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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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COUftS DE OTTÉB^TUM.<br />

« Asmlwtêtegeêi <strong>de</strong> l'antiquité, pane peiil reprocher Fénelon f qui <strong>du</strong> chef-d'œuvre <strong>de</strong> Sophocle a tiré le<br />

à cette tragédie aucun défaut considérable. • plus bel épiso<strong>de</strong> <strong>du</strong> sien : c'est encore un <strong>de</strong>s mot»<br />

Non, pis même à suivre k.g&M mo<strong>de</strong>rne : ici ceaux <strong>du</strong> TMmaque qu'on relit le plus volontiers.<br />

l'un et l'autre sont d'accord.<br />

Fénelon s'est approprié les traits les plus heureux<br />

<strong>du</strong> poète grec, et les a ren<strong>du</strong>s dans notre <strong>la</strong>ngue<br />

« Tout y est Més tout y est soutenu, tout tend directe­ avec le charme <strong>de</strong> leur simplicité primitive, en nomment<br />

an bel : c'est Faction même telle qu'elle a dû 'se passer.<br />

Mais, à en juger par rapport à sons s te tmp <strong>de</strong> simme<br />

plein <strong>de</strong> l'esprit <strong>de</strong>s anciens * et pénétré <strong>de</strong> leur<br />

plicité, et te spectacle d'un homme aussi trUêemmi substance. Mais il faut observer ici une différence<br />

malheureux que Philoctète, ne peaient lions faire toi très-remarquable entre <strong>la</strong> tragédie grecque'et l'é-<br />

p<strong>la</strong>isir aussi vtf que les malheurs pim bril<strong>la</strong>nts piso<strong>de</strong><strong>du</strong> eê Télémague; c'est que, dans l'une, FM*<br />

plus variés <strong>du</strong> Nicomè<strong>de</strong> <strong>de</strong> Corneille. » loctète ne parle jamais d'Ulysse qu'avec l'expression<br />

Voilà un rapprochement bien étrange, et un juge­ <strong>de</strong> <strong>la</strong> haine et <strong>du</strong> mépris; et dans l'autre, ce même<br />

ment bien singulier. Quant an trop <strong>de</strong> simplicité, Philoctète racontant, mais longtemps après, tous<br />

passons que cette opinion 9 assez probable alors , ne ses malheurs au ils d'Ulysse, semble condamner<br />

pût être démentie que par le succès. On en disait lui-même ses propres emportements, et représente<br />

autant <strong>du</strong> sujet <strong>de</strong> Métope avant que Voltaire l'eût Ulysse comme un sage inébran<strong>la</strong>bledans son <strong>de</strong>voir,<br />

traité, et je n'ai pas oublié ce qu'il m'a raconté plus et un digne citoyen qui faisait tout pour sa patrie.<br />

d'une fois <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>isanteries qu'on lui faisait <strong>de</strong> tous Rien ne fait plus d'honneur au jugement et au goût<br />

cotés sur cette tendresse <strong>de</strong> Mérope pour son grand <strong>de</strong> Fénelon; rien ne fait mieux voir comme I faut<br />

enfant, dont il fou<strong>la</strong>it faire l'intérêt d'une tragédie. appliquer ces principes lumineux et féconds sur les­<br />

Mais que veut dire firumoy sur ce rôle <strong>de</strong> Philoo- quels doit être fondé l'ensemble <strong>de</strong> tout grand<br />

• tète, si tristement malkmtreuxt Si j'ai bien com­ ouvrage, et qui sont aujourd'hui si peu connus. 11<br />

pris dans quel sens ces mots peuvent s'appliquer à sentait combien l'unité <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssein était une chose<br />

un personnage dramatique, il me semble qu'ils ne importante ; que, dans un ouvrage dont TéMmaqne<br />

peuvent convenir qu'à celui qui serait dans une était le héros, il fal<strong>la</strong>it se gar<strong>de</strong>r d'avilir son père;<br />

situation monotone et irrémédiable : c'est alors et que tf ailleurs Fhiloctèfea, dont les ressentiments<br />

que le malheur afflige plus qu'il n'intéresse, pare® <strong>de</strong>vaient être adoucis par le temps, pouvait alors<br />

qu'au théâtre il n'y a guère d'intérêt sans espérance. être capable <strong>de</strong> voir, sous un point <strong>de</strong> vueplus juste,<br />

