comme il peut <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong>s troupes; roule sur les <strong>de</strong>ux moi, sont excellentes, et Molière<br />
il f arrête pru<strong>de</strong>mment au €01711 d'armée, et amène n<br />
Mercure quand Sosie ne sait plus où il en est.<br />
Ce<strong>la</strong> vaut un peu mieux que <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> P<strong>la</strong>nte,<br />
CJSM s'aurait pas manqué d'ennuyer. Autre défaut<br />
v a pu rien faire <strong>de</strong> mieux que <strong>de</strong> se les approprier.<br />
Il a emprunté aussi <strong>la</strong> querelle et le raccommo<strong>de</strong>ment<br />
avec Alemène, et <strong>la</strong> scène où Mercure, <strong>du</strong><br />
haut d'une fenêtre, traite si mal Amphitryon et