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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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104 COURS DE LITOÉMTIJIE.<br />

Cest <strong>la</strong> fuite te dieux, et son pas <strong>de</strong>s mortels.<br />

De toute <strong>la</strong> wertu sur <strong>la</strong> terre épan<strong>du</strong>e, *<br />

Tout te prts à eeii <strong>de</strong>ux ? toute <strong>la</strong> gloire est <strong>du</strong>e ;<br />

Ils agissent eïi nous quand nous pensons ogbr ; ><br />

Alors qu'oïl délibère on ne fait qu'obéir;<br />

Et notre volonté n'aiine , hait , enerehe t évite,<br />

Qm mitmmi §m d f m kmi leur brm k précipite I<br />

D'un tel aveuglement daignez me dispenser.<br />

Le ciel, Juste à punir, juste à récompenser,<br />

four rendre anx actions leur peine et leur sa<strong>la</strong>ire,<br />

Boit nous offrir son ai<strong>de</strong> s et puis sous <strong>la</strong>isser faire,<br />

N*enfonç&m toutefois ni votre mil ni le mien<br />

Bans ee profond abîme où nous ne voyons rien.<br />

Peut-être ne sera-t-on pas fâché <strong>de</strong> voir comment<br />

Voltaire a ren<strong>du</strong> précisément les mêmes idées dans<br />

un dUcomr$ sur <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> l'homme.<br />

D'un artisan suprême- Impuissantes machines,<br />

Automates pensants , mus par <strong>de</strong>s mains divines.<br />

Nous serions à jamais <strong>de</strong> mensonge occupés,<br />

If ils Instruments d'un dieu qui nous aurait trompés 1<br />

Comment t sans liberté , serions-nous ses Images f<br />

Que lui revendrait-il <strong>de</strong> ses brutn f ouvrages?<br />

On ne peut donc lui p<strong>la</strong>ira, on ne peut l'offenser ; '<br />

n n'a rien à punir, rien à récompenser.<br />

Bans les <strong>de</strong>ux, sur <strong>la</strong> terre, H n'est plus <strong>de</strong> Justice,<br />

Caton est-sans verte , Catlllet sans Ytoe :<br />

Le <strong>de</strong>stin nous entrai ne à nos affreux penchants,.<br />

Et ee chaos <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> est fait pour les méchants.<br />

L'oppresseur insolent, l'usurpateur m&m ,<br />

Cartouche t Mklwltz t ou tel antre barbare<br />

. Plus coupable enûn qu'eux \ le calomniateur<br />

Dira : « le n'ai rien fait, Dieu seul en est Fauteur; "<br />

« Ce n'est pas mol, c'est lui qui manque à wm pamte ',<br />

m Qui frappe par mes mains, pille, brûle, viole. »<br />

Cest ainsi que le dieu <strong>de</strong> justice et <strong>de</strong> paix<br />

Serait l'auteur <strong>du</strong> trouble et le dieu <strong>de</strong>s forfaits.<br />

Les tristes partisans <strong>de</strong> ee dogme effroyable<br />

DlraJcafrUs tien <strong>de</strong> plus ? sUs «foraient le diable?<br />

On retrouve dans ce morceau <strong>la</strong> bril<strong>la</strong>nte facilité<br />

<strong>de</strong> fauteur; mais en général il parait avoir éten<strong>du</strong><br />

dans <strong>de</strong>s vers harmonieux ee que Corneille a resserré<br />

dans <strong>de</strong>s vers énergiques ; et, malgré le mérite<br />

<strong>de</strong> l'imitateur, <strong>la</strong> supériorité appartient ici tout<br />

entière à l'original f non-seulement pour l'invention 9<br />

mais encore pour l'exécution.<br />

Compensation faite <strong>de</strong>s beautés et <strong>de</strong>s défauts f<br />

il serait difficile <strong>de</strong> prononcer entre les <strong>de</strong>ux Œdipe.<br />

11 n'en est pas <strong>de</strong> même ê'Ékcêre : quelque belle<br />

que soit celle <strong>de</strong> Sophocle, celle <strong>de</strong> .Voltaire remporte<br />

