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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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Ne nous p<strong>la</strong>ignons pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, qui jamais se<br />

dosée tout à lis seul : admirons-<strong>la</strong> plutôt dans l'étonnante<br />

variété <strong>de</strong> ses dons, dans cette Inépuisable<br />

fécondité qui promet toujours au génie <strong>de</strong> nouveaux<br />

aliments, à <strong>la</strong> gloire <strong>de</strong> nouveaux titres, aux hommes<br />

<strong>de</strong> nouvelles jouissances.<br />

Silos Italiens, qui fut consul Tannée <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort<br />

<strong>de</strong> Néron, et qui mourut sous Trajan, a imité Yirgite,<br />

comme Bûché et <strong>la</strong> Fosse ont imité Racine.<br />

Nous avons <strong>de</strong> lui un poème, son pas épique, mais<br />

historique, en dix-sept livres , dont le sujet est <strong>la</strong> secon<strong>de</strong><br />

guerre punique. Il y suit scrupuleusement Tordre<br />

et te détail <strong>de</strong>s faits <strong>de</strong>puis le siège <strong>de</strong> Sâgonte<br />

jusqu'à <strong>la</strong> défaite d'Annibal et <strong>la</strong> soumission <strong>de</strong> Carti<strong>la</strong>ge,<br />

Il n'y a d'ailleurs aucune espèce d'invention<br />

ni <strong>de</strong> fable, si ce n'est qu'il fait quelquefois intervenir<br />

très-gratuitement Junon avec sa vieille haine<br />

contre les <strong>de</strong>scendants d f Énéey et son ancien amour<br />

pour Carthage. Mais comme tout ce<strong>la</strong> ne pro<strong>du</strong>it que<br />

quelques dis<strong>cours</strong> inutiles, <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> Junos<br />

n'empêche pas que feutrage se soit une gazette en<br />

vers. La diction passe pour être assez pure, mais<br />

elle est faible et habituellement médiocre. Les amateurs<br />

n'y ont remarqué qu*ua petit nombre <strong>de</strong> vers<br />

dignes d'être retenus; encore les plus beaux sont-ils<br />

empruntés <strong>de</strong> <strong>la</strong> prose <strong>de</strong> Tite-Live. Silius possédait<br />

une <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> campagne <strong>de</strong> Cicéron, et une<br />

autre près <strong>de</strong> Naples f où était le tombeau <strong>de</strong> Yirgile;<br />

ce qui était plus aisé que <strong>de</strong> ressembler à l'un ou à<br />

Tautre.<br />

La Tkibaï<strong>de</strong> <strong>de</strong> Stace, poëme en douze chants,<br />

dont le sujet est <strong>la</strong> querelle d'Étéo<strong>de</strong> et <strong>de</strong> Polynice,<br />

terminée par <strong>la</strong> mort <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux frères, annonce<br />

par son titre seul un choix malheureux. Quel intérêt<br />

peuvent inspirer <strong>de</strong>ux scélérats maudits par<br />

leur père, et accomplissant, par leurs forfaits et<br />

par h meurtre fui <strong>de</strong> Tautre, cette malédiction<br />

qu'ils ont méritée? Stace, à force <strong>de</strong> bouffissure,<br />

dt monotonie et <strong>de</strong> mauvais goût, est beaucoup plus<br />

ennuyeux et plus pénible à lire que Silius italiens,<br />

quoiqu'il ait plus <strong>de</strong> verve que lui, et qu'au milieu<br />

<strong>de</strong> son fatras il y ait quelques étincelles. Le raeilleur<br />

endroit <strong>de</strong> son poème est le combat <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

frères, et ce qui précè<strong>de</strong> et ce qui suit ce combat,<br />

qui mit le sujet <strong>du</strong> oniième livre. Ce n'est pas que<br />

Fauteur y quitte le ton <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>mation ampoulée qui<br />

lui est naturel, mais il y mêle quelques traits <strong>de</strong><br />

force et <strong>de</strong> pathétique, Au reste, Stace a joui pendant<br />

sa vie d'une gran<strong>de</strong> réputation. Martial nous<br />

apprend que toute <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Rome était en mouvement<br />

pour aller l'entendre quand il <strong>de</strong>vait réciter<br />

se§ vers en public, suivant Tusage <strong>de</strong> ces tempslà,<br />

et que <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tèéèal<strong>de</strong> était une fête<br />

