23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

84 GOUBS DE IXnftUTUBE.<br />

<strong>de</strong> savoir le seul moyen que Jupiter fuisse employer<br />

pour n-être pas renversé-un jour <strong>du</strong> trêae <strong>de</strong>s<br />

eiêus? et jure que rien ne l'obligera <strong>de</strong> le révéler,<br />

à moins qu'on se le délivre <strong>de</strong> ses chaînes. Mereure<br />

vient le sommer <strong>de</strong> dire ce secret, et lui déc<strong>la</strong>re<br />

que, s'il s'obstine au silence, Jupiter ?a le foudroyer<br />

et le <strong>la</strong>isser eu proie à un vautour qui lui déchirera<br />

les entrailles. L'inébran<strong>la</strong>ble Prométhée<br />

garje le silence,-et-brave les menaces <strong>de</strong> celui qu'il<br />

somme le tyrau <strong>de</strong>s dieux. L'arrêt s'eiécute : <strong>la</strong><br />

foudre tombe y disperse le rocher où Prométhée est<br />

enchaîné, et <strong>la</strong> pièce Unit. Ge<strong>la</strong> ne peut pas même<br />

s'appeler une tragédie.<br />

Les Perses, dont le sujet est plus rapproché «<strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> nature*, n'offrent ries <strong>de</strong> plus régulier ; maïs on<br />

sent combien cet outrage <strong>de</strong>vait p<strong>la</strong>ire aui Athéniens.<br />

C'est <strong>la</strong> défaite <strong>de</strong>s Perses à Sa<strong>la</strong>mine qui occupe<br />

cinq actes en récits, en <strong>de</strong>scriptions, en présages<br />

, en songes, en <strong>la</strong>mentations : nulle trace<br />

encore d'action ni d'intrigue. La scène est à Suze.<br />

Des -vieil<strong>la</strong>rds,- qui forment le chœur, atten<strong>de</strong>nt<br />

avec inquiétu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s nouvelles <strong>de</strong> l'expédition <strong>de</strong><br />

Xeriès. Atossa, mère <strong>de</strong> ce prince, fient leur ra-<br />

^•conter un songe qui Fépouvante. Arrite un soldat<br />

"îtftfppé <strong>de</strong> l'armée, qui raconte le désastre <strong>de</strong>s Par- '<br />

.ses. Atossa époque l'ombre <strong>de</strong> Darius, et, contre<br />

l'ordinaire <strong>de</strong>s ombres, qui ne retiennent que pour<br />

révéler aux vivants quelque grand aeeret, celle-ci<br />

ne parait que pour entendre <strong>de</strong> <strong>la</strong>-bouche d f Atossa<br />

ce qu'elle-même vient d'apprendre <strong>de</strong> <strong>la</strong> défaite <strong>de</strong><br />

;. Xeriès. Au cinquième acte, Xerxès lui-même parât<br />

seul avec un carquois ri<strong>de</strong>, qui -est, dit-il 9 tout<br />

ce qui lui reste <strong>de</strong> cette prodigieuse armée qu'il<br />

avait amenée contre les Grecs. 11 s'est sauvé avec<br />

bien <strong>de</strong> <strong>la</strong> peine. 11 pleure, il gémit, et ne fait autre<br />

chose que <strong>de</strong> recomman<strong>de</strong>r à sa mère et aux<br />

vieil<strong>la</strong>rds <strong>de</strong> pleurer et <strong>de</strong> gémir. Toute <strong>la</strong> pièce t<br />

d'ailleurs est remplie, comme on peut se Fimagi- '<br />

ricr, <strong>de</strong>s louanges <strong>du</strong> peuple d'Athènes : il est in»<br />

* viaeible, il est favorisé <strong>du</strong> ciel s il est le soutien <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Grèce. Tout ce<strong>la</strong> était vrai alors ; mais le poète met<br />

ces louanges dans <strong>la</strong> bouche <strong>de</strong>s ennemis vaincus,<br />

et Ton sent comb<strong>la</strong>i elles en <strong>de</strong>viennent plus f<strong>la</strong>tfpiBHp<br />

11 leur <strong>mont</strong>re, pendant cinq actes, les Perses<br />

'dans <strong>la</strong> terreur, dans l'humiliation, dans les<br />

<strong>la</strong>ines, dans radmiratkm pour leurs vainqueurs.<br />

Avec* un tel sujet, traité <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s républicains<br />

• enivri8%<strong>de</strong> leur gloire, et qui n'avaient pas encore<br />

g|prî#4 être difficiles f on pouvait être couronné<br />

sans avoir fait une scène tragique, et c'est ce qui<br />

«riva. Mais après <strong>la</strong> défaite entière <strong>de</strong>s Athéniens<br />

cp Sidfe, <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> toutes leurs forces, et «<br />

