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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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138<br />

entortillées @t liem<strong>de</strong>iises. Ches M <strong>la</strong> ttsesse <strong>de</strong>vient malignité<br />

f k QâJTeté, <strong>de</strong>vient bêtise; ses railleries sont plus<br />

digues d'être sifflées qu'elles ae sont capables <strong>de</strong> faire rire ;<br />

sa gaieté rfesî qu'effronterie ; enfin f il n'écrit pas pour p<strong>la</strong>ire<br />

aux gens sensés et honnêtes, mais pour f<strong>la</strong>tter l'envie,<br />

Sa méchanceté, et <strong>la</strong> débauche. »<br />

Quoi qu'en, dise Brâmoy, qui trouve ce jugement<br />

trop séf ère , on ne peut nier que <strong>la</strong> lecture d'Aristophane<br />

ne justifie Piutarque dans tons les points.<br />

Le seul reproche qu'on poisse lui fidre , c'est <strong>de</strong><br />

n'avoir pas marqué f espèce <strong>de</strong> mérite qui se fait<br />

sentir à travers tant <strong>de</strong> défauts f et qui peut faire<br />

concevoir pourquoi cet auteur p<strong>la</strong>isait tant aux<br />

Athéniens. J'avoue qu'il est extrêmement difficile<br />

d'en donner une idée; car, pour saisir l'esprit<br />

d'Aristophane il faudrait avoir dans sa mémoire<br />

tous les <strong>la</strong>its 9 tous les détails <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> soa<br />

temps, et connaître les principaux personnages<br />

d'Athènes, comme nous connaissons ceux <strong>de</strong> nos<br />

jours. Cette connaissance ne pouvant jamais être<br />

qu'imparfaite, à cause <strong>de</strong> l'éloignement <strong>de</strong>s temps,<br />

il y a nécessairement une foule <strong>de</strong> traits dont l'apropos<br />

doit nous échapper. Cependant ceux qui<br />

• eût assez étudié <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>de</strong>s Grecs et leur histoire<br />

pour lire Aristophane, en savent <strong>du</strong> moins assez<br />

pour en comprendre une bonne partie, pour voir<br />

en quoi consistait son talent. Maïs cette difficulté<br />

même en fait voir le faible, et nous apprend ce qui<br />

lui a manqué. Car pourquoi est-il si ma<strong>la</strong>isé <strong>de</strong><br />

l'entendre, tandis que nous lisons avec délices les pièces<br />

<strong>de</strong> Térence, quoique nous n'ayons pas une connaissance<br />

plus particulière <strong>de</strong> Rome que d'Athènes?<br />

•(Test qu'Aristophane n'a peint que <strong>de</strong>s indivi<strong>du</strong>s,<br />

et que Térence a peint l'homme; c'est qm les pièces<br />

<strong>de</strong> l'un ne sont que <strong>de</strong>s satires personnelles ou -politiques<br />

, <strong>de</strong>s parodies, <strong>de</strong>s allégories * toutes choses<br />

dont l'à-propos et l'intérêt tiennent au moment;<br />

celles <strong>de</strong> l'autre sont <strong>de</strong>s comédies faîtes pour peindre<br />

dès caractères, <strong>de</strong>s vices, <strong>de</strong>s ridicules, <strong>de</strong>s<br />

passions, qui varient à un certain point dans les<br />

formes extérieures, mais dont le fond est le même<br />

dans tous les temps ; c'est qu'en un mot Aristophane<br />

n'était qu'un satirique, et que Térence, ainsi que<br />

Ménaedre, était véritablement un comique. Il y-a<br />

entre eux <strong>la</strong> même différence qu'entre un mime et<br />

un comédien, entre celui qui ne sait que contrefaire,<br />

et celui qui a le talent d'imiter. Et quelle distance<br />

il y a entre ces <strong>de</strong>ux arts 1 Celui qui contrefait prend<br />

un masque; il ne peut vous amuser qu'autant que<br />

vous connaisses le modèle ; encore ne vous amuse»<br />

t-il pas longtemps. Celui qui sait imiter vous présente<br />

un tableau qui peut p<strong>la</strong>ire toujours, parce que'lemodèle<br />

est <strong>la</strong> nature, et que tout le mon<strong>de</strong> en est<br />

