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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCIENS. — POÉSIE.<br />

m s'écartent <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition reçue,_ qui attribuait<br />

<strong>la</strong> blessure <strong>de</strong> Philoetète à l'une <strong>de</strong> ces ièches terribles<br />

qui tomba sar son pied, pour le punir d'avoir<br />

violé son serment en révé<strong>la</strong>nt le liée <strong>de</strong> <strong>la</strong> sépulture<br />

d'Hercule. Sophocle a Mes fait, ce me semble, <strong>de</strong><br />

rejeter cette tradition, comme peu honorable pour<br />

son héros, et d f y substituer le serpent <strong>du</strong> temple <strong>de</strong><br />

Chrysa.<br />

A l'égard <strong>de</strong> son style, j'aurais été assez payé <strong>de</strong><br />

mon travail par ce seul p<strong>la</strong>isir que Ton ne peut goûter<br />

qu'es tra<strong>du</strong>isant un homme <strong>de</strong> génie. 11 est doux<br />

d'être soutenu par le sentiment d'une admiration<br />

continue, et c'est alors que fou jouit <strong>de</strong> ce qu'on ne<br />

saurait égaler.<br />

mamn IY. — D'Euripi<strong>de</strong>.<br />

Euripi<strong>de</strong> était né à Sa<strong>la</strong>mine, an milieu <strong>de</strong>s fêtes<br />

que Ton célébrait pour <strong>la</strong> victoire qui a ren<strong>du</strong> ce<br />

nom si fameux. 11 cultiva d'abord <strong>la</strong> philosophie sous<br />

Anaxagore et Socrate : c'était le temps où elle commençait<br />

à régner dans Athènes.- Mais Euripi<strong>de</strong>, effrayé<br />

<strong>de</strong>s persécutions qu'elle avait attirées à son<br />

premier maître, Aoaxagore^, qui eut besoin, pour y<br />

échapper 9 <strong>de</strong> tout le crédit <strong>de</strong> Périclès, se tourna<br />

vers le théâtre, et eut bientôt <strong>de</strong>s succès assez éc<strong>la</strong>tants<br />

pour ba<strong>la</strong>ncer ceux <strong>de</strong> Sophocle. <strong>la</strong> jalousie<br />

les brouil<strong>la</strong> d'abord ; mais dans <strong>la</strong> suite ils se rendirent<br />

mie justice réciproque, et <strong>de</strong>vinrent amis. Euripi<strong>de</strong><br />

composa environ quatre-vingts pièces, dont<br />

quinze furent couronnées. 11 nous en reste dix-huit.<br />

Appelé à <strong>la</strong> cour d'Arebé<strong>la</strong>iis, roi <strong>de</strong> Macédoine,<br />

il fut honoré <strong>de</strong> <strong>la</strong> faveur <strong>de</strong> ce prince, et comblé<br />

<strong>de</strong> ses bienfaits. Sa In fut malheureuse : s'étant<br />

trouvé seul dans un lieu écarté, il fut dévoré par<br />

<strong>de</strong>s chiens. Les Athéniens re<strong>de</strong>mandèrent son corps<br />

pour lui donner <strong>la</strong> sépulture <strong>la</strong> plus honorable. Mais<br />

Arehé<strong>la</strong>ûs refusa <strong>de</strong> le rendre, jaloux <strong>de</strong> conserver<br />

à <strong>la</strong> Macédoine les restes d'un grand homme, et les<br />

Athéniens se ré<strong>du</strong>isirent à lui élever un cénotaphe.<br />

Je m'arrêterai plus ou moins sur chacune <strong>de</strong>s<br />

pièces qui nous restent <strong>de</strong> lui, selon le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

leur mérite, l'intérêt qu'elles peuvent avoir pour<br />

nous par les imitations qu'on en a faites, et les instructions<br />

qu'on en peut tirer. Je commencerai par<br />

dire un mot <strong>de</strong> celles qui ne sont pas dignes <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

réputation <strong>de</strong> Fauteur, et qui semblent se rapprocher<br />

<strong>de</strong> l'enfance <strong>de</strong> fart,<br />

les Bmchatâes ne méritent pas même le nom<br />

êm tragédie, à moins qu'on ne restreigne ce nom<br />

à <strong>la</strong> signification qu'il avait <strong>du</strong> temps <strong>de</strong> Thespis :<br />

c'est une espèce <strong>de</strong> monstre dramatique en' l'honneur<br />

<strong>de</strong> Baeehus. Le sujet est <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Penthée déchiré<br />

