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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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138 COURS DE LITTÉRATURE.<br />

affaires <strong>de</strong> religion $ il 11*011 est pas moins vrai qu'une<br />

<strong>de</strong>s plus gran<strong>de</strong>s difficulté» qui 'se présentent dans<br />

<strong>la</strong> recherche <strong>de</strong>s mcrars anciennes, c'est celte <strong>de</strong><br />

concilier, if 011 côté tant d'indifférence, et <strong>de</strong> l'autre<br />

tant <strong>de</strong> ligueur sur le même objet; Alcibia<strong>de</strong>, rappelé<br />

<strong>de</strong> l'armée <strong>de</strong> Sicile où il commandait, pour<br />

se purger d'une accusation d*impiété envers les<br />

dieux 9 et ces mêmes dieux vilipendés sur <strong>la</strong> scène<br />

défaut tout un peuple qui ne faisait qu 9 en rire. Ce<br />

n'est pas assez d'établir une distinction entre les<br />

dieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> religion et ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fable, entre les<br />

dieux <strong>de</strong>s prêtres et ceux <strong>de</strong>s poètes. On ne peut nier<br />

que cette distinction ne soit fondée à un certain<br />

point; mais qui nous apprendra en quoi elle consistait<br />

? qui marquera l'intervalle entre ce qu'il fal<strong>la</strong>it<br />

respecter et ce qu'on pou?ait mépriser ? C'est cette<br />

mesure qui nous manque absolument , et sans <strong>la</strong>*<br />

quelle cependant nous ne pouvons nous rendre<br />

compte <strong>de</strong> rien. L'on conçoit bien que toutes les<br />

traditions <strong>de</strong>s poètes pouvaient n'être pas <strong>de</strong>s articles<br />

<strong>de</strong> foi ; mais pourtant les dieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> mythologie<br />

sont, à beaucoup d'égards, les mêmes dans Phistoire.<br />

Bacchus avait dans les temples et dans les<br />

eérétnotiiey publiques les mêmes attributs que lui<br />

donne Aristophane dans sa comédie <strong>de</strong>s GrmmU*<br />

fer. M Euripi<strong>de</strong>, ni lui, nf Haute, ne disent nulle<br />

part ni ne font entendre qu'il faille distinguer les<br />

dieux dont ils se moquent <strong>de</strong> ceux que l'on doit révérer;<br />

et ces auteurs, qui étalent dans l'usage <strong>de</strong><br />

faire tant <strong>de</strong> conidmoes aux spectateurs , -ne leur<br />

©nt jamais fait celle-là. <<br />

Ce n'est pas non plus uni solution p<strong>la</strong>usible <strong>de</strong><br />

rapprocher* comme on a fiât, ces impiétés et les<br />

farces religieuses <strong>de</strong> notre premier théâtre, et ces<br />

my$iêres où, comme dit Boîteau, fem jouait les<br />

Smink, <strong>la</strong>, Fkrge ef Dkm par piété.<br />

Ce<strong>la</strong> prouvait seulement <strong>la</strong> grossière ignorance<br />

d'écrivains qui n'avaient nulle envie <strong>de</strong> se moquer<br />

<strong>de</strong> nos mystères, mais qui en par<strong>la</strong>ient <strong>du</strong> même<br />

ton que les prédicateurs <strong>de</strong> ce temps. En effet, le<br />

même goût régnait dans <strong>la</strong>chaîre et sur les tréteaux.<br />

On n'en savait pas davantage alors, et <strong>la</strong> passion<br />

était préehée dans l'église, et jouée à <strong>la</strong> Foire, dans<br />

un Jargon également ridicule. Mais quand les dieux<br />

<strong>de</strong> l'antiquité furent bafoués sur <strong>la</strong> scène, c'était<br />

dans le siècle <strong>de</strong>s beaux arts et dans un temps <strong>de</strong><br />

lumières : ce n'était pas simplicité, c'était moquerie ;<br />

et Tune ne ressemble pas à l'autre. La meilleure<br />

raison qu'on en donne, c'est que les représentations<br />

dramatiques avaient pris naissance dans les fêtes<br />

consacrées à Bacchus, et qu'un <strong>de</strong>s caractères, un<br />

<strong>de</strong>s privilèges <strong>de</strong> ces fîtes, c'était <strong>de</strong> permettre tout<br />

ce qui pouvait faire rire. Des paysans barbouillés<br />

<strong>de</strong> lie pouvaient, <strong>du</strong> haut <strong>de</strong> leurs chariots rou<strong>la</strong>nts f<br />

dire <strong>de</strong>s injures à tout le mon<strong>de</strong>, sans qu'il fût permis<br />

