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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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lit<br />

Ailleurs eette eipresrion pourrait n 9 itre pas mati*»<br />

•aise ; ici elle est d'eue recherche froi<strong>de</strong>, parce que<br />

tout doit être simple, rapi<strong>de</strong> et précis :<br />

« Quel est votre nom ? quelle est vota® patrie f »<br />

voilà ce qu'il faut dire : tout autre <strong>la</strong>ngage est<br />

faux.<br />

Mmh fuel fftf «t MMt?.<br />

Que ce mais est dép<strong>la</strong>cé! et pourquoi interroger<br />

hors <strong>de</strong> propos quand <strong>la</strong> chose est sous les yeux?<br />

Sophocle dit simplement :<br />

« Sij s ca€roisrappareni^fotrehaMteM€dsl<strong>de</strong>«€ieef.»<br />

Et qu'est-ce que l'ardmr <strong>de</strong> mm entretenir f II est<br />

bien question d'entretien 1 C'est le son <strong>de</strong> <strong>la</strong> voix<br />

d'un humain que Philoctète brûle d'entendre. Sophocle<br />

le dit mot pour mot :<br />

* Je feux entendre votre voix f »<br />

Quelle différence!<br />

Qu'il roc tards ê'mimêm<br />

Les sons qui m'ont frappé dans fige te plu tendre,<br />

Il eatte Sangns, Mte! qm Je se parle fiât !<br />

Ces fers ne sont pas dans le grec, mais ils sont<br />

dans <strong>la</strong> situation; ils sont bien faits. Cependant<br />

il eût mieui ?alu ne pas ajouter ici à Sophocle s<br />

et le tra<strong>du</strong>ire ntieui dans le reste : ce'qu'on lui<br />

donne ne faut pas ce qu'on lui a été. Il eût mieui<br />

valu ne pas commencer par mentir à <strong>la</strong> nature , ne<br />

pas omettre ensuite ce mou?ement si vrai et si touchant':<br />

« îf« soyez point effrayés <strong>de</strong> mon aspect; se me voyei<br />

point avec horreur. »<br />

C'est qu'en effet, dans l'état oè est Philoctète f il<br />

peut craindre eette espèce d'horreur qu'une profon<strong>de</strong><br />

misère peut inspirer. Le tra<strong>du</strong>cteur a reporté<br />

cette idée dans le <strong>de</strong>rnier vers ; mais une idée ne<br />

remp<strong>la</strong>ce pas on mouvement.<br />

êémérms mmnnm9 *f tm rtgard rmim té&ère,<br />

Omldéfes i f objet <strong>de</strong> tant d'inimitié.<br />

Tout ce<strong>la</strong> est vague et faible f et n'est point dans<br />

Sophocle. Philoctète ne les appelle point généreux,<br />

car il ne sait point encore s'ils le seront, et tout ce<br />

qu'il dit peint <strong>la</strong> défiance naturelle au malheur; et<br />

si leur regard etisévère, pourquoi les suppose-t-il<br />

généreux? Ce sont <strong>de</strong>s chevilles qui amènent <strong>de</strong>s<br />

inconséquences. Pourquoi leur parle-t-il <strong>de</strong> tant d%<br />

nimitiéf Toutes ces expressions parasites ne vont<br />

point an fait , ne ren<strong>de</strong>nt point ce que dit cl doit<br />

dire Philoctète :<br />

« àyei pillé d'us malheureux abandonné dans in désert,<br />

sans se<strong>cours</strong>, sans sppoi. »<br />

Cette analyse peut paraître rigoureuse : elle n'est<br />

COCBS DE LITTÉRATURE.<br />

pourtant que juste; el<strong>la</strong>est motivée, évi<strong>de</strong>nte, et<br />