par sa mère, à qui Baeehus a été <strong>la</strong> raison pour ven-<br />

Lâ mmwm. ton. — t.<br />

113<br />

ger sur ce malheureux prince le mépris <strong>de</strong> son culte.<br />

Cette fable atroce peut tenir une p<strong>la</strong>ce dans les'<br />

Métamorphoses d'Ovi<strong>de</strong>; elle est dégoûtante dans<br />

un drame, et Euripi<strong>de</strong> a mêlé à ces horreurs absur<strong>de</strong>s<br />

le délire <strong>de</strong>s orgies et le ridicule <strong>de</strong> <strong>la</strong> farce. On<br />

y fait d'un bout à l'autre réloge <strong>du</strong> vin et <strong>de</strong> l'ivresse;<br />

ce qui fait conjecturer à Brumoy que <strong>la</strong> pièce fut<br />

composée pour les fêtes <strong>de</strong> Baeehus. Ce dieu vient<br />

pour établir à Thèbes sa divinité et son culte; il<br />

parait sous <strong>la</strong> figure d'un fort beau jeune homme,<br />

et a bientôt un parti puissant parmi les dames thébaines.<br />

Mais le roi Penthée, à qui Ton veut lç faire<br />

reconnaître, assure que, si le préten<strong>du</strong> dieu ne sort<br />

pas <strong>de</strong> Thèbes, il le fera pendre. Baeehus, pour se<br />

venger <strong>de</strong> lui, le rend fou. Nous avons déjà vu Minerve<br />

dans Sophocle en faire autant d'Ajax ; mais il<br />

faut avouer que cette folie a tout un autre air que<br />

celle <strong>de</strong> Penthée , tant il est vrai que tout dépend<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> couleur que le poëte sait donner aux objets.<br />

Le roi <strong>de</strong> Thèbes <strong>la</strong>it à peu près le rôle <strong>du</strong> roi <strong>de</strong><br />

Cocagne. Il prend le thyrse et une robe <strong>de</strong> femme,<br />

et se <strong>la</strong>it coiffer sur le théâtre par Baeehus même,<br />

qui est en gran<strong>de</strong> faveur auprès <strong>de</strong> lui. Tout eek ne<br />

serait que grotesque si Penthée ne <strong>la</strong>issait pas par<br />

être mis en pièces par sa mère Agave, que le dieu<br />

a aussi ren<strong>du</strong>e folie, et qui revient sur <strong>la</strong> scène rapportant<br />

<strong>la</strong> tête sang<strong>la</strong>nte <strong>de</strong> son ils, qu'elle prend<br />

pour une tête <strong>de</strong> lion. Si l'on n'avait jamais fait un<br />

autre usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fable, il n'y a pas d'apparence<br />

qu'elle eût fait une si gran<strong>de</strong> fortune.<br />

Au reste, on peut remarquer que c'est une vengeance<br />

très-commune parmi les dieux que cf ôter <strong>la</strong><br />

raison aux hommes pour leur faire commettre les<br />

plus horribles atrocités. Nous allons en voir un autre<br />

exemple aussi révoltant dans une autre pièce <strong>du</strong><br />

même auteur, Y Hercule furieux, ma peu moins ridicule<br />

que les Bacchantes, mais qui, pour ce<strong>la</strong>,<br />

n'en vaut guère mieux. Amphitryon raconte naïvement<br />

dans un prologue toute l'histoire que Molière,<br />

après P<strong>la</strong>nte, a ren<strong>du</strong>e si comique. H rappelle <strong>la</strong><br />

naissance d'Hercule. Ce héros est absent, et on le<br />

croit mort. Un certain Lycas a tué Créon, roi <strong>de</strong><br />

Thèbes, et s 1 est emparé <strong>du</strong> trône : il *ent faire<br />

mourir le vieil Amphitryon, Mégare sa belle-ûlle9<br />

femme d'Hercule, et leurs enfants, <strong>de</strong>.peur qu'un<br />

jour quelqu'un d'eux ne venge <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Créon.<br />

Toute cette famille proscrite s'est réfugiée auprès<br />

<strong>de</strong> l'autel <strong>de</strong> Jupiter, comme à un asile sacré et invio<strong>la</strong>ble<br />

: cet autel a été élevé par Hercule lui-même,<br />

à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> son pa<strong>la</strong>is; mais Lycas menace d'y<br />

faire mettre le "feu. Alors Mégare, perdant toute<br />

espérance, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu'il lui soit permis <strong>de</strong> mourir<br />

en victime avant ses .enfants* 1 «t <strong>de</strong> les parer <strong>de</strong> leurs

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