23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

732<br />

Siffle, souffle: on entend le vent Ne voit-on pas<br />

aussi le <strong>la</strong>pin quand il va prendre le frais à <strong>la</strong> pointe<br />

<strong>du</strong>jour?<br />

n était allé faire à f aurore sa cour<br />

Parmi le thym et <strong>la</strong> rosée.<br />

Après qu'il eut brouté, trotté, fait tôt» tes tours f etc.<br />

•Cette peinture est fraîche et riante comme Vaurore<br />

Brouté g trotté, cette répétition <strong>de</strong>. sons qui se confon<strong>de</strong>nt<br />

peint merveilleusement <strong>la</strong> multiplicité <strong>de</strong>s<br />

mouvements <strong>du</strong> <strong>la</strong>pin.<br />

COU1S DE LITTÉ1ATUML<br />

Quand Sa perdrix,<br />

Toit ses petits<br />

En danger, et n'ayant qu'une plume nouvelle.<br />

Qui ne peut fuir eocor par les airs le trépas t<br />

Elfe fait <strong>la</strong> blessée, et Ta traînant <strong>de</strong> Faite,<br />

Attifant le chasseur et le chien sur ses pas,<br />

Détourne le danger, sauve ainsi sa famille;<br />

Et puis quand le chasseur croit que son chien <strong>la</strong> pille,<br />

Elle lui dit adieu , prend sa volée , et rit<br />

De l'homme, qui confus, <strong>de</strong>s yeux en wain <strong>la</strong> suit<br />

Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si le pïcis habile peintre pourrait me<br />

<strong>mont</strong>rer sur <strong>la</strong> toile tout ce que me fait voir le poète<br />

dans ce petit nombre <strong>de</strong> vers. Tel est l'avantage <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> poésie sur <strong>la</strong> peinture, qui ne peut jamais représenter<br />

qu'un moment. Comme le chasseur et le chien<br />

suivent pas à pas <strong>la</strong> perdrix qui se trafne dans ces<br />

vers traînants! Comme un hémistiche rapi<strong>de</strong> et<br />

prompt nous <strong>mont</strong>re le chien qui piUe! Ce <strong>de</strong>rnier<br />

mot est un é<strong>la</strong>n, un éc<strong>la</strong>ir. L'autre vers est suspen<strong>du</strong><br />

quand <strong>la</strong> perdrix prend sa votée : elle est en<br />

l'air avec <strong>la</strong> césure, etvous voyez longtemps l'homme<br />

immobile, qui, confia, <strong>de</strong>s ftnx en vain ksuit:<br />

et le vers se prolonge avec Pétonnement.<br />

La fable dont j'ai tiré ce <strong>de</strong>rnier morceau me rappelle<br />

avec quelle surprenante facilité cet écrivain si<br />

simple et si familier s'élève quelquefois au ton <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

plus haute philosophie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> morale <strong>la</strong> plus noble.<br />

Quelle distance <strong>du</strong> corbeau qui <strong>la</strong>isse tomber son<br />

fromage, à Féloquence <strong>du</strong> Paysan <strong>du</strong> Danube, et'<br />

à cette fable que je viens <strong>de</strong> citer, si pourtant on ne<br />

doit pas donner un autre titre à un ouvrage beaucoup<br />

plus éten<strong>du</strong> que ne l'est un apologue ordinaire,<br />

à un véritable poëme sur <strong>la</strong> doctrine <strong>de</strong> Beseartes,<br />

re<strong>la</strong>tivement à l'âme <strong>de</strong>s Mies; poëme plein<br />

d'idées et <strong>de</strong> raison, mais dans lequel <strong>la</strong> raison parle<br />

toujours le <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong> l'imagination et <strong>du</strong> sentiment ;<br />

car c'est partout celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine : il a beau <strong>de</strong>venir<br />

philosophe, vous retrouverez toujours le grand<br />

poète et le bonhomme.<br />

Ce petit poëme , adressé à madame <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sablière ;<br />

où il discute très-ingénieusement <strong>la</strong> question longtemps<br />

fameuse <strong>du</strong> mécanisme et <strong>de</strong> l'organisation<br />

<strong>de</strong>s animaux, prouve que,Malgré sa paresse, il n'avait<br />

pas négligé les connaissances éloignées <strong>de</strong> ses<br />

talents. 11 avait étudié, avec son ami Bernier, les<br />

principes <strong>de</strong> Descartes et i« Gassendi. Ainsi s <strong>la</strong><br />

Fontaine avait tout ce qu'on peut <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à t*a<br />

homme occupé d'ouvrages d'imagination : il n'était<br />

pas resté au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s lumières <strong>de</strong> son siècle.<br />

Ses contes#sont, dans un genre inférieur, aussi<br />

parfaits que ses fables, excepté que <strong>la</strong> diction en est<br />

moins pure, et <strong>la</strong>-rime plus négligée. D'ailleurs,<br />

c'est toujours ce talent <strong>de</strong> <strong>la</strong> narration dans un <strong>de</strong>*<br />

gré unique. Quelle gaieté! quelle aisance! quelle variété<br />

<strong>de</strong> tournures dans <strong>de</strong>s sujets dont le fond est<br />

quelquefois à peu près le même! quelle abondance<br />

gracieuse 1 que tous les auteurs et tous les fabulistes<br />

sont loin <strong>de</strong> loi! Il est au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Bœeaee et <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> reine <strong>de</strong> Mm mm, autant que <strong>la</strong> poésie est au<strong>de</strong>ssus<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> prose. L f Ariosta seul, quand <strong>la</strong> Fontaine<br />

conte d'après lui, peut soutenir <strong>la</strong> concurrencé.<br />

Yoitaire prétend qu'il y a plus <strong>de</strong> poésie dans l'aventure<br />

<strong>de</strong> Joconée, telle qu'elle, est dans le J?#<strong>la</strong>nd,<br />

qu'il n'y en a dans l'imitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine.<br />

Boïleau 9 dont nous avons une dissertation sur Jocon<strong>de</strong>9<br />

donne partout l'avantage au poète français.<br />

On voit, par les citations qu'il fait, que l'original<br />

italien ne lui est pas étranger. Yoitaire, plus.versé<br />

dans <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>de</strong> l'Arioste, reproche à Boileau <strong>de</strong><br />

ne pas le connaître assez pour rendre une exacte<br />

justice à l'auteur <strong>de</strong> VOr<strong>la</strong>ndo, et sentir tout le mérite<br />

<strong>de</strong> ses vers. Je ne prononcerai point entre ces<br />

<strong>de</strong>ux grands juges : mais il me semble que, dans<br />

tous les endroits où Despréaux rapproche et compare<br />

les <strong>de</strong>ux poètes, il est difficile <strong>de</strong> s'être pas <strong>de</strong><br />

son avis, et <strong>de</strong> ne pas convenir que <strong>la</strong> Fontaine<br />

l'emporte par ces traits <strong>de</strong> naturel et <strong>de</strong> naïveté,<br />

par ces grâces propres au conte, qui étaient en Itiï<br />

un présent particulier <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature.<br />

Du côté <strong>de</strong>s moeurs, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong> seseoetes sont<br />

plutôt libres que licencieux; ce qui n'empêche pas<br />

qu'on ait eu raison d'y voir un mal et- un danger<br />

qu'il n'y voyait pas lui-même, et qu'il aperçut dans<br />

<strong>la</strong> suite. On a trouvé moyen d'en accommo<strong>de</strong>r plusieurs<br />

au théâtre, en les épurant; au lieu que Verger,<br />

Grécourt et d'autres conteurs, n'ont rien<br />

fourni à <strong>la</strong> scène, parce qu'ils sont infiniment moias<br />

réservés que lui. Ceux <strong>de</strong> ses contes où il a blessé<br />

<strong>la</strong> décence, et par le fond, et par les détails, sont<br />

en assez petit nombre; et plusieurs sont entièrement<br />

irréprochables, par exemple, celui <strong>du</strong> Faucon, qui<br />

est d'un intérêt si touchant. 11 n'y a personne qui<br />

ne soit attendri lorsque le malheureux Frédéric, auquel<br />

il ne reste plus rien que son Faucon, le tue sans<br />

ba<strong>la</strong>ncer pour le dîner <strong>de</strong> sa maîtresse, <strong>de</strong> cette même<br />

femme jusque-là toujours insensible, et à qui son<br />

amour a tout sacrifié.<br />

iéfes! reprit Fanttnt infortuné,

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!