<strong>la</strong> pertf <strong>de</strong> pt ascendant qu'ils avaient dans <strong>la</strong> I<br />

1 Grèce, si quelque peëtc ait fait un* tragédie pour<br />

leur prouver qu'ils étaient le premier peuple <strong>du</strong><br />

mon<strong>de</strong>, je doute qu'ils l'eussent oouronné, car les<br />

Athéniens se connaissaient «s louanges.<br />

Jgamemmm est une pièce froi<strong>de</strong>ment atroce. On<br />

est un peu étonné qu'un homme <strong>de</strong> lettres qui esn-<br />

•naissait lea anciens, le Franc <strong>de</strong> Pompignan, à<br />

qui nous <strong>de</strong>vons une tra<strong>du</strong>ction élégante d'Eschyle,<br />

«porte l'enthousiasme <strong>de</strong> tra<strong>du</strong>cteur jusqu'à dire que<br />

ce poète a perjèeêimmé ïmê qu'il mwaU immmié,<br />

et se récrie entre autres choses sur <strong>la</strong> beauté <strong>du</strong><br />

caractère <strong>de</strong> Oytemnestre.<br />

« Agamemnm , dit-il 9 a le défest <strong>de</strong> plusieurs <strong>de</strong> mm<br />

pièces mo<strong>de</strong>rnes. Ses premiers actes ne sent qu'une impie<br />

«position; Faction ni «mnnen£@ qu'an tpatrième. »<br />

Cest un pu tard, et je se connais point <strong>de</strong> pieds<br />

sur notre théâtre à qui Ton ait pardonné une<br />

pareille faute. Il ajoute :<br />

« le cinquième acte est do plut grand Intérêt Les personnages<br />

<strong>de</strong> Clftemnestre et <strong>de</strong> Cassandre n'y <strong>la</strong>issent<br />

rien à désirer. »<br />

Il est vrai que les prophéties <strong>de</strong> Cassandre sont<br />

belles; mais <strong>de</strong>s prophéties sont u® beau détail, et<br />

ne sont point un caractère. Quant à celui <strong>de</strong> Clytemnestre,<br />

il me semble qu'on n'y peut rien tolérer<br />

: elle est d'une atrocité qui révolte. Un grand<br />

crime n'est théâtral qu'avec use gran<strong>de</strong> passion ou<br />

<strong>de</strong> grands remords. Si Cljtemnestre était forcenée<br />

<strong>de</strong>jalousie comme Hermione, ou d'ambition comme<br />

Cléopâtre, je pourrais concevoir 6©n. crime; mais<br />

elle n'est si amoureuse, si jalouse, ni ambitieuse.<br />

Seulement elle veut tuer son mari, et le tue. Toilà <strong>la</strong><br />

pièce! Elle se contente <strong>de</strong> dire qu'Agamemnon a<br />

mérité <strong>la</strong> mort en faisant immoler sa ill# : elle le<br />

répète trois ou quatre fois. Bu reste, il se sort pas<br />

<strong>de</strong> cette âme, que ridée d f un semb<strong>la</strong>ble forfait <strong>de</strong>vait<br />

au moins troubler, un seul mot <strong>de</strong> passion, un<br />

cri <strong>de</strong> fureur, us accent <strong>de</strong> violence. H n'y a* point<br />

d'exemple d'une scélératesse si tranquille, et par<br />

conséquent si froi<strong>de</strong>. Elle attend son époui pour<br />

regorger sans être combattue un moment ; et quand<br />

elle l'a assassiné, elle sort <strong>de</strong> son priais pour s'en<br />

vanter <strong>de</strong>vant tout le peuple avee une insolence aussi<br />

calme qu'inconcevable. Il faut l'entendre elle-même<br />

pour juger où en était encore cet art.que Pompignan<br />

veut qu'Eschyle ait perfeeMmné*<br />

« Quand fl tant se venger d'us ennemi qui Mî mm<br />

être cher, ne tout il pas lui tendre snpfége qu'il m puisse<br />

éviter? Je méditais <strong>de</strong>puis longtemps cette vengeance légitime<br />

: roceasnn s'est présentée; je FM saisie avec ar­<br />

<strong>de</strong>ur. ApmemiMiii ne vit plus : je l'avouerai tans crainte.<br />

Teut était si bien disposé, qu'il ne pouvait ni fwr ni ae<br />

défendre. 1 s'est trouvé pris dans un superbe faite drame

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!