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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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fririons pas qu'ayant eu ^art à <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> <strong>la</strong> fille il<br />

en fît le récit à <strong>la</strong> mère* Mais le récit même nous<br />

fera mieux connaître encore toute <strong>la</strong> férocité <strong>de</strong> ces<br />

mœurs <strong>de</strong>s temps qu'os somme héroïques 9 férocité<br />

pro<strong>du</strong>its par <strong>la</strong> superstition et le fanatisme qui<br />

exaltaient l'énergie <strong>de</strong>s âmes,.et enfantaient <strong>de</strong>s<br />

crimes*<br />

C0B1S NE LITtti&ATOBE.<br />

Pour ee grand sacrifice on s'assemble , on s'empresse.<br />

De jeunes Grecs, rangés autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> princesse,<br />

Devaient sous ma con<strong>du</strong>ite accompagner ses pas,<br />

La p<strong>la</strong>cer à Finie! et l'offrir au trépas.<br />

Pyrrhus vient ; il saisit <strong>la</strong> victime docUe, .<br />

Et l'entraîne lui-même à <strong>la</strong> tombe d'âchtlle.<br />

Il prend un vase d'or, te remplit, et soudain<br />

En l'honneur <strong>de</strong> son père 11 épanche le vin.<br />

A l'armée, en son nom, J'ordonne le fttenee.<br />

« Que ma voix dans ces lieux attire ta présence f<br />

« O mon pète! dit-Il, reçois aux sombres bords<br />

« Ces dons religieux qui consolent les morts.<br />

« Yols os sang consacré que nous étions répandra :<br />

« Ce pur sang d'une vierge appartient à ta cendre.<br />

« Sois-nous propice, AeMlSe f ô mon père 1 ô héros I<br />

« Loin <strong>de</strong>s bords d'IUon fais voguer nos vaisseaux.<br />

« Que sauvés <strong>de</strong>s éeueils d'une mer en furie,<br />

« Un retour fortuné nous ren<strong>de</strong> à <strong>la</strong> patrie! »<br />

H dlf, et tous les Grecs s'unissent à ses vœux,<br />

Et nos cris suppliants <strong>mont</strong>ent Jusques aux <strong>de</strong>ux.<br />

Dans <strong>la</strong> mata <strong>de</strong> Pyrrhus déjà le g<strong>la</strong>ive brille ;<br />

Ses regards m'ordonnaient <strong>de</strong> saisir votre iUe.<br />

m Arrête, nous dit-elle, ê vainqueurs <strong>de</strong>s Troyent..<br />

m Prêts à mêler mon sang avec le sang <strong>de</strong>s miens,<br />

« Épargnes-moi <strong>du</strong> moins un inutile outrage.<br />

« Ma mort doit être libre, et J'aurai le courage<br />

« De présenter au g<strong>la</strong>ive et ma tète et mon sein.<br />

« Sur <strong>la</strong> fille <strong>de</strong>s rois se portai point <strong>la</strong> main :<br />

« Polyxène, acceptant un trépas qu'elle brave,<br />

« Ne veut point aux enfers porter le nom d'esc<strong>la</strong>ve. *<br />

Elle dit : mille Voix parlent es sa faveur.<br />

Agamemnon lui-même, admirant son grand «mr9<br />

Souscrit à sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, et veut qu'on se retire.<br />

Polyxène l'entend : elle arrache et déeMre<br />

Les voiles, ornements <strong>de</strong> sa virginité ;<br />

Et t <strong>de</strong> son sein cFalbâtre éta<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> beauté,<br />

Blé tombe à genoux : « Pyrrhus, frappe, dlt-«lle ;<br />

« Frappe, J'attends tes coups. » H se trouble, il ehaneeUe.<br />

La victime à ses pieds, l'aspect <strong>de</strong> tan t d'appas t<br />

La pitié quelque temps semble arrêter son bras.<br />

Mais Achille l'emporte es cette âme hautaine s<br />

Il enfonce le fer au ccrar <strong>de</strong> Polyxène,<br />

Le retire fumant : le s «g jailli! au loin.<br />

Elle tombe expirante, et, par un <strong>de</strong>rnier soin,<br />

Elle rassemble eneor <strong>la</strong> force qui lui reste t<br />

Pour n'offrir aux regards qu'une cbufe mo<strong>de</strong>ste 8 .<br />

Elle meurt Ge moment change tous les esprits.<br />

Touchés.<strong>de</strong> ta vertu, <strong>de</strong> son sort attendris,<br />

Tous, et chefs et soldatsf qu'un même zèle anime,<br />

A l'envi l'un <strong>de</strong> l'autre honorent <strong>la</strong> victime.<br />

Déjà par mille makis son bûcher est dressé.<br />

Tous hâtent cet ouvrage, et d'un bras empressé<br />

Le couvrent <strong>de</strong> présents, l'entourent <strong>de</strong> guir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>s,<br />

~ Se disputent le droit d'y porter <strong>de</strong>s offran<strong>de</strong>s ;<br />

Et tandis qu'on lut rend ces funèbres honneurs,<br />

Fentends gémir sa mère, et vois couler vos pleurs.<br />

x Ce détail, qui peut paraître petit dans un pareil moment,<br />

tient absolument aux moeurs anciennes. On le retrouve plus<br />

dtanefofe chez les Grées et ebex les Latins; et <strong>la</strong> Fontaine,<br />

dans <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> TMsbé, Imitée d'Ovi<strong>de</strong>, exprime<br />

ainsi <strong>la</strong> même idée :<br />

lie dit : et, tombant, range ses vêtements,<br />

Dernier trait <strong>de</strong> peâew à am ierstan mmmmts.<br />

Racine a pris soin d'mttir qtrtl m Al<strong>la</strong>it pas<br />

que <strong>la</strong> conformité <strong>de</strong> titra fit imaginer que son At*<br />

dromaque fût <strong>la</strong> même que celle d'Euripi<strong>de</strong>.<br />

m Quoique ma tragédie, dit-il» perte fe même titre que<br />

<strong>la</strong> sienne f le sujet en est pourtant très-différent- Âmàmmmqeef<br />

dans Euripi<strong>de</strong>, craint pour <strong>la</strong> fie <strong>de</strong> Molossus, qui<br />

est un fils qu'elle a eu <strong>de</strong> Pyrrhus, et qu'HermÂMie veut<br />

faire mourir avec sa mère. Mais dans ma pièce il ne s'agit<br />

point <strong>de</strong> Molossus. Andromaqee ne connaît point d'autre<br />

mari qu'Hector, m d'autre fils qa'Astyanax. J'ai era. m<br />

ce<strong>la</strong> me conforme? à l'idée que nous avens <strong>de</strong> cette princesse.<br />

La plupart <strong>de</strong> ceux qui ont enten<strong>du</strong> parleraAndromâf<br />

ae m <strong>la</strong> cesnaisseatguère que pour <strong>la</strong> ?eave d'Hector<br />

et pour <strong>la</strong> mère d'Astya&ax. On se croit peint qu'elle doive<br />

aimer ni un autre mari m un autre fils; et Je doute fuefes<br />

<strong>la</strong>rmes d'Andromaque eussent fait sur f esprit <strong>de</strong> mes apec-<br />

. tateore l'Impression qu'elles y ont <strong>la</strong>ite, si celles avaient<br />

coulé pouf un autre fils que celui qu'elle avait d'Hector.<br />

Ces observations prouvent le jugement exquis <strong>de</strong><br />

Racine, qui savait combien il importe au théâtre<br />

<strong>de</strong> se conformer aux. idées le pins généralement reçues,<br />

et

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