la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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Siffle, souffle: on entend le vent Ne voit-on pas<br />
aussi le <strong>la</strong>pin quand il va prendre le frais à <strong>la</strong> pointe<br />
<strong>du</strong>jour?<br />
n était allé faire à f aurore sa cour<br />
Parmi le thym et <strong>la</strong> rosée.<br />
Après qu'il eut brouté, trotté, fait tôt» tes tours f etc.<br />
•Cette peinture est fraîche et riante comme Vaurore<br />
Brouté g trotté, cette répétition <strong>de</strong>. sons qui se confon<strong>de</strong>nt<br />
peint merveilleusement <strong>la</strong> multiplicité <strong>de</strong>s<br />
mouvements <strong>du</strong> <strong>la</strong>pin.<br />
COU1S DE LITTÉ1ATUML<br />
Quand Sa perdrix,<br />
Toit ses petits<br />
En danger, et n'ayant qu'une plume nouvelle.<br />
Qui ne peut fuir eocor par les airs le trépas t<br />
Elfe fait <strong>la</strong> blessée, et Ta traînant <strong>de</strong> Faite,<br />
Attifant le chasseur et le chien sur ses pas,<br />
Détourne le danger, sauve ainsi sa famille;<br />
Et puis quand le chasseur croit que son chien <strong>la</strong> pille,<br />
Elle lui dit adieu , prend sa volée , et rit<br />
De l'homme, qui confus, <strong>de</strong>s yeux en wain <strong>la</strong> suit<br />
Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si le pïcis habile peintre pourrait me<br />
<strong>mont</strong>rer sur <strong>la</strong> toile tout ce que me fait voir le poète<br />
dans ce petit nombre <strong>de</strong> vers. Tel est l'avantage <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> poésie sur <strong>la</strong> peinture, qui ne peut jamais représenter<br />
qu'un moment. Comme le chasseur et le chien<br />
suivent pas à pas <strong>la</strong> perdrix qui se trafne dans ces<br />
vers traînants! Comme un hémistiche rapi<strong>de</strong> et<br />
prompt nous <strong>mont</strong>re le chien qui piUe! Ce <strong>de</strong>rnier<br />
mot est un é<strong>la</strong>n, un éc<strong>la</strong>ir. L'autre vers est suspen<strong>du</strong><br />
quand <strong>la</strong> perdrix prend sa votée : elle est en<br />
l'air avec <strong>la</strong> césure, etvous voyez longtemps l'homme<br />
immobile, qui, confia, <strong>de</strong>s ftnx en vain ksuit:<br />
et le vers se prolonge avec Pétonnement.<br />
La fable dont j'ai tiré ce <strong>de</strong>rnier morceau me rappelle<br />
avec quelle surprenante facilité cet écrivain si<br />
simple et si familier s'élève quelquefois au ton <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
plus haute philosophie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> morale <strong>la</strong> plus noble.<br />
Quelle distance <strong>du</strong> corbeau qui <strong>la</strong>isse tomber son<br />
fromage, à Féloquence <strong>du</strong> Paysan <strong>du</strong> Danube, et'<br />
à cette fable que je viens <strong>de</strong> citer, si pourtant on ne<br />
doit pas donner un autre titre à un ouvrage beaucoup<br />
plus éten<strong>du</strong> que ne l'est un apologue ordinaire,<br />
à un véritable poëme sur <strong>la</strong> doctrine <strong>de</strong> Beseartes,<br />
re<strong>la</strong>tivement à l'âme <strong>de</strong>s Mies; poëme plein<br />
d'idées et <strong>de</strong> raison, mais dans lequel <strong>la</strong> raison parle<br />
toujours le <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong> l'imagination et <strong>du</strong> sentiment ;<br />
car c'est partout celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine : il a beau <strong>de</strong>venir<br />
philosophe, vous retrouverez toujours le grand<br />
poète et le bonhomme.<br />
Ce petit poëme , adressé à madame <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sablière ;<br />
où il discute très-ingénieusement <strong>la</strong> question longtemps<br />
fameuse <strong>du</strong> mécanisme et <strong>de</strong> l'organisation<br />
<strong>de</strong>s animaux, prouve que,Malgré sa paresse, il n'avait<br />
pas négligé les connaissances éloignées <strong>de</strong> ses<br />
talents. 11 avait étudié, avec son ami Bernier, les<br />
principes <strong>de</strong> Descartes et i« Gassendi. Ainsi s <strong>la</strong><br />
Fontaine avait tout ce qu'on peut <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à t*a<br />
homme occupé d'ouvrages d'imagination : il n'était<br />
pas resté au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s lumières <strong>de</strong> son siècle.<br />
Ses contes#sont, dans un genre inférieur, aussi<br />
parfaits que ses fables, excepté que <strong>la</strong> diction en est<br />
moins pure, et <strong>la</strong>-rime plus négligée. D'ailleurs,<br />
c'est toujours ce talent <strong>de</strong> <strong>la</strong> narration dans un <strong>de</strong>*<br />
gré unique. Quelle gaieté! quelle aisance! quelle variété<br />
<strong>de</strong> tournures dans <strong>de</strong>s sujets dont le fond est<br />
quelquefois à peu près le même! quelle abondance<br />
gracieuse 1 que tous les auteurs et tous les fabulistes<br />
sont loin <strong>de</strong> loi! Il est au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Bœeaee et <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> reine <strong>de</strong> Mm mm, autant que <strong>la</strong> poésie est au<strong>de</strong>ssus<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> prose. L f Ariosta seul, quand <strong>la</strong> Fontaine<br />
conte d'après lui, peut soutenir <strong>la</strong> concurrencé.<br />
Yoitaire prétend qu'il y a plus <strong>de</strong> poésie dans l'aventure<br />
<strong>de</strong> Joconée, telle qu'elle, est dans le J?#<strong>la</strong>nd,<br />
qu'il n'y en a dans l'imitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine.<br />
Boïleau 9 dont nous avons une dissertation sur Jocon<strong>de</strong>9<br />
donne partout l'avantage au poète français.<br />
On voit, par les citations qu'il fait, que l'original<br />
italien ne lui est pas étranger. Yoitaire, plus.versé<br />
dans <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>de</strong> l'Arioste, reproche à Boileau <strong>de</strong><br />
ne pas le connaître assez pour rendre une exacte<br />
justice à l'auteur <strong>de</strong> VOr<strong>la</strong>ndo, et sentir tout le mérite<br />
<strong>de</strong> ses vers. Je ne prononcerai point entre ces<br />
<strong>de</strong>ux grands juges : mais il me semble que, dans<br />
tous les endroits où Despréaux rapproche et compare<br />
les <strong>de</strong>ux poètes, il est difficile <strong>de</strong> s'être pas <strong>de</strong><br />
son avis, et <strong>de</strong> ne pas convenir que <strong>la</strong> Fontaine<br />
l'emporte par ces traits <strong>de</strong> naturel et <strong>de</strong> naïveté,<br />
par ces grâces propres au conte, qui étaient en Itiï<br />
un présent particulier <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature.<br />
Du côté <strong>de</strong>s moeurs, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong> seseoetes sont<br />
plutôt libres que licencieux; ce qui n'empêche pas<br />
qu'on ait eu raison d'y voir un mal et- un danger<br />
qu'il n'y voyait pas lui-même, et qu'il aperçut dans<br />
<strong>la</strong> suite. On a trouvé moyen d'en accommo<strong>de</strong>r plusieurs<br />
au théâtre, en les épurant; au lieu que Verger,<br />
Grécourt et d'autres conteurs, n'ont rien<br />
fourni à <strong>la</strong> scène, parce qu'ils sont infiniment moias<br />
réservés que lui. Ceux <strong>de</strong> ses contes où il a blessé<br />
<strong>la</strong> décence, et par le fond, et par les détails, sont<br />
en assez petit nombre; et plusieurs sont entièrement<br />
irréprochables, par exemple, celui <strong>du</strong> Faucon, qui<br />
est d'un intérêt si touchant. 11 n'y a personne qui<br />
ne soit attendri lorsque le malheureux Frédéric, auquel<br />
il ne reste plus rien que son Faucon, le tue sans<br />
ba<strong>la</strong>ncer pour le dîner <strong>de</strong> sa maîtresse, <strong>de</strong> cette même<br />
femme jusque-là toujours insensible, et à qui son<br />
amour a tout sacrifié.<br />
iéfes! reprit Fanttnt infortuné,