la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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ANCIENS. — POÉSIE,<br />
pméMê §ta? œ$ §rmiéê hommes oieni îrmaMIi<br />
Mitf éesmim; comme si ce n'était pas tiroir un <strong>de</strong>ssein<br />
que d'assembler ses eomptriotes à ne magnifique<br />
spectacle pour les amuser, les intéresser et les<br />
instruire, émouvoir leurs cœurs eu f<strong>la</strong>ttant leurs<br />
oràlles, et obtenir <strong>de</strong>s couronnes en donnant <strong>de</strong>s<br />
p<strong>la</strong>isirs»<br />
Que veut dire Irwnoy quand il prétend que ta<br />
pmémiwmpm$imdkn@ermm9 qu'elfe gêaœ éfcrmdkmmi<br />
k$ kmmwmt La plupart <strong>de</strong>s Ysrtus morales,<br />
eelles surtout qui doivent être les plus précieuses<br />
à <strong>la</strong> société f parce quelles sont les plus<br />
nécessaires ? tiennent au sentiment <strong>de</strong> <strong>la</strong> pitié. C'est<br />
ce même sentiment que <strong>la</strong> tragédie développe en<br />
MNistiès-lieiireisenienttbienloin<strong>de</strong>nousin guérir;<br />
qui, lois <strong>de</strong> §hœr le cœur, f outre à toutes les impresrions<br />
qui nous portent à aimer, à p<strong>la</strong>indre, à<br />
secourir nos semb<strong>la</strong>bles. Brumoy a commis <strong>la</strong> même<br />
faute que ceux qu'il accuse <strong>de</strong> ne pas essai distinguer<br />
<strong>la</strong> différence <strong>de</strong>s temps, <strong>de</strong>s nations et <strong>de</strong>s moeurs,<br />
<strong>la</strong> oublié qu'il l'y avait plus aujourd'hui , ni <strong>de</strong> dieux<br />
oppresseurs, ni d'oracles funestes , ni <strong>de</strong> crimes nécessaires<br />
ordonnés par le ciel ; qu $ ainsi <strong>la</strong> tragédie,<br />
bien lois <strong>de</strong> nous en<strong>du</strong>rcir contre les infortunes<br />
iFantrui, nous attendrit sans danger, porte dans<br />
notre iiiie toutes les émotions qui exercent et augmentent<br />
notre sensiblité, nous touche <strong>de</strong> compsslen<br />
pour le malheur, nous soulève d'indignation contre<br />
femme, noua transporte d*admiration pour<strong>la</strong> vertu,<br />
et grave en nous <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s et utiles férités avec<br />
le burin <strong>de</strong> <strong>la</strong> poéfic. Voilà l'objet <strong>de</strong> Fart dramatique,<br />
art beaneoiip plus éten<strong>du</strong> qu'il ne l'était <strong>du</strong><br />
temp d'Anatole, et qu'il n'a pu lui-même eoneetek<br />
tout entier, parce que le plus excellent esprit ne<br />
peut pas <strong>de</strong>rincr en tout l'expérience <strong>de</strong>s siècles et les<br />
pas <strong>du</strong> génie.<br />
Un principe d'erreur qu'on retrouve dans presque<br />
tout ee qui a été écrit sur <strong>la</strong> tragédie, c'est <strong>de</strong><br />
vouloir juger en tout sur les mêmes règles le théâtre<br />
<strong>de</strong>s anciens et le nôtre, qui, se rapprochant<br />
par les premiers principes <strong>de</strong> fart, et par <strong>de</strong>s beautés<br />
qui sont communes à l'un et à l'autre, s'éloignent<br />
par <strong>de</strong>s différences essentielles dans les accessoires<br />
et les moyens. Nous portons au spectacle un esprit<br />
tout différent <strong>de</strong> celui qu'y portaient les Grecs; et<br />
ce qu'ils exigeaient <strong>de</strong> leurs auteurs dramatiques ne<br />
suffirait pas, à beaucoup près ,*pour faire réussir les<br />
nètrea. Use scène ou <strong>de</strong>ux par acte, et <strong>de</strong>s chœurs<br />
i qui ne quittaient pas <strong>la</strong> scène et se mê<strong>la</strong>ient au dia-<br />
1 lègue dans les situations les plus intéressantes, voilà<br />
j tout m que Ton <strong>de</strong>mandait au poète. Tous les sujets<br />
tirés <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong>s Grecs les attachaient sans<br />
