23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

86<br />

C0U1S DE LITTÉIATUIE.<br />

Ewnéaittes. C'est pourtant pour cette pièce que<br />

Ton voulut <strong>la</strong>pi<strong>de</strong>r Eschyle : il praft que ce peuple<br />

d'âttièoes était fort difficile à manier. Conelusioo<br />

: Apollon déc<strong>la</strong>re que<br />

« L'enfant est f outrage <strong>du</strong> père, et son pis <strong>de</strong> fe mère,<br />

qui l'en est que ta dépositaire ; que Minera ele-mème est<br />

née <strong>de</strong> Jupiter seul 9 ee qui prouve qu'on peut §e passer<br />

<strong>de</strong> mère;»<br />

v€t autres raisons <strong>de</strong> <strong>la</strong> même force, qui persua<strong>de</strong>nt<br />

pourtant <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong> l'Aréopage ; car, lorsqu'on va<br />

ai» voix , les suffrages pour et contre se trouvent<br />

ép«ï f et dans ce cas <strong>la</strong> loi fabsout. Yoilà Oreste<br />

hors d'affaire, et le poète aussi : mais il faut convenir<br />

que voilà une étrange pièce.'<br />

Le sujet <strong>de</strong>s Supplianteg est aussi simple que<br />

celui <strong>de</strong>s Emnéni<strong>de</strong>s est extraordinaire; mais il n'y<br />

a pas plus d'action dans Tune <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux pièces<br />

que dans l'autre. Ces suppliantes sont les quarante<br />

llles <strong>de</strong> Dînais, qui ont quitté l'Egypte pour ne<br />

pas épouser les ils d'Êgyptus : elles viennent avec<br />

leur père supplier Pé<strong>la</strong>sgus9roi d'Argos, <strong>de</strong> leur<br />

donner l'hospitalité. Trois actes se passent à savoir<br />

s'il les recevra ou non. Au quatrième, il y consent.<br />

Au cinquièine? un envoyé d'Êgyptus fient les réc<strong>la</strong>mer<br />

: le roi d'Argos les refuse, et elles <strong>de</strong>meurent<br />

chez lui. Se douterait-on qu'il y eût là une tragédie?<br />

Le sujet <strong>de</strong>s Sept Chefs en pouvait fournir plus<br />

d'une : c'est celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> TkébaMe qu'on a tourné<br />

<strong>de</strong> tant <strong>de</strong> manières sans en faire jamais rien <strong>de</strong><br />

bon.<br />

* A proprement parler, dit Pompignaii, il n'y a point<br />

d'acteurs dans cette tragédie. Étéocle ne se <strong>mont</strong>re que<br />

pour écouter <strong>de</strong>s récits, gron<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s femmes, et expliquer<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>vises ; Ismène et âailgese n'arrivent sur <strong>la</strong> scène<br />

qu'après Se combat et <strong>la</strong> mort <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux frères : mais i y a<br />

dans ce poème <strong>de</strong>ux personnages invisibles qui le rempMs-<br />

•amf <strong>de</strong>puis Se œmmeiiœiiietit jusqu'à Sa fin f <strong>la</strong> Terreur et<br />

<strong>la</strong> Pitié. »<br />

Tfês-invisièks en effet , car j'avoue qu'il m'est impossible<br />

<strong>de</strong> les y voir. Mais cette pièce offre <strong>du</strong><br />

moins <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s beautés <strong>de</strong> détail. Les chœurs f<br />

une <strong>de</strong>s parties les plus bril<strong>la</strong>ntes d'Eschyle, y<br />

sont d'une poésie admirable. Quant au siège <strong>de</strong> ThêV<br />

bes9 ce pouvait être un grand événement pour les<br />

Grecs; mais pour nous un siège ne peut sous inté*<br />

resser qu'autant que les assiégeants et les assiégés/<br />

sont respectivement dans <strong>de</strong>s situations critiques<br />

et attachantes. Quand il ne s'agit d'autre chose que<br />

<strong>de</strong> savoir si <strong>la</strong> ville sera prise ou non, et qui régnera<br />

d'Étéocle on<strong>de</strong> Polynic@9 dont l'un ne paraît<br />

mime pas, et dont Fautie ferait aussi bien do m<br />

pas paraître, il n'y a ni terreur ni pitié. Parmi ces<br />

longs récits, ces longues <strong>de</strong>scriptions, quelques<br />

morceaui choisis peuvent donner tfne idée <strong>du</strong> style<br />

<strong>de</strong> fauteur, et en même temps d'un genre <strong>de</strong> beautés<br />

qui n'entrerait pas aisément dans une <strong>de</strong> nos<br />

tragédies. Souffririons-sous que rénumération <strong>de</strong>s<br />

sept chefs qui assiègent Thèbes, et <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription<br />

<strong>de</strong> leur armure, occupât un acte entier? C'est pourtant<br />

ce que fait Eschyle; et cet acte est le troisième<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce, ce qui pour aous'est eaeére bien<br />

plus extraordinaire. Yoïci <strong>la</strong> marche <strong>de</strong> cet acte.<br />

Un officier thébain rend compte à Étéocle <strong>de</strong>s dispositions<br />

<strong>de</strong> l'armée <strong>de</strong>s assiégeants. Il y a use<br />

attaque préparée à chaque porte, et à «chacune<br />

comman<strong>de</strong> un <strong>de</strong>s chefs alliés <strong>de</strong> Polysice. Quand<br />

l'officier a fait <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription d'un <strong>de</strong> ces chefs, le<br />

chœur implore le se<strong>cours</strong> <strong>de</strong>s dieux. Étéocle nomme<br />

le Thébain qui sera chargé <strong>de</strong> repousser l'attaque,<br />

et ce détail , qui recommence sept fois,* remplit un<br />

acte : nous souffririons à peine qu'il remplit une<br />

scène.<br />

« , Le terrible Tydée, an bord <strong>de</strong> rbménus,<br />

Menace en frémissant <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Prêtas.<br />

Le tenve Yaisement s f oppose à son passage t<br />

Yatoeraent le défia, que trouble un noir présage,<br />

Veut arrêter ses pas es attestant les dirai ;<br />

Le guerrier, teS qu'os volt an serpent furieux<br />

Dont les feux <strong>du</strong> midi, sur en brû<strong>la</strong>nt riwage,<br />

Embrasent les poisons et réveillent <strong>la</strong> rage,<br />

Le guerrier <strong>du</strong> aer<strong>la</strong> accuse <strong>la</strong> frayeur;<br />

ïl méprise aa augure, U insulte à <strong>la</strong> peur,<br />

îl agite, en par<strong>la</strong>nt, trois aigrettes flottantes,<br />

De son casque d'airain parures menaçantes ;<br />

Frappe et <strong>la</strong>it retentir son ¥aste bouclier,<br />

iln<strong>du</strong>strieui ouvrage, où brille sur facier<br />

Cet astre, œil <strong>de</strong> <strong>la</strong> Nuit. qui décrit sa carrière<br />

Haas <strong>de</strong>s eleax étoiles que remplit sa <strong>la</strong>ralère.<br />

Ainsi marche au combat ee guerrier orgueilleux<br />

Use <strong>la</strong>nce à <strong>la</strong> main, el le feu dans les yeux,<br />

11 appelle à grands cris <strong>la</strong> guerre et le ramage,<br />

Semb<strong>la</strong>ble au fier <strong>cours</strong>ier gai, bouil<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> courage,<br />

Entend braire <strong>de</strong> Mars les affreux instruments $<br />

Et répond à os brait par <strong>de</strong>s aena<strong>la</strong>seratati, etc.<br />

On croit lire i'Ilmdê, et l'épopée n'a pas un autre<br />

ton. Étéocle oppose à Tydée Mé<strong>la</strong>nippe, ils d'Astacus.<br />

L'officier continue son récit :<br />

A <strong>la</strong> porte d'Electre, aux assauts désunie,<br />

S'élé?e comme un roc rénorme Caaaaée :<br />

Et que puissent les <strong>de</strong>ux, prompts à TOUS exaucer,<br />

Détourner les malheurs qu'il YOUS ose annoncer!<br />

Nul mortel ne saurait égaler sa stature.<br />

Audacieux géant, qu'agrandit son armure,<br />

Il Jure que nos tours tomberont sous son bras,<br />

Que les dieux conjurés ne nous sauveraient pas.<br />

D'une vais sacrilège 1 , U <strong>de</strong>tte, il b<strong>la</strong>sphème<br />

L'Olympe, le Destin, et Jupiter lui-même.<br />

11 ose se vanter qu'es Tain ce dieu jaloux<br />

.Armerait contre lui son foudroyant courroux.<br />

' Pour lui, tout ce fracas qiii fait trembler <strong>la</strong> terre,<br />

M'est rien que <strong>du</strong> midi <strong>la</strong> repear passagère.<br />

Pour Jetet plus d*ef£rol, son boucUer d'airain<br />

Présente Un homme nu, <strong>la</strong> torche dans If main,<br />

Et ces sinistres mots ! J'embrmemi lu ville.<br />

Contre un tel tsneml tous sara-t-M facile

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!