<strong>de</strong> s'en p<strong>la</strong>indre, à peu près comme dans nos<br />

mascara<strong>de</strong>s <strong>du</strong> carnaval on permet à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>ce <strong>de</strong><br />

se moquer <strong>de</strong>s passants. Les Romains eurent <strong>de</strong>s<br />

Saturnales où régnait <strong>la</strong> même licence. On croit<br />

que les spectacles ches les Grecs, conservant l'esprit<br />

<strong>de</strong> leur institution, forçat longtemps affranchis <strong>de</strong><br />

toute règle, et que l'on convint que tout serait bon,<br />

pourvu qu'on se divertit. Les Romains, en imitant<br />

les pièces <strong>de</strong>s Grecs, proitèrent <strong>de</strong> <strong>la</strong> même liberté s<br />

et l'on souffrit, dans les divertissements fuWîes,<br />

ce qui était défen<strong>du</strong> dans tout autre temps. Voilà<br />

ce qu'on a trouvé <strong>de</strong> plus p<strong>la</strong>usible; et il faut biea<br />

se contenter <strong>de</strong> cette explication, puisqu'il n'y ea a<br />

point <strong>de</strong> meilleure.<br />

Quoique l'obscénité <strong>de</strong>s termes ? si fréquente dam<br />

Aristophane, et l'indécence <strong>de</strong>s moeurs que nous,<br />

verrons dans P<strong>la</strong>nte, ne soient guère moins révol*<br />

tantes pour nous, il est pourtant plus aisé <strong>de</strong> s'en<br />

rendre raison. La <strong>la</strong>ngue d'Athènes et <strong>de</strong> Rome était<br />

moins mo<strong>de</strong>ste que <strong>la</strong> nôtre* .<br />

Le <strong>la</strong>tin <strong>du</strong>» tes mots brave Ffaosiiêtctâ»,<br />

aditBoilean;etron peut endireantant<strong>du</strong> grec. Il est<br />

raouiu que, sur cet article, ttutes les <strong>la</strong>ngues ne<br />

sont pas également scrupuleuses. La notre même 1<br />

éprouvé sur ce point <strong>de</strong>s variations, puisqu'il y t<br />

dans Molière tel mot qui revient fort souvent, qui,<br />

<strong>de</strong> son temps, n'était pas malhonnête , et qu'aujourd'hui<br />

Ton né se permettrait pas en bonne -compagnie<br />

ni sur le théâtre. La coutume et le prêjigé<br />

doivent donc avoir établi m m genre <strong>de</strong>s différences<br />

sensibles. Comme il n'y eut jamais citez les Grecs,<br />

et pendant longtemps à Rome, que les courtisanes<br />

qui vécussent librement et indistinctement avec les<br />

hommes, l'habitu<strong>de</strong> générale, parmi les jeunes gens,<br />

<strong>de</strong> vivre avec cette espèce <strong>de</strong> femmes, tandis que<br />

tontes les mères <strong>de</strong> famille se tenaient dans l'intérieur<br />

<strong>de</strong> leur domestique, ne <strong>du</strong>t ps apporter beaucoup<br />

<strong>de</strong> réserve dans le <strong>la</strong>ngage ordinaire et journalier.<br />

Tout ce qui a rapport aux con venances sociales<br />

n'a pu -se perfectionner que cher une nation où le<br />

commerce continuel <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sexes a dû former peu<br />

à peu l'esprit général, et épurer le ton <strong>de</strong> <strong>la</strong> sodété.<br />

La société ainsi composée est en .effet l'empire naturel<br />

<strong>de</strong>s femmes': elles en sont <strong>de</strong>venues les légis<strong>la</strong>trices<br />

nécessaires. Les hommes peuvent comman<strong>de</strong>r<br />

partout ailleurs : là seulement l'autorité<br />

appartient tout entière au sexe à qui il a été donné<br />

par <strong>la</strong> nature d'adoucir et <strong>de</strong> polir le nôtre. Dès que<br />

tous les <strong>de</strong>ux se rassemblent, dès qu'on fait <strong>de</strong> cette<br />

réunion un moyen habituel die bonheur, il faut Menf

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