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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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l'autre. 11 lu! doit aussi ridée <strong>de</strong> faire sertir l'énée<br />

d'BIppolyte <strong>de</strong> témoignagecontre lui, et d'amener,<br />

à <strong>la</strong> in <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce, Plièdre qui confesse son crime<br />

et l'innocence <strong>du</strong> prince, et se fait justice, en m<br />

donnant <strong>la</strong> mort ; ce qui vaut «a peu mieux que <strong>la</strong><br />

lettre calomnieuse <strong>de</strong> Phèdre, morte dans <strong>la</strong> pièce<br />

grecque, avant que Thésée arrive. Enfin, et c'est<br />

ici <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> gloire <strong>de</strong> Sénèque, il a fourni à<br />

Racine cette fameuse déc<strong>la</strong>ration l'un <strong>de</strong>s plus beaux<br />

morceaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Phèdre française. Voici <strong>la</strong> tra<strong>du</strong>ction<br />

littérale, qui fera voir en même temps ce que<br />

Racine doit à Sénèque , et ce qu'il a su y ajouter.<br />

Phèdre se p<strong>la</strong>int <strong>du</strong> feu secret qui <strong>la</strong> dévore. Hïp*<br />

poSyte lui dit :<br />

« Je le ?®ls bien : votre aaaaas pour Thésée ions tour»<br />

moite et ions épie.<br />

Oui, fflppoljte, 1 est vrai, j'aime Thésée, tel qui!<br />

COIMS DE UTIÉB&TORE.<br />

eèuvraft à peine ses jouet f lorsqu'il tint attaquer le monstre<br />

<strong>de</strong> Crète dam les détoers da <strong>la</strong>byrinthe t et qu'a» il M<br />

servit <strong>de</strong> gui<strong>de</strong>. Quel était alors son éc<strong>la</strong>t! Je fois encore<br />

ses cheveux renoué® t son teint bril<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s couleurs <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

jeunesse, ce mé<strong>la</strong>ngé <strong>de</strong> force et <strong>de</strong> beaolé. Il avait îe visage<br />

<strong>de</strong> cette Diane que vous adorez, ou <strong>du</strong> Soleil mon<br />

% aîeal f ou plutôt U avait votre air. C'est à vous , oui, a vous<br />

qu'il ressemb<strong>la</strong>i quand U charma <strong>la</strong> itle <strong>de</strong> son ennemi.<br />

C'estainsi qu'il portait sa tête ; mais sa grâce aégigés brille<br />

encore plus dans sou fils. ¥atra père respire es vous tout<br />

entier, et vous fanes <strong>de</strong> votre mère l'Amazone Je se sais<br />

quoi d'un peu farouche 9 qui mêle <strong>de</strong>a grâces sauvages à <strong>la</strong><br />

beauté d'un ?isage grec. Ah! si vous fussiez venu dans <strong>la</strong><br />

Crète ; c'est à vous que ma aaear aurait donné le fil seconrâble,<br />

etc. »<br />

Ici floit ce que Racine a imité. Quatre mers après,<br />

Phèdre parle sans ambiguïté ; et se jette aux genoux<br />

d'Hippolyte. Les vers <strong>de</strong> Racine sont trop connus<br />

pour les citer ici; mais on peut sa rappeler qu'il a<br />

joint beaucoup d'idées à celles <strong>de</strong> Sénèque s et surtout<br />

qu'il'a ini Je morceau eu portant l'égarement<br />

<strong>de</strong> Phèdre au <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>gré; eu sorte que sa pas*<br />

sion, même en se manifestait- davantage, a taajours<br />

un air <strong>de</strong>êélm; m qui est beaucoup plus heureux<br />

que <strong>de</strong> unir, comme elle fait dans Sénèque,<br />

par un aveu formel <strong>de</strong> sa faiblesse 9 et par un mouvement<br />

qui en est <strong>la</strong> plus humiliante expression.<br />

Ce n'est pas <strong>la</strong> seule obligation que Racine ait à<br />

Sénèque. D'autres passages font voir qu'il l'avait<br />

beaucoup <strong>la</strong>» Ces vers à'Ipkigénie,<br />

La Tbatsalieentière! ou vaincue ou animéef<br />

Ltsiios même ©amplt* aa attendant Pansée,<br />

De toute aalre valeur éternels monuments v<br />

li sont #àetiile oisif que les amusements ,<br />

sont une imitation d'un endroit <strong>de</strong>s Trm/mnês; et<br />

il a pris dans <strong>la</strong> aaéaaa pièce un fort boi morceau<br />

<strong>du</strong> rôle <strong>de</strong> Pyrrhus dans son Andmwmqwe* On sait<br />

que le mot fameux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Médée <strong>de</strong> Coneille est<br />

aussi tjré <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méâêe <strong>la</strong>tine. Crébillon a pris dans<br />

