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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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Qu'en solvant cet objet dont vous êtes épris ,<br />

Sur le choix <strong>de</strong>s chemins TOUS VOUS soyej mépris,<br />

, L'acci<strong>de</strong>nt est eneor motos rare.<br />

Et ffiii pourrait être surpris<br />

Lorsque <strong>la</strong> Fontaine s'égare?<br />

Tout le cou» <strong>de</strong> ses ans n'est qu'un tissu d'erreurs,<br />

Mais d'erreurs pleines <strong>de</strong> sagesse :<br />

Les p<strong>la</strong>isirs l'y gui<strong>de</strong>nt sans cesse<br />

Par <strong>de</strong>s chemins semés <strong>de</strong> fleurs.<br />

-Les seins <strong>de</strong> sa famille os ceux <strong>de</strong> sa fortune<br />

lie causent Jamais son réveil;<br />

1! <strong>la</strong>isse à son gré le soleil<br />

Quitter l'empire <strong>de</strong> Neptune;<br />

11 dort tant qu'il p<strong>la</strong>it au Sommeil.<br />

Il se lève au matin sans savoir pour quoi faire.<br />

Il se promène; 11 va sans <strong>de</strong>ssein, sans objet;<br />

Et se couche le soir sans savoir d'ordinaire<br />

Ce que dans le Jour il a fait<br />

SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

739<br />

traîne point sur les traces d'autrui. Je me bornerai<br />

à citer cette <strong>de</strong>scription d'une fontaine que rencontre<br />

Mahmoud excédé <strong>de</strong> fatigue ;<br />

Il semble que d'écrire à <strong>la</strong> Fontaine ait porté bonheur<br />

à Vergîer; car ces fers sont certainement au<br />

nombre <strong>de</strong>s plus jolis qu'il ait faits. Les quatre <strong>de</strong>rniers<br />

peignent notre fabuliste au naturel, et celuici<br />

surtout,<br />

1 dort tant epli piaf t as SommeU,<br />

parait lui avoir été emprunté.<br />

Les <strong>de</strong>ux contes qui nous restent <strong>de</strong> Senecé , et<br />

qui ont suffi pour lui faire un nom parmi les poètes ,<br />

sont dans un genre tout différent <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Fontaine. Le premier, qui a pour titre <strong>la</strong> Confiance<br />

per<strong>du</strong>e, m k Serpent mangeur <strong>de</strong> kaymah, est un<br />

apologue oriental, assez éten<strong>du</strong> pour former une<br />

espèce <strong>de</strong> petit poëme moral. Le sujet <strong>du</strong> second,<br />

qui s'appelle Camille, ou <strong>la</strong> Manière défier k parfaU<br />

amour, est tout opposé à ceux que traite ordinairement<br />

<strong>la</strong> Fontaine. Chez celui-ci, ce sont <strong>de</strong>s<br />

femmes qui trompent leurs maris : ici c'est une<br />

épouse qui est le modèle <strong>de</strong> <strong>la</strong> idélité. Senecé a donc<br />

1e double mérite d'avoir choisi un genre non?eau,<br />

et d'à?oir su p<strong>la</strong>ire dans le conte sans blesser en rien<br />

les mœors. Lui-même expose ainsi son <strong>de</strong>ssein dans<br />

l'exor<strong>de</strong> <strong>de</strong> Camille :<br />

Essayer verni, si mes for» suffisent,<br />

A revêtir <strong>la</strong> sainte honnêteté<br />

De quelque grâce, auteurs qui ne médisent<br />

N'ont les rieurs souvent <strong>de</strong> leur celé :<br />

Voilà le siècle et le train qu'il veut suivre.<br />

Bit-os <strong>du</strong> mal} c'est Jubi<strong>la</strong>tion.<br />

Diî-on <strong>du</strong> bien$ <strong>de</strong>s mains tombe le livre,<br />

Qui vous endort comme bel opium.<br />

Ce n'est pourtant pas l'effet que pro<strong>du</strong>it ici Senecé.<br />

Son conte <strong>de</strong> CamiUê est très-joli. 11 écrit aiec beaucoup<br />

d'esprit et d'élégance, malgré quelques inégalités.<br />

Il connaît les convenances <strong>du</strong> style, et sait<br />

adapter son ton au sujet. Mais c'est surtout dans le<br />

conte <strong>du</strong> km^maà qu'il s $ Des gâiooj émalllés l'ornaient tout alentour;<br />