MaisPhiloctète n'eat nullement dans ce cas, et m <strong>la</strong> sagesse et le patriotisme d'Ulysse*<br />

l'un ni l'autre <strong>de</strong> ces reproches ne peut tomber sur C'était sans doute une nouveauté digne d'atten­<br />

ce rôle, reconnu si éminemment-tragique. Enfin, tion <strong>de</strong> voir sur le théâtre <strong>de</strong> Paris une pièce grec­<br />

<strong>de</strong> tous les ouvrages que Ton pourrait comparer au que, telle à peu près qu'elle avait été jouée sur le<br />

Phîfactète, Nimmê<strong>de</strong> est peut-être celui qu'il était le théâtre d'Athènes. Nous n'avions eu jusque-là que<br />

plus extraordinaire <strong>de</strong> choisir.' Quel rapport entre <strong>de</strong>s imitations plus ou moins éloignées ils originaux,<br />

ces <strong>de</strong>ux pièces, quand le principal mérite <strong>de</strong> l'une plus ou moins rapprochées <strong>de</strong> nos convenances et<br />

est d'abon<strong>de</strong>r en pathétique f et que le grand défaut <strong>de</strong> nos mœurs; et je pensais <strong>de</strong>puis longtemps que<br />

<strong>de</strong> l'autre estd'en être totalementdépourvue ! Qu'est- le sujet <strong>de</strong> PkUmiêtê était le seul <strong>de</strong> ceux qu'avaient<br />

ce que ces tmmikmr$ si briMants et si variés <strong>de</strong> traités les anciens qui fût <strong>de</strong> nature à être trans­<br />

Nicomè<strong>de</strong> ? A quoi donc pensait Brumoy ? Nicomè<strong>de</strong> porté en entier et sans aucune altération sur les théâ­<br />

n'éprouve aucun matkeur; il est triomphant pendant tres mo<strong>de</strong>rnes, parce qu'il est fondé sur un intérêt<br />

toute <strong>la</strong> pièce; il est, à <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> son père, plus qui est <strong>de</strong> tous les temps et <strong>de</strong> tous les lieux, celui <strong>de</strong><br />

roi que son père lui-même, et il ne paraît qu'un mo­ l'humanité soufrante. Mais quand je songeais,<br />

ment en danger. Son têhmtèriiimni, il est vrai, d'un autre cété, que j'al<strong>la</strong>is présenter à <strong>de</strong>s Français<br />

mais ce n'est assurément point par le malheur. On une pièce uon-settiement sans amour, mais même<br />

peut aussi, sans manquer <strong>de</strong> respect pour le génie sans rêle <strong>de</strong> femme, je sentais qu'il y avait là <strong>de</strong> quoi<br />

<strong>de</strong> Corneille, s'étonner <strong>du</strong> p<strong>la</strong>isir tri/que procure v effaroucher bien <strong>de</strong>s gens. La seule tentative qu'on<br />

selon Brumoy, ce drame, qui est en effet le moins eût faite en ce genre, soutenue <strong>du</strong> nom et <strong>du</strong> génie<br />

tragique <strong>de</strong> tous ceux où Fauteur n'a ps été abso­ <strong>de</strong> Voltaire dans toute sa force, n'avait pas réussi <strong>de</strong><br />

lument au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> lui-même; ce drame dans le­ manière à encourager ceux qui' voudraient <strong>la</strong> renouquel<br />

il y a en effet quelques traits <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur, mais veler. La Mort <strong>de</strong> Césmr, si estimée <strong>de</strong>s connaisseurs,<br />

pas un moment d'émotion.<br />

n'avait pu encore s'établir sur notre théâtre ; elle ne<br />

Le grand intérêt <strong>du</strong> fêle <strong>de</strong> Philoctète n'avait pas s'en est mise en possession que <strong>de</strong>puis que PMhe»<br />

échappé à l'un <strong>de</strong>s plus- illustras élèves <strong>de</strong> l'antiquité, iêk nous eut un pu accoutumés à cette espèce <strong>de</strong>

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