ANCIENS. — POÉSIE. 71<br />

pour les Romains. Ce<strong>la</strong> suffirait pur prouver combien<br />

le goût était corrompu à cette époque. Il vivait<br />

sous Domitien. Il adresse, en finissant, <strong>la</strong> parole<br />

à sa muse, et Tavertit <strong>de</strong> se prétendre à aucune<br />

concurrence avec im dwine Enéi<strong>de</strong>, mais <strong>de</strong>, <strong>la</strong><br />

suivre <strong>de</strong> foi» et d'adorer ses traces. Sa muse lui<br />

a ponctuellement obéi. Il se <strong>la</strong>isse pas <strong>de</strong> se promettre<br />

l'immortalité, et <strong>de</strong> compter sur les honneurs<br />

que <strong>la</strong> postérité lui rendra. Mais il aurait<br />

mieux fait <strong>de</strong> s'en tenir aux app<strong>la</strong>udissements <strong>de</strong><br />

son siècle que d'en appeler au nôtre. Son poëme<br />

est parvenu jusqu'à nous, il est vrai, et le temps,<br />

qui a dévoré tant d'écrits <strong>de</strong> Tite-Live, <strong>de</strong> Tacite,<br />

<strong>de</strong> Sophocle, d'Euripi<strong>de</strong>, a respecté ta TMbaï<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Stace. Ainsi, pendant le long <strong>cours</strong> <strong>de</strong>s siècles d'ignorance,<br />

le hasard a tiré <strong>de</strong> mauvais ouvrages <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> poussière qui couvre encore et couvrira peutêtre<br />

éternellement une foule <strong>de</strong> chefs-d'œuvre. Ce<br />

s'est pas là sans doute le genre d'immortalité que<br />

promettent les Muses; et qu'importe que Ton sache<br />

dans tous les siècles que Stace a été un mauvais<br />

poète? Ses écrits ne sont connus que <strong>du</strong> trèspetit<br />

nombre <strong>de</strong> gens <strong>de</strong> lettres qui veulent avoir<br />

une idée juste <strong>de</strong> tout ce que les anciens nous ont<br />

<strong>la</strong>issé.<br />

I) en faut dire autant <strong>du</strong> dédamateur C<strong>la</strong>udieo,<br />

qui vivait sous les enfants <strong>de</strong> Théodose, et qui a<br />

fait quelques poèmes satiriques ou héroïques, dont<br />

l'harmonie ressemble parfaitement au son d'une<br />

cloche qui tinte toujours le même carillon. On<br />

cite pourtant quelques-uns <strong>de</strong> ses vers, entre autres<br />

le commencement <strong>de</strong> son poëme contre Ruis.<br />

Mail es général c'est encore un <strong>de</strong> ces versificateurs<br />

ampoulés qui, en se servant toujours <strong>de</strong> beaux<br />

mots, ont le malheur d'ennuyer. On peut juger <strong>de</strong><br />

son style par ce début <strong>de</strong> son poème <strong>de</strong> l'Entêrn*<br />

m§mê <strong>de</strong> Proserpêne :<br />

Inferni mpàm* agrafât, etc..<br />

<strong>la</strong>cère puis-je affirmer que <strong>la</strong> version française,<br />

quoique âdèlc, ne rend pas toute f eaiure <strong>de</strong> l'original.<br />

Men esprit surchargé wi&rdmme <strong>de</strong> <strong>mont</strong>er<br />

dam wm chants m^m<strong>de</strong>ux ks ehemmx%<strong>du</strong> ravisseur<br />

imfetmmif fasire dmj&wr $mlUé par Je càmr<br />

<strong>de</strong> Piut&n, et h Ut ténébreux <strong>de</strong> ta 'iuwm souterraine,<br />

e$e« Tout le reste est <strong>de</strong> ce style. Mais sur un<br />

pareil exor<strong>de</strong> U faut avoir <strong>du</strong> courage pour aller<br />

plus loin.<br />

LccÂiff. — Il ne serait pas juste <strong>de</strong> confondre<br />

Lucain avec ces auteurs à peu près oubliés. U a<br />

beaucoup <strong>de</strong> leurs défauts, mais ils n'ont aucune<br />

<strong>de</strong> ses beautés. <strong>la</strong> Pkarsak n'est pas non plus un<br />

poëme épique : c'est use hiitoire en iers» mm

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