Thymie plusieurs <strong>de</strong>s traits les plus énergiques <strong>de</strong><br />

son Aires. Enfin, Ton trouve dans les Tr&ymms,<br />

une scène entière fort belle entre âgaaiaaiaaa et<br />

Pyrrhus. Ce jeune prince <strong>de</strong>man<strong>de</strong> le sang <strong>de</strong> Folyxèoe,<br />

et le général s'efforce <strong>de</strong> lui faire voir 'toute<br />

l'horreur <strong>de</strong> cesaciilce. Le dis<strong>cours</strong> d'Agamemnon<br />

est <strong>du</strong> ton <strong>de</strong> <strong>la</strong> vraie tragédie : mais il perdrait trop<br />

à n'être tra<strong>du</strong>it qu'en prose.<br />

On a cité plusieurs fois <strong>de</strong>s sentences <strong>du</strong> même<br />

auteur, remarquables par un grand sens et par une<br />

tournure énergique et serrée , et quelques traits<br />

hardis <strong>de</strong> cette philosophie épicurienne qui était assez<br />

<strong>de</strong> mo<strong>de</strong> à Rome, et dont Lucrèce mit en vers<br />

les principes, sans que personne songeât à lui en<br />

faire un crime. C'est dans aae pièce <strong>de</strong> Sénèque que<br />

le chœur, qui est le personnage moral <strong>de</strong>s tragédies,<br />

chantait ee vers,<br />

Mea n'est après <strong>la</strong> mort s M mort mime n 9 est rien ;<br />

et ce <strong>de</strong>ux autres, tra<strong>du</strong>its par Cyrano dans son<br />

Agrippine,<br />

Une heure après ma mort, mon âme évanouie<br />

Sera os qu'eue était une heure avant ma vie.<br />

On n'est pas étonné <strong>de</strong> ces exemples quand on<br />

se rappelle quelle liberté <strong>de</strong> penser régnait à Rome<br />

sur ces matières, et que tout ce que le* lois exigeaient<br />

9 c'est que le culte public fût respecté. Yingt<br />

endroits d'Euripi<strong>de</strong>, où ses personnages parlent<br />

très-librement <strong>de</strong>s dieux, et rejettent toutes les fables<br />

qu'on en racontait, prouvait à lt fois, qu'il<br />

porta sur <strong>la</strong> scène <strong>la</strong> philosophie 4e Sœrate, et<br />

quelquefois même mal à propos; et que les Gréa<br />

ne regardaient pas comme <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> vénération<br />

toutes les traditions mythologiques qu'ils admettaient<br />

sur le théâtre. Brumoy remarque, avec saison<br />

, qu'il faut faire soigneusement cette distinction<br />

lorsqu'on étudie leurs auteurs.<br />

Les heureux <strong>la</strong>rcins qu'on a faits à Sénèque font<br />

voir aussi que, comme poëte, il n'est pas indigne<br />

d'attention ni <strong>de</strong> louange, mais le peu <strong>de</strong> réputation<br />

qu'il a <strong>la</strong>issée en ce genre, et le peu <strong>de</strong> lecteurs<br />

.qu'il a, sont <strong>la</strong> preuve <strong>de</strong> cette vérité «.toujours<br />

utile à remettre sous les yeux <strong>de</strong> ceux qui écrivent,<br />

que ce n'est pas le. mérite <strong>de</strong> quelques traits semés<br />

<strong>de</strong> loin en loin qui peut faire vivre les ouvrages, et<br />

qu'il faut élever <strong>de</strong>s monuments <strong>du</strong>rables pour attirer<br />

les regards <strong>de</strong> <strong>la</strong> postérité.

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