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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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7®<br />

COURS DE LITTÉRATURE.<br />

une iMmmîe dont il est à peine question 9 personnage<br />

nul et muet 9 quoique ce soit pour elle que l'on combatte;<br />

cette reine Amate, qui, après <strong>la</strong> défaite <strong>de</strong>s<br />

"Latins, se pend à une poutre <strong>de</strong> son pa<strong>la</strong>is; eatiii<br />

Tomes tué par Ënée, sans qu'il soit possible <strong>de</strong><br />

prendre intérêt ni à <strong>la</strong> victoire <strong>de</strong> Fus, ni à <strong>la</strong> mort<br />

<strong>de</strong> l'autre. Voilà le fond <strong>de</strong>s six <strong>de</strong>rniers chants <strong>de</strong> VÉnéi<strong>de</strong>;<br />

et il en résulte que, pour l'invention, les caractères<br />

et le p<strong>la</strong>n, l'imitateur d'Homère est resté<br />

bien loin <strong>de</strong> lui.<br />

A Fégard <strong>de</strong> ses batailles ; il n'a guère fait qu'abréger<br />

et resserrer celles d'Homère, qu'il tra<strong>du</strong>it presque<br />

partout. Il a moins <strong>de</strong> diffusion, mais il a aussi<br />

moins <strong>de</strong> feu. Il a d'ailleurs un désavantage marqué,<br />

qui tient à <strong>la</strong> nature <strong>du</strong> sujet. La guerre <strong>de</strong> Troie<br />

était un si grand événement dans l'histoi re <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>,<br />

dont elle fait encore une <strong>de</strong>s principales époques,<br />

que tous ceux qui s'y étaient distingués occupaient<br />

une p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> mémoire <strong>de</strong>s hommes : c'étaient<br />

<strong>de</strong>? noms que <strong>la</strong> renommée avaient consacrés, qui<br />

étalent dans <strong>la</strong> bouche <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong>, et pour<br />

ainsi dire familiers à l'imagination. Rien n'est si faforable<br />

à un poète que ces noms qui portent leur<br />

intérêt avec eux ; et une partie <strong>de</strong> cet intérêt se répand<br />

sur les six premiers livres <strong>de</strong> VEnéi<strong>de</strong> % où se retrouvent<br />

<strong>de</strong>s faits et <strong>de</strong>s noms déjà immortalisés par Homère.<br />

Mais dès le septième livre, Virgile nous mène<br />

dans un mon<strong>de</strong> tout nouveau, et nous <strong>mont</strong>re <strong>de</strong>s<br />

personnages absolument ignorés, et avec qui même<br />

il n'a pu, dans le p<strong>la</strong>n qu'il a suivi t mettre le lecteur<br />

à portée <strong>de</strong> faire connaissance ; et l'on s'aperçoit.alors<br />

qu'il estbien différent d'à voir à mettre en scène Ajax,<br />

Hector, Ulysse et Diomè<strong>de</strong>, ou Messape, Ufens,<br />

Tarction et Mézeuce. On sait bien que Virgile a voulu<br />

f<strong>la</strong>tter à <strong>la</strong> fois les Romains et Auguste, les uns par<br />

<strong>la</strong> fable <strong>de</strong> leur origine, l'autre par le double rapport<br />

qu'il établit entre Auguste et Énée, tous <strong>de</strong>ux fondateurs<br />

et légis<strong>la</strong>teurs. Mais 11 n'en est pas moins<br />

vrai qu'Homère, en chantant le siège <strong>de</strong> Troie, avait<br />

pris pour son sujet ce qu'il y avait alors <strong>de</strong> plus fameux<br />

dans le mon<strong>de</strong>, et que Virgile, en vou<strong>la</strong>nt célébrer<br />

l'origine <strong>de</strong> Rome, comme il l'annonce dès<br />

, les premiers vers, s'est obligé à s'enfoncer dans les<br />

antiquités <strong>de</strong> l'Italie f aussi obscures que celles <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Grèce étaient célèbres. On sent tout ce que ce contraste<br />

doit lui faire perdre. Aussi les héros d'Homère<br />

sont ceux <strong>de</strong> toutes les nations, <strong>de</strong> tous les théâtres<br />