COURS DE LITTÉRATURE.<br />

juge. Allons plus.loin, et comparons celui qui contrefait<br />

à celui qui trace un portrait; c'est accor<strong>de</strong>r<br />

beaucoup, car il y a encore bien loin <strong>de</strong> l'un à l'autre.<br />

Regar<strong>de</strong>rai-je longtemps' le portrait d'un homme<br />

que je n'ai'jamais connu, d'un homme mort il y a<br />

* cent ans, surtout si ce portrait n'est qu'une caricature<br />

, une fantaisie, un grotesque ? Non, assurément.<br />

Maïs une peinture où je verrai <strong>de</strong>s caractères, <strong>de</strong>s<br />

situations, <strong>de</strong> l'âme, aura toujours <strong>de</strong> quoi m'attacher,<br />

quand même je n'aurais jamais connu un<br />

seul <strong>de</strong>s personnages. Voilà le principe <strong>de</strong>s beaux<br />

arts. Je me suppose dans l'ancienne Rome, assistant<br />

à une pièce <strong>de</strong> Térence. Dès l'ouverture, je vois<br />

arriver un jeune homme agité, hors <strong>de</strong> lui, se promenant<br />

à grands pas :<br />

«Qsel parti prendre? Irai j@M ii e ifti-j@'pas? Quoi! je<br />

n'aurai jamais le cœur <strong>de</strong> prendre mie immm fois ma ré»<br />

solution y dé m plus souffrir les affronts-lés caprice», Ses<br />

rebuts î Elle m'a chassé» die me rappelle» et finis 1 Bon,<br />

non, quand elle viendrait elle-même m'en prier, »<br />

- Je ne sais encore qui est-ce qui prie; mais je dis<br />

en moi-même : Voilà un jeune homme bien amoureux.<br />

Je suis déjà intéressé et attentif, et j'entends,<br />

avec autant <strong>de</strong> facilité que <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isir, le reste <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pièce, qui est dans le même goût. *<br />

Je me transporte maintenant dans'Athènes 9 et<br />

je me suppose, non pas un Français d'aujourd'hui,<br />

mais un habitant <strong>de</strong> quelque colonie grecque <strong>de</strong><br />

l'Asie Mineure, <strong>du</strong> temps <strong>de</strong> Périclès. Je suis venu,<br />

pour <strong>la</strong> première fois, comme bien d'autres curieux,<br />

aux Panathénées, aui fêtes <strong>de</strong> Minerve qui se célèbrent<br />

tous les cinq ans. Je sais qu'on y donne <strong>de</strong>s<br />

spectacles qui attirent toute <strong>la</strong> Grèce, <strong>de</strong>s tragédies<br />

<strong>de</strong> Sophocle et d'Euripi<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s comédies d'Aristophane<br />

et d'Eopolis* Je me promets un grand p<strong>la</strong>isir ;<br />

car les Athéniens passent pour <strong>de</strong> fins connaisseurs,<br />

et leurs poètes ont une réputation prodigieuse.<br />

J'arrïvejustement pour voirVlphigénie d'Euripi<strong>de</strong>.<br />

Je pleure, je suis enchanté, et je dis : Que les<br />

Athéniens sont heureux d'avoir ce grand homme !<br />

On annonce ensuite une pièce d'Aristophane, qu'on<br />

appelle ks Chevaliers, et je m'attends à bien rire.<br />

Je vois paraître <strong>de</strong>ux esc<strong>la</strong>ves, et j'entends dire :<br />

Ah! voilà Démosthènes, voilà Nicias. —Que ditesvous<br />

donc? Ce sont <strong>de</strong>ux esc<strong>la</strong>ves, ils en ont l'habit;<br />

et Démosthènes et Hie<strong>la</strong>s sont <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> vos généraux,<br />

<strong>de</strong> braves gens dont j'ai beaucoup enten<strong>du</strong><br />

parler. — Oui : mais voyez ces masques; c'est<br />

<strong>la</strong> figure <strong>de</strong> Mîcias et <strong>de</strong> Démosthènes. — Mais<br />

pourquoi ces figures <strong>de</strong> généraux d'armée avec ces<br />

habits d'esc<strong>la</strong>ves? — Cest une allégorie. Vous allez<br />

voir. — Ah! fort bien : mais j'étais venu pour voir

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