porte sur <strong>de</strong>s fautes capitales. C'est en eiamittant<br />

dans cet esprit <strong>la</strong> poésie dramatique que Ton concevra<br />

quel est le mérite d'un Racine et d'un Voltaire,<br />

qui, dans leurs bons outrages, ne commettent<br />

jamais <strong>de</strong> pareilles fautes. Cest ainsi que Ton<br />

concevra en même temps pourquoi il n'est pas possible<br />

<strong>de</strong> lire une scène <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> pièces app<strong>la</strong>udies<br />

un moment par une multitu<strong>de</strong> égarée', et dont les<br />

succès- scandaleux nous ramènent à <strong>la</strong> barbarie.<br />

Il me reste à prier <strong>de</strong>s chœurs que j'ai supprimés.<br />

On sait ce qu'ils étaient chez les Grecs ; d#s<br />

morceau! <strong>de</strong> poésie lyrique, souvent fort beaux,<br />

qui tenaient à leur système dramatique f mais qui<br />

ne servaient <strong>de</strong> rien à l'action, quelquefois mime <strong>la</strong><br />

gênaient. Je les ai retranchés tous, comme inutiles<br />

et dép<strong>la</strong>cés dans une pièce faite pour lire jouée sur<br />

<strong>la</strong> scène française. Cette suppression, quoique indispensable,<br />

n'a pas <strong>la</strong>issé que <strong>de</strong> choquer beaucoup<br />

un amateur <strong>de</strong>s anciens \ qui m'en It «ne verte<br />

répriman<strong>de</strong>, et se p<strong>la</strong>ignit encore <strong>de</strong> quelques autres<br />

torts qu'il prétendait que j'avais faits à Sophocle.<br />

Je ne répondis point alors à eette diatribe;<br />

mais aujourd'hui qu'elle me fournit l'occasion <strong>de</strong><br />

nouveaux éc<strong>la</strong>ircissements sur le théâtre <strong>de</strong>s anciens<br />

comparé au nétre 9 je vais discuter en peu <strong>de</strong><br />

mots les observations <strong>de</strong> fmuieur amm^me.<br />

11 me reproche <strong>de</strong> n'amîr pas <strong>de</strong>s idées tout à<br />

faM justes sur <strong>la</strong> simplicité <strong>de</strong>s awdms drames.<br />

Sam dm<strong>de</strong>$ dit-il, Us étaient simples, mms mm<br />

pas nus et sans aeMm*<br />

Pour que ce reproche fût fondé, il faudrait que<br />

j'eusse dit ou insinué quelque part que ks drames<br />

grecs étaient nus et sans metàm ; mais je ne l'ai famais<br />

dit ni pensé. Vous avez vu que j'établissais<br />

une différence très-gran<strong>de</strong> entre Eschyle et ses <strong>de</strong>ux<br />

successeurs, précisément parce que les pièces <strong>du</strong><br />

premier étaient dénuées d'aeUm et d'intrigue, et<br />

que les <strong>de</strong>ux autres, plus savants dans l'art, ont<br />

mis dans leurs ouvrages ce qui manquait à ceux<br />

d'Eschyle. J'ai ajouté, il est vrai 9 que les cUœors<br />

tenant une gran<strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce dans les tragédies grecques<br />

9 et ne pouvant avoir lieu chez sous, ces pièces<br />

f idèlemeot tra<strong>du</strong>ites 9 ne pouvaient fournir aux<br />

mo<strong>de</strong>rnes que trois actes ; et j'ai avoué que nous<br />

avions porté plus loin que les anciens fart déjà<br />

contexture dramatique, et mieux connu les ressources<br />

nécessaires pour soutenir une intrigue pendant<br />

cinq actes ; je crois tout ce<strong>la</strong> incontestable. Si<br />

j'ai parlé dans un autçe endroit <strong>de</strong> cette simplicité<br />

si nme <strong>de</strong> Philoctète, ce<strong>la</strong> ne vou<strong>la</strong>it pas dire qu'il<br />

ps».<br />

1 1/abbé Ange?, mort <strong>de</strong>puis, et ipf «le» m m mmsmm

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