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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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118<br />

COtJBS Dl' UITtÊATOBEL<br />

Grècef ta il lofera mourir. )d s'établit une <strong>de</strong> ces<br />

scène&<strong>de</strong> coiitgo? erses dont Euripi<strong>de</strong> a?ait rapporté<br />

le §ûtlt|e Vémleâes philosophes, et dont il infecta<br />

le théâtjed'Athènes, d'autant plus facilement que lés-<br />

Grecs, nattirelléiftieDt subtils et ^sputeurs, aimaient<br />

assez ces sortes <strong>de</strong> scènes, opposées ejf général à<br />

l'esprit dramatique, qui veut beaucoup plus <strong>de</strong> sentiments<br />

qmàe raisonnements, et qui n'admet oeuxcl<br />

que dps les situations tranquilles, encore a?ee<br />

beaucoup d'art et <strong>de</strong> ftiesure. Ééné<strong>la</strong>s accuse Hélène;<br />

rfélènrse défend : double p<strong>la</strong>idoyer suivi<br />

d'un troisième, car Hécube prend <strong>la</strong> parole; elle<br />

se charge if confondre <strong>la</strong> femme <strong>de</strong> Méné<strong>la</strong>s, et<br />

paraît en venir à'bont ; mais encore^une fois, à<br />

quoi tout ce<strong>la</strong> fend-jf? Qu'à distraire le spectateur,<br />

pendant un acte entier s <strong>de</strong> l'intérêt qui l'occupait , •<br />

et <strong>du</strong> sort <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille '<strong>de</strong>JPriam.<br />

Un <strong>de</strong>s détails les plus bril<strong>la</strong>nts <strong>de</strong> cette pièce t<br />

c'est <strong>la</strong>-prophétie <strong>de</strong> Cûssandre, que ChAteaubrun<br />

a imitée assez heureusement, et qui, dans <strong>la</strong> nouveauté<br />

f contribua beaucoup au succès <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce,<br />

et commença <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> célèbre C<strong>la</strong>iron.<br />

M'oublions pas que dans k$ Troyomei, comme<br />

dans les autres pièces <strong>du</strong> même auteur, on ne manque<br />

pas <strong>de</strong> retroufer le prologue, qui est <strong>de</strong> -règle<br />

chez rai. Les interlocuteurs sont Neptune et Minerve/qui<br />

conviennent <strong>de</strong> faire tout le mal possible<br />

à <strong>la</strong> flotte <strong>de</strong>s Grecs.<br />

bans Héetée, <strong>du</strong> moins i le prologue ne se fait<br />

pas pr une divinité : c'est fombre <strong>de</strong> Polydore, lis<br />

<strong>de</strong> Priaai, qui fient raconter toute son histoire, et<br />

prédire tout ce que les spectateurs verront. 11 a<br />

été assassiné par-Polymnestor, roi <strong>de</strong> <strong>la</strong> presqu'île<br />

<strong>de</strong>"Thrace9 à qui Priant l'avait confé. Les Grec»,<br />

ait retour <strong>de</strong> Troie, abor<strong>de</strong>nt dans cette presqulle.<br />

Héeube, leur prisonnière est avec eax^ et l'ombre<br />

d'Achille <strong>de</strong>man<strong>de</strong> le sacrifice <strong>de</strong> Polyxène, sans<br />

lequA les Grecs ne pourront pas sortir <strong>de</strong> <strong>la</strong> Thrace.<br />

Ces! cette même Polysène qu'Euripi<strong>de</strong> n'a pas<br />

wujo fa|re paraître dans Im Hray«wtef, quoi*<br />

qu'elle y fait immolée, mais sur <strong>la</strong>quelle il a épuisé<br />

ici taales les ressources <strong>de</strong> son génie et toutes les<br />

richesses <strong>de</strong> son éloquence. Les trois premiers actes<br />

<strong>de</strong> cette'pièce sont peut-être ce qu'il a fuit <strong>de</strong> pias<br />

touchant cl <strong>de</strong> plus parfait. Les <strong>de</strong>ui <strong>de</strong>rniers ne<br />

contiennent que <strong>la</strong> vengeance que tire Hécube <strong>de</strong><br />

Polymnestor;. et cette secon<strong>de</strong> action 9 absolument<br />

indépendante <strong>de</strong> <strong>la</strong> première, a <strong>de</strong> plus l'inconvénient<br />

d'être infiniment moins intéressante. Laismm%<br />

<strong>de</strong> cité, pouf ne nous occuper que <strong>de</strong> Polyièné.<br />

La scène aè Ulysse vient <strong>la</strong> chercher pour<br />

<strong>la</strong> con<strong>du</strong>ire à <strong>la</strong> mort où les Grecs font condamnée,<br />

les dis<strong>cours</strong> <strong>de</strong> cette princesse et <strong>de</strong> sa mère, leur<br />

séparation déchirniti, le rélf màae dUlyate, pi,<br />

dans un ministère odieux, conserve <strong>la</strong> dignité convenable,<br />

tout est traité atec une supériorité digne<br />

<strong>de</strong>s plus grands modèles. Hécube <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Ulysse<br />

<strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> l'interroger; car elle est captive et<br />

prie à un <strong>de</strong> ses maîtres. Elle lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'il se<br />

souvient qu'étant venu I-Troie, déguisé et chargé<br />

<strong>du</strong> dangereux personnage d'espion, il jfat «reconnu<br />

par Hélène, qui vint faire part à Hécube <strong>de</strong> cette<br />

découverte. Héeube n'avait qu'à dire un mot, et<br />

Ulysse était per<strong>du</strong>. Il implora sa pitié, et obtint<br />

d'elle" qu'elle le <strong>la</strong>issât partir. Ulysse convient <strong>de</strong><br />

tout; et l'on sent quel avantage cet aveu donne à<br />

Hécube, qui loi a sauvé <strong>la</strong> vie.<br />

Souviens-toi <strong>de</strong> m Jour m, d'eue vol* traÉblmto,<br />

Et pressanl mes genoux d'une main suppliante,<br />

Pile et défiguré par l'effroi <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort,<br />

A ma seule pitié ta remettais ton sort<br />

Je reçus <strong>la</strong> prière, et J'épargnai ta vie;<br />

Je te ii échapper d'une terre ennemie.<br />

Te êafs à mes toutes ce Jour qui <strong>la</strong>it pour toi,<br />

Et tu peux à ce-point être ingrat envers smït<br />

Ulysse outrage ainsi ma fortune abattue !<br />

SII vit, c'est par moi seule t et c'est lui qui me tse !<br />

11 m'arrache ma Elle I àh ! cruel ! et pourquoi?<br />

Quel dieu vous a dicté cette exécrable loi?<br />

Est-ce Achille aujourd'hui qui veut une vieieeef<br />

Dont les mânes vtnsjrars t'arment contre le crime t<br />

Et Men ! sacrifiez à l'ombre d'un héros<br />

L'auteur <strong>de</strong> son trépas f Fauteur <strong>de</strong> tous nos maux ;<br />

Saeritaz Hélène, odieuse furie,<br />

Et non moins qu'aux Troyeus t fatale à sa patrie.<br />

Si d'une offran<strong>de</strong> illustre Achille est si f<strong>la</strong>tté,<br />

§11 veut voir sur sa tombe immoler <strong>la</strong> beauté,<br />

Hélène, à qui les dieux font animée eu partage,<br />

Remporte enenr sur nous ce fnaesie avantage;<br />

Hélène est plus coupable et plus Mie à <strong>la</strong> fois.<br />

O vous à qui j'adresse une débile vol*,<br />

Tous gue j'ai TU jadis, dans un jour <strong>de</strong> détresse t<br />

Prosterné <strong>de</strong>vant moi, supplier ma vieillesse¥<br />

Que Fénjaité ¥ous parle et soit Juge entre nous<br />

Faites |ci pour moi ce que J'ai fait pour vous !<br />

Fat p<strong>la</strong>int votre Infortune, et vous voyez <strong>la</strong> nôtre;<br />

Tous pressiez cette main , et Je presse Sa votre.<br />

Hécube est à vos pieds; Hécube est mère % hé<strong>la</strong>s I<br />

Hé<strong>la</strong>s ! n'arrachez point ma fille <strong>de</strong> mes bras ;<br />

Me versez point son sang ; c'est assez <strong>de</strong> carnage.<br />

ifes revers sont affreux : ma §!§e Ses sotsleap,<br />

Console mes vieux ans, adoucit mes douleurst<br />

Et me fait quelquefois oublier mes malheurs.<br />

àh I ne me Pétez pas, ne me privez point d'elle!<br />

La victoire jamais ne doit être cruelle»<br />

Qnel vainqueur peut compter sur un bonheur constant?<br />

Je suis <strong>de</strong>s coups <strong>du</strong> sort un exemple éc<strong>la</strong>tant.<br />

le régnais* J'étafa mère, et je me crus heureuse :<br />

Mon tMMtaent a passé somme une ombre trompeuse*<br />

Un jour a tout détrait, et Je ne suis plus rien.<br />

Prenez pitié <strong>de</strong> moi, <strong>la</strong>issez-moi mon seul bien ;<br />

Parlez à tous ces chefs , et que votre «fasava<br />

De tant <strong>de</strong> cruautés fasse rougir <strong>la</strong> Grèce,<br />

Les femmes, les enfants, dans ftinreenr <strong>de</strong>s-combats,<br />

iront point été frappés êm fer <strong>de</strong> vos soMats.<br />

Est-ce an pied <strong>de</strong>s autels que, souil<strong>la</strong>nt votre gloire]»<br />

Tons répandrez le sang qu'épargna <strong>la</strong> victoire?<br />

Eh quoi ! pour <strong>de</strong>s captifs désarmés et soumit<br />

Serez-vous plus cruels que pour vos-ennemis?<br />

Parlez, et révoquez l'arrêt <strong>de</strong> rinjustlce :<br />

La tîfèce voua écoute, et doit es état» Ulysse.

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