peine 9 maigre leur extrême simplicité, sans qu'il fil<br />
ta nytfc. — sent i.<br />
81<br />
besoin que faction, gra<strong>du</strong>ée sans cesse par <strong>de</strong>s alternatives<br />
<strong>de</strong> crainte et d'espérance, ne s'arrétawt<br />
et ne se ralentissant jamais, offrit à tout moment<br />
un nouveau <strong>de</strong>gré d'intérêt, un nouvel aliment à<br />
<strong>la</strong> curiosité, <strong>du</strong>rant le <strong>cours</strong> <strong>de</strong> cinq actes, et ne<br />
<strong>la</strong> satisfît entièrement qu'à <strong>la</strong> in <strong>du</strong> drame. Pourquoi?<br />
C'est que parmi nous le spectacle est pour*<br />
une assemblée choisie; chez eux le spectacle était<br />
pour un peuple. Une tragédie chez les Grecs était<br />
une fête donnée par les magistrats dans certains<br />
temps <strong>de</strong> Tannée, aux dépens <strong>de</strong> <strong>la</strong> république, dont<br />
on y prodiguait les richesses. On rassemb<strong>la</strong>it dans<br />
un amphithéâtre immense une foule innombrable <strong>de</strong><br />
peuple, et l'on représentait <strong>de</strong>vant lui <strong>de</strong>s événe- ..<br />
ments célèbres dont les héros étaient les siens, dont<br />
l'époque était présente à sa mémoire, et dont les<br />
détails étaient sus par cœur, même <strong>de</strong>s enfants* Une<br />
architecture imposante, <strong>de</strong>s décorations magnifiques<br />
, attachaient d'abord les yeux f et auraient suffi<br />
pour faire un spectacle. La déc<strong>la</strong>mation <strong>de</strong>s acteurs ;<br />
assujettie à un rfaythme régulier et au mouvement<br />
donné par f orchestre ; un choeur nombreux, dont les<br />
chants s'élevaient sur un mo<strong>de</strong> plus hardi et plus<br />
musical f et <strong>de</strong>venaient plus retentissants par tous<br />
les moyens qui peuvent ajouter à <strong>la</strong> voix, quand ils<br />
sont suggérés par <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> se faire entendre<br />
au loin dans un espace couvert <strong>de</strong> simples toiles;<br />
l'accord soutenu entre <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>mation notée, les<br />
gestes mesurés et l'accompagnement, accord qui<br />
, fiiîsait un <strong>de</strong>s plus grands p<strong>la</strong>isirs d'un peuple sensiWe<br />
à l'harmonie au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce que nous pouvons<br />
imaginer; enln tout ce que nous savons, quoique<br />
très-imparfaitement, <strong>de</strong>s spectacles anciens ; les masques<br />
faits pour enfler les voix,les vases d'airain<br />
disposés pour <strong>la</strong> multiplier; tout nous fait voir qu'ils<br />
accordaient aux sens infiniment plus que nous ; que<br />
<strong>la</strong> nature, vue <strong>de</strong> plus loin sur le théâtre, était<br />
nécessairement agrandie; qu'exagérés dans leurs<br />
moyens et dans leurs procédés, ils s'occupaient plus<br />
<strong>de</strong> réunir plusieurs sortes <strong>de</strong> jouissances que <strong>de</strong> se<br />
rapprocher d'une vraisemb<strong>la</strong>nce exacte, et cherchaient<br />
plus à p<strong>la</strong>ire aux yeux et aux oreilles qu'à<br />
faire illusion à l'esprit.<br />
Que l'on réfléchisse maintenant sur toutes les différences<br />
qui se présentent entre ce système théâtral<br />
et le nôtre. Nous sommes renfermés dans <strong>de</strong>s bornes<br />
locales très-étroites, et les objets d'illusion, vus <strong>de</strong><br />
plus près, doivent être ménagés avec une vraisem-.<br />
b<strong>la</strong>nce beaucoup plus rigoureuse. Nous parlons à<br />
une c<strong>la</strong>sse d'hommes choisis, dont le goût, exercé<br />
par l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> juger tous les jours, est nécessairement<br />
plus sévère, et dont l'âme, accoutumée aux<br />
émotions, n'en est que plus difficile à émouvoir.