; nous sommes aceoutumés à les voir en scène<br />

avec les dieux, et Ils ne nous semblent pas au-<strong>de</strong>ssous<br />

<strong>de</strong> ce commerce. Les combats <strong>de</strong> l'Ilia<strong>de</strong> nous offrent<br />

les plus grands spectacles ; nous croyons voir<br />

aux mains l'Europe et l'Asie : mais ceux <strong>de</strong> l'Enéi<strong>de</strong><br />

ne nous paraissent, en comparaison,.que <strong>de</strong>s esear-<br />

mouches entra quelques peup<strong>la</strong><strong>de</strong>s ignorées. Virgile<br />

a tâché <strong>du</strong> moins <strong>de</strong> répandre quelque intérêt sur le<br />

jeune Pâlies f fils d'Évandre ; sur Lausus f ûls <strong>de</strong> Mézence;<br />

sur Camille, reine <strong>de</strong>s Volsques : mais cet intérêt<br />

passager et rapi<strong>de</strong>ment épisodique, jeté sur <strong>de</strong>s<br />

personnages qu'on ne voit qu'un moment 9 ne saurait<br />

remp<strong>la</strong>cer cet intérêt général qui doit animer et mouvoir<br />

toute <strong>la</strong> machine <strong>de</strong> l'épopée.<br />

Tel est le jugement que <strong>la</strong> postérité, sévèrement<br />

équitable, paraît avoir porté sur ee qui manque à<br />

l'Enéi<strong>de</strong> ; mais, malgré tous ses défauts, ce qui reste<br />

<strong>de</strong> mérite à Virgile suffit pour justiler le titre ée<br />

prince <strong>de</strong>s poètes <strong>la</strong>tins qu'il reçut <strong>de</strong> son siècle, et<br />

l'admiration qu'il a obtenue <strong>de</strong> tous les autres. Le<br />

second, le quatrième et le sixième livre sont trois<br />

grands morceaux, regardés universellement comme<br />

les plus finis, les plus complètement beaux que l'épopée<br />

ait pro<strong>du</strong>its chez aucune nation. Celui <strong>de</strong> Bidon<br />

en partlenlîer appartient entièrement à Fauteur :<br />

il n'y en avait point <strong>de</strong> modèle, et c'est en ce genre<br />

un morceau unique dans toute l'antiquité. Ces trois<br />

admirables livres,' l'épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> Nisus et Enryale, celui<br />

<strong>de</strong> Cacug, celui <strong>de</strong>s funérailles <strong>de</strong> Pal<strong>la</strong>s, celui<br />

<strong>du</strong> bouclier d'Énée, sont les chefs-d'œuvre <strong>de</strong> l'art<br />

<strong>de</strong> peindre et d'intéresser en vers. Et ce qui fait en<br />

total le caractère <strong>de</strong> Virgile, c'est <strong>la</strong> perfection continue<br />

<strong>du</strong> style, qui est telle chez lui, qu'il ne semble<br />

pas donné à l'homme d'aller plus loin. 11 est à <strong>la</strong> fois<br />

le charme et le désespoir <strong>de</strong> tous ceux qui aiment et<br />

cultivent <strong>la</strong> poésie. Ainsi donc, si! n'a pas égalé Homère<br />

pour l'invention, <strong>la</strong> richesse et l'ensemble, il<br />

Fa surpassé par <strong>la</strong> singulière beauté <strong>de</strong> quelques parties<br />

et par son excellent goût dans tous les détails ».<br />

* L'abbé Trahie! a fait an parallèle <strong>de</strong> YlfgUe et

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