la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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COU1S DE LITFÉEâTIJlE.<br />
sa<br />
Sans aucun objet qui puisse les distraira et f<strong>la</strong>tter<br />
leurs sens, ils peuvent s'armer <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> rigueur<br />
<strong>de</strong> leur raison, et sont encore plus disposés à juger<br />
qu'à sentir È s'y a là aucune distraction favorable<br />
au poète; lui seul est chargé <strong>de</strong> tout, et on ne lui<br />
fait grâce <strong>de</strong> rien. Point <strong>de</strong> musique qui enchante<br />
l'oreille, point <strong>de</strong> chœur qui se charge <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cer<br />
Faction par le chant. On ne lui permettrait pas <strong>de</strong><br />
faire un acte a?ec une o<strong>de</strong> et un récit 9 comme il irrite<br />
si souvent aui poètes grecs, i faut qu'il aille<br />
toujours an fait, quoiqu'il n'en ait qu'un seul à traiter<br />
pendant cinq actes ; qu ? il soutienne <strong>la</strong> curiosité}<br />
quoiqu'il s'ait à l'occuper que d'un seul événement ;<br />
que le drame fasse un pas à chaque scène f et tourmente<br />
sans cesse le spectateur, qui ne veut pas<br />
qu'on k <strong>la</strong>isse respirer un moment. A tant <strong>de</strong> difficultés<br />
que doit vaincre tout auteur dramatique qui<br />
veut être joué avec un succès <strong>du</strong>rable, joignez <strong>la</strong> difficulté<br />
bien plus gran<strong>de</strong> encore, et bien plus rarement<br />
vaincue, que doit sur<strong>mont</strong>er Fhomoie <strong>de</strong> génie<br />
qui veut être lu par sm contemporains et par <strong>la</strong> posté»<br />
rite ; <strong>la</strong> difficulté d'être poëtê dans une <strong>la</strong>ngue moins<br />
poétique que celle <strong>de</strong>s Grecs, et dans un genre où il<br />
faut cacher <strong>la</strong> poésie aussi soigneusement qu'ils <strong>la</strong><br />
<strong>mont</strong>raient; et vous verrez que les Racine et les<br />
Voltaire sont <strong>de</strong>s hommes encore f Sus rares que les<br />
Euripi<strong>de</strong> et les Sophocle.<br />
Les chœurs établis chez les Grecs permettaient<br />
à Fauteur dramatique <strong>de</strong> s'élever à <strong>la</strong> plus haute<br />
poésie, et c'était sur <strong>la</strong> lyre <strong>de</strong> Pilidare que Melpomène<br />
alors faisait entendre ses p<strong>la</strong>intes. D'un autre<br />
côté, <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> leur idiome permettait une foule<br />
d'eipresslons simples et naïves, qui, dans le nôtre,<br />
seraient basses et popu<strong>la</strong>ires. Le poëte pouvait donc<br />
tour à tour être très-naturel sans craindre <strong>de</strong> paraître<br />
bas, et très-sublime sans craindre <strong>de</strong> paraître<br />
enflé. Ainsi ce double avantage, tiré <strong>du</strong> <strong>la</strong>ngage et<br />
' <strong>de</strong>s mœurs, l'éloîgnait aisément <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux écueiisdont<br />
nous sommes toujours voisins.<br />
Les mo<strong>de</strong>rnes en général approfondissent davan*<br />
tage les sentiments et les passions, s'enfoncent plus<br />
«vaut dans une situation théâtrale, remuent le cœur<br />
plus puissamment, et savent mieux varier et multiplier<br />
les émotions. C'est un progrès que Fart a dû<br />
faire. Mais s'il a pu acquérir <strong>de</strong> l'énergie dans nos<br />
grands tragiques, ils n'ont pu surpasser les anciens<br />
pour <strong>la</strong> vérité; et dans cette partie les Grecs ne<br />
sauraient être trop étudiés ni trop admirés. De cette<br />
qualité qui les distingue, natt l'extrême difficulté <strong>de</strong><br />
les bien tra<strong>du</strong>ire, surtout en vers. La différence ia<br />
<strong>la</strong>ngage en a mis une gran<strong>de</strong> entre leur dialogue et<br />
te nôtre. Chez ew les détails <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie commune et<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> conversation familière n'étaient point exclus<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> bogue poétique ; presque aucun mot n'était par<br />
liM-mêrae bas et trivial, ce qui fanait en partie à <strong>la</strong><br />
constitution républicaine, au grand réle que jouait<br />
le peuple dans le gouvernement, et à son commerce<br />
continuel avec ses orateurs. Un mot n'était pas réputé<br />
popu<strong>la</strong>ire pou? exprimer un usage journalier,<br />
et le terme le plus commun pouvait entrer dans le<br />
vers le plus pompeux et dans <strong>la</strong> fgara <strong>la</strong> plus hardie.<br />
Parmi nous, au contraire, le poète ne jouit pas 4'un<br />
tiers <strong>de</strong> l'idiome national : le rasas lui est interdit<br />
comme indigne <strong>de</strong> lui. Il n'y a guère pour lui qu'un<br />
certain nombre <strong>de</strong> mots convenui; et le génie <strong>du</strong><br />
style consiste à en varier les combinaisons, et à<br />
offrir gans cesse à l'esprit et à l'imagination <strong>de</strong>s rapports<br />
nouveaux sans être Msarra, et ingénieux<br />
sans être recherchés. Ce secret n'est connu que <strong>de</strong><br />
trois ou quatre hommes dans un siècle : le reste est<br />
déc<strong>la</strong>mateur en vou<strong>la</strong>nt être poëte, ou p<strong>la</strong>t en<br />
croyant être naturel. C'est qu'il est Bien difficile <strong>de</strong><br />
soutenir un <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong> convention dont il n'exista<br />
aucun modèle dans <strong>la</strong> société* et d'intro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong>s<br />
personnages qui conversant en te iéfaaéaiit une<br />
gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> <strong>la</strong> aaa?araatiaa, 11 faut<br />
<strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> justesse d'esprit et une singulière<br />
flexibilité d'élooution pour démêler et saisir ces<br />
nuances délicates qui forment ae qu'on appelle le<br />
bon goât. Le goût est nécessairement uti maître<br />
<strong>de</strong>spotique dans une <strong>la</strong>ngue qui fut barbare dans<br />
son origine, et qui n'a dû sa perfection qu $ à <strong>la</strong> politesse<br />
d'un siècle raffiné ; au liea qu'on peut dire <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue grecque que le génie a présidé à sa naissance,<br />
et que <strong>de</strong>puis il en resta toujours le maître»<br />
ncnoRii.— D'Eschyle*<br />
Eschyle est le véritable fondateur <strong>du</strong> théâtre grec,<br />
car les tréteaux ambu<strong>la</strong>nts <strong>de</strong> Thespîs ne méritaient<br />
pas ce nom. Eschyle était né dans FAttique, d'une 1<br />
fatnHle ancienne et illustre. Il se partagea <strong>de</strong> bonne<br />
heure entre <strong>la</strong> philosophie $ <strong>la</strong> guerre et le théâtre.<br />
Il étudia les dogmes <strong>de</strong> Pytliagore, se trouva à <strong>la</strong><br />
journée <strong>de</strong> Sa<strong>la</strong>mine, fut blessé à celle <strong>de</strong> Marathou,<br />
et mit sur <strong>la</strong> scène, dans sa tragédie <strong>de</strong>s Perses,<br />
ces triomphes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grèce dont il avait été témoin.<br />
Son génie militaire éc<strong>la</strong>tait dans ses ouvrages, et<br />
l'on appe<strong>la</strong>it sa pièce <strong>de</strong>s Sepi Chefs éemni TMbes,<br />
l'aœ&uekement <strong>de</strong> Mars. Sa <strong>de</strong>rnière campagne fat<br />
celle <strong>de</strong> P<strong>la</strong>tée, non moins glorieuse aux Cirées que<br />
les précé<strong>de</strong>ntes. 11 se livra dès lors tout entier au<br />
théâtre, et donna, sous l'archonte Ménon, quatre<br />
tragédies qui furent couronnées, Phinéêf Gtaucus *,<br />
tes Perses, et Pmmêtkee; nous avons les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>r-<br />
•OneroltaiM ; géaémieiaisfit