<strong>de</strong> beaucoup, au Jugement <strong>de</strong>s plus sévères<br />

connaisseurs. Il a fait ici <strong>de</strong> Sophocle le plus grand<br />

éloge possible, en limitant presque en tout. Le<br />

beau caractère d'Electre, Fun <strong>de</strong>s plus dramatiques<br />

que Ton connaisse; sa douleur profon<strong>de</strong>, tour à<br />

tour si touchante et si impétueuse; les regrets<br />

qu'elle donne à son père qu'elle a per<strong>du</strong>, à son<br />

1 Faute <strong>de</strong> français. Brutes ne se dit que <strong>de</strong>s animaax,<br />

fee bruiti. Bmt, adjectif, qui signifie grossier, informe, s'écrit<br />

sans §s comme on le volt ici, au masculin : un ouvrage<br />

brut, a» diamant èmL II ne prend l'« qu'au féminin s mm<br />

pierre ftrwfe.<br />

* Hyperbole trop forte.<br />

3 Bémhtinhe Uop faible après ce qui précè<strong>de</strong>.<br />

frère qu'elle a sauvé et qu'elle attend comme us<br />

libérateur; son esc<strong>la</strong>vage, qui n'abat si son courage<br />

m* sa ierté; ta soif <strong>de</strong> <strong>la</strong> vengeance qui l'animé sans<br />

cesse ; enfin, le contraste que forme le rôle <strong>de</strong> Onysothémis,<br />

qui est Ffphise <strong>de</strong> Voltaire t et dont <strong>la</strong><br />

sensibilité douce'et timi<strong>de</strong> fait encore mieux ressortir<br />

l'élévation et l'énergie <strong>de</strong> sa sœur ;- les ordres<br />

d'Apollon 9 qui recomman<strong>de</strong> le secret à Oreste comme<br />

le ressort <strong>de</strong> toute son entreprise; le rôle <strong>du</strong><br />

vieux gouverneur d'Oreste, qui est le Ptmmèee<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce française; cette idée si théâtrale d'apporter<br />

une urne qui est supposée contenir les cendres<br />

<strong>du</strong> ils d'Agameumon, et qui pro<strong>du</strong>it une scène<br />

fameuse dans toute l'antiquité pr le grand effet<br />

qu'elle eut à Athènes et à Rome; ces aiteraati¥«<br />

<strong>de</strong> crainte et d'espérance, causées par <strong>la</strong> fausse<br />

nouvelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort éf Oreste et par les présents<br />

qu'on a vus sur le tombeau <strong>de</strong> son père; cette situation<br />

déchirante <strong>de</strong> <strong>la</strong> malheureuse Electre, qui croit<br />

tenir entre ses mains les cendres <strong>de</strong> son frère s tandis<br />

que ce frère est sous ses yeux; cette reconnaissauce<br />

si naturellement amenée par l'attendrissement<br />

d'Oreste , qui ne peut résister aux <strong>la</strong>rmes <strong>de</strong><br />

sa sœur; en un motf cette simplicité d'action et<br />

d'intérêt, si rare et si admirable; tout ce<strong>la</strong> fait<br />

également le fond <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pièces, tout ce<strong>la</strong> est<br />

beau dans Sophocle, et plus encore dans Voltaire.<br />

Le poète français a rassemblé dans sa tragédie toutes<br />

les beautés qui appartiennent au sujet, et toutes<br />

celles que pouvait y joindre un talent tel que le<br />

sien, fertile <strong>de</strong> ce que Fart a pu acquérir <strong>de</strong>puis<br />

Sophocle. Celui-ci n'avait pas, à beaucoup près, à<br />

fournir une carrière si longue et si. difficile. Les<br />

chœurs et les récits en occupent use partie : e<strong>du</strong>i<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> mort d'Oreste, qui a péri, dit-on, en tombant<br />

<strong>de</strong> son char aux jeux olympiques 4 , tient <strong>la</strong> moitié<br />

<strong>du</strong> second acte. 11 faut remarquer que Sophocle a<br />

commis en cet endroit un anachronisme, puisque<br />

les jeux olympiques n'ont été établis que longtempsaprès<br />

Fépoque où se passe Faction <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce. Mais<br />

les Grecs étaient si amoureux <strong>de</strong> ces sortes <strong>de</strong> <strong>de</strong>scriptions,<br />

qu'ils pardonnèrent aisément au poète<br />

cette liberté, et que ce long morceau <strong>de</strong>scriptif, qui<br />

nous paraîtrait fort dép<strong>la</strong>cé, fut un <strong>de</strong> ceux qui<br />

attirèrent le plus d'app<strong>la</strong>udissements à l'auteur.<br />

On concevra, on excusera même cet enthousiasme,<br />

si l'on se rappelle que les Grecs regardaient, non<br />

sans raison, les jeux olympiques comme une <strong>de</strong>s<br />

plus belles institutions dont ils pussent se glorifier*<br />

et qu'ils étaient très-Iattés d'en voir le tableau tracé<br />

sur leur théâtre par k pinceau <strong>de</strong> Sophocle. Vol-<br />

* Nos pas au Jeux olympiques, maisaui jeu pitbiques.

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