Un piaoe l'ombrageait par son vaste contour,<br />

Et les Eéphyrs au frais, sans agiter l'arène,<br />

Luttaient s! Joliment contre le chaud <strong>du</strong> Jour,<br />

Qu'au murmure <strong>de</strong> Ton<strong>de</strong> et*<strong>de</strong> leur douce baleine,<br />

Tout semb<strong>la</strong>it dire en m séjour :<br />

Ou dormes, ou faites rameur.<br />

Faire l'amour! Mahmoud n'en avait nulle envie.<br />

Quand même il aurait eu <strong>de</strong> quoi,<br />

Mais oui bien <strong>de</strong> dormir, et plus que <strong>de</strong> sa vie :<br />

Aussi tout éten<strong>du</strong> dormit-Il comme un roi;<br />

Posé le cas qu'un roi dorme mieux qu'un autre homme;<br />

J'en pense au rebours, quant à mot.<br />

De pareils traits, et cette manière <strong>de</strong> conter, rappellent<br />

notre <strong>la</strong> Fontaine un peu plus que ne fait<br />

Vergier. Aussi celui-ci a <strong>la</strong>it trop <strong>de</strong> contes, et Senecé<br />

en a fait trop peu. On ne peut pas donner ce nom<br />

aux Travaux d'Apollon, le morceau le plos considérable<br />

qu'il nous ait <strong>la</strong>issé. C'est un poème dont<br />

le sujet est un récit un peu long <strong>de</strong> tous les maux<br />

que le dieu <strong>de</strong>s vers a soufferts, si Ton en croit <strong>la</strong><br />

Fable. L'intention <strong>de</strong> Fauteur est <strong>de</strong> faire voir que<br />

les poètes ne doivent pas s'attendre à être heureux,<br />

puisque le dieu qui est leur patron ne Fa jamais été.<br />

Eousseau le lyrique faisait cas <strong>de</strong> cet ouvrage, parce<br />

qu'il s'attachait surtout au mérite <strong>de</strong> <strong>la</strong> versiication.<br />

Celle <strong>de</strong>s Travaux d?Apollon offre <strong>de</strong>s morceaux<br />

bien travaillés, et qui prouvent que Senecé avait<br />

étudié dans Bell eau le mécanisme <strong>du</strong> vers. Mais il<br />

est pourtant susceptible <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> reproches,<br />

même dans cette partie. Sa diction est quelquefois<br />

pénible et contrainte t et assez souvent un peu sèche.<br />

Il s'en faut bien qu'elle soit d'un goût égal et sûr,<br />

ni qu'il soutienne le ton noble comme celui <strong>du</strong> conte.<br />

D'ailleurs le p<strong>la</strong>n est mal conçu, et tout l'ouvrage<br />

est assis sur un fon<strong>de</strong>ment vicieux. Senecé suppose<br />

que, dégoûté <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie par le peu d'encouragements<br />

qu'il reçoit, il est prêt à y renoncer, lorsque<br />

l'ombre <strong>de</strong> Maynard lui apparaît, et, pour le disposer<br />

h <strong>la</strong> résignation et à <strong>la</strong> patience, s'offre <strong>de</strong> loi<br />

faire voir que toute l'histoire d'Apollon n'a été qu'un<br />

enchaînement <strong>de</strong> malheurs <strong>de</strong> toute espèce. Mais<br />

en accordant que ce soit là un motif <strong>de</strong> conso<strong>la</strong>tion,<br />

Maynard pouvait-il croire que Seoecé n'eût pas lu,<br />

comme lui, les Métamorphoses d'Ovi<strong>de</strong>, et ne sût<br />

pas tes aventures d'Apollon? II parle donc pour parler,<br />

il raconte pour raconter, il décrit pour décrire':<br />

C'est un défaut mortel. Si vous voulez mener le lecteur,<br />

il faut lui proposer un but : et qui se soucie<br />

ett <strong>mont</strong>ré supérieur. L'ou­ d'entendre ce que tout le mon<strong>de</strong> sait ? Toute machine<br />

vrage est «nié <strong>de</strong> traits fort heureux, <strong>de</strong> vers pleins poétique, toute action, dans le plus petit ouvrage<br />

<strong>de</strong> sens, <strong>de</strong> détails poétiquement embellis. Il joint comme dans le plus grand, doit, pour nous attacher,<br />

<strong>la</strong> raison à <strong>la</strong> gaieté y et sa fersiication ferme ne se être conforme au bon sens et à <strong>la</strong> vraisemb<strong>la</strong>nce. En